la Redoute
1°/ Consulat: l'Angleterre, 1er client étranger de l'Algérie

Alger-Revue, été 1961 - collection B.Venis
sur site le 22-9-2007
2°/ Holy Trinity Church
Echo d'Alger du 15-11-1918 - Transmis par Francis Rambert
janvier 2016
3°/ Texte

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Avenue Foureau-Lamy : le Consulat et l'église anglicane
Avenue Foureau-Lamy : le Consulat et l'église anglicane
plan eglise anglicane
Holy TrinitY Church

LES relations entre l'Algérie et la Grande-Bretagne ont été des plus étroites depuis des siècles. Le Commerce entre les deux pays remonte au XVIèsiècle et le premier Consul à Alger fut nommé en 1850.

Aujourd'hui la Grande-Bretagne est le meilleur client étranger de l'Algérie, c'est-à-dire que l'Algérie dirige davantage de ses exportations vers la Grande-Bretagne que vers n'importe quel autre pays hormis la France. Elles comprennent surtout le minerai de fer, l'alfa et des primeurs et un jour sans doute le gaz naturel du Sahara s'ajoutera à la liste. Les éléments statistiques des échanges commerciaux publiés au compte de l'année 1960 font ressortir les incidences suivantes : en tant que client la Grande-Bretagne, en excluant la participation métropolitaine, vient très nettement en tête avec un chiffre de 106.799.000 NF, somme qui par rapport à celle du second client étranger représente plus que le double.

Par contre comme fournisseur de l'Algérie, la Grande-Bretagne occupe seulement la 6è place, avec un chiffre d'affaires en importation pour la même année 60 de 46.374.000 NF. Ce bref aperçu montre combien la balance commerciale est des plus favorables à l'Algérie.

En même temps il y a plus de bateaux britanniques au long cours faisant escale dans le port d'Alger que de toute autre nationalité étrangère.

Du temps du Dey d'Alger les relations anglo-algériennes constituaient un mélange de commerce, de diplomatie, de politique et de stratégie navale et va-riaient ou basculaient entre une coopération amicale et une hostilité allant même jusqu'à l'état de guerre. Une flot-te britannique pénétra dans la Méditerranée pour la première fois en 1620 pour diriger une expédition contre Alger et de pareils événements se succédèrent assez régulièrement jusqu'en 1816 quand lord Exmouth bombarda la ville. Comme on le sait le métier de Consul à Alger à cette période était plutôt dangereux !

Durant les années qui suivirent la prise d'Alger par les Français et alors que le pays se colonisait peu à peu, il y eut un afflux sérieux de Britanniques d'origine maltaise qui se poursuivit jusqu'à la fin du siècle. Ces hommes, industrieux et gros travailleurs, contribuèrent énormément, avec les autres colons de France, d'Espagne et d'Italie à l'implantation de la civilisation européenne.

Sir Lambert Playfair, qui fut nommé Consul Général à Alger (1867-1897) encouragea par la suite les familles britanniques à venir passer les mois d'hiver à Alger. Ces familles possédaient de grandes propriétés en dehors de la ville, dans ce qui était alors connu sous le nom de Mustapha Supérieur, et beaucoup d'entre elles avaient des maisons construites dans le style mauresque par un architecte britannique, Benjamin Bucknall (un disciple de Viollet le Duc) qui a donné son nom à une rue d'El-Biar. Ces maisons comprennent parmi d'autres, la villa Sidi-Alaoui qui fut bâtie pour sir Lambert Playfair et qui est à présent la résidence de l'amiral à Alger, et la villa Djenina-Es-Saouda qui fut bâtie pour le major Bloomfield, un beau-frère de sir Lambert Playfair. D'autres des grandes maisons que possédaient les familles britanniques étaient Djenan-El-Muphti, que la propriétaire, lady Arthur, légua à la nation française, et la résidence de lady Burnett, Mustapha Raïs où dans le temps habitait un corsaire renommé.

Une église anglicane fut bâtie à Alger et ouverte en 1870, largement due aux efforts de sir Lambert Playf air. La première église fut bâtie sur le site de l'actuelle Grande Poste. Le site fut repris par les autorités françaises en 1909 et une nouvelle église fut construite à son emplacement présent qui fut désigné par les autorités françaises. La pierre de fondation fut posée par H.R.H. la Princesse Béatrice, le 6 mars 1909. Dans ses beaux jours la colonie britannique avait aussi fait bâtir une église écossaise qui était située près des bureaux de l'actuel Consulat général des Etats-Unis. La guerre de 1914-1918 vit l'envers de la marée et graduellement le départ d'Alger de toutes ces riches familles, jusqu'au reflux final qui arriva au moment de la guerre de 1939.

Il est intéressant de savoir que c'est une firme britannique qui bâtit la première ligne de chemins de fer entre Alger et Blida et même le boulevard Front-de-Mer à Alger.

La colonie britannique en Algèrie s'élève maintenant à 1.000 personnes environ (hommes, femmes et enfants) dont à peu près 500 sont originaires de Grande-Bretagne et 350 originaires de Malte. De ce total presque 700 vivent à Alger, plus de 200 à Bône et seulement 70 à 80 à Oran. Le reste étant largement dispersé ; il y a même quelques résidents à Tamanrasset.

Comme on peut s'y attendre, la colonie britannique a beaucoup changé depuis la guerre.
Beaucoup d'Anglais qui se sont installés immédiatement après la deuxième guerre ont épousé des Françaises dont ils avaient fait la connaissance pendant leur temps de service en Afrique du Nord.

Leurs occupations sont des plus diverses : représentants de grandes sociétés comme Shell, B.P. etc., commercants, agents maritimes, secrétaires et il y a beaucoup de retraités.

Le nombre de morts dans les cimetières britanniques en Algérie témoigne de l'effort de guerre britannique en Afrique du Nord : à Alger (Dély-Ibrahim 539 et El-Alia 395), à Oran 221, à Bougie 218 et à Bône 453 faisant un total de 1.826.

À part le Consul Général à Alger il y a des Vice-Consuls honoraires à Oran et à Bône.

Les bureaux du Consulat Général qui dans le temps se trouvaient en ville, au boulevard Carnot, ont été transférés il y a deux ou trois ans à Mustapha Supérieur et sont situés actuellement à côté de l'église anglicane. Dans le même immeuble il y a la bibliothèque anglaise et aussi une salle des fêtes où l'Association de la colonie anglaise organise des réunions et des soirées.
La résidence du Consul Général, où le Premier Ministre Britannique M. Mac Millan et lady Dorothy Mac Millan, ont habité durant l'année 1943, se situe également dans le quartier de Mustapha Supérieur.

Le Foyer du marin britannique à Alger qui est maintenu par la Mediterranean Mission to Seamen est connu des marins de toutes nationalités qui fréquentent le Port d'Alger.

A part le Consul Général de Sa Majesté Britannique, M. Trefor Ellis Evans, C.M.G., O.B.E. qui fut antérieurement conseiller d'ambassade à Berne et au Caire, le personnel supérieur du Consulat Général se compose comme suit: M. George Ferguson Finlayson, Consul ; M. William Hill Lawson, M.B.E., Consul ; M. Alfred Frank Fox, Attaché Maritime ; M. Ronald Buckley, Pro-Consul comptable-archiviste ; M. Maurice Francis Benham, Pro-Consul Chancelier.