Géographie de l'Afrique du nord
Le Titteri des Français
1830-1962
DEUXIEME PARTIE : LES LOCALITES
C / LES VILLAGES DE COLONISATION
2 / Sous le second empire : Bir-Rabalou (ou Bir-Ghabalou) et Sidi-Aïssa
Documents et textes : Georges Bouchet

mise sur site le 3-4-2009

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C / LES VILLAGES DE COLONISATION

On sait que parmi les 7 sous-préfectures de 1959, Djelfa et Tablat avaient été d'abord de simples villages de colonisation. Sans compter ces deux cas particuliers sur lesquels je ne reviendrai pas, et sans compter non plus les hameaux jamais promus communes, il a été créé dans tout le Titteri, sauf erreur de ma part, 24 villages européens entre 1848 et 1924.

Leur répartition régionale est éloquente : aucun dans l'Atlas saharien des monts Ouled-Naïl
                                                            3 sur les hautes plaines
                                                            21 dans l'Atlas tellien, plutôt au nord qu'au sud

Sur ces 21 villages telliens, 7 sont proches de Médéa
                                         5 sont dans la plaine des Aribs
                                         3 sont alignés sur la RN 1 dans la vallée de l'oued Akoum
                                         6 sont plus isolés, à l'écart des axes majeurs des RN 1 et RN 8

 Ces localisations seront rappelées aussi souvent que nécessaire mais ne seront pas utilisées pour structurer mon étude. Pour mon exposé je préfère choisir un plan chronologique appuyé sur les 4 périodes que voici :
       IIè République Lodi (ou Draa Esmar) et  Damiette (ou Aïn Dhab)
        Second Empire
Bir-Rabalou (ou Bir-Ghabalou) et Sidi-Aïssa
  Berrouaghia
        IIIè République avant 1914 Les quatre villages de colonisation de la commune mixte de Berrouaghia ( Ben Chicao, Loverdo,  Nelsonbourg, Champlain)
  La commune mixte d'Aïn-Bessem et ses trois villages annexes.
  villages dispersés
       IIIè République après 1918 Maginot, De Foucauld, Aïn-Boucif,
       Trois cas particuliers Taguine, El-Hamel, Tadmit

2 / Sous le second empire : Bir-Rabalou (ou Bir-Ghabalou) et Sidi-Aïssa

Napoléon III est à mon avis le seul responsable politique français à avoir bien anticipé les problèmes à venir si l'on continuait à fonder des villages de colonisation trop éloignés de la côte et trop isolés en zones musulmanes.

L'empereur s'est sincèrement intéressé à l'Algérie où il est venu deux fois, brièvement en septembre 1860 et longuement en 1865, du 25 mai au 8 juin. Il ne s'était pas contenté d'Alger et du Sahel tout proche ; il était allé en Oranie, à Miliana et, dans le Constantinois, jusqu'à l'oasis de Biskra, bien loin des villages européens de l'époque. Il fut acclamé partout.

Lors du premier voyage il avait déclaré " Notre premier devoir est de nous occuper des trois millions d'Arabes que le sort des armes a fait passer sous notre domination ".

Avant son second séjour en Algérie, il adressa au Maréchal Pélissier, gouverneur général, une lettre rendue publique où il affirmait ceci : " L'Algérie n'est pas une colonie proprement dite, mais un Royaume arabe. Les indigènes ont comme les colons, droit égal à ma protection, et je suis aussi bien l'Empereur des Arabes que l'Empereur des Français ".

Le 20 juin 1865, à peine rentré de son second voyage, il écrivit au nouveau gouverneur général, le Maréchal de Mac Mahon " Le pays est à la fois un Royaume arabe, une colonie européenne et un camp français. Il est essentiel de considérer l'Algérie sous ces trois aspects : au point de vue indigène, colonial et militaire ".

On ne saurait mieux dire. Inutile de préciser que ces idées ne l'ont guère rendu populaire auprès des colons : ça ne prouve pas qu'il avait tort. Le Royaume arabe avait sa logique ; encore aurait-il fallu trouver le roi ou le vice-roi nécessaire. Peut-être a-t-il un moment pensé pour tenir ce rôle à Abd el-Kader. Il est venu en personne à Amboise annoncer à l'Emir sa libération en octobre 1852. Les deux hommes se sont revus trois fois, le 3 octobre, le 9 novembre et le 2 décembre, aux Tuileries. Il décida que la France lui servirait, là où il irait s'établir, une rente annuelle de 100 000francs qui fut ensuite portée à 150 000. Il y a plus étonnant encore : de Bursa (Brousse) puis de Damas où il s'était finalement installé, l'Emir vint quatre fois à Paris, en 1855,1860,1865 et 1867. J'ai peine à croire qu'il venait en touriste. En 1869 il accepta l'invitation à assister à l'inauguration du canal de Suez en présence de l'impératrice Eugénie. Et en 1871 il condamna la révolte d'El Mokrani.

Continuons à rêver ! Un Royaume arabe sous tutelle française, mais géré par des chefs indigènes alliés, protégés et surveillés, aurait sûrement évité de fourvoyer des colons dans des bleds trop isolés et trop arides, tout en consolidant les premières implantations. Malheureusement Napoléon III trop occupé à gérer les suites dramatiques de son équipée mexicaine engagée en 1864, eut , après 1865, d'autres dromadaires à fouetter.

En ce qui concerne l'implantation de nouveaux villages de colonisation Napoléon III privilégia l'aspect " camp français " de l'Algérie. Il ne cachait pas son hostilité à la fondation de villages trop loin du littoral et des zones déjà européanisées. Mais il a accepté des exceptions pour mieux sécuriser des axes de communication majeurs. Dans le Titteri ces axes étaient ceux de la RN 1 après la prise de Laghouat en 1852, et de la RN 8 après la conquête du site d'Aumale en 1846 et l'occupation de Bou-Saâda en 1849. C'est la préoccupation sécuritaire qui avait emporté la décision impériale de créer des caravansérails plus ou moins fortifiés sur ces deux routes ; par exemple ceux qui ont donné naissance aux centres d'Aïn-Oussera et de Djelfa déjà étudiés en tant que chefs-lieux d'arrondissement

C'est le Comte Alexandre Randon, gouverneur général de 1851 à 1858 qui fut chargé de mettre en route cette stratégie. Le Titteri français lui doit trois villages et un hameau : sur la RN 1 Berrouaghia, et sur la RN 8 Les Trembles, Bir-Rabalou et Sidi-Aïssa.


Bir-Rabalou (ou Bir-Ghabalou)

Bir-Rabalou, la grande rue
(ici, le 16-9-2011)

L'origine du nom est arabo-berbère ; c'est une sorte de pléonasme polyglotte affublé d'une orthographe française simplificatrice. Bir signifie puits en arabe, et Aghbalou désigne une source ou une fontaine en kabyle. On suppose qu'avec un tel nom le village n'a pas dû manquer d'eau.

La date de naissance officielle du village est le 21 juillet 1858. Mais il est plus que probable qu'un point d'appui militaire situé à un carrefour de pistes l'avait précédé. Bir-Rabalou a été implanté sur la route d'Alger à Aumale. Aumale est à 21 km au sud et Tablat à 39 km au nord.

Le cadre naturel est celui de la plaine des Aribs à l'endroit où elle se raccorde à la plaine des Beni-Slimane, par de légers vallonnements. Le village est établi tout près d'un affluent de l'Isser, l'oued Kararifs. La commune s'étale à la fois sur la plaine et sur le rebord du koudiat el Hamar (plateau rouge) ; le village est à 640 m d'altitude et le plateau à 760 m. Au sud la commune est dominée par des djebels boisés culminant à 1361 et qui ont l'avantage d'arrêter les nuages. Il en descend quelques oueds qui gardent un peu d'eau au cœur de l'été. On m'a assuré que vers 1920-1930 on y trouvait des écrevisses en abondance.

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Bir-Rabalou, cadre naturel Le cadre naturel

Le paysage de la plaine est dénudé, mais la pluviométrie est suffisante pour que les récoltes de blé et d'orge soient assurées tous les ans. Les aptitudes agricoles d'un tel terroir sont donc bonnes ou au moins correctes, dès le début. Vers 1880 la crise du phylloxera en France fut une bénédiction pour toute la région entre Bouira et Bir-Rabalou, car elle a ouvert le marché métropolitain aux vins d'Algérie. Et les vins des Aribs furent des vins de qualité protégés contre les risques de mévente.
Bir-Rabalou est a peu près à la limite occidentale de ce vignoble. Les céréales restèrent toujours prépondérantes en ce qui concerne les surfaces cultivées, mais c'est le vin qui fournissait les meilleurs revenus.

Bir-Rabalou est un carrefour entre l'axe nord-sud, celui qui relie Alger à Aumale et au Sahara de Bou-Saâda, et l'axe ouest-est qui suit la gouttière synclinale de Berrouaghia à Bouira, et au-delà, à la côte près de Bougie. Alger est à 102 km, Bouira à 35 km et Berrouaghia à 77 km. A cette particularité on peut rattacher son souk et-Tnine (marché du lundi) et son hôtel des Colons.

Bir-Rabalou n'eut qu'un rôle administratif modeste puisque ce centre ne fut jamais le siège d'une commune mixte. Ce fut une CPE et rien de plus ; avec en 1956, comme partout une SAS.

Après 1945 on aménagea tout près du village un terrain d'aviation pour de petit appareils. Il n'y eut jamais de service aérien commercial.


L'aspect du village est du genre classique amélioré, à ceci près qu'il est rectangulaire et non carré.

Je dis " classique " en raison du tracé perpendiculaire des rues et des trottoirs plantés d'arbres. J'ajoute " amélioré " car il y a quelques immeubles à deux étages qui donnent un petit aspect urbain au centre du village. La place de l'église, avec son monument, est classique. Le jardin à la française qui se trouve devant le bâtiment dit du Magasin Central est inhabituel.
Derrière les constructions une ligne d'arbres souligne la présence de l'oued. Ce sont les seuls arbres du paysage naturel.

Cette photo des années 1930 (voir les voitures garées près de l'église) donne l'impression d'un centre plutôt prospère. Dans le recensement de 1954 la commune a 2 777 habitants dont 159 européens. Encore faut-il savoir que dans ces 159 européens figurent les colons du hameau des Trembles situé à 7km au sud-est, sur la route d'Aumale.

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Cette photo des années 1930 (voir les voitures garées près de l'église) donne l'impression d'un centre plutôt prospère
Vue aérienne

Le hameau des Trembles (ou Raouraoua) est presque aussi ancien que son chef-lieu de commune car il est signalé dans un dictionnaire des communes d'Algérie édité en 1878. Cet ouvrage crédite le hameau de 10 familles.

L'origine de ce nom est d'une extrême banalité en Algérie : on trouve ce toponyme sous sa forme française, ou arabe (safsafa) dans tous les coins au sols assez humides pour que pousse ce type de peuplier (populus tremulus) dont les feuilles sont agitées par le moindre vent. Il y avait même une commune ainsi dénommée près de Sidi-bel-Abbès. Ce hameau a dû, je suppose, être desservi en 1927 par une halte de la voie ferrée d'Aumale située pas trop loin. Et si les projets primitifs avaient été pleinement réalisés, Les Trembles serait devenu une gare de bifurcation vers Berrouaghia. Cette ligne, jamais construite, aurait desservi Bir-Rabalou au passage. L'enterrement de ce chantier a été accompagné de l'abandon d'un projet de création d'un autre village de colonisation dans la plaine des Beni Slimane, près de El Arba, à 18 km de Bir-Rabalou en un lieu-dit Sidi Lakrout.

Bir-Rabalou et LesTrembles étaient reliés à Alger, à Aumale et à Bou-Saâda par plusieurs services de cars directs chaque jour ; ceux de la société " Auto-traction de l'Afrique du Nord " auparavant appelée SATAC.

La même société assurait la desserte des centres d'Aïn-Bessem, d'Aboutville et de Bertville par des cars venus d'Alger et qui transitaient par Bir-Rabalou ; mais pas par Les Trembles.

Sidi-Aïssa

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sisi aissa
pluies et températures moyennes

Sidi-Aïssa porte le nom d'un saint homme de l'Islam si vénéré qu'à sa mort deux clans se disputèrent sa dépouille. Toute une journée de disputes s'étant achevée sans qu'il y ait de vainqueur, chacun alla dormir. Le lendemain il y avait sur le terrain deux cadavres du saint marabout Aïssa. Ainsi finit cette belle histoire dont je ne saurais réellement garantir l'authenticité.

C'est en tous cas l'origine quasi officielle de ce toponyme que les Français ont conservé.

Le centre de Sidi-Aïssa est situé entre Aumale qui est à 33 km au nord, et l'oasis de Bou-Saâda qui est à 94 km au sud.

Trente trois kilomètres c'est une bonne distance pour établir un caravansérail sur la piste de Bou-Saâda dans les années 1850. Quatre-vingt-quinze, c'est trop. C'est pourquoi on bâtit le bordj Welvert à 30km sur la piste menant à l'oasis.

Le Sidi-Aïssa des Français fut donc d'abord un relais plus ou moins fortifié sur l'une des routes du sud. Je ne sais pas à quelle date au juste ce poste devint un centre de peuplement européen. Je sais seulement que ce fut avant 1870 car à cette date il y avait un bureau arabe dont le bâtiment, assez imposant fut récupéré après 1870 pour héberger les bureaux de la nouvelle commune mixte dont la création remonte sans doute à 1906 car en 2005, des Aïssaouis se disputaient sur Internet pour savoir s'il était décent ou honteux de commémorer son centenaire en 2006.

Sidi-Aïssa fut donc un centre administratif à la limite du djebel Dirah et des hautes plaines steppiques. Le climat y est bien trop sec pour que des colons stricto sensu puissent y prospérer. Les Européens qui ont tenu s'étaient reconvertis dans des professions tournées vers le transport ou le commerce, à moins qu'ils ne soient devenus fonctionnaires. Ce fut un village de colonisation aventuré trop loin en zone trop aride pour que les récoltes soient assurées tous les ans. Avec une pluviométrie de 310 mm, Sidi-Aïssa est dans la zone où il y a plus de mauvaises années que de bonnes ; et cela en liaison avec l'abondance ou la rareté des pluies de printemps essentiellement.

Sidi-Aïssa était un marché, à moutons surtout. Même les Aïssaouis qui ensemençaient les fonds de dayas ne pouvaient se contenter de leurs maigres récoltes. Traditionnellement ils élevaient des moutons qu'ils déplaçaient l'hiver vers les parties centrales de la steppe. Sidi-Aïssa leur doit son marché du lundi (Souk et Tnine).

Les hommes des familles les plus pauvres allaient louer leurs bras dans le Tell à l'époque des moissons. Et les hommes de la fraction des Ouled Sidi Hadjerès de Sidi-Aïssa s'étaient spécialisés comme casseurs de cailloux au bord des routes. Ils faisaient partie de ceux que l'on appelaient les gueblis (ceux du sud).

La moisson au nord du village.
Le bâtiment du bureau arabe,
La moisson au nord du village.
A l'évidence le rendement ne sera pas énorme.
Le bâtiment du bureau arabe,
puis de la Commune Mixte

Je ne puis rien dire de sûr quant à l'aspect que pouvait avoir ce village. Je n'en ai gardé aucun souvenir. Je suppose qu'il ressemblait, en plus poussiéreux, à tous les villages français du bled, avec une rue principale confondue avec la route nationale.

Il y avait tout de même, en 1954, 137 européens dans la commune, sur 2 605 habitants. C'est presque autant qu'à Bir-Rabalou !

Sur ces 137 résidents il devait y avoir beaucoup d'employés de la SPA (Société des pétroles d'Aumale) qui exploitait, dans la commune, les gisements tout proches et tout récents de l'oued Guétérini. Ces employés résidaient au lieu-dit Oued Djenane

Oued Guétérini et Oued Djenane

Ce ne sont pas des communes, mais des noms d'oued qui ont été étendus à des chantiers.
Oued Guétérini (ou Guétrini) signifie rivière du goudron. Ce fut un petit gisement de pétrole.
Oued Djenane signifie rivière du jardin. Ce fut le nom d'une raffinerie et d'un hameau.

Ces deux oueds descendent du djebel Dirah et convergent vers Sidi-Aïssa. Ensuite ils vont se perdre dans la dépression du chott el Hodna que leurs crues n'atteignent que très exceptionnellement.

A l'origine d'un suintement huileux, connu depuis des temps immémoriaux, on retrouve le saint marabout. C'est lui encore qui, pour guérir de la gale des dromadaires insensibles aux traitements habituels, fit apparaître cette source noire qui permit aux chameliers désespérés de soigner leurs bêtes. L'endroit s'appelle soit l'oued au goudron, soit la source du marabout.

Pour rédiger ce petit chapitre pétrolier j'utiliserai une carte et 2 photos personnelles prises en avril 1953. Mais pour les informations j'ai choisi une source plus sûre que celle du marabout, celle d'André Rossfelder qui fut l'un des principaux artisans de la remise en exploitation de ce modeste gisement après la guerre. Il y consacre de nombreuses pages dans son " onzième commandement ".

   ·      

1738   Première apparition de la source huileuse du marabout dans un récit de voyage rédigé par un anglais, Thomas Shaw, chapelain à l'ambassade d'Angleterre à Alger durant 12 ans et grand voyageur. Il cite la source, son emplacement et son usage vétérinaire.

   ·       
1915   Un ancien préfet d'Alger, Félix Nelson-Chierico, obtient un permis de recherches sur quelques hectares autour du suintement. Il commence à recueillir quelques centaines de litres de pétrole par un système de tranchées conduisant l'huile vers des fosses d'où on le remontait avec des seaux. En 1917 un éboulement, qui tua trois ouvriers, mit fin à l'entreprise.
   ·        1940   La pénurie d'essence est grande en Algérie, et le gouverneur général Abrial tente une nouvelle exploitation avec tranchées et fosses comme en 1915. On récupéra ainsi quelques centaines de litres d'un brut si léger qu'il était utilisé tel quel dans les moteurs Diesel, après un simple filtrage à travers un chapeau feutre. Ce sont les camions et les cars de l'Auto-Traction de l'Afrique du nord en route vers Bou-Saâda qui faisaient leur plein au bord de la RN 8.
En 1943 l'arrivée du pétrole américain mit fin à cette deuxième exploitation.
   ·      

1946   Quelques géologues, et notamment Robert Laffitte, professeur à l'université, Armand Colot, ingénieur des mines, et Michel Tenaille, géologue, décidèrent de relancer la prospection avec les moyens modernes géophysiques de l'époque. Mais la structure en écailles des plis déversés avait tellement perturbé la stratigraphie que les couches anciennes recouvrent parfois les couches plus récentes. Il est donc impossible de généraliser à la région un empilement de faciès identifié dans un endroit.

En novembre 1946 ils créent la SN Repal (société nationale de recherches et d'exploration des pétroles en Algérie). Mais priorité est accordée à la vallée du Chéliff ; et rien ne se passe à Sidi-Aïssa.

   ·       1947 (juillet) André Rossfelder, élève de Laffitte, vient faire un tour sur un petit périmètre de recherches jadis attribué à un dénommé Camps, mais désormais caduc. Néanmoins A. Rossfelder signe en août un contrat avec Camps. Comme le permis de recherche de Camps ne fut pas reconnu valable par l'administration, il s'en suivit des démêlés juridiques complexes qui se terminèrent par le retrait de Camps. A.Rossfelder, décide quand même de remettre le site en exploitation et même de construire une petite raffinerie en bordure de la RN 8 près de l'oued Djenane qui coule parallèlement à la route. Les premières tonnes de pétrole, en novembre 1947, sont acheminées jusqu'à Alger.
   ·       1948   En janvier A.Rossfelder crée la RAFAL (raffineries algériennes) et pendant que les travaux de montage commencent, cherche des actionnaires. Il en trouve, et fait ainsi la connaissance de son futur beau-père, un ancien maire de Birmandreïs et négociant en vins aisé, Camille Dudex.

En septembre un accord de coopération est signé avec la SN Repal. Une société commune 50/50 est créée pour la circonstance ; la SPA (société des pétroles d'Aumale). Et en décembre commence le fonçage d'un nouveau forage de recherche.
   ·       1949   L'éruption tant espérée se produit enfin le 23 avril, dans une sonde ayant atteint 930m de profondeur. Et la raffinerie d'Oued Djenane, dont le responsable est un ingénieur réfugié politique roumain, Mircea Iordachesco, est bientôt prête. Elle est mise en service après deux inspections du service des mines. Et ça marche. L'inauguration officielle a lieu en présence du directeur de l'Energie, Salah Bouakouir, le seul polytechnicien musulman, dit-on, et du gouverneur général, Marcel Edmond Naegelen. Ce dernier propose d'appeler Rossfeld (nom d'un village alsacien et début du nom Rossfelder) le hameau de l'Oued Djenane. Propos de fin de banquet qui fut vite oublié.
   
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oued djenane

Un petit oléoduc est posé entre le gisement et la raffinerie près de laquelle sont montées des baraques pour loger les cadres.

L'extraction progressa si vite qu'en 1950 A. Rossfelder acheta une petite raffinerie autrichienne neuve dont les éléments démontés furent entreposés près d'Aïn-Taya. Mais il apparut bientôt que la solution la plus simple et la moins coûteuse était d'acheminer le brut vers une raffinerie Shell de l'étang de Berre ; par camion jusqu'à Bouira, par wagon jusqu'au port d'Alger.

Les éléments d'Aïn-Taya furent abandonnés et la raffinerie d'Oued Djenane fermée en 1951. Et l'on ne parla plus que du camp d'Oued Djenane.


L'extraction monta jusqu'en 1954 avec 75 000 tonnes, puis diminua car les réserves s'épuisaient alors que tous les forages voisins du Titteri étaient restés secs. Sans oublier la montée de l'insécurité.

L'une des 4 cuves de stockage
Les maisonnettes du camp
Oued Djenane
L'une des 4 cuves de stockage
Les maisonnettes du camp