BATNA

Dans l'Aurés, la Kahina a vécu là...

Du bordj administratif de Tkout pour se rendre au village, on s'engage dans des ravines pleines de cailloux roulants où court une eau limpide.
Sur les bords, des vergers d'abricotiers et de noyers, des oliviers tordus, éclatés , empattés, contemporains de ceux que j'admirais naguère à Tripoli et à Djerba.
Arrêté devant un qui les dépasse tous par l'ampleur, gigantesque, millénaire à coup sûr, un de ces arbres « sans date » dont parle Lamartine, le khodja Si Sallah, qui me sert de cicérone, m'informe qu'autrefois, il y a très longtemps, « békri, békri », existait ici même une vraie forêt d'oliviers, et que c'est la Kahina qui les a fait couper. Il y avait beaucoup de sources également, et de puits, que la même Kahina fit détruire et combler.
— Pourquoi ? ai-je demandé.
— Pour éloigner les Arabes, que les plaines verdoyantes du Mogreb fascinaient.
Tout cela se trouve dans Ibn-Khaldoun, dans Léon l'Africain et dans El Kairouani
" Kahina ordonna aux peuples qui lui étaient soumis de ravager les campagnes et les jardins, de couper les arbres, pour que les Arabes, ne trouvant de ressources nulle part, ne rencontrassent rien qui pût les attacher à l'Afrique. »

Et bien avant la Kahina, les Garamantes du Fezzan avaient agi comme elle pour détourner les Romains d'envahir leur pays, et avant les Garamantes, les Scythes traqués par Darius.

Où le khodja m'intéresse, c'est lorsqu'il m'apprend que la tradition berbère nie que la Kahina ait été décapitée par son triomphateur, le général Hassane.

Selon cette tradition, la Kahina s'est suicidée en se jetant dans un puits foré d'avance par son ordre, car elle avait prédit qu'elle ne tomberait pas vive entre les mains de « ces chiens », comme elle appelait les Arabes. Ce puits existe encore dans la montagne du Chélia au lieu nommé Foural, endroit où l'héroïne se retirait l'été, et il porte le nom de Bir-el-Kahina : le puits de la Kahina

(suite dans le corps de l'article.)

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AURÈS


Extrait de l'Echo d'Alger du 16-2-1938 - Transmis par Francis Rambert
sur site :mai 2020

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D ans l'Aurés, village de Tkout, nommé au début du texte.
Proche de Batna...

Dans l'Aurés, la Kahina a vécu là...