Les chemins
de fer
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Cet article sur les voies des CFRA
sur les quais d'Alger est paru dans le numéro n° 274 (juin-juillet)
de la revue "Voie Etroite". Autorisation a été délivrée de le voir mis en ligne (sous sa forme brute) sur mon site sous réserve de mentionner la revue. Ce dossier a été réalisé par Jean Capolini, Henri Martin, Francis Rambert et Christian Ripoll ( qui participent à ce site), puis adressé à la revue qui a bien voulu le faire paraître. |
P'tit train de la
Haute Somme et Musée des chemins de fer à voie étroite www.appeva.org et www.facebook.com/PetitTrainHauteSomme Revue Voie Etroite www.VoieEtroite.com et www.facebook.com/VoieEtroite Adresse : APPEVA Voie Etroite, BP 70106, 80001 AMIENS Cedex 1, France Commercial et revue Voie Etroite : Tél./Fax : 03 22 83 11 89 Administratif : Tél./Fax : 03 22 44 04 99 |
sur site : juin 2016
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Les trains à vapeur des C.F.R.A.
sur les quais d'Alger
Pour les Algérois des années 1950, les C.F.R.A. c'étaient des trolleybus, des autobus et quelques vieux tramways circulant sur une seule ligne depuis la Place du Gouvernement jusqu'au Ruisseau en passant par les boulevards dominant le port. Mais, à la fin du 19ème siècle, les Chemins de Fer sur Routes d'Algérie méritaient bien leur nom ayant obtenu, en 1892, la concession de plusieurs lignes de chemins de fer à vapeur à voie étroite (écartement de 1055 mm).
Deux
de ces lignes, ouvertes tant aux voyageurs qu'aux marchandises, reliaient
Alger à Castiglione
et
Coléa (ou Koléa) vers l'ouest, à Rovigo
puis, en 1908 et 1909, à Fort de l'Eau et Ain Taya, vers l'est.
Pour cette raison, mais surtout du fait du fort accroissement du trafic voyageur, (ou par souci de modernisation) les C.F.R.A. décidèrent en 1898, d'électrifier la portion la plus urbanisée de ces lignes entre les Deux-Moulins, à l'ouest et Maison Carrée, à l'est, les tramways se substituant aux trains à vapeur pour cette desserte. Pour les trains de marchandises de la ligne Alger-Coléa, il avait été alors, nécessaire de faire relayer, depuis les Deux-Moulins (en passant par le centre de Saint-Eugène, les voies sur le boulevard Pitolet en front de mer n'ayant pas encore été installées) jusqu'au port d'Alger, les locomotives à vapeur, par des tracteurs électriques, qui consommaient beaucoup d'énergie.
Ces convois devaient traverser tout Alger, en empruntant les voies du tramway électrique, et en utilisant un raccordement, vers les quais, construit en 1897, par un viaduc constitué d’un pont métallique franchissant les voies normales (écartement 1435 mm) du chemin de fer du PLM ou de l’État (PLM-EA), suivi d’une rampe d’accès leur permettant ainsi de descendre sur les quais au niveau de la gare Molière, située en fin de faisceau des voies au sud du port.Cela nécessitait un nouveau relais de traction au niveau des ateliers CFRA de la rue Sadi Carnot prolongée.
Afin
de supprimer ces contraintes, les C.F.R.A. firent, creuser, à partir
de 1900, entre El
Kettani et l'Amirauté, un tunnel, permettant, à partir
d'août 1905, au service marchandises de la ligne Alger-Coléa d'être
effectué entièrement par locomotives à vapeur, sans emprunter, comme
autrefois, les tracteurs électriques depuis les Deux-Moulins jusqu'aux
ateliers des C.F.R.A. de la
rue Sadi Carnot prolongée. Le 16 mai 1906, les voies sur
les quais sur le port d'Alger étaient terminées et ouvertes à l'exploitation.
Cet ensemble de voies permettait également la liaison avec les voies
de la ligne vapeur partant du port d'Alger pour Rovigo et Aïn Taya
en évitant le passage sur les boulevards. Cette liaison et ces voies
sur quai étaient, sauf circonstances particulières, destinées exclusivement
à la circulation des trains de marchandises. Avec la mise en service
du tunnel de l'Amirauté et, en 1906, des voies sur le front de mer
de Bab-el-Oued aux Deux-Moulins et l'installation et le développement
de voies de manœuvres, de garage et de triage, électrifiées, permettant
un relais traction entre vapeur et électrique, à la gare de Bab-el-Oued,
celle-ci devint tête de ligne pour les directions de Coléa et Castiglione,
avec relais traction pour les convois électriques voyageurs, en provenance
de la station Waïsse ou de la place du Gouvernement, ainsi qu'en correspondance
avec les tramways électriques de la ligne des Deux-Moulins.
Mais à partir du 1er septembre 1920, les C.F.R.A. décidèrent de transférer le service de messageries de l'arrêt de la rue Waïsse vers les gares de Bab-el-Oued et de Mustapha (rue Molière), la station d'Alger-ville (rue Waïsse) n'étant plus affectée qu'au service voyageurs (délivrance de billets, enregistrement des bagages personnels des voyageurs, des articles de messageries ne dépassant pas 40 kg et des colis postaux), ces limites étant également applicables aux autres arrêts du service électrique : Deux-Moulins, Champ de Manœuvres et Nouvel-Ambert.
Après la construction du tunnel, la nouvelle voie débouchant sur les quais au niveau de l'Amirauté envoyait un petit embranchement vers la jetée (pour utilisation militaire ?) et longeait le Sport Nautique et la Direction du Port, puis émettait tout au long des quais, jusqu’aux faisceaux de voies de la gare Molière, au sud du port, divers embranchements justifiés économiquement et commercialement par les transbordements de marchandises qui pouvaient y être effectués.
Après le Sport Nautique une bifurcation envoyait une voie au plus près du quai jusqu'au débarcadère des voyageurs de la Compagnie Générale Transatlantique.
Avant même que des hangars y aient été construits, la partie du quai laissée libre entre ces deux voies était immédiatement occupée par un improbable amoncellement de marchandises variées, barriques de vins, barils d'huile, caisses diverses, destinées à l'exportation, qui, déchargées des chariots, n'attendaient qu'à être embarquées sur les cargos
La construction du môle Al Djefna en 1908 et l'édification de la gare maritime, en 1927, imposèrent la création d'un nouvel embranchement double longeant les bâtiments de la "Transat", au nord et de la "Mixte"au sud, de part et d'autre de l’embranchement du PLM-EA, au centre du môle.
Après
la gare maritime et la gare du PLM-EA, la voie principale se rapprochait
alors des docks en envoyant tout au long de son parcours de nombreux
embranchements pour la desserte des différents quais et, à partir
de 1908, vers l'arrière-port d'Alger.
Elle
passait ensuite, avec une voie d’évitement, près des hangars-abris
de la Chambre de Commerce, bâtiments surmontés d'un étage, édifiés
en 1897 et complétés en 1907 par de nouveaux bâtiments sans étage,
et desservait les chantiers de construction.
Elle
contournait alors le bastion XV près du square Laferrière (rebaptisé
plus tard
square Guynemer), et s'éloignait du bord des quais, se
rapprochant de la gare de l'Agha.
Elle passait ensuite à distance du môle à minerai pour enfin parvenir aux faisceaux de voies de la gare Molière à partir desquelles la voie passait par le viaduc au-dessus des voies du PLM-EA, et traversait le dépôt de la rue Sadi Carnot.
Elle
rejoignait alors les voies communes des tramways électriques jusqu'à
Maison-Carrée.
A certaines périodes ou dans certains cas, les convois voyageurs pouvaient être amenés à circuler exceptionnellement sur les voies des quais avec terminus au niveau de la voie d'évitement et de garage située au bas des escaliers de la Pêcherie
. Ainsi les après-midi de jours de courses à l'hippodrome du Caroubier, outre le renforcement de la desserte par tramways électriques au départ de la Place du Gouvernement et circulant sur les boulevards, avec un départ toutes les 10 minutes, les C.F.R.A. mettaient en service deux automotrices à vapeur Rowan partant du bas des escaliers de la Pêcherie et circulant sur les quais, marquant les arrêts au bas des escaliers du square Bresson, au bas des escaliers des hangars-abris de la Chambre de Commerce (à hauteur de la rue Loverdo), boulevard Laferrière, rampe d'accès de l'Agha et rue Molière et passant à l'Arsenal pour être rendues à l'hippodrome pour l'ouverture des courses. Le retour était assuré dans les mêmes conditions par des tramways électriques partant de l'hippodrome toutes les 10 minutes et par les deux automotrices à vapeur Rowan qui quittaient l'hippodrome 5 minutes après la dernière course, marquant les mêmes arrêts pour arriver au bas des escaliers de la Pêcherie, ainsi que par un train vapeur, partant de Maison-Carrée et arrivant également à la Pêcherie.
De même, aux environs du 15 août, à l'occasion des fêtes de Guyotville, il était prévu, à 20 h 30, un train spécial au départ de la Pêcherie, arrivée à Guyotville-gare à 21 h 24 (avec arrêt à Bab-el-Oued, Deux-Moulins, Pointe-Pescade, Bains-Romains, Villa-Bains et Cap-Caxine) et pour le retour un train spécial (à tarif doublé) partant à 0 h 30 de Guyotville-gare pour une arrivée à la Pêcherie à 1 h 25.
Toujours à Guyotville, vers la mi-septembre, lors de la Fête des Vendanges, un train spécial était également programmé suivant le même itinéraire et avec le même tarif.
De même, certains jours particuliers et notamment certains dimanches, à la demande de l’administration du Grand Hôtel et Casino de Fort de l'Eau les C.F.R.A. mettaient en service une automotrice à vapeur Rowan au départ de la Pêcherie à 10 heures du matin et marquant les mêmes arrêts, sur les quais, que lors des jours de courses hippiques ainsi que les arrêts du parcours électrique au-delà de l'Arsenal pour arriver à Fort de l'Eau vers 11 heures 30., retour à 11 heures du soir pour arrivée à la Pêcherie vers minuit .
Pour certains jours de fêtes comme le dimanche et le lundi de Pâques ou de Pentecôte, les C.F.R.A. mettaient en service de nombreux trains supplémentaires pour répondre à la demande des usagers, désireux de consommer la traditionnelle "mouna"(sorte de grosse brioche qu'il était de coutume de partager, pour Pâques, lors du premier pique-nique de l'année) sur les plages des stations du littoral à l'ouest et à l'est d'Alger. Ces jours-là, le départ se faisait au bas des escaliers de la Pêcherie pour les trains supplémentaires à destination de Coléa, Castiglione et Guyotville, qui empruntaient alors le tunnel de l'Amirauté, le départ des trains supplémentaires à destination d'Aïn Taya se faisant à la station "Waïsse" comme ceux des trains réguliers. Les C.F.R.A. avisaient les voyageurs : ˝en cas de mauvais temps, les trains supplémentaires seront supprimés sans autre avis.
Pendant la période d'été (du 15 juillet au 15 septembre), propice à la plage et aux bains de mer, un train à vapeur spécial mais à tarif normal, pour voyageurs (sans bagages) était aussi mis en service, avec départ de la Pêcherie à 13 h 57, arrivée à Guyotville-Mairie à 14 h 56 (avec arrêt à Bab-el-Oued, Deux-Moulins, Pointe-Pescade, Bains-Romains, Villa-Bains, Cap-Caxine et Guyotville-gare). Le train de retour partait à 17 h 20 de Guyotville-Mairie pour une arrivée à la Pêcherie à 18 h.
Des circonstances exceptionnelles pouvaient aussi amener les C.F.R.A. à modifier les itinéraires habituels des trains à vapeur. Ainsi, en juillet, lors d'un contentieux entre les C.F.R.A. et la Compagnie Centrale d’Énergie Électrique, celle ci décida de cesser la fourniture de courant aux C.F.R.A., qui durent remettre en service leur propre usine de la rue Alfred de Musset dont la production était nettement insuffisante pour assurer l'intégralité du service des tramways. Afin de limiter la consommation électrique des tramways, le terminus, départ et arrivée, des trains à vapeur de la ligne d'Alger à Coléa et Castiglione, fut ramené de la gare de Bab-el-Oued à la Pêcherie, passant par le tunnel de l'Amirauté et économisant ainsi, entre la station Waïsse et la correspondance à la gare de Bab-el-Oued, l'énergie utilisée habituellement par les motrices tractant les convois plus lourds, constitués de plusieurs voitures voyageurs et de fourgons. Seuls les fourgons à bagages de ces trains à vapeur circulaient alors entre la rue Waïsse et la gare de Bab-el-Oued, remorqués par une motrice électrique ne prenant qu'un nombre limité de voyageurs .
Après son rachat par l’État, en 1926, l'exploitation du réseau vapeur fut retirée aux C.F.R.A., en 1928, et confiée, pour les lignes de Coléa - Castiglione et de Rovigo - Aïn-Taya aux Chemins de Fer Algériens de l’État qui, en raison de la baisse de fréquentation liée à la concurrence des transports automobiles, supprimèrent, en 1935, les trains de voyageurs avant de cesser totalement l’exploitation des trains vapeur sur voies étroites. Dossier réalisé par Jean
Capolini, Henri Martin, Francis Rambert et Christian Ripoll
Sources documentaires |