sur site le 22-04-2003
- Les chemins de fer à voie métrique d'Algérie
CHAPITRE II
LES CHEMINS DE FER À VOIE DE 1,055 M
- e) Tramways électriques d'Algérie
Article paru dans la revue bimestrielle de la F.A.C.S, UNECTO : "Chemins de fer régionaux et urbains, n°286, 2001/4"
Auteur : Olivier Fourniol

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CHAPITRE II
LES CHEMINS DE FER À VOIE DE 1,055 M

- e) Tramways électriques d'Algérie

------Deux villes d'Algérie eurent des réseaux de tramways électriques: Alger et Oran. De plus, les réseaux de ces deux villes furent tous à voie de 1,055 m.
------Commençons parAlger.
------Il est curieux de constater que cette ville eut trois réseaux complètement indépendants de tramways électriques, mais que ceux-ci étaient cependant de mêmes caractéristiques techniques: voie de 1,055 m bien entendu, mais également tension de 600 volts continu. Néanmoins, ils n'eurent probablement pas la moindre aiguille de jonction, sauf peut-être à titre éphémère. Le plus ancien est celui des CFRA.

------Nous venons de voir que, dès 1898, ceux-ci décidaient d'électrifier la partie centrale de leur ligne principale de Deux-Moulins à Maison-Carrée, et les tramways électriques fonctionnèrent à partir de 1900 sur cette ligne longue de 17 km. Une seconde ligne fut ouverte en 1905. II s'agissait de la section urbaine, du Champ-de-Manoeuvre à Kouba, d'une longue ligne vapeur qui avait été prévue initialement pour rejoindre Blida à travers le Sahel. Cette nouvelle ligne, longue de 6 km, portait le réseau électrifié des CFRA à une longueur de 23 km. En fait, ce réseau fut découpé en cinq lignes se chevauchant :
--- deux lignes se recoupaient au centre d'Alger pour desservir respectivement Deux-Moulins et Maison-Carrée,
--- deux lignes se joignaient au Ruisseau pour desservir le Champ-de-Manoeuvre et Kouba.
--- Enfin, une dernière ligne était exploitée en navette sur une courte rocade joignant les deux lignes initiales du Ruisseau à Hussein-Dey.
------A partir de 1945, ce réseau de tramways fut remplacé progressivement par des trolleybus, qui furent à leur tour remplacés par des autobus.
------La première ligne transformée en trolleybus fut celle au profil difficile du Ruisseau à Kouba, ceci dès 1945, et les derniers tramways CFRA circulèrent en 1955 sur une ligne allant de Nelson (au pied de Bab-El Oued) au Ruisseau.(d'après H.Martin* :la ligne de trams du Ruisseau, dernière ligne des ex-CFRA, a disparu en mai 1957 et non en 1955.... la date exacte m'avait été donnée par les CFRA eux-mêmes. Christian Ripoll ajoute : "(je les pratiquais perso, je temoigne ! ")
)


------Le second réseau fut celui de la Compagnie des Tramways et Messageries du Sahel, les TMS qui, à partir de 1901, exploita une ligne unique qui, partant de la place du Gouvernement, montait à l'assaut des collines via El-Biar et se terminait à Ben-Aknoun à 8 kilomètres du départ. Cependant, en 1935, le quartier d'El-Biar fut desservi par une ligne d'autobus des Tramways Algérois, les TA (voir ci-après), ligne plus longue mais de meilleur profil. Les TMS en déconfiture sont rachetés par le département d'Alger et confiés aux CFRA en 1937 .Après une exploitation provisoire par autobus, la ligne fut exploitée par trolleybus, avant que ceux-ci ne soient remplacés à leur tour par des autobus.

 

------Le troisième réseau fut donc celui des Tramways Algérois, les TA, mais alors que les deux premiers étaient essentiellement destinés à desservir des banlieues, celui-ci était entièrementurbain.
------Le concessionnaire était une filiale créée spécialement à cet effet en 1898 de la société Thomson-Houston, et le réseau fut ouvert au début du siècle. Il comprenait une longue ligne parallèle à celle des CFRA, mais à l'intérieur de la ville. Il allait de l'Hôpital du Dey (à Bab-El Oued) aux collines de Mustapha Supérieur où il se divisait en deux branches, l'une vers la Colonne Voirol et l'autre vers le Boulevard Bru. Le réseau des TA avait une longueur de 14 km.
------On peut donc dire que la longueur maximale des tramways d'Alger a été de 23 + 8 + 14 = 45 km. Mais l'arrivée des trolleybus allait limiter en 1937 la ligne de tramways des TA à la portion allant de l'Hôpital du Dey à Yusuf, la partie sud et les deux antennes étant transformées en trolleybus. (d'après H.Martin* : C'est en 1941 et non en 1937 que les TA ont limité les trams au parcours Hôpital du Dey - Yusuf.
Selon Christian Ripoll : " A noter que de 1944 à 1951, un service de tram a repris jusqu'au carrefour Galieni- Roosvelt (Palais d'Eté) )

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Or, la même année, à la suite d'essais entrepris depuis 1934, les TA remplaçaient leur matériel d'origine, devenu obsolète, par 25 tramways articulés à 3 éléments. On a pu dire, non sans raison, qu'au début de la seconde guerre mondiale le réseau des TA était le plus moderne de France et figurait parmi les plus remarquables du monde entier.
----------Ceci explique que les tramways des TA survécurent jusqu'au début de 1960. (D'après H.Martin* : les trams des TA ont disparu en 1959, à la fin de l'année, et non pas comme une "légende" le dit après les barricades de 1960.). Signalons à cette occasion que les trolleybus d'Alger disparurent de 1962 à 1964, sauf sur la ligne très accidentée montant à Notre-Dame d'Afrique (construite en prolongement de la ligne TA de l'Hôpital du Dey) où ils furent maintenus jusqu'en 1975. Et maintenant, Alger attend son métro, véritable serpent de mer qui renaît pour disparaître aussitôt après.
------Autant l'histoire des tramways d'Alger est relativement bien connue, grâce notamment aux recherches de Jean Arrivetz (cf. l'article de Chemins de Fer Régionaux et Urbains cité dans l'introduction ci-dessus), autant celle des tramways d'Oran est pratiquement inconnue.
------La seule chose qui soit sûre est qu'ils étaient bien à voie de 1,055 m. Il semble qu'entre 1898 et 1900, la Compagnie des Tramways d'Oran ait construit un ensemble de 9 lignes urbaines se développant en éventail à partir de la place Karguentah du centre ville. Certaines de ces lignes furent remplacées par des trolleybus à partir de 1939. Les derniers tramways auraient disparu au début des années 50. Le réseau comprenait de plus, une longue ligne suburbaine de 16 km, ligne très mystérieuse car personne ne sait si elle fut réellement électrifiée dans sa totalité. Elle desservait, via Mers El-Kebir, la corniche à l'ouest d'Oran jusqu'à Aïn-El-Turk et elle semble avoir été remplacée par des autobus à la veille de la dernière guerre.
------Au total, lignes urbaines et ligne suburbaine, on peut estimer la longueur du réseau de tramways d'Oran à quelques 50 km.

* : H.Martin : voir sur ce même site les transports urbains d'Alger, par Henri Martin :les CFRA, les TA, la RSTA, Des tickets, des tickets !