LES relations entre l'Algérie et la Grande-Bretagne
ont été des plus étroites depuis des siècles.
Le Commerce entre les deux pays remonte au XVIèsiècle et
le
premier Consul à Alger fut nommé en 1850.
Aujourd'hui la Grande-Bretagne est le meilleur client étranger
de l'Algérie, c'est-à-dire que l'Algérie dirige davantage
de ses exportations vers la Grande-Bretagne que vers n'importe quel autre
pays hormis la France. Elles comprennent surtout le minerai de fer, l'alfa
et des primeurs et un jour sans doute le gaz naturel du Sahara s'ajoutera
à la liste. Les éléments statistiques des échanges
commerciaux publiés au compte de l'année 1960 font ressortir
les incidences suivantes : en tant que client la Grande-Bretagne, en excluant
la participation métropolitaine, vient très nettement en
tête avec un chiffre de 106.799.000 NF, somme qui par rapport à
celle du second client étranger représente plus que le double.
Par contre comme fournisseur de l'Algérie, la Grande-Bretagne occupe
seulement la 6è place, avec un chiffre d'affaires en importation
pour la même année 60 de 46.374.000 NF. Ce bref aperçu
montre combien la balance commerciale est des plus favorables à
l'Algérie.
En même temps il y a plus de bateaux britanniques au long cours
faisant escale dans le port d'Alger que de toute autre nationalité
étrangère.
Du temps du Dey d'Alger les relations anglo-algériennes constituaient
un mélange de commerce, de diplomatie, de politique et de stratégie
navale et va-riaient ou basculaient entre une coopération amicale
et une hostilité allant même jusqu'à l'état
de guerre. Une flot-te britannique pénétra dans la Méditerranée
pour la première fois en 1620 pour diriger une expédition
contre Alger et de pareils événements se succédèrent
assez régulièrement jusqu'en 1816 quand lord Exmouth bombarda
la ville. Comme on le sait le métier de Consul à Alger à
cette période était plutôt dangereux !
Durant les années qui suivirent la prise d'Alger par les Français
et alors que le pays se colonisait peu à peu, il y eut un afflux
sérieux de Britanniques d'origine maltaise qui se poursuivit jusqu'à
la fin du siècle. Ces hommes, industrieux et gros travailleurs,
contribuèrent énormément, avec les autres colons
de France, d'Espagne et d'Italie à l'implantation de la civilisation
européenne.
Sir Lambert Playfair, qui fut nommé Consul Général
à Alger (1867-1897) encouragea par la suite les familles britanniques
à venir passer les mois d'hiver à Alger. Ces familles possédaient
de grandes propriétés en dehors de la ville, dans ce qui
était alors connu sous le nom de Mustapha
Supérieur, et beaucoup d'entre elles avaient des maisons
construites dans le style mauresque par un architecte britannique, Benjamin
Bucknall (un disciple de Viollet le Duc) qui a donné son nom à
une rue d'El-Biar.
Ces maisons comprennent parmi d'autres, la villa Sidi-Alaoui qui fut bâtie
pour sir Lambert Playfair et qui est à présent la résidence
de l'amiral à Alger, et la villa Djenina-Es-Saouda qui fut bâtie
pour le major Bloomfield, un beau-frère de sir Lambert Playfair.
D'autres des grandes maisons que possédaient les familles britanniques
étaient Djenan-El-Muphti, que la propriétaire, lady Arthur,
légua à la nation française, et la résidence
de lady Burnett, Mustapha Raïs où dans le temps habitait un
corsaire renommé.
Une église anglicane fut bâtie à Alger et ouverte
en 1870, largement due aux efforts de sir Lambert Playf air.
La première église fut bâtie sur le site de l'actuelle
Grande Poste. Le site fut repris par les autorités françaises
en 1909 et une nouvelle église fut construite à son emplacement
présent qui fut désigné par les autorités
françaises. La pierre de fondation fut posée par H.R.H.
la Princesse Béatrice, le 6 mars 1909. Dans ses beaux jours la
colonie britannique avait aussi fait bâtir une église écossaise
qui était située près des bureaux de l'actuel Consulat
général des Etats-Unis. La guerre de 1914-1918 vit l'envers
de la marée et graduellement le départ d'Alger de toutes
ces riches familles, jusqu'au reflux final qui arriva au moment de la
guerre de 1939.
Il est intéressant de savoir que c'est une firme britannique qui
bâtit la première ligne de chemins de fer entre Alger et
Blida et même le boulevard Front-de-Mer à Alger.
La colonie britannique en Algèrie s'élève maintenant
à 1.000 personnes environ (hommes, femmes et enfants) dont à
peu près 500 sont originaires de Grande-Bretagne et 350 originaires
de Malte. De ce total presque 700 vivent à Alger, plus de 200 à
Bône et seulement 70 à 80 à Oran. Le reste étant
largement dispersé ; il y a même quelques résidents
à Tamanrasset.
Comme on peut s'y attendre, la colonie britannique a beaucoup changé
depuis la guerre.
Beaucoup d'Anglais qui se sont installés immédiatement après
la deuxième guerre ont épousé des Françaises
dont ils avaient fait la connaissance pendant leur temps de service en
Afrique du Nord.
Leurs occupations sont des plus diverses : représentants de grandes
sociétés comme Shell, B.P. etc., commercants, agents maritimes,
secrétaires et il y a beaucoup de retraités.
Le nombre de morts dans les cimetières britanniques en Algérie
témoigne de l'effort de guerre britannique en Afrique du Nord :
à Alger (Dély-Ibrahim
539 et El-Alia 395), à Oran 221, à Bougie 218 et à
Bône 453 faisant un total de 1.826.
À part le Consul Général à Alger il y a des
Vice-Consuls honoraires à Oran et à Bône.
Les bureaux du Consulat Général qui dans le temps se trouvaient
en ville, au boulevard
Carnot, ont été transférés il y
a deux ou trois ans à Mustapha Supérieur et sont situés
actuellement à côté de l'église anglicane.
Dans le même immeuble il y a la bibliothèque anglaise et
aussi une salle des fêtes où l'Association de la colonie
anglaise organise des réunions et des soirées.
La résidence du Consul Général, où le Premier
Ministre Britannique M. Mac Millan et lady Dorothy Mac Millan, ont habité
durant l'année 1943, se situe également dans le quartier
de Mustapha Supérieur.
Le Foyer du marin britannique à Alger qui est maintenu par la Mediterranean
Mission to Seamen est connu des marins de toutes nationalités qui
fréquentent le Port d'Alger.
A part le Consul Général de Sa Majesté Britannique,
M. Trefor Ellis Evans, C.M.G., O.B.E. qui fut antérieurement conseiller
d'ambassade à Berne et au Caire, le personnel supérieur
du Consulat Général se compose comme suit: M. George Ferguson
Finlayson, Consul ; M. William Hill Lawson, M.B.E., Consul ; M. Alfred
Frank Fox, Attaché Maritime ; M. Ronald Buckley, Pro-Consul comptable-archiviste
; M. Maurice Francis Benham, Pro-Consul Chancelier.
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