CHAPITRE II
ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT
DU TOURISME
1.
- Organisation du Tourisme
-----L'organisation
du tourisme, dans le nord de l'Afrique, est analogue à l'organisation
du Tourisme en France. Il existe, en Algérie, des Services administratifs,
des groupements privés et des compagnies de transports, indépendamment,
bien entendu, des organismes centralisateurs qui fonctionnent à
Paris.
-----a)
Services administratifs. - Dans les grands services
du Gouvernement général de l'Algérie, il existe une
section du Tourisme. Cette section est actuellement rattachée à
la Direction du Commerce. C'est là que sont centralisées
toutes les questions concernant le tourisme et les industries qui s'y
rattachent. C'est là que s'élabore le budget destiné
à alimenter les uvres de tourisme et à les faire vivre.
-----En un
mot c'est là que s'étudient les concours financiers qui
doivent permettre à toutes les associations touristiques d'exécuter
les travaux dont la nécessité a été reconnue
. Ce Service administratif n'entre pas dans les détails, il s'occupe
surtout des questions d'ensemble, laissant aux diverses associations toute
leur initiative et toute leur responsabilité. C'est en somme un
organe d'étude et aussi un organe distributeur, répartissant,
entre les parties prenantes intéressées, les fonds que la
colonie met à la disposition des organisations de tourisme.
-----b) Les Associations officielles
ont une mission strictement désintéressée et complètement
hors commerce. Leur rôle est de promouvoir le tourisme. Elles portent
le nom de Syndicats d'Initiative et de Tourisme. Le plus souvent on les
désigne sous l'appellation conventionnelle de Essi. Chaque syndicat
est un groupement d'intérêt local, ayant pour but la mise
en valeur de l'exploitation du tourisme dans la zone qui est de son ressort.
Il accueille, renseigne et dirige tous les touristes qui s'adressent à
lui. Il collabore avec les autorités élues et en parfaite
entente. Il défend le patrimoine artistique et pittoresque de sa
zone d'action. Il s'occupe activement de l'aménagement des sites
et recueille toute la documentation pouvant être utile aux touristes.
Chaque syndicat recrute ses adhérents sur place ; les membres du
Conseil d'Administration sont élus par les membres du syndicat,
sans l'intervention de l'Autorité administrative.
-----Les syndicats
d'initiative, en Algérie, sont actuellement au nombre de 23. Depuis
dix ans, tous ces Essi sont groupés en une Fédération,
tout comme en Tunisie et au Maroc. La Fédération remplit,
dans sa région, le rôle que le syndicat d'initiative remplit
dans sa localité. La Fédération se fait, en outre,
l'écho, le porte-parole et éventuellement le défenseur
des Essi, pour leurs besoins et leurs demandes. Elle centralise leurs
travaux et prépare le plan général d'action. Elle
assure la liaison avec les Services administratifs.
-----D'autre
part, les trois Fédérations de l'Afrique du Nord (Algérie,
Tunisie et Maroc) se sont groupées en une Confédération.
Cet organe assure la liaison des trois Fédérations qui ont
tant de points de contact, elle coordonne leurs efforts et assure à
ceux-ci une plus grande efficacité.
-----c) Groupements
privés et Compagnies de Transports. - La Fédération
d'Algérie entretient des relations constantes avec les groupements
privés qui réunissent les praticiens de l'Industrie touristique,
c'est-à-dire les syndicats hôteliers et les compagnies de
transports (Compagnies de navigation, Compagnies de chemins de fer et
Agences de voyages).
-----Toutes
les Fédérations des Essi, de France et des colonies, sont
réunies en un groupement qui prend le nom de " Union
des Fédérations des Syndicats d'Initiative "
(U. F. S. I.). Ce groupement siège à Paris et centralise
tous les renseignements concernant ou intéressant le tourisme français.
Chaque année, un congrès 1 de l'U.F.S.1. permet de discuter,
en assemblée générale, toutes les questions intéressant
le développement du tourisme et le fonctionnement des Essi.
-----A côté
de cette organisation des Essi en Union Fédérale se trouve
un organisme qui porte le nom de " Office
National du Tourisme " (O. N. T.) et qui siège,
lui aussi, à Paris. Il a été créé par
la loi du 8 avril 1911, puis réorganisé en 1917 et 1919.
Il est investi de la personnalité civile et de l'autonomie financière.
La taxe additionnelle à la taxe de séjour lui fournit des
ressources indépendantes et spécialisées. Il est
administré par un Conseil désigné par le ministre
des Travaux publics et fonctionnant sous son contrôle.
-----L'Office
National du Tourisme a reçu, comme principale mission, de faire
connaître et de mettre en valeur toutes les richesses touristiques
de notre pays. Il aide au développement de l'industrie hôtelière.
Il s'occupe du fonctionnement de la Banque Nationale du crédit
hôtelier. Enfin, il s'occupe activement de la propagande collective
à l'étranger, où il est représenté
par des agents officiels.
-----Telle
est l'organisation actuelle du Tourisme en Algérie. La manière
dont il fonctionne, tant en Algérie qu'au Sahara, permet de se
rendre compte des possibilités presque infinies du tourisme algérien.
Il.
- Circuits touristiques en Algérie
-----Alger est le
plus souvent la ville où abordent les touristes qui veulent parcourir
l'Algérie. C'est d'ailleurs la vraie capitale de notre colonie
et le point de départ, tout désigné, pour ceux qui
veulent faire du tourisme. Partons donc d'Alger
et commençons un circuit qui nous fera traverser les trois départements,
nous conduira dans les territoires du Sud et nous fera voir les sites
les plus remarquables de notre belle Algérie.
ALGER.
-----Alger, ville
mi-partie arabe, mi-partie française, s'élève en
amphithéâtre sur les coteaux d'El Biar et de Mustapha. L'amoncellement
de ses maisons mauresques, qui constituent la Kasbah, forme un ensemble
infiniment pittoresque. Il semblerait que toutes ces maisons, avides d'air
et de soleil, aient grimpé les unes sur les autres, pour ne rien
perdre de leur part de lumière et pour pouvoir se mirer à
loisir dans les flots délicieusement bleus de la Méditerranée.
-----Alger,
cité musulmane, bâtie sur la côte occidentale de la
baie, fait face à l'est, c'est-à-dire à la Mecque,
comme si elle voulait s'incliner, en permanence, devant la ville sainte,
berceau de l'Islam.
-----Que voir
à Alger ? Tout y est intéressant. Ceux qui sent épris
de civilisation orientale trouveront à satisfaire leur curiosité,
en visitant la Kasbah, dont les ruelles étroites s'enchevêtrent
les unes dans les autres et présentent, à chaque instant,
des perspectives nouvelles. Ceux qui préfèrent le spectacle
de la civilisation européenne se plairont à parcourir les
rues Bab-Azoun, d'Isly et Michelet; ils aimeront à se promener
dans le square Bresson, sur la place du Gouvernement ou dans le parc de
Galland. Enfin ceux qui s'intéressent plus spécialement
aux manifestations de l'activité économique consacreront
une partie de leurs loisirs à flâner sur le port. Ils se
rendront compte de l'importance acquise, au point de vue du trafic maritime,
par la Métropole de l'Afrique du Nord.
-----Les environs
d'Alger devront également être visités en détail.
Il ne faudra pas négliger d'aller voir Blida, la ville des orangers
et des roses, ni de pousser une pointe jusqu'au Ruisseau des Singes, dans
les fameuses gorges de la Chiffa.
D'ALGER
A CONSTANTINE.
-----En quittant
Alger, pour se diriger vers la Kabylie, la route la plus généralement
suivie passe par Ménerville,
pour aller à Tizi-Ouzou.
C'est la route nationale, c'est la route la plus courte ; mais il en est
une infiniment plus pittoresque, car elle permet de voir deux sites que
l'itinéraire normal laisse de côté.
-----Au sortir
de Maison-Carrée,
on laisse, sur sa gauche, la route nationale et on se dirige vers le Fondouk
et l'Arbatache, pour remonter les gorges de Keddara. Ces gorges méritent
d'être plus connues qu'elles ne le sont, car elles sont fort belles.
C'est une excursion qu'il faut faire le matin, le soleil levant donnant
une luminosité toute particulière à ce superbe paysage.
Quand on a franchi le col, on a devant soi, comme fond de tableau, toute
la chaîne du Djurdjura avec ses sommets neigeux. La descente sur
Palestro se fait par une route en lacets, au milieu des pins d'Alep ou
à travers des vergers d'oliviers.
-----En arrivant
à Palestro, on tourne à gauche, vers le nord, pour descendre
l'oued Ysser, qui est un des principaux torrents de l'Algérie.
Cet oued prend sa source aux environs de Berrouaghia, remonte vers le
nord et vient buter, dans sa course, contre le massif du Djurdjura. Pour
franchir cet obstacle, il lui a fallu fournir un effort considérable
et faire uvre de géant.
-----Dans
cette lutte de l'eau contre le rocher, c'est le rocher qui a été
vaincu et l'Oued Ysser s'est creusé les gorges grandioses de Palestro.
A chaque tournant de la route, le paysage se transforme et prend un aspect
nouveau. La route, comme la voie ferrée, longe le cours du torrent
; ce ne sont que tunnels, ponts, viaducs, travaux d'art de toute sorte,
qui ne nuisent en rien à la beauté des gorges.
-----On rattrape
la route nationale que l'on a quittée à quelques kilomètres
de Maison-Carrée et d'on arrive à Tizi-Ouzou, après
avoir traversé une plaine ondulée, propre à la culture
de la vigne et des céréales, permettant aussi la culture
intensive du tabac.
De Tizi-Ouzou, petite sous-préfecture à l'aspect coquet,
on se rend à Bougie, par Azazga et Yakouren.
-----La traversée
de la forêt de Yakouren est des plus pittoresques. On y voit des
exploitations de liège de grande importance.
-----Bougie
est une charmante cité et son climat est particulièrement
doux. Bâtie à flanc de coteau, sur les pentes fort raides
du Gouraya, elle étage ses maisons les unes au-dessus des autres,
de telle sorte que le toit d'une maison à l'air d'être le
rez-de-chaussée de la maison qui la domine immédiatement.
-----De Bougie,
on aperçoit toute la côte qui va vers Djidjelli et on peut
admirer des sommets de la Petite Kabylie, couverts de neige pendant tout
l'hiver. L'aspect de la Petite Kabylie ne rappelle en rien les paysages
de la Grande Kabylie. Alors que la région de Fort-National
présente, aux regards du touriste, une série d'arêtes
secondaires, irradiant d'une arête principale et toutes taillées
en dents de scie, la Petite Kabylie est formée en quelque sorte
par la juxtaposition d'une multitude de cônes, ayant presque une
forme géométrique parfaite. Il semblerait qu'un aéroplane
titanesque, chargé de formidables pains de sucre, ait survolé
la région et que le Génie qui le conduisait, ait semé
ses pains de sucre comme au hasard. Tous ces pains, en tombant sur leur
base, se sont enchevêtrés les uns dans les autres comme ils
ont pu, et, au sommet de chaque cône, un village a surgi, donnant
au pays une physionomie d'un pittoresque achevé et que l'on ,ne
voit nulle part ailleurs. Cet aspect est surtout caractéristique
dans la région de Ighil Ali.
-----Quand
on est à Bougie, on doit consacrer une demi-journéeà
la visite du cap Carbon. On peut monter en automobile jusqu'au tunnel
de la Corniche supérieure. De là, on est tout près
du cap, le trajet à pied se fait en une vingtaine de minutes.
-----Aux environs
immédiats du cap Carbon, la côte est profondément
déchiquetée. Certaines des baies, ainsi découpées
dans la montagne, rappellent, mais en petit, les fjords de Norvège.
-----En quittant
Bougie, pour se rendre à Constantine, il faut remonter le Chabet-el-Akra
afin de gagner Sétif. Mais une fois arrivé à Aïn-Tnine,
c'est-à-dire à l'embouchure de l'oued Agrioun, si l'on dispose
d'une bonne heure de liberté, il faut pousser une pointe dans la
direction de Djidjelli et voir, à loisir, les Grandes Falaises.
Les tunnels succèdent aux tunnels, les à-pics aux à-pics,
les tournants aux tournants. Ici la route est en encorbellement, là
elle est en viaduc, partout elle est superbe et grandiose. Près
de l'oued Taza, da roche éventrée a laissé à
découvert une grotte pleine de stalactites brillantes. Il faut
aller au moins jusqu'àZiama et faire le trajet dans les deux sens,
si l'on veut ne rien perdre du pittoresque de cette route, qui est une
des plus belles de l'Algérie, voire même du monde entier.
-----Quant
au Chabet-el-Akra, c'est un perpétuel émerveillement pendant
7 kilomètres. L'oued Agrioun, resserré entre des montagnes
hautes de près de 2.000 mètres, s'est taillé un chemin
dans une coupure rocheuse dont les parois sont presque verticales. Le
spectacle que l'on a sous les yeux frappe par sa beauté et par
sa grandeur. La route qui suit ces gorges a été construite
par la main-d'uvre militaire.
La masse de la montagne forme une muraille presque à pic. Indépendamment
des tunnels qui sont nombreux, il a fallu, à plusieurs reprises,
construire de véritables voûtes en maçonnerie pour
protéger les voyageurs contre les chutes de pierres, très
fréquentes et fort dangereuses. Si l'on en croit la tradition,
la construction de la route aurait nécessité l'emploi de
plus de 100.000 kilos de poudre de mine. Les gorges cessent au village
de Kerrata et, de là, on gagne Sétif par une route en lacets
qui traverse différents chaînons des montagnes kabyles connues
sous le nom de Babor.
-----La route
de Sétif à Constantine se fait facilement et à vive
allure. On traverse les plus belles cultures de céréales
de la province. Partout on constate un labeur acharné, conduit
de la façon la plus intelligente et avec l'outillage le plus moderne.
CONSTANTINE.
-----Constantine,
l'antique Cirta, est une véritable forteresse naturelle. Enserrée
dans une boucle du Rummel, qui l'entoure de trois côtés,
elle a un caractère qui lui est propre et elle possède un
charme tout spécial. Son vieux quartier arabe, qui a été
respecté, doit être visité en détail ; débordant
de vie et d'activité, surtout le soir, au temps du Ramadan, il
produit une impression profonde chez ceux qui le voient pour la première
fois. Quant au Rummel, il s'est creusé une gorge d'une incomparable
beauté. Ses à-pics sont formidables, si bien qu'au moment
de la conquête, les habitants de Constantine se plaisaient à
dire que " eux qui crachaient sur les ailes des corbeaux, au cours
de leur vol, ne craignaient rien des assauts dont ils étaient menacés
n. La tradition veut que le Bey de Constantine, utilisant les à-pics
du Rummel, faisait précipiter, dans cet oued, celles de ses épouses
dont il avait (ou croyait avoir) à se plaindre.
-----Parmi
les monuments qu'il faut visiter, je citerai au premier rang les ponts
et le palais. Le palais est incontestablement l'un des plus beaux monuments
d'art arabe de toute l'Afrique du Nord. L'ancienne salle du trône
du Bey Ahmed, le dernier Bey de Constantine, se trouve au premier étage.
Cette salle du trône est une pure merveille. Ses colonnes de marbre
sont harmonieuses et fines, ses mosaïques sont exquises et l'on voit,
suspendus aux murs, de nombreux trophées rappelant les principaux
faits d'armes de la conquête. La légende raconte que, au
moment où les Français sont entrés dans le palais,
ils y ont trouvé plus de 360 femmes. Il y a tout lieu de croire
que le harem beylical ne comprenait pas un nombre aussi grand d'épouses
et que la domesticité fournissait le plus fort contingent de ce
nombre élevé de personnes du sexe faible. La plus célèbre
de toutes !es femmes du Bey était la belle Aïcha, dont la
chambre existe encore.
DE
CONSTANTINE À BISKRA.
-----De Constantine,
pour se rendre à Biskra, on prend la route nationale qui parcourt
une région toujours pittoresque et toujours variée.
-----On passe
par Batna. Cette gentille sous-préfecture, autrefois garnison très
importante, est bâtie au nord des derniers contreforts de l'Aurès.
C'est un centre d'excursions des plus intéressants. C'est, en effet,
de Batna que l'on part pour visiter l'Aurès, massif montagneux
d'une réelle beauté et dont les sites sont d'une infinie
variété, puisque l'on passe des paysages sahariens de Biskra
aux sites alpestres du col de Tizougarine et du Ras Keltoum.
-----Aucun
touriste s'arrêtant à Batna ne pourra laisser de côté
Timgad. L'importance des fouilles, l'ensemble des monuments mis à
jour et l'étendue de la ville frappent le visiteur d'admiration,
voire même de stupeur. Pour aller à Timgad, en partant de
Batna, on est obligé de traverser Lambèze. Cette localité,
connue par son pénitencier, qui servit de prison à un grand
nombre de détenus politiques, en 1848 et en 1851, est bâtie
sur une ancienne ville romaine dont l'importance égalait celle
de Timgad. Lambèze fut occupée par la 3° Légion
et l'on voit encore très nettement les traces du camp romain. Au
milieu se trouvait le Pretorium, actuellement encore debout,- demeure
du Légat. Tout autour de Lambèze, les ruines romaines abondent
BISKRA,
TOUGGOURT, OUARGLA.
-----Biskra est
appelée, à bon droit, la Perle du Désert, et il n'est
point de site qui lui soit supérieur. On peut passer un hiver entier
à Biskra, en variant chaque jour ses excursions et en voyant, à
chaque promenade, des paysages nouveaux. Biskra possède un avantage
unique, c'est d'être entourée d'une série d'oasis,
toutes pittoresques, toutes pleines de vitalité, toutes ayant leur
caractère particulier.
-----Biskra
est encore le point de départ des excursions vers le Sud, dans
la direction de Touggourt et de Ouargla. Mais il faut prendre le train
et charger son automobile sur un truc. La petite ligne de Biskra à
Touggourt (le B. T., comme on
l'appelle) est fort curieuse ; elle traverse toutes les oasis de l'Oued
R'Hir et en exporte les produits.
-----Touggourt
s'impose à l'attention des touristes par sa palmeraie, par ses
mosquées, par ses rues couvertes, par sa proximité de la
ville maraboutique de Temacin et parce que c'est le point de départ
des caravanes qui vont, soit vers le Sud, à Ouargla et In-Salah,
soit vers l'Est, à El Oued, capitale du Souf, et de là,
en Tunisie.
-----Le trajet
de Touggourt à Ouargla peut parfaitement se faire en automobile.
Il faut évidemment une automobile robuste pour franchir les nombreux
bancs de sable que l'on rencontre. Pendant la première partie du
trajet, la piste est parfaitement tracée, mais pendant la dernière
partie, on doit naviguer à l'estime, toute trace de piste ayant
complètement disparu. On se lance donc à travers le désert
en n'ayant que de très rares points de repère : une crête
à l'horizon, un sommet de colline, une forme de rocher, etc...
La première fois que l'on se trouve ainsi, en plein Sahara, sans
apercevoir de chemin ni de piste, sans voir aucun être vivant, on
est un peu surpris et la majesté des immensités désertiques
vous impressionne vivement.
-----Ouargla
est une véritable cité saharienne. Ses constructions et
notamment ses minarets sont typiques. Ses habitants ont un caractère
particulier ; avec leur peau foncée et leurs cheveux crépus,
ils sont bien plus près du nègre que de l'Arabe. L'oasis,
très importante, est curieuse à visiter.
DE
OUARGLA AU M'ZAB
-----De Ouargla
pour aller au M'Zab, on peut revenir à Touggourt, pour, de là,
suivre la piste automobile qui relie cette localité à Guerrara.
On peut aussi prendre une piste se dirigeant vers le Nord-ouest et aboutissant
à Guerrara. C'est un raccourci.
-----Le M'Zab
comprend sept cités qui sont, en allant de l'Est à l'Ouest
: Guerrara, El Ateuf, Bou-Noura, BeniIsguen, Mélika, Ghardaïa
et Bériane. Chacune de ces villes est soigneusement entourée
de hautes murailles, afin de mettre les M'Zabites à l'abri des
incursions des Arabes. Le pays désolé du M'Zab a été
transformé par le labeur opiniâtre des habitants. La vie
de chaque groupe de palmiers dépend d'un puits souvent profond
d'une centaine de mètres.
-----Guerrara
est, à mon avis, la ville la plus curieuse et la plus intéressante
du M'Zab. Son oasis est plus fertile que toutes les autres. La luminosité
de son ciel est merveilleuse et la cité est extrêmement pittoresque.
Ghardaïa, la capitale, est la ville la plus peuplée et la
plus riche de la région. Avec sa grande mosquée aux formes
soudanaises, avec ses rues tortueuses, avec ses cascades de maisons dévalant
les versants du mamelon sur lequel la cité est bâtie; Ghardaïa
constitue un spectacle inoubliable, qui charme et séduit tous ceux
qui y ont séjourné.
DU
M'ZAB A LAGHOUAT.
-----Pour remonter
vers le Nord et gagner Laghouat, la route est médiocre jusqu'à
Bériane, ville la plus septentrionale du M'Zab ; elle traverse
une région absolument désertique, où rien ne pousse
ni ne peut pousser. De Bériane à Tilrempt, la route est
meilleure, sans être parfaite. Tilrempt est situé à
peu près au milieu de la distance qui sépare Ghardaïa
de Laghouat et c'est là que se trouve un caravansérail fameux.
On est agréablement surpris, en plein désert, de trouver
une cuisine aussi soignée, aussi fine, je dirai volontiers aussi
raffinée, que celle que l'on trouve à Tilrempt.
-----A Tilrempt,
on entre dans la région des dayas. Une daya est une petite dépression,
à peine sensible, où pousse le betoum, sorte de pistachier
sauvage, qui trouve, dans l'humidité relative du sous-sa!, la quantité
infime d'eau dont il a besoin pour vivre. Au sortir de la région
des dayas, on arrive à Laghouat.
-----Laghouat
est bâtie sur la rive droite de l'Oued Djeddi ; c'est une ville
moitié arabe, moitié européenne. Elle est dominée
par deux mamelons, sur l'un desquels se trouve l'hôpital militaire,
d'où l'on a une vue splendide sur Laghouat et les environs. L'oasis
s'étend entre la ville et le cours de l'Oued Djeddi. Parfaitement
arrosée, la palmeraie est superbe de vitalité.
DE
LAGHOUAT A BOU-SAADA ET A ALGER.
-----De Laghouat,
en continuant à remonter droit au Nord, on se dirige sur Djelfa.
La route est bonne et l'on peut marcher à belle allure. Djelfa
est une cité européenne, aux rues larges et sans caractère;
le climat est rude. C'est plutôt un camp qu'une ville. De Djelfa,
au lieu de se diriger directement sur Alger, il vaut beaucoup mieux faire
un crochet et aller visiter Bou-Saada.
-----C'est
une petite ville possédant deux curiosités qui en font le
charme : un quartier arabe intact et très pur et une oasis délicieuse.
-----De Bou-Saada,
on se dirige sur Alger, en passant à Sidi-Aïssa, Aumale et
Bir-Rabalou ; enfin, on franchit la crête de l'Atlas, au col de
Sakomodi. Dans cette traversée de l'Atlas, de Tablat à l'Arba,
la route est tour à tour grandiose ou pittoresque et se classe
parmi les plus belles de l'Algérie.
D'ALGER
A ORAN ET TLEMCEN.
-----Pour aller
d'Alger à Oran, la route la plus intéressante est, sans
contredit, celle qui longe le littoral. Le trajet est toujours curieux
et souvent splendide. Il est jalonné par une série de villes
ou de sites qui méritent de retenir l'attention du touriste. Ce
sont : Tipasa et ses ruines romaines, Cherchell, ancienne capitale de
Juba, roi de Mauritanie, Mostaganem, délicieuse petite ville de
25.000 habitants, etc...
-----Oran
est une véritable capitale et une grande ville européenne.
Ayant un peu le caractère d'une ville américaine, elle a
grandi presque aussi vite qu'une ville des États-Unis. On a construit
partout à la fois, si bien que l'on trouve fréquemment un
palais à côté d'une masure. Pour bien voir Oran, il
faut monter à la Chapelle de Santa-Cruz, qui est construite sur
un contrefort du Murdjadjo. Du château, on a une vue admirable sur
Oran, sur les montagnes qui l'entourent au Sud et à l'Ouest et
sur la pleine mer. Plusieurs mosquées présentent un réel
intérêt et méritent d'être vues. Oran est très
fière de son boulevard Seguin, rue la plus commerçante et
la plus fréquentée, de son théâtre, fort beau
ailleurs et de la gare monumentale du P.-L.-M. Son port augmente chaque
jour
d'importance et son trafic est en progrès
constant.
-----Une des villes les plus intéressantes
de l'Algérie et qui doitêtre visitée en détail,
c'est Tlemcen. Entourée de jardins ombragés et parfaitement
arrosés, elle jouit d'un climat tempéré qui rappelle
celui de la France ; la neige y tombe presque chaque hiver. Ville autrefois
de plus de 100.000 habitants, Tlemcen, sous le régime turc, était
devenue presque un désert. C'est une place forte, entourée
de remparts. C'est la ville des mille et un métiers : tisserands,
brodeurs, fabricants de djellabas, de burnous, de couvertures et de tapis,
orfèvres, ciseleurs, on y trouve tout et souvent ces simples artisans
sont de véritables artistes. Tlemcen est la ville sainte de l'Oranie.
Elle a été, pendant cinq ans, la capitale d'Abd et Kader.
Les mosquées sont nombreuses et fort belles.
-----Il est
bon de faire observer que le circuit qui vient d'être décrit
très sommairement ne donne qu'un simple aperçu des beautés
que renferme l'écrin touristique de l'Algérie. Les cités,
villes mortes, oasis et paysages qui méritent d'êtree visités
sont légion. Mais il est d'autres curiosités lui doivent
retenir l'attention des voyageurs et dont la vision on constitue un ensemble
probablement unique au monde, faisant de l'Algérie la véritable
terre d'élection du tourisme.
-----Notre
belle colonie présente encore à l'admiration de ses visiteurs
ses montagnes et ses parcs nationaux. Elle leur offre le spectacle de
ses sports d'hiver et la possibilité de faire du tourisme à
méhari. Ces différentes questions vont être passées
en revue successivement ; elles feront l'objet, chacune, d'une étude
spéciale.
III.
- L'Alpinisme en Algérie
-----Tout le monde
sait évidemment que l'Algérie est un pays montagneux ; mais
beaucoup de personnes ignorent que ces montagnes sont réellement
belles et tout à fait dignes de retenir l'attention des alpinistes.
Peut-être est-il à propos de faire remarquer qu'il existe,
à Alger, une section particulièrement active du Club Alpin
Français.
-----Il n'est
pas possible de donner ici une description détaillée et
complète de toutes les montagnes qui s'élèvent, un
peu de tous les côtés, sur le territoire de notre colonie.
Je me bornerai donc à tracer, à grands traits, une esquisse
rapide de trois massifs, qui présentent le double avantage de se
distinguer par la beauté et par la variété de leurs
sites et, en même temps, d'être d'un accès facile.
-----a)
Massif du Djurdjura. - Le Djurdjura, qui se trouve
à environ 50 kilomètres de la mer, est le premier coin de
terre algérienne qu'aperçoivent les voyageurs venant de
Marseille à Alger. Vu de la pleine mer, ce massif a vraiment grand
air. Avec son arête découpée en dents de scie, avec
ses murailles gigantesques aux parois abruptes, avec ses plaques de neige
qui brillent au soleil, il donne la sensation très nette de la
grande montagne, bien que son altitude moyenne ne soit que d'environ 2.000
mètres.
L'accès du Djurdjura est singulièrement facilité
par les nombreuses routes ou pistes qui ont été construites
ou aménagées par les soins du Gouvernement général.
Ce massif est complètement entouré par des voies carrossables,
permettant aux touristes d'arriver rapidement et facilement à pied-d'oeuvre,
lorsqu'ils ont l'intention de faire une ascension.
-----On peut
choisir comme point de départ, sur le versant Nord, soit Tizi-Ouzou,
soit Fort-National, soit Michelet, soit Dra-el-Mizan, soit Bordj-Boghni.
Toutes ces localités sont desservies par d'excellentes routes praticables
aux automobiles. On peut même arriver en chemin de fer ou en tramway
à Tizi-Ouzou, Dra-el-Mizan et Bordj-Boghni.
-----Sur le
versant Sud, on peut partir soit de Bordj-Bouira, soit de Maillot, stations
situées sur la voie ferrée allant d'Alger à Constantine.
De plus, trois maisons forestières se trouvent construites sur
les pentes méridionales du massif ; elles ne sont qu'à quelques
heures de marche de Bouira ou de Maillot. -----Elles
pourraient servir d'abri, le cas échéant. Enfin, deux refuges
ont été bâtis par les soins du Service de la Colonisation,
pour être mis à la disposition des touristes . Ce sont :
à l'Est, Tizi-N'Kouilal, au pied même de Lalla-Khadidja,
point culminant du Djurdjura, dont l'altitude est de 2.308 mètres
; au centre, Tikjeda, au pied du Ras Timedouine (2.305 m.). Ce refuge
est admirablement situé au fore d'une combe toute verdoyante, où
poussent, en abondance, les champignons les plus divers; il constitue
un centre d'estivage particulièrement recommandable et peut abriter,
en sus des gérants, une dizaine de personnes. Enfin, un troisième
refuge est en construction dans la partie occidentale du massif, il est
placé sur le versant Nord, aux bords mêmes du Lac d'Agoulmine.
-----Le Djurdjura
se trouve donc parfaitement organisé pour permettre aux alpinistes
d'entreprendre toutes les ascensions qu'ils voudront tenter. Mais qu'on
ne s'y trompe pas, il serait imprudent de se lancer à la légère
et de sous-estimer les dangers que peuvent présenter ces ascensions.
Certains sommets sont d'accès pénible, voire même
difficile. Il y a donc lieu de prendre toutes les précautions que
l'on prend habituellement dans les marches en montagne.
-----D'autre
part, il est possible de circuler dans le Djurdjura, sans pour cela faire
de l'alpinisme. Une route carrossable, en pente raide, mais cependant
praticable aux automobiles légères, permet de monter de
Bordj-Bouira jusqu'au refuge de Tikjeda, puis de se rendre à Tizi-N'Kouilal,
pour redescendre, de là, à Maillot. Pendant presque toute
la durée du trajet, la route présente un intérêt
de premier ordre. En bien des endroits même, les sites parcourus
offrent, aux touristes, des points de vue, qui ne sont inférieurs
en rien aux sites si vantés des fameuses routes des Alpes ou des
Pyrénées.
----b)
Massif de l'Ouarsenis. - L'Ouarsenis est un important
massif montagneux qui se dresse au Sud de la vallée du Chélif,
au Sud-Sud-Est d'Orléansville et à environ 80 kilomètres
de la Méditerranée.
-----Ce massif
ne saurait avoir la prétention d'être de la grande montagne
et, pourtant, il est majestueux.
-----Lorsqu'on
le voit de Miliana, ou bien de la voie ferrée entre Orléansville
et Affreville, il produit une impression grandiose. 1l est constitué
par trois sommets d'inégale hauteur ; le plus élevé,,
le Kef-Sidi-Anar, est à 1.985 mètres d'altitude, il se termine
en forme de dôme et porte à sa partie supérieure un
marabout dédié à Sidi Amar.
-----Les autres
sommets sont moins élevés, le Sra-Sidi-Abd-el-Kader, a une
altitude moyenne de 1.700 mètres. Sur le point culminant, qui se
trouve à 1.750 mètres, est bâti un marabout dédié
à Sidi Abd el Kader. Ce sommet est constitué par une longue
arête dentelée, qui s'allonge vers l'Est, sur une longueur
d'environ 8 kilomètres. Cette arête est découpée
par une multitude de brèches, plus ou moins profondes, qui en rendent
le parcours sinon tout à fait impossible, du moins extrêmement
pénible et fort dangereux. Pour s'y aventurer, il faut être
un alpiniste très entraîné, habitué aux ascensions
dans les rochers et être pourvu de tout l'attirail nécessaire.
-----Le troisième
sommet, le Ras Belkheiret, ne dépasse guère 1 550 mètres
d'altitude. Il se compose d'une longue arête rocheuse, qui se trouve
située au Sud du Kef Sidi Amar et se dirige vers l'Est.
-----Les localités
que l'on peut choisir comme points de départ pour les ascensions
à faire dans le massif de l'Ouarsenis sont : ou bien Bou-Caid,
village situé au centre de l'exploitation minière de la
Compagnie de la Vieille-Montagne, ou bien Molière (Beni-Hindel),
chef-lieu de commune mixte. Ces deux localités sont reliées
à la gare d'Orléansvile par un service régulier d'autobus.
-----L'ascension
du, pic principal ne présente absolument aucune difficulté.
Grâce aux nombreux sentiers régulièrement entretenus
par la compagnie minière, on peut monter à mulet jusqu'à
1.750 mètres d'altitude. On n'a donc plus que 250 mètres
à grimper pour atteindre le marabout de Sidi-Amar.
-----Le panorama
que l'en découvre de ce sommet est réellement splendide.
Rien, absolument rien, n'arrête la vue et lorsque l'atmosphère
est suffisamment limpide, on peut apercevoir distinctement la Méditerranée,
à travers une dépression de la chaîne littorale, qui
se trouve dans la direction de Ténès, c'est-à-dire
presque exactement au Nord. On est au plein milieu d'un cirque de montagnes,
on domine d'environ 800 mètres toute la région avoisinante
; aussi la vue s'étend-elle jusqu'à la limite extrême
de l'horizon.
-----Le kef
Sidi-Amar est traversé, de part en part, par de nombreuses galeries
qui s'étagent les unes au-dessus des autres et qui servent à
la compagnie minière pour exploiter la calamine. Le Pic de Sidi-Abd-el-Kader
est, lui aussi, traversé par une série de galeries de mines,
exploitées régulièrement.
-----Sur les
versants des trois principaux sommets de l'Ouarsenis, on voit une forêt
de cèdres, qui va en,s'éclaircissant, au fur et à
mesure que l'on se rapproche de la crête. A la base de ces pics,
la forêt est beaucoup plus dense. Les peuplements sont serrés
et les beaux arbres ne sont pas rares, on en remarque qui doivent avoir
de quatre à cinq siècles. Ils se mélangent volontiers
avec les chênes zéens, voire même avec les pins d'Alep.
-----Parmi
les maisons forestières qui se trouvent dans le massif de l'Ouarsenis,
il en,est une qui doit être plus particulièrement citée,
c'est celle de l'Aïn-Antar. Elle constitue, en quelque sorte, la
capitale du Parc National de l'Ouarsenis. Le premier étage de cette
maison forestière a été organisé en chalet
; il contient plusieurs chambres meublées, mises éventuellement
à la disposition des officiers . forestiers.
-----Il faut
dire que tout a été prévu et préparé
pour créer, à proximité immédiate de cette
maison, un centre important d'estivage. Ce centre sera singulièrement,
apprécié de la population européenne, qui habite
la chaude vallée du Chélif. A Aïn-Antar, il y a de
l'eau en abondance, un air excellent, de beaux arbres, de la fraîcheur
et une vue magnifique.
----- c)
Le massif de l'Aurès. - L'Aurès est un massif montagneux
situé au Sud-Est de Batna. Il contient les sommets les plus élevés
de l'Algérie (Ras Keltoum, dans le Djebel Chelia, 2328 mètres,
et le Kef Mahmel, 2.321 m.). Il s'adosse, au Nord, à la limite
méridionale des Hauts Plateaux constantinois, dont l'altitude oscille
entre 1.000 et 1 200 mètres. Au Sud, la montagne plonge brusquement
dans la vaste plaine saharienne, dont l'altitude moyenne varie entre 100
et 150 mètres. Dans cette plaine se trouvent les villes bien connues
de Biskra et de Négrine.
-----Le massif
de l'Aurès est sillonné, du Nord-Est au Sud-ouest, par une
série de découpures extrêmement profondes, où
circulent, entre deux arêtes étroites, une série d'oueds
d'importance variable. Parmi ces cours d'eau, qui canalisent vers la région
des chotts les eaux de ruissellement des montagnes aurésiennes,
on peut citer : l'Oued Abdi, l'Oued,el Abiod, l'Oued Guechtane et l'Oued
et Arab.
-----Les populations
aurésiennes sont d'origine berbère; mais elles parlent un
dialecte particulier, différent du Kabyle. Ce dialecte est appelé
le Chaouïa et a donné son nom aux habitants, qui sont nommés
" les Chaouïas ". Ce sont des pasteurs, à moitié
sédentaires et à moitié nomades. Pour pouvoir se
défendre contre des agressions possibles, ils ont construit leurs
villages dans des endroits inaccessibles ; la plupart de ces villages
contiennent un réduit, à la fois forteresse et grenier.
Cet ouvrage est bâti sur un rocher à pic et l'on y renferme
les récoltes pendant que les habitants nomadisent avec les troupeaux.
-----Dans
les fonds de vallée, pourtant très étroits, ils ont
créé des jardins florissants, en utilisant des terres d'alluvions
d'une fertilité inouïe ; ils produisent ainsi des fruits délicieux,
renommés dans toute l'Algérie et ils font pousser les céréales
dont ils ont besoin.
-----Au centre
du massif et sur les versants des montagnes, on voit de superbes forêts,
soit de pins d'Alep, soit de chênes, soit de cèdres. La forêt
des Beni-Imloul a plus de 60.000 hectares d'un seul tenant.
-----C'est
un pays infiniment curieux, qui, sur une surface relativement restreinte,
présente, à la fois, des paysages alpestres de haute montagne
(Djebel Chelia) et offre l'aspect des,pays tropicaux (aux environs de
Biskra).
-----Pour
permettre aux touristes de parcourir cette région, qui présente
un intérêt de tout premier ordre, le Gouvernement général
a créé une série de Fondoucks-Hôtels, ou l'on
trouve une nourriture convenable et un gîte suffisant. Ces Fondoucks
viennent d'être loués à la Société des
Hôtels et des voyages Nord-Africains, qui a l'intention d'organiser
le circuit de l'Aurès. Ces fondouks existent à Menaa, Djemora,
Rhoufi, et M'chounech.
-----Le massif
de l'Aurès est encerclé par plusieurs routes ou pistes,
la plupart praticables aux automobiles. On trouve, au nord, la route de
Batna à Khenchela; à l'ouest, la route de Batna à
Biskra ; au sud, la piste de Biskra à Négrine ; enfin à
l'est, la piste de Khenchela à Taberdga. Cette piste est continuée
par un sentier aboutissantà Khanga Sidi Nadji. Il existe en outre
une voie carrossable de pénétration. Elle doit aller de
Batna à M'Chounech et Biskra, en passant par Arris ; elle est en
lacune entre Arris et Baniane.
-----Partout
ailleurs, en Aurès, il faut circuler à mulet. On peut le
faire, d'ailleurs, très facilement et en toute sécurité.
-----L'ascension
du Ras Keltoum (Djebel Chelia) peut se faire sans difficulté ni
fatigue, puisque l'on peut monter à mulet jusqu'à environ
10 mètres du sommet.
-----En venant
de Arris, on peut monter par le col de Tizougarine ; puis on redescend
à travers une magnifique forêt de cèdres, sur la maison
forestière du Chélia, pour, de là, gagner la grande
route reliant Batna à Khenchela.
-----On ne saurait
trop vanter la beauté et l'intérêt des excursions
en Aurès. On y trouve les sites les plus variés : des forêts
superbes, des gorges grandioses (celles de Djemina, par exemple), de belles
montagnes renfermant les points les plus élevés de l'Algérie;
les cultures les plus diverses et une population particulièrement
originale. Pour bien voir l'Aurès en détail, il faudrait
organiser une caravane muletière pour assurer le transport des
touristes et de leur matériel (bagages et tentes de campement).
La chose est de réalisation facile et vaut largement la peine d'être
tentée.
IV.
- Les Parcs Nationaux en Algérie
-----L'existence
des Parcs Nationaux, en Algérie, commence à peine à
être connue des Algériens ; elle est presque inconnue en
France et à peu près totalement ignorée à
l'étranger.
-----Et pourtant
ces Parcs Nationaux existent ; ils ont été créés,
sur la proposition du Service des Forêts, par un arrêté
du Gouverneur général, en date du 17 février 1921,
dans le but " d'assurer la protection des
beautés naturelles de la Colonie, de développer le tourisme
et " d'encourager la création de centres d'estivage ".
-----Le fait
qu'un site est constitué en " Parc
National a " pour effet de soustraire l'ensemble des végétaux
et des animaux existant dans son périmètre à toute
influence humaine qui s'exercerait en dehors du but de conservation et
de protection poursuivi ".
-----Il en
résulte que toute exploitation de quelque nature que ce soit est
interdite, que tout exercice de droit de pâturage est suspendu et
que toute espèce de chasse est prohibée. Les Parcs Nationaux
sont donc devenus de véritables conservatoires intangibles des
beautés naturelles de l'Algérie, c'est-à-dire des
centres de tourisme de premier ordre. .
-----Actuellement,
il existe huit Parcs Nationaux classés et l'on projette la création
de trois autres parcs. Leur superficie varie de 1.000 à plus de
20.000 hectares.
-----Ces parcs
sont répartis de la façon suivante : 4 dans le département
d'Alger, 1 à cheval sur les départements d'Alger et de Constantine,
2 dans le département de Constantine et 1 dans le département
d'Oran.
-----Il est
impossible, dans cette courte notice, de passer en revue chacun de ces
parcs. Je me bornerai donc à donner la description d'un seul d'entre
eux. Je choisirai celui qui se classe parmi les plus beaux et qui se trouve
assez rapproché d'Alger pour pouvoir être visité dans
une seule journée. Il s'agit du Parc National des Cèdres,
qui est parfois désigné sous le nom charmant de " Paradis
des Cèdres ".
-----Ce parc
est situé à proximité de Teniet-el-Had. Il est constitué
par une forêt qui couronne les versants nord et Sud du djebel et
Meddad, un des contreforts du massif de l'Ouarseni$. Sa contenance est
de 1.500 hectares environ.
-----Pour
se rendre, de Teniet-el-Had au Rond-Point des Cèdres, on peut prendre
les moyens de locomotion les plus divers ; la distance à parcourir
est d'une quinzaine de kilomètres. On peut utiliser une automobile,
une voiture à chevaux, des mulets de bât, ou tout simplement
faire la route à pied.
-----Au fur
et à mesure que l'on s'élève au-dessus de Teniet,
on voit émerger des crêtes qui forment comme un cirque autour
de cette localité. Quand on pénètre dans la forêt,
on remarque qu'elle est composée, dans sa partie basse, d'arbres
d'essences très diverses. Les chênes verts, les chênes-zéens,
voire même quelques chênes-liège voisinent avec les
cèdres. Ceux-ci, au début, sont plutôt rares, niais
leur nombre augmente peu à peu et ils finissent par devenir i'
essence nettement dominante. A côté de jeunes semis, naturels
pour la plupart, on voit des cèdres de belle venue, poussant droit
leurs tiges et levant leurs branches vers le ciel. Au milieu d'eux, se
trouvent des vétérans, chargés de siècles,
qui, pliant en quelque sorte sous le poids des années, se sont
affaissés, tordus, ratatinés. Les branches les plus élevées
ont pris la forme de table, de plateau, de champignon, de parasol, de
parapluie. Les branches secondaires se sont abaissées, elles aussi,
et 'elles laissent retomber leurs extrémités qui plongent
vers le sol. Quelques-uns de ces ancêtres sont morts debout et il
faudra encore de nombreuses années avant qu'ils ne tombent en poussière,
car la sève a fait pénétrer, dans les fibres du bois,
une sorte de résine imputrescible, qui les protège contre
la pourriture et la décomposition.
-----L'hiver
est rude pour les doyens de la forêt. La neige qui se pose sur les
sortes de dômes ou de plates-formes, constitués par les branches
supérieures, s'accumule au cours de la mauvaise saison ; elle atteint
des épaisseurs dépassant souvent un mètre. Cette
surcharge considérable fatigue le colosse, qui n'a plus la vigueur
voulue pour résister.
-----Si le
vent souffle en tempête, c'est une grosse branche qui se brise,
ou bien c'est un arbre dix ou douze fois centenaire qui se penche vers
le sol, ses racines cédant peu à peu sous le poids énorme
qu'elles ont à supporter. Parfois même c'est un des géants
de la forêt qui s'abat tout d'un coup. C'est ainsi que l'on voit,
de ci de là, de véritables cimetières de cèdres.
Les troncs morts que le temps et les intempéries ont polis et blanchis
comme de l'ivoire, sont tombés en s'enchevêtrant les uns
dans les autres, ils dressent en l'air leurs branches dénudées,
comme pour prendre le ciel à témoin de la catastrophe imméritée
qui les a frappés. De loin, on les prendrait volontiers pour des
squelettes d'animaux antédiluviens, victimes d'un cataclysme inattendu.
-----En suivant
les sinuosités de la route carrossable, on finit par arriver à
un tournant d'où l'on aperçoit, en le dominant d'une centaine
de mètres, le Rond-Point des Cèdres. Quel site merveilleux
! Quel coup il enchanteur ! Au fond (l'une petite combe, tout entourée
de cèdres, se trouve une prairie délicieusement fraîche,
d'un vert tendre, où l'herbe pousse épaisse et drue. Quelques
vaches, appartenant au Garde Forestier, broutent cette herbe. C'est un
véritable paysage de Suisse ou de Savoie. Il n'y manque même
pas les chalets, puisque, dans les angles de la prairie, on voit la maison
forestière, le gourbi du garde indigène et un chalet, appelé
Chalet Jourdan.
-----Le Rond-Point
est situé dans la partie la plus belle de la forêt et à
une altitude d'environ 1.500 mètres. On éprouve un plaisir
infini à se promener dans les environs immédiats. Les cèdres
multi-séculaires, voire millénaires, abondent. Les troncs
ayant plus de 8 mètres de circonférence ne sont pas rares.
-----D'excellents
chemins forestiers, véritables allées de parc, au sol souple
et moelleux, conduisent les touristes dans des sites véritablement
grandioses et étranges. L'enchevêtrement des arbres vivants
et des arbres morts, le mélange des cèdres avec les chênes,
qui semblent vouloir rivaliser avec eux de vitalité, créent
dés paysages absolument inattendus, qui impressionnent profondément
par leur réelle beauté.
-----Il est
une excursion qu'il faut faire, car elle en vaut vraiment la peine, c'est
l'ascension du Kef Siga. Ce n'est d'ailleurs qu'une simple promenade.
Au sortir du RondPoint, on prend un chemin forestier parfaitement tracé,
dans une partie particulièrement belle du . Parc National. Les
arbres sont vigoureux, les futaies sont denses, l'herbe est fraîche
et verte, enfin le sol est doux aux pieds, comme si l'allée était
sablée. On arrive ainsi, après avoir traversé une
clairière exquise, au sommet du Kef Siga, à 1.714 mètres
d'altitude, avec une facilité qui surprend
-----La vue
que l'on a du sommet est réellement splendide. C'est incontestablement
une des plus belles vues de montagne que l'on puisse avoir en Algérie.
Le retour au Rond Point n'est qu'un jeu. Si l'on en a le temps, il sera
b®n de pousser jusqu'au sommet de Ras et Braret, point culminant du
Parc National. Il se dresse à 1.787 mètres. On y arrive,
assez facilement, en suivant l'arête, qui part du Kef Siga.
-----Le Parc
National des Cèdres mérite vraiment d'être visité.
Ceux qui vont le voir en rapportent une impression profonde et un souvenir
inoubliable, car le Rond Point est un séjour de rêve, situé
au milieu d'une des plus belles forêts du monde ; c'est vraiment
le Paradis... des Cèdres.
V.
- Le Tourisme au Sahara à mehari
-----Le Sahara est
aujourd'hui, plus que jamais, à l'ordre du jour. Des convois automobiles
le sillonnent à peu près dans tous les sens et pendant toutes
les saisons. De plus, il est infiniment probable que, dans un délai
plus ou moins rapproché, on commencera les travaux du Transsaharien.
L'automobile et la voie ferrée semblent donc avoir fait la conquête
définitive du désert, supplantant le vieux moyen de locomotion
de jadis, le modeste chameau, tombé en défaveur.
-----Il est
évident que l'automobile et le rail ont, pour eux, la vitesse et
le confort ; mais ils ne peuvent pas pénétrer partout. Bien
des parcours intéressants leur sont interdits, un bon nombre de
sites superbes leur échappent. Le chameau, lui, va lentement, c'est
vrai ; mais il va sûrement et il passe partout. II n'a jamais de
panne, il est sobre, docile, résistant et facile 'à remplacer.
Enfin il constitue la monture rêvée du touriste sportif,
voulant entrer en communion immédiate et parfaite avec le désert
et ayant la curiosité louable de faire, à travers les âges,
un saut de 20 ou 30 siècles en arrière, afin de mener la
vie qu'ont vécue les peuples pasteurs, vie que la Bible a su nous
dépeindre avec tant de charme et de poésie.
-----Il est
donc probable que nous verrons encore des groupes d touristes faire de
belles et longues randonnées à travers le Sahara, en n'utilisant,
comme moyen de transport, que le chameau de bât et comme moyen de
locomotion que le méhari.
-----Un essai
a été tenté, au printemps de 1925, et il a parfaitement
réussi. Une caravane touristique a parcouru, pendant 57 jours,
la région comprise entre Touggourt, El Oued, Ouargla, Hassi Inifel
et El Goléa. Elle a fait environ 1800 kilomètres, sans un
accident, sans même un incident et sans courir le moindre danger.
-----Il me
paraît utile d'indiquer, ci-dessous, à grands traits, les
procédés et moyens employés, par cette caravane ,
pour mener à bien l'excursion entreprise.
-----Toute
caravane touristique, utilisant uniquement le chameau comme moyen de transport
et comme moyen de locomotion, comprend forcément deux échelons
-----1 °
La caravane proprement dite, c'est-à-dire le groupe des touristes;
c'est l'échelon mobile, celui dont l'allure c'est la plus rapide.
Il utilise uniquement le méhari.
-----2°
Le convoi comprenant tous les animaux de bât. C'est l'échelon
lourd à marche lente.
-----Il est
évident que la caravane est fonction de son convoi .Elle pourra
faire des étapes d'autant plus longues que les animaux de son convoi
seront moins chargés. Pour une caravane de touristes, il ne faut
pas charger les chameaux à plus de 120 kilos. Il faut encore disposer
d'un certain nombre (10 à 15 %) d'animaux haut-le-pied, pour garerà
un accident et permettre à ceux qui seraient fatigués de
se reposer.
-----Le recrutement
du personnel et des animaux doit être fait avec le plus grand soin.
Il vaut mieux les prendre tous dans la même tribu. Il y a intérêt
à demander aux officiers des Affaires indigènes de vouloir
bien surveiller ce recrutement, en somme assez délicat et d'une
importance capitale.
-----Le matériel
à emporter se divise en matériel individuel et en matériel
collectif. Le matériel individuel comprend tous les objets de campement
dont sont pourvus les officiers des compagnies sahariennes, c'est-à-dire
la tente individuelle, le lit de camp, des draps, des couvertures de laine,
des tables et des chaises pliantes, des photophores, 2 cantines du modèle
de l'armée, des objets de toilette, etc... Le matériel collectif
comprend : une grande tente salle-à-manger, des tables et chaises
pliantes, une tente-cuisine, une tente W.-C.. une tente-douche, un tonnelet
de 50 litres par touriste, (ces tonnelets doivent être tenus constamment
pleins d'eau, pour parer à toute éventualité), une
caisse à pharmacie (avec médicaments et instruments), un
cacolet pour malades ou blessés, un matériel complet de
popote, des caisses à vivres en quantités suffisantes et
pesant, une fois garnies,, de 30 à 50 kilos (au maximum).
-----En principe,
le même chameau doit toujours . porter le même chargement.
Il faut un ordonnance par touriste et un chamelier pour 3 chameaux de
bât. Le meilleur harnachement est la selle targui ou khala...
-----Il faut
emporter des vêtements chauds, car les nuits sont très froides,
pendant l'hiver, au Sahara. Il y gèle fréquemment à
6° ou 8° centigrades. Monter à méhari les pieds
nus ou avec des chaussures ayant des semelles souples (espadrilles ou
chaussons en basane).
-----L'autorité
du Chef de la caravane doit toujours être respectée. Chaque
membre doit l'aider et prendre la direction d'un service quelconque :
popote, infirmerie, service vétérinaire, matériel,
harnachement, lingerie, etc...
-----En hiver
et au printemps, il faut lever le camp une heure avant le lever du soleil;
se mettre en marche, au moment même où le jour se lève.
Mettre en route d'abord, le convoi. Vérifier soigneusement si rien
n'a été oublié dans le camp. Faire partir l'échelon
mobile, qui a vite rattrapé et dépassé le convoi.
Arriver à l'étape au moins deux heures avant le coucher
du soleil, pour que les chameaux puissent être conduits au pâturage
avant la tombée de la nuit.
-----Faire
marcher les mehara de front, dans cette formation, ils vont singulièrement
plus vite que s 'ils allaient à la file indienne. Ne pas faire
de grande halte si l'étape est égale ou inférieure
à 30 kilomètres. Faire, toutes les deux heures, une petite
halte d'un quart d'heure.
-----En arrivant
à l'étape, passer la visite des hommes et des animaux. Donner
éventuellement les soins nécessaires aux malades et aux
blessés. Panser soigneusement toutes les écorchures de crainte
qu'elles ne s'enveniment.
-----Comme
il est matériellement impossible de se ravitailler en plein désert,
il faut emporter avec soi tous les vivres dont on peut avoir besoin pendant
toute la durée du voyage. Répartir les vivres dans le nombre
voulu de caisses, chacune d'elles contenant les approvisionnements nécessaires
pour un nombre de jours déterminé (4 jours, 8 jours,) Pour
permettre aux chameaux de manger dans des régions absolument désertiques,
faire emporter à chacun d'eux un petit sac contenant 10 kilos de
paille hachée.
Dans le désert on peut marcher par tous les temps, par sirocco,
comme par vent de sable, avec le mistral comme avec la pluie.
-----Le tourisme
à méhari n'est pas un tourisme particulièrement cher.
Il est à la portée de tous ceux qui peuvent s'offrir une
saison dans des " Palaces " de luxe. Il permet tous les itinéraires,
toutes les longueurs de trajet. Il n'exige pas de qualités sportives
exceptionnelles. Pour faire du tourisme au Sahara, à méhari,
il suffit de bien vouloir se plier à une discipline indispensable
et de consentir à se lever, tous les matins, en hiver et au printemps,
entre 5 heures et 6 heures. Il faut ne pas avoir peur du froid, ni du
vent de sable, ni du mistral, qui sont si particulièrement désagréables
au Désert. Il faut être prêt à faire une moyenne
journalière de 7 à 8 heures de méhari et être
capable de rester sur sa khala 10 à 12 heures. Il faut savoir se
contenter du confort relatif que peut procurer une installation sous la
tente. Il faut même être prêt à manger, s'il
le faut, de la vache enragée tout en gardant le sourire sur les
lèvres et la gaieté au fond du cur.
-----Ceux
qui remplissent toutes ces conditions (hommes ou femmes) peuvent se lancer
sans appréhension. Ils feront un voyage d'un intérêt
exceptionnel et ils rapporteront, de leur randonnée, des souvenirs
qui leur seront infiniment chers, à la condition qu'ils aient la
passion de l'Effort.
VI . - Sports d'hiver
en Algérie
-----Après
la description qui vient d'être faite des montagnes et des Parcs
Nationaux d'Algérie, on comprendra facilement que, au cours de
la mauvaise saison, certaines régions de notre colonie puissent
se prêter à la pratique des Sports d'hiver. En fait, la pratique
de ces Sports est très en honneur et le nombre de ceux qui s'y
livrent est infiniment plus élevé qu'on ne pourrait le supposer.
-----Jusqu'ici,
seul, le Parc
National de Chréa a été méthodiquement
organisé dans ce but. Dès que la neige a recouvert les pentes
du Kef Chréa (1497 m.) et du pic d'Abd et kader (1629 m.,), le
Ski-Club algérien organise un service de renseignements, qui informe,
chaque jour, les skieurs de l'état de la neige, afin qu'ils ne
se dérangent qu'à bon escient. Il existe des pistes de saut,
des concours sont organisés et des fêtes très suivies
sont données, par le SkiClub. Au cours de ces fêtes, on se
livre avec entrain à la pratique de tous les sports d'hiver.
-----Or Chréa
n'est qu'à 22 kilomètres de Blida,
qui elle-même n'est distante d'Alger que de 51 kilomètres.
-----Une route
excellente, praticable aux automobiles, conduit de Blida à Chréa,
où sont construits des hôtels très confortables. Le
terrain de Ski se trouve donc à 2 h1/2 ou 3 heures d'Alger. Il
est bon que cela soit connu.
-----D'autre
part, si Chréa est le seul endroit où fonctionne un Ski-Club,
il en est d'autres où l'on peut pratiquer, à sa guise, tous
les sports d'hiver. Je citerai notamment le Parc National du Djurdjura
où l'on peut faire des ascensions d'hiver extrêmement intéressantes
et le Rond Point des Cèdres.
VII.
- Le Tourisme Nord-Africain
-----Jusqu'ici,
il n'a été question que du tourisme en Algérie et
que des sites qui constituent la parure de notre belle colonie, dont on
célèbre le Centenaire en ce moment. Il n'en faudrait pas
déduire que les touristes qui viennent nous visiter soient réduits
à tourner sur place, parce qu'une muraille de Chine isole complètement
l'Algérie, du Maroc, de la Tunisie et de nos autres colonies nord-africaines.
Bien au contraire, rien n'est plus facile que de voir, dans la même
randonnée, toutes les possessions françaises de l'Afrique
du Nord, qui présentent un intérêt de premier ordre,
de tous points analogue à celui que présente l'Algérie.
-----Tout
est prévu, tout est organisé pour donner satisfaction complète
aux desiderata des touristes les plus difficiles ou les plus avertis.
-----Quelques
exemples suffiront pour montrer que nos possessions du Nord de l'Afrique
constituent un tout compact, homogène, dont toutes les parties
sont en liaison parfaite les unes avec les autres.
-----La Compagnie
Générale Transatlantique - la Compagnie P L. M. (réseau
algérien) - la Compagnie des Chemins de fer Algériens de
l'Enta - et la Compagnie Transsaharienne ont préparé et
mis au point une série de circuits qui permettent de parcourir,
en tous sens, toutes les régions soumises à l'autorité
française ou placées sous notre protectorat.
-----C'est
ainsi que la liaison avec le Maroc est assurée par la transversale
suivante : Alger, Ténès,
Oran, Tlemcen, Fès , Meknès, Rabat.
-----Les liaisons
avec la Tunisie se font par les itinéraires suivants
-----a) Alger,
Bougie, Djidjelli, Constantine, Timgad, Biskra ; Touggourt, El Oued, Tozeur,
Gabès, Sfax, Kairouan, Tunis.
-----b) Biskra,
Négrine, Tozeur, El Oued, Touggourt.
-----Les liaisons
avec le Sahara et nos autres possessions nord-africaines sont assurées
par les circuits indiqués ci-dessous
-----a) Alger,
Ténès, Tlemcen, Oudjda (Maroc), Beni Ounif de Figuig (Maroc),
Timimoun; El Goléa, Ghardaïa Laghouat, Alger.
-----b) Alger,
Ghardaïa, El Goléa, In Salah, Tamanrasset. Adrar; Timimoun,
El Goléa, Alger.
-----c) Colomb
Béchar, Gao, Tombouctou. Colomb Béchar, Gao, Niamey.
-----En dehors
de ces circuits, que j'appellerai réguliers, les Compagnies de
transports désignées ci-dessus, ainsi que les Agences de
voyages, organisent, sur la demande des touristes, des excursions en voitures
particulières, d'après les itinéraires établis
au gré des clients.
-----Enfin,
pour montrer à quel point les autorités algériennes
se sont intéressées à la pénétration
automobile dans le Sahara, je tiens à signaler un détail,
encore peu connu un code de la route a été établi,
qui règle de façon précise, toutes les conditions
de la circulation dans cette région. Il indique les dispositions
à prendre pour la sûreté ; il fixe les approvisionnements
à emporter, ainsi que le matériel qui doit être placé
sur la voiture, etc... Bref, lien n'a été laissé
au hasard.
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