CAHIERS DU CENTENAIRE DE L'ALGÉRIE
(Cahier complémentaire)

L'ALGÉRIE du CENTENAIRE vue par l'Université de France
par
M. Raymond BONZE

professeur au Lycée Louis-le-Grand
(Cours de préparation à l'École Coloniale)

Page 2 : enseignement technique, enseignement secondaire, enseignement supérieur, conclusion.
PUBLICATIONS DU COMITÉ NATIONAL MÉTROPOLITAIN
DU CENTENAIRE DE L'ALGÉRIE

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II
ENSEIGNEMENT TECHNIQUE

Nous venons de noter, non sans un sourire amusé, qu'un boursier du Centenaire se plaignait des " limites étroites que la circulaire ministérielle fixe aux rapports ". Ces limites ont été bousculées dans presque tous. Mais jamais autant que par les membres de l'Enseignement technique. Il s'agissait de montrer de quel intérêt pour leur enseignement avait été ce beau voyage. Car enfin il ne s'agissait pas d'une simple promenade de vacances que quelques-uns même ont faite très courte : consacrer cinq jours à une randonnée aussi longue et aussi coûteuse, comme nous l'avons constaté par la lecture de certain rapport, c'est vraiment perdre son temps, sa peine... et la subvention du Comité.

Sur sept rapports, un seul, celui de Mlle Pinault, professeur à l'École d'Art appliqué de la rue Duperré, mérite d'être analysé.

Mlle Pinault a fait un intéressant voyage. Comme ses collègues, elle a admiré la beauté originale des paysages algériens, essayé de pénétrer le mystère dont s'enveloppe la vie indigène, étudié les résultats de l'effort colonisateur de la France. Mais elle n'a pas cessé de penser à son métier et à ses élèves et elle a enrichi son savoir d'observations intéressantes.

A Alger, après une visite à la ville, "je parcourus en tous sens, nous dit-elle, la rue et le marché de la Lyre, la rue de Chartres et ses curieuses boutiques, à la recherche de documents qui intéressent le plus mon enseignement, c'est-à-dire, les tapis, les broderies cc et les dentelles. Plusieurs journées furent consacrées à la visite des ateliers de tapis ".

Ce qui ne l'empêcha pas de passer des heures exquises au Jardin d'Essai et au Parc de Galland dont elle admira
les plantes étranges : " quelle belle source de documents pour les élèves et les artistes que ces végétations qui
peuvent donner à l'art local son caractère propre !
"

En Kabylie, elle étudia les industries locales : bijouterie, poterie, tissage. Le déballage d'un indigène rue d'Isly, à Alger, lui permet d'étudier la dentelle : " à part quelques essais de macramé, de rares dentelles aux fuseaux, ornements d'ouvrages très anciens, la Chebka est à peu près la seule dentelle fabriquée dans toute l'Afrique du Nord et particulièrement en Algérie, à Alger, Goléa, Blida, Djidjelli. Tandis qu'à Rabat, l'entre-deux se nomme Randâ et désigne une bande très étroite, à Alger le terme de Chebka s'applique à tous les entre-deux de dentelles à l'aiguille... La Randâ et la Chebka ne s'enseignent pas spécialement, on ne les apprend qu'en regardant une bonne ouvrière travailler... " A Constantine, elle visita l'École Professionnelle de Sidi Djelli, à Alger enfin, au retour, l'Institut agricole et l'École industrielle. Elle compléta ses études en allant admirer les modèles anciens au Musée des Antiquités algériennes et au Musée du Bardo.

Gageons que bientôt les élèves de l'École des Arts appliqués de la rue Duperré vont apprendre à dessiner et à utiliser les plus jolis motifs de l'art indigène algérien. C'est un résultat qui n'est point négligeable.

III
ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

L'enseignement secondaire a largement profité de la libéralité du Comité du Centenaire. Naturellement presque tous ceux qui ont obtenu une bourse sont des professeurs d'histoire et de géographie. Parmi ceux voués aux autres disciplines notons trois professeurs de lettres ou de grammaire, un de philosophie, un de physique et un d'espagnol. Le professeur de physique, M. Sarraut, n'a naturellement tiré de son voyage aucun profit direct pour son enseignement, mais... " séduit par la variété infinie de ses sites, par la beauté et la grandeur de ses paysages, à proximité des côtes de France, je n'ai pas hésité à me fixer dans ce pays d'Islam lorsque l'occasion s'en est présentée. Et c'est ainsi qu'à la suite de cette randonnée, j'ai accepté un poste au lycée de Tunis ! " Voilà une vocation coloniale à l'actif du Comité.

M. Marsal, professeur de philosophie au Lycée de Beauvais, a utilisé son voyage en philosophe. Il a étudié avec pénétration la question : se constitue-t-il une race algérienne originale? et constaté " de visu " que les théories des anthropologues sont souvent assez risquées. Bénéfice certain, car notre devoir n'est-il pas, à nous les universitaires bourrés de lectures, d'apprendre à nous défier des livres qui s'interposent trop souvent entre notre œil et la vie? " Comment ne pas noter à la fois combien est utile la connaissance indirecte et livresque et combien elle est insuffisante, inexacte même dans sa précision? Ainsi, je n'ai à proprement parler rien appris de-nouveau sur le relief de l'Algérie et pourtant j'en ai une idée tout autre... "

M. Barbelenet, professeur au Lycée Lakanal, pense que le séjour qu'il a fait en Algérie ne sera pas inutile à ses élèves de lettres;" je sais bien que mes élèves de troisième B ne m'auraient pas témoigné une émotion aussi vive au cours d'une explication de la mort de Sylvestre de Pierre Loti, si à Touggourt, tandis que je méditais sur le pieux anonymat des tombes " musulmanes, je n'avais pas senti se draper sur mes épaules le lourd manteau d'argent incandescent. "

D'autres, comme M. Boussinesq, professeur de première au collège de Brive, considèrent que " pour un professeur de lettres le profit le plus clair est celui (qu'il) a retiré de la contemplation des " Villes d'Or ". M. Eude, professeur de cinquième au Lycée de Chambéry, nous revient avec une âme de militant : " aussi je ne me lasserai pas de vanter aux jeunes gens vigoureux et entreprenants k charme de cette France d'outre-nier, si près de la métropole, qui offrira un vaste champ à leur activité intelligente, dans tous les domaines, en particulier dans l'exploitation minière encore à ses débuts ", tandis que M. Denis, professeur d'espagnol au Lycée d'Orléans, se contente de nous donner des pages très ingénieuses sur ce qu'il a vu pendant le mois qu'il a consacré à parcourir le Maghreb. Nous relevons entr'autres cette jolie explication du succès que les lignes d'autobus rencontrent chez les indigènes : " Elles (les Compagnies de transport) exploitent l'instinct séculaire du nomade... Famélique, loqueteux, l'indigène passera des journées entières au soleil, sur l'impériale, pour satisfaire sa passion vagabonde. Une vie nouvelle est née pour lui avec la voiture mécanique. Il en profitera donc et délaissera mulet et chameau. Mais en cela il ne fait que céder à la fatalité. Il s'installe dans l'autobus comme il s'est installé dans la vie française ; Mektoub ! "

Les professeurs d'histoire et de géographie ont eu deux préoccupations différentes. L'une les portait vers les études d'érudition: la générosité du Comité a été pour eux l'occasion de recherches portant sur la géographie physique ou humaine, sur l'archéologie de l'Afrique du Nord, l'histoire de l'art mauresque, la sociologie ou la colonisation de l'Algérie française. L'autre les incitait à obéir à la circulaire ministérielle qui leur conseillait de rechercher surtout en ce voyage des bénéfices pédagogiques. Et chez tous enfin il y avait l'idée très naturelle que, ce voyage ayant lieu pendant les vacances, l'occasion était belle d'aller quelques jours à la chasse aux images, " so fur mich in " comme dit le poète allemand. au gré de la fantaisie.

Nous avons donc toute une série de rapports essentiellement touristiques. Nous avons pris à les lire un plaisir extrême.

Mais l'austère devoir qui nous est imposé de suivre la circulaire ministérielle nous oblige à ne pas citer bien des pages brillantes, et nous ne pouvons même pas enchâsser dans le triste métal de notre compte-rendu quelques images jolies, pierres précieuses qui l'auraient fait ressembler aux lourds colliers d'argent que portent les Mauresques. Il eût été pourtant amusant de noter des impressions différentes, voire contradictoires, qu'ont eues en présence des mêmes spectacles des hommes d'égale culture. Mais ne sait-on pas, pour l'avoir trop répété, qu'un paysage n'est qu'un état d'âme? Il est sans doute plus utile de relever les concordances. œuvre de la France à Alger, devenue un emporium d'une activité splendide et une belle capitale, a reçu des éloges mérités, l'agriculture de la Mitidja a été appréciée par tous les voyageurs qui savaient ce qu'était le pays aux premiers temps de la conquête, la mise en culture des Hauts.- Plateaux a beaucoup frappé ceux qui eurent le bonheur de faire leur voyage pendant les vacances de Pâques, de même que les oasis et leur vie si particulière ont séduit ceux qui ne craignirent pas de s'enfoncer dans le sud pendant l'été brûlant. Tous aussi se sont penchés. très intéressés, sur le problème indigène. Ils ont été en général découragés par le mystère dont s'enveloppe volontiers vis-à-vis de l'Européen la vie arabe et, avec prudence, se sont bien gardés de conclure. Peut-être la plainte que nous trouvons çà et là exprimée avec beaucoup de courtoisie que l'on n'ait pas organisé des caravanes avec des guides autorisés n'est-elle pas absolument injustifiée. Je regrette, écrit Mlle Roudil, professeur au . Lycée d'Avignon, que l'on n'ait pas songé à organiser de " groupes universitaires qui auraient permis des échanges de vues, d'impressions aussi entre les boursiers du Centenaire ".

Mais les membres de l'enseignement secondaire, qui sont si avides de libre culture, auraient-ils supporté si facilement que quelques censeurs l'ont voulu dire la présence toujours importune d'un guide ? Ces pèlerins, dont quelques-uns furent passionnés, se défendent du reste de rapporter des idées précises, ayant un esprit critique trop aiguisé pour ne pas savoir ce que valent les impressions de passagers. C'est pourquoi quelques-uns d'entre eux se sont fixé un objet d'études précis, bien délimité, afin d'avoir le temps de l'examiner sérieusement.

Les géographes ont étudié les plissements de l'Atlas, le problème de l'eau en Afrique du Nord, le peuplement de certaines régions du Tell ou des Hauts-Plateaux, le mouvement des ports algériens, cherchant à vérifier les conclusions d'études commencées bien avant le voyage. MM. Valleur et Lanoir, professeurs au Lycée de Vesoul, nous donnent de bonnes monographies sur " Les voies ferrées et le Transsaharien "(voir) et " la Vigne en Algérie " M. Sermet, professeur au Lycée de Bayonne, qui prépare une thèse sur la géographie du sud de la péninsule ibérique, a étudié, à titre de comparaison, la structure de l'Oranie occidentale, le comblement des hautes plaines et l'évolution du relief en Oranie. M. Lager, du Lycée de Bastia, s'est intéressé à quelques problèmes posés par la structure des deux Atlas, etc...

Très nombreux ont été les historiens qui ont essayé de retrouver les traces de la colonisation romaine. Les souvenirs classiques, la lecture des savants ouvrages de Gsell, de Carcopino ou des récits brillants d'aimables romanciers, le charme incomparable de ces ruines qu'on leur avait vantées, tout les y portait. "Rien ne m'a ému comme Timgad " nous confie M. Thiédot, professeur au Lycée de Marseille, et il essaie d'évoquer ce que fut la vie de la cité et celle de sa rivale Djemila. Mlle Mermet, professeur au Collège de Villeneuve-sur- Lot, distingue avec esprit les deux personnages qui sont en elle : la voyageuse " avide " de tout voir et le professeur qui veut "étudier la colonisation antique et la colonisation française en Algérie ". Et elle visite avec un grand soin Lambèse, Timgad, Guelma, Hippone. Même enthousiasme chez M. Lauriol, professeur au collège de Montélimar, chez M. Blet du Lycée de Grenoble, Mlle Ducasse du Collège de Condom, M. Joxe du Lycée de Bar-le-Duc, M. Maugis du Lycée lanson-de-Sailly. etc... M. Drouot, professeur au Lycée de Dijon, après un séjour à Timgad, est saisi de l'angoisse qui étreignit Scipion sur les ruines de Carthage. Ainsi, rêve-t-il, la civilisation romaine en Afrique a éte anéantie, de nouveaux Barbares ne détruiront-ils pas un jour œuvre que la France y édifie depuis un siècle ?

Déjà préparé par ses études sur l'art musulman d'Espagne, M. Sermet compare les monuments de Tlemcen à l'Alhambra, à la Giralda, à la Mosquée de Cordoue. Mue Mazurier, professeur au Lycée Victor- Duruy, nous donne une savante étude de ces mêmes édifices à Tlemcen.

Le spectacle de la colonisation française a, à juste titre, retenu l'attention de nombreux boursiers. Peut-être leur éducation même, trop tournée vers l'antiquité et vers l'étude de l'histoire européenne, ne les portait-élle pas à la juger avec autant de pénétration. Mais l'intérêt même qu'elle a éveillé sera peut-être à l'origine de vocations scientifiques et cela serait heureux, car l'histoire coloniale, malgré le mouvement récent, manque encore de fidèles. M. Fugier, professeur au Lycée de Dijon, adopte pour exposer ses idées la forme du dialogue chère à notre rhétorique classique : un colon et un touriste échangent, non sans grâce, des vérités parfois amères. M. Drouot, son collègue au même lycée, admire les paysages algériens plus que œuvre de la France en Algérie. Cependant son esprit critique a désarmé devant le spectacle de la Mitidja : " Ce qui nous a en revanche ébloui, c'est le champ du colon, la belle Mitidja, gagnée sur le marais ".

La question si importante des rapports entre colons et indigènes a été vue de façons diverses. M. Guéneau, professeur au Lycée Charlemagne, est très optimiste : " La mentalité de certains indigènes est bonne. L'interprète d'une commune mixte des environs de Bougie, Ismaïl Major, ne me disait-il pas : " nous sommes aujourd'hui avec les Français comme des frères " ? Nous ne sommes pas sûr qu'il n'y ait eu quelque candeur de la part du Roumi à croire l'affirmation trop flatteuse du fonctionnaire indigène. Notre expérience, non pas seulement de boursier en Algérie, mais d'étudiant ès-questions coloniales, nous place plutôt aux côtés de M. Guillot, professeur au Collège de Wassy, qui note, dans son très vivant rapport, que les Arabes " se croient supérieurs aux Roumis par leur religion et (qu'ils) peuvent tout se permettre vis-à-vis d'eux à condition de ne pas être pris ". La scène très pittoresque que M. Guillot a vécue dans le train entre Alger et Oran, en dit long sur la fraternité relative qui existe entre colons et indigènes, et nous souhaitons comme lui de meilleures relations entre les deux populations de la colonie. Faut-il conclure, comme le fait un peu précipitamment M. Sautereau, professeur au Collège de Blois, que l'Algérie est travaillée par des tendances autonomistes et que "les indigènes réclament les droits politiques qu'ils pensent avoir mérités par leur loyalisme et leurs services de guerre? " L'élite sans doute pense ainsi. Mais la foule ? Qui peut, au reste, au moins chez les Européens, se flatter de savoir au juste ce qu'elle pense, cette foule ? Peut-être ne faut-il espérer un progrès en ce sens qu'avec le temps et grâce à l'école. Croyons-en un observateur très averti, M. Dontenville, Inspecteur d'Académie de l'Allier, lorsqu'il écrit : " la c francisation par l'école est un magnifique succès de " l'enseignement " et faisons avec lui le vœu que cette conquête pacifique soit activement développée et menée à bien...

Si les professeurs d'histoire et de géographie ont enrichi leur bagage intellectuel d'impressions et d'observations les portant à des conclusions assez différentes, conclusions, nous disent-ils, qu'ils se garderont bien de présenter à leurs élèves comme étant autre chose que des opinions personnelles, essentiellement provisoires et révocables, tous expriment la certitude que leur enseignement de l'histoire et de la géographie de l'Algérie sera désormais plus précis et plus vivant. " Je me placerai donc seulement au point de vue du professeur de géographie, déclare M. Joxe, professeur au Lycée de Bar-le-Duc, je n'insiste pas sur la plus grande facilité qu'il y a d'écrire ce que l'on a vu soi-même : ce Alger la blanche descendant les degrés escarpés de sa haute colline, la Kasba pouilleuse et bigarrée, le quartier juif à Constantine. J'ai pu moi-même, dès cette année, m'apercevoir qu'un cours de 6e A sur ce l'Egypte, et un autre cours en 6° et 2° sur le climat désertique et la vie des oasis ont été rendus très vivants par le seul fait que je connaissais moi-même les rigoles menant l'eau au pied de chaque palmier, le grand nomadisme chamelier... " M. Schneider, professeur au Lycée de Strasbourg, ne présentera pas " ses impressions comme incontestables " ; cependant, nous dit-il, " je suis heureux d'en tirer profit pour mon enseignement et de les donner à mes élèves comme constatations personnelles ".

De même l'histoire de la conquête sera exposée de façon plus vivante, par les maîtres qui auront vu le théâtre des événements de 1830-1847. " Il est évident, par exemple, conclut M. Gautier, professeur au Lycée de Toulouse, qu'après avoir vu la forte position de l'Alger turque et l'anse de débarquement à Sidi- Ferruch, je ferai mieux saisir aux élèves les raisons de l'attaque de flanc d'Alger, en 1830 ". Mlle Voillot, du lycée de Saint-Quentin, qui a si bien étudié œuvre matérielle de la colonisation, fera certainement à ses élèves un excellent exposé de cette question.

L'Algérie devra sans doute à M. Huetz, professeur au Lycée de Chartres, quelques pionniers de plus, car comment douterait-on de la persuasion communicative des leçons d'un homme conquis à tel point par l'Algérie qu'il écrit : " Le seul attrait du climat est tel que faire connaître l'Algérie, c'est lui procurer un jour ou l'autre des colons " ? Le fait est que s'il fait luire devant les yeux de ses élèves beaucerons, certains jours d'hiver où la brume enveloppe le lycée Marceau, la magie des pays du soleil...!

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Nous voudrions, maintenant que nous nous acheminons vers la fin de ce compte rendu que nous sentons trop sec de par sa nature même et de par l'infirmité de notre génie, donner au lecteur quelque repos et quelque plaisir. Pour cela nous découperons des citations dans deux rapports qui nous ont semblé particulièrement vivants et intéressants. Nous nous excusons de faire un choix aussi arbitraire. Beaucoup de travaux renferment des pages excellentes, nous en avons donné quelques extraits, moins que nous n'aurions voulu. Comme il ne s'agit point ici d'un palmarès, mais d'une étude sur les résultats obtenus par l'institution des Bourses du Centenaire de l'Algérie, nous y avons dû choisir une seule expression de chaque idée. Comme il y avait naturellement beaucoup d'idées communes, nous avons dû négliger dans la rédaction de notre travail bien des notes que nous avions prises. Notre silence, notre omission, ne sont donc pas un blâme implicite. Il y a là une simple nécessité découlant de notre plan. Au surplus de quel droit aurions-nous ainsi jugé des auteurs dont nous estimons le plus souvent le talent comme bien supérieur au nôtre ? De même, nous ne prétendons pas que les rapports de M. Foiret, professeur au collège de Melun et de Mlle Main, professeur au Lycée de Lons-le-Saulnier, soient tellement supérieurs aux autres qu'ils les rejettent dans une ombre définitive. Mais ils nous paraissent présenter un ensemble de qualités qui les rend exemplaires et exprimer avec vigueur des idées éparses dans nombre de travaux. Nous les avons choisis parce qu'ils reflètent bien les idées communes, mais avec une originalité dans le point de vue et un accent personnel dans l'expression qui a retenu notre attention. Qu'ils ne nous en veuillent pas de découper dans leur texte des passages assez longs et peut-être d'avoir - bien involontaire o ment, - trahi leur pensée ; nos ciseaux sont bien difficiles à manier, nous souhaitons qu'ils ne s'allongent pas, quelquefois, jusqu'à se transformer en gaffes !

Louons d'abord la prudence de M. Foiret : " J'ai cru bien de n'écrire rien à ce sujet (de l'Algérie) qui aurait pu me paraître définitif avant qu'une rentrée dans une civilisation différente, dans un climat tout autre, dans l'activité normale de mes cours m'ait involontairement apporté un peu du recul indispensable pour oser un jugement, des appréciations, un rapport en un mot sur ce que j'ai pu voir et ce que je crois pouvoir tirer d'utile, en vue de mon enseignement, d'une semblable excursion ".

Étant fort économe, il a pu rester plus de quinze jours en Algérie. " De Paris à Alger, un voyage en 3° classe revient, faux-frais à part, à 800 francs. Cent francs de vie et de frais de déplacements par jour sont un. minimum ".

L'impression d'Alger d'abord...

" Le panorama de Marseille, du Cap Couronne au Cap Croisette, quand on se trouve par le travers du Planier, est peut-être plus grandiose, plus grec aussi d'allure certainement que le panorama d'Alger au premier contact. Mais la grande rade africaine, pour qui regarde, première fois dans sa vie, la courbe qui s'incline du pied de N.-D. d'Afrique, à Matifou, vaut sa mondiale renommée. Alger la blanche, autour du bloc de craie de la Kasba, étale dans le vert méditerranéen des jardins, des pins maritimes et des palmiers, les nouvelles Algers non moins blanches de Saint-Eugène, de Mustapha, d'Hussein Dey, du Fort de l'Eau, aux limites mêmes de l'horizon. Pour l'Européen, non averti, c'est très beau, vraiment puissant, mais assez normal. Pour le même, après 15 jours d'Algérie, c'est bien plus joli. Saluant cette rade à son départ, il comprend mieux quelle synthèse de l'effort, quelle synthèse de génie français...la grande Alger est l'image, à l'entrée de l'Afrique du nord, où jamais conquérant n'a mieux inscrit sa volonté calme et forte ".

Et voici le programme du professeur en voyage d'études : " Je voulais, en géographie physique - et en même temps humaine si possible et économique , me donner une idée des parties constitutives principales de l'Afrique du nord, - puis voir d'un peu près le résumé de son activité commerciale par la vie de ses ports, - enfin, par ses grandes villes du passé et surtout par ses grandes villes du présent, " sentir la condensation de l'effort ". Le géographe est séduit par l' aspect de l'Algérie dont les pentes dénudées laissent voir les lignes structurales. "En géographie physique, des merveilles. En montagnes surtout, soit que j'aie franchi le Djurdjura d'ouest en est, soit que j'aie escaladé l'Atlas tellien du sud au nord, j'ai partout été frappé par les exemples, multipliés à l'infini, de cas morphologiques parfaits pour œil. Dans ce pays à végétation restreinte, l'érosion fluviale a donné au relief un modelé d'une précision dans les formes qui tient du miracle. En Savoie peut-être et en moins grand nombre certainement, j'ai vu en peu de kilomètres autant de cas de torrents, cônes de déjections, phénomènes de rampement, cas de capture, méandres à évolutions variées, traces précises de cycles successifs d'érosion dans le même talweg, etc., etc... Où est l'éditeur de photographies qui glanera ces richesses pour nos élèves?... "

Il décrit aussi les Hauts-Plateaux :
" Dans les Hauts-Plateaux, paysage tout autre. Le terrain qui, dès le lever du soleil, prend la teinte dite couleur peau de lion semble partout avide d'eau. De Bou-Saada à Tablat par exemple, les Hauts-Plateaux nous offrent plus de 150 km de large et paraissent plutôt une série de bassins fermés dont celui du Hodna est le type. Néanmoins, l'ensemble est remarquablement tabulaire et la sécheresse progressive est marquée vers le sud avec une netteté rigoureuse. On longe bien l'extrémité orientale de la mer d'alfa et les terrains à pâture des chameaux à l'élevage. Entre la route et les méandres d'un oued à sec, on a bien quelques dépôts d'alfa, mais si l'on met pied à terre le sol brûle les semelles. L'alfa lui-même paraît rôti, ses touffes poussent en association ouverte et on se demande quel plaisir tel chameau qui vous promenait hier pouvait trouver en enveloppant les feuilles sèches et âpres d'un coup de langue et de mâchoire, rappelant un coup de faux ".

L'observation de la vie indigène fournit à M. Foiret cette jolie notation d'une scène campagnarde : " Ceux qui paraissent travailler dans ce groupe, ce sont les enfants. A la tête de caravanes d'ânes bas sur pattes, mais jolis de ligne, l'air à la fois mutin et bonne bête, ils transportent en des couffins-bâts de la terre, des légumes, du bois, des poteries. On tire l'animal par la queue, par les oreilles, à coups de trique, sur le cou. On le précipite dans le fossé de la route à la moindre auto. On l'y pousse à pleines mains sur la croupe, il obéit, il a l'habitude. Parfois un peu nerveux, il se couche sur le flanc. Sans souci de sa charge. C'est alors un drame. Bras en l'air, on l'adjure à grands cris, puis on le remet sur ses pattes et on repart en gesticulant ".

Sur la reconquête de la terre par l'indigène nous trouvons l'intéressante notation suivante : " Entre Alger et Bougie, déjà 70% des terres sont aux mains des indigènes qui la reconquièrent ainsi avec l'âpreté du Normand. On m'a dit sur place, à Tankra, que, dans trente ans, toute la Kabylie serait aux Kabyles et que leur cher désir est d'y être seuls, ce comme toujours depuis 3.000 ans ".

Considéré à Bou-Saada comme une sorte de Marabout, notre voyageur a été comblé d'attentions. " Le soir, on m'a adjuré d'accepter le couscous et devant ma réelle émotion, à la séparation, c'est de toute sincérité je le crois qu'on m'a dit : " Nous avons grand honneur à être Français ! Nous vous avons montré ici toute notre vie intime, depuis nos jardins de palmeraie, jusqu'à notre intérieur où vous avez été admis, en passant par nos mosquées. Nous ne saurions mieux faire. Mais nous sommes ceux qui veillons sur votre compatriote, le peintre Dinet, dont voici la maison, dont voici la tombe musulmane, dont, dites-vous, votre mère a connu la famille. Pour nous, vous êtes la même image. Vous promettez de revenir ici parce que vous êtes ému... Eh bien. Inch'Allah. Qu'Allah le veuille ! "

" J'étais en veston, eux en burnous, ils venaient de me faire entendre, place du Marché, le conteur arabe, récitant à 300 auditeurs de pierre un des interminables épisodes des Mille et une Nuits. Au ciel d'un bleu cru, les astres avaient des reflets électriques. Je respirais, au pied de l'Aurès, l'air du Sahara et en nous serrant la main, nous étions franchement d'une même patrie ".

La vie économique résumée par le mouvement des ports est exposée avec un grand soin. C'est un excellent chapitre de géographie, bourré de chiffres pris aux sources les plus sûres.

Relevons aussi la pénétrante comparaison entre la colonisation romaine telle qu'on peut l'envisager par l'examen des ruines de Djemila et la colonisation française."Les indigènes sont menés durement, on les emploie à la voirie, aux aqueducs, à la maçonnerie, à l'exploitation fermière. Rome installée en Afrique travaille pour son seul profit et ne colonise pas ".

Nous ferons nôtre, enfin, le vœu que M. Foiret exprime en terminant cet important travail d'une lecture si aimable : " Puisse le hasard et les volontés supérieures songer un instant que 200 professeurs visitant une colonie, c'est 200 ambassadeurs pro-français qu'on institue ipso-facto et 20.000 élèves dressés à flairer l'héroïsme de leur race au delà de tous les océans. Le Centenaire a été une occasion, il faudrait en faire un procédé : éduquer les éducateurs, les aider à voir, à faire voir, c'est une moisson que le pays verrait mûrir dans 20 ans et qui serait peut-être un des meilleurs liens de l'Empire français ".

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Nous empruntons avec plus de discrétion quelques passages au rapport de Mlle Main.

Cette vision de Constantine d'abord :

" Nulle part en Algérie, le contraste ne m'a paru plus frappant entre le passé et le présent : dans l'un des ponts regardant la ville, on a à droite l'antique quartier arabe et le tortueux quartier juif : petites maisons carrées, tassées, aveugles, ruelles étroites, aux marches usées, aux recoins noirâtres, - à gauche, se dressent des constructions neuves, blanches, éclatantes, gratte-ciels aux multiples étages, hôtels ou maisons de rapport aux façades ultramodernes ".

Et celle des pays du sud, de Biskra à El Kantara :

" Nous étions partis à l'aube, le soleil se levait à peine sur cette terre d'un blond pâle, inconnu chez nous, le ciel était d'un bleu tendre irisé de mauve et d'or fin, tandis que les montagnes régulières, d'une limpidité de rêve, dessinaient à l'horizon une ligne à peine plus foncée. Dans ce cadre magnifique la vie nomade s'est révélée soudain par l'arrivée de nombreuses caravanes, venant du nord et marchant vers les oasis : chameaux bruns portant les tentes, les tapis, les sacs, les marmots, voire les poulets et les chats, troupeaux de moutons effarés et confus, Arabes . à âne et Arabes à pied le fusil en bandoulière et dirigeant la colonne en désordre : vision du monde si nouvelle pour moi, si différente de notre France et si antique avec cela, que j'ai été saisie par sa grandeur ".

Nous transcrirons aussi avec plaisir cette méditation sur le port de Bougie :

" C'est un des plus beaux coins de la terre algérienne qu'il nous ait été donné d'apercevoir. On songe, malgré soi, à la Côte d'Azur qui lui fait face en France, à la gloire du golfe Juan, ou à la splendeur du cap Ferrat. Que manque-t-il à Bougie pour être une autre Cannes ou une autre Villefranche? La baie de Bougie allonge sa courbe aisée entre le Cap Carbon à l'ouest et les bleus festons de la Kabylie à l'est. La mer y est d'un bleu d'azur et le petit port étage ses maisons serrées sur une pente rapide. En bas, la Porte Sarrazine reste le témoin du passé. La promenade du Cap Carbon offre, plus haut, ses verdures variées d'oliviers antiques et d'eucalyptus aux plumages retombants. A un niveau plus bas, tout près de l'eau, un sentier court au bord de la falaise. Mais pour l'atteindre ce sentier, ou plutôt cet étroit passage, creusé au vif de la roche, il faut traverser la zone du travail. Bruit sourd de machines, hautes usines aux fenêtres obstruées de poussière : c'est une exploitation de chaux dont la poudre impalpable flotte jusque sur l'eau toute proche. Plus loin, un travail gigantesque s'accomplit, des rails courent le long du Cap, non seulement jusqu'au littoral, mais sur une jetée nouvellement construite et pour former un nouveau bassin. Le Cap laisse voir une blessure géante, une formidable entaille à son flanc, le gris blanchâtre de sa masse calcaire fait place à une couleur plus chaude et plus vive, d'énormes blocs s'amoncellent dans cette carrière. D'autres sont vivement conduits .t en wagonnets vers un bâtiment où un moteur les perfore avec bruit, puis à l'extrémité de la jetée qui prolonge le Cap vers l'Est. Ce sera le nouveau port, auquel est lié un grand espoir de développement commercial. Il a fallu, me dit-on, six galeries souterraines et trente-cinq tonnes d'explosifs pour faire sauter cette masse de rochers. Et ensuite, une fois le port créé, il faudra une ligne de chemin de fer vers Sétif, pour servir de débouché aux céréales et aux vins. Encore des rochers à perforer, bien sûr... Tandis que la mer clapote doucement et prend au couchant les couleurs les plus tendres, le mortellement impitoyable des perforateurs, le bruit sourd des moteurs et le grincement de la petite locomotive " forment une autre symphonie :
La nôtre "


Tout serait à citer. Mais il faut se borner. La lecture de tant d'excellents rapports pleins d'observations justes, quelquefois profondes, et joliment dites, nous porte à faire nôtre le vœu de Mlle Desmarquet, professeur au Lycée du Puy : qu'il soit organisé tous les ans dans l'enseignement secondaire des " excursions coloniales comme celles qui existent pour l'enseignement supérieur ! "

IV
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Huit membres de l'enseignement supérieur ont profite de la libéralité du Comité du Centenaire de l'Algérie. Ce sont Mme Hée, assistante à l'Institut de Physique du Globe de l'Université de Strasbourg ; MM. Boulanger, professeur à la Faculté des Lettres de Strasbourg, Lampué, professeur à la Faculté de Droit de Caen, Lasserre, chargé de cours à la Faculté de Droit de Lille, Margaillon, professeur à la Faculté des Sciences de Marseille, Rey chargé de cours d'histoire de l'Art à la Faculté des Lettres de Toulouse, le Dr Thiers, chef de clinique à la Faculté de Médecine de Lyon, Zimmermann, maître de conférences de Géographie à la Faculté des Lettres de Lyon.

Mme Hée a visité le service météorologique de l'Algérie à l'Observatoire d'Alger-Bouzaréa et s'est intéressée particulièrement à la séismologie de notre grande colonie nord-africaine. M. Boulanger, dont l'enseignement est consacré au latin et à la civilisation romaine, s'est attardé dans la visite de Djemila et de Timgad, mais il a pris aussi " une idée aussi complète que possible de l'ensemble du pays, de ses régions naturelles et de ses aspects divers. " M. Larnpué nous présente une étude sur " la condition des personnes en Algérie ", qui constituera un chapitre de son futur ouvrage sur la " législation coloniale et algérienne. " M. Lasserre fait une randonnée rapide, une tournée touristique pleine d'intérêt et d'agrément ", mais il estime que ce voyage (du 3 au 11 avril) est trop court pour lui permettre de porter un jugement suffisamment informé sur les graves problèmes de l'avenir de l'Algérie ".

M. Margaillon est né et a été élevé en Algérie, à Blida. Il n'avait pas séjourné en Afrique du Nord depuis le mois d'août 1925. Son témoignage est donc particulièrement intéressant : " Je n'insisterai pas, nous dit-il, sur l'énorme changement que j'ai trouvé à Alger : changement un peu artificiel sans doute, dû en grande partie aux perspectives qu'ouvrait la célébration du Centenaire de la conquête. Mais une chose m'a frappé, que j'avais pressentie à mon précédent séjour : le développement prodigieux de l'automobilisme qui, en transformant les modes de transport, a, en fait, supprimé les distances, supprimé l'isolement du colon et donné certainement un essor inattendu à la colonisation ".

Ces observations si intéressantes faites, M. Margaillon étudie l'utilisation des sous-produits de la vendange en Algérie, les figues, l'olivier et l'oléiculture. Enfin, il résume en quelques phrases excellentes ses impressions, qui sont celles d'un témoin ayant suivi de près le développement du pays natal et d'un savant, par conséquent particulièrement précieuses : "Je crois que peu à peu l'Algérie tend vers la forme industrielle de la production. Je rapporte de ce voyage d'étude à travers des régions si diverses l'impression d'un cc effort immense déjà fait, effort auquel l'indigène paraît vraiment s'intéresser. En confrontant l'Algérie de 1930 avec l'Algérie de 1910 ou l'Algérie de 1890, je demeure étonné du changement survenu, peut-être plus dans les vingt dernières années qui les ont précédées. Je demeure étonné et émerveillé ".

M. Rey a recherché en Algérie "parmi les ruines romaines de la basse époque les éléments pouvant servir à l'étude des origines de l'art chrétien et en particulier ceux qui ont une influence directe sur la formation de l'art romain, par comparaison avec les monuments analogues qui existent en Europe et en Orient ". Ce dessein l'a conduit à visiter attentivement les musées d'Alger et de Cherchell, et surtout à faire un séjour à Tipaza pour en étudier la basilique de Sainte Salsa et les sarcophages conservés au musée Trémaux.

Le docteur Thiers a fait un certain nombre d'observations sur les indigènes d'Algérie, observation d'un intérêt très vif pour son enseignement puisqu' " il y a en France, et tout particulièrement à Lyon, un grand et nombre d'indigènes qui présentent une pathologie " toute spéciale ", et il regrette de n'avoir pas eu le temps de se livrer à une étude pratique, c'est-à-dire clinique des maladies qui frappent les indigènes. Enfin il a examiné, en vue "d'orienter en connaissance de cause de jeunes étudiants vers la colonie" les conditions de vie faites aux médecins en Algérie.

M. Zimmermann, enfin, qui est allé de 1901 à 1925, déjà six fois en Algérie, a participé comme directeur technique à la caravane d'études des anciens élèves de l'Ecole de préparation coloniale de la Chambre de commerce de Lyon. La tournée commencée à Alger s'est terminée à Tunis et a duré neuf jours. Professeurs et étudiants ont visité Alger, Constantine, Lambèse, Timgad, El Kantara, Tozeur, Tunis.

CONCLUSION

Les pages qui précèdent montrent que l'initiative du Comité du Centenaire a eu un plein succès. Grâce à elle, environ 20.000 élèves bénéficieront immédiatement d'un enseignement plus vivant, plus précis de notre grande colonie de l'Afrique du nord.

Mais ce qui a encore plus de prix, c'est que les professeurs qui ont appris à aimer l'Algérie sauront inspirer à leurs élèves le même patriotisme élargi jusqu'à la conception de l'amour de " la plus grande France " qui les anime désormais.
Comme l'a remarqué le Congrès de l'enseignement colonial en France, le 29 septembre dernier, le Comité a donné un exemple qui désormais sera suivi dans d'autres colonies afin de donner à tous les Français l'idée généreuse et utile de ce vaste Empire que le dévouement de nos aînés a constitué au prix de tant d'héroïsme et de travail et où la France a désormais un rôle immense à remplir.

La colonisation française est aujourd'hui un fait sur lequel il n'y a plus à revenir. Les jeunes générations ont le devoir de continuer œuvre entreprise pour le profit commun, matériel et moral, de la France et des peuples protégés .

TABLE DES MATIÈRES

Introduction 7
I. - Enseignement primaire et primaire supérieur 13
Il. - Enseignement technique 35
III. - Enseignement secondaire 39
1V. - Enseignement supérieur 59
V. - Conclusion 63