MASSIF
de L'AURÈS
Coll.
Bernard Venis.-Extrait du Guide du pneu Michelin (dit "Guide
vert"), Algérie-Sahara, 1ère édition, 4è
trimestre 1956 ...pages
61 à 66.
Vu de Biskra ou de Batna, l'Aurès apparaît comme un massif
puissant barrant l'horizon de sa lourde masse difficilement pénétrable,
refuge de l'individualisme berbère depuis des siècles.
Ce massif qui se dresse au-dessus du chott Melrhir constitue un obstacle
que de tous temps la circulation a préféré contourner.
Pays curieux par ses habitants et par la variété de
ses paysages, l'Aurès présente tour à tour au
touriste un désert de pierres, d'argile ou de sable, des coteaux
verdoyants, de fraîches et riantes vallées, les horizons
monotones de ses plateaux, des ravins, voire des carions grandioses
creusés par ses oueds, des vergers en fleurs, des palmiers
au panache verdoyant, des cimes enneigées et des forêts
de cèdres.
Dans cette nature étrange surgissent, çà et là,
les dechras, villages aurasiens, perchés en nid d'aigle sur
la cime d'une falaise verticale ou à l'extrémité
d'un piton rocheux dans des sites défensifs. Ils sont généralement
couronnés par ces étranges greniers fortifiés
que sont les guelaas.
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LE PAYS DE DIHYA LA KAHINNA
Dihya ou Damya, dite la Kâhinna,
maîtresse de l'Aurès est une héroïne plus
ou moins légendaire qui, à la fin du 7è s., s'opposa
à la première invasion arabe en écrasant l'armée
d'Hassân, fils d'En-NôMan, et fut tuée au cours
d'un nouveau combat contre ce même ennemi cinq ans plus tard.
Reine de la tribu de Jerâoua, elle incarne le caractère
farouche et impénétrable de son pays. Son souvenir survit
depuis plus de 12 siècles chez les Aurasiens qui l'ont auréolé
de légendes. Elle fut sans doute chef d'une grande tribu, fait
peu surprenant en pays berbère où les femmes passent
pour détenir un pouvoir surnaturel et jouent un grand rôle
social.
La résistance de la Kâhinna ne fut pas la seule manifestation
du caractère indépendant et un peu farouche des Berbères
de l'Aurès. Déjà les Romains avaient dû
créer une ligne de postes fortifiés au débouché
des vallées pour contenir leurs incursions et, en l'an 145,
la 6è légion Ferrata, venant de Syrie, gravait dans
la pierre le souvenir de son passage des gorges de Tighanimine, comme
d'un exploit d'ordre militaire. Les Byzantins, trois siècles
plus tard, durent se retrancher dans des forts établis au Nord
du massif. Celui de
Timgad en est l'un des meilleurs témoignages. Après
leur victoire sur la Kâhinna, les Arabes pénétrèrent
à leur tour dans l'Aurès mais ils ne purent assimiler
à la grande unité du monde musulman ce pays qui était
déjà resté en dehors du catholicisme orthodoxe
et conserve encore quelques-uns de ses rites religieux millénaires.
Réduite, ni par les Romains, ni par les Vandales de Genséric,
ni par les Turcs, ni par les Arabes, cette population se soumit, en
1845, à la colonne Bedeau. Mais, cinq ans plus tard, pour venir
à bout des résistances persistant dans tout le pays,
l'armée française devait détruire le village
de Nara, près de Menâa ; cette bataille meurtrière
pour les soldats n'atteignit ni les femmes ni les enfants mis à
l'abri derrière un col. En 1859, en 1879 et en 1916, de nouveaux
mouvements insurrectionnels échouent. Le
1er novembre 1954 les troubles qui éclatèrent en plusieurs
points de l'Algérie ensanglantèrent l'Aurès.
(suite
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