-------Le consulat de France à Alger
avait été créé le 15 septembre 1564 en faveur
de Vincent Bertholle, de Marseille, qui n'a jamais pu rejoindre son poste.
-------Au cours du XVIIIè siècle,
les consuls et consuls généraux de France suivants s'y succédèrent
=Philippe Jacques Durand, installé à Alger par Denis
Dusault, le 20 février 1698. D'origine parisienne, il occupera ses
fonctions jusqu'au 30 novembre 1705.
= Jean de Clairambault, nommé consul de France par provisions
royales datées du 24 février 1706. Il quittera Alger en février
1717.
-------Jean de Clairambault est natif de Nicey
(Côte d'Or), dans le diocèse de Langres, fils de Claude, marchand
de bois, et de Françoise Tribouillard. "Jeune
de langues" chez les capucins de Péra, dans la banlieue
de Constantinople, en 1689/1690, où il étudie le turc et l'arabe,
il est envoyé à Alger comme interprète au début
de l'année 1697, avant d'être nommé chancelier le 5
juin 1698. En dehors de ses fonctions consulaires, il se livre à
des opérations commerciales pour son propre compte (importations,
exportations, prises de participations dans l'achat de bâtiments de
commerce, dont l'un d'entre eux, la tartane "Saint Jean Baptiste",
appartenait à son collègue Robert Colt consul d'Angleterre
à Alger). Au départ de Philippe-Jacques Durand, il assure
l'intérim du consulat jusqu'à sa nomination officielle comme
consul en date du 24 février 1706. Le 3 juillet 1714, il épouse
à Alger, avec le consentement du ministre de la Marine, Madeleine
Désirée Durand, fille de son ancien chef de poste et d'Agnès
Le Tourneur. Il reste sur place jusqu'en février 1717 puis rejoint
le consulat de France à Livoume, dans le Grand duché de Toscane,
où il avait été nommé par provisions royales
de septembre 1716. En novembre 1719, il est nommé consul en Morée
(Grèce du sud), en résidence à Modon, où il
mourra le 12 novembre 1745.
=Jean Baume nommé consul de France à Alger par provisions
royales du 14 septembre 1716.
-------Originaire de Marseille, Jean Baume
a servi pendant quinze ans dans les bureaux de la Marine en qualité
de commis. Il est nommé consul à Alger par provisions du 14
septembre 1716 et prend ses fonctions le 27 janvier 1717, date, de son arrivée
en Afrique, après avoir embarqué le 20 janvier sur la barque
"Le Saint Pierre". Il quitte son poste en décembre 1719,
à la demande du dey d'Alger à la suite de maladresses vi-à-vis
des autorités ottomanes et de spéculations commerciales malchanceuses.
Il embarque à destination de Tunis en compagnie de Denis Dusault,
qui était venu négocier et signer le renouvellement des traités
avec la régence, où il arrivera le 4 janvier 1720. Rétrogradé
au vice-consulat de Candie (Crète) par brevet de mai 1720, avec appointements
de 3 000 livres tournois par an, il rejoint ce nouveau poste le 13 juillet
1720 et donne toutes satisfactions à son chef hiérarchique,
le consul Nicolas Morel de Cresmery, qui le considère comme "un
des meilleurs sujets des Échelles". Jean Baume terminera sa
carrière comme viceconsul à Alexandrie, où il est nommé
par brevet du 4 mai 1735, avec appointements de 5 000 livres.
= Antoine-Gabriel Durand, consul de France à Alger par provisions
royales du 19 mars 1720. Il mourra sur place le 8 octobre 1730.
-------Fils de Philippe-Jacques Durand, consul
de France à Alger de 1697 à 1705, et de Agnès Le Tourneur,
tous deux Parisiens de la paroisse de Saint-Germain l'Auxerrois, AntoineGabriel
Durand devient le chancelier de Jean de Clairambault le 30 novembre 1705.
Renvoyé par Jean Beaume, il est nommé viceconsul à
Candie, où il arrive en février 1719, et y reste jusqu'en
juillet 1720. A la demande de Denis Dusault, riche négociant de Bayonne,
fondateur en 1678 d'une fructueuse société se livrant à
la pêche au corail au Bastion de France, et négociateur de
plusieurs traités avec le Maroc, les régences d'Alger de Tunis
et de Tripoli de Barbarie, Antoine-Gabriel Durand revient à Alger
comme consul, par provisions du 19 mars 1720, et prend ses fonctions le
20 novembre 1720. Bien que nommé, en mai 1728, consul de France au
Caire, il reste en fonctions à Alger à la demande du dey pour
lequel il avait négocié avec les Chevaliers de Malte le rachat
de dix-neuf esclaves barbaresques, équipage du bâtiment "La
Gazelle". Il meurt, sans alliance et sans descendance, à Alger,
le 8 octobre 1730 dans sa maison de campagne située au quartier dit
des "Trois Points", et est enterré au cimetière
chrétien. Les archives du consulat conservent sur lui la note suivante
: " Le Sieur Antoine Gabriel Durand après
s'être fait extrêmement aimer des gens de ce pays, décéda
à Alger fort regretté ".
= Léon Delane, consul de France par provisions du 13 décembre
1730.
-------Originaire de Guyenne, probablement
né à Bayonne, Léon Delane est le neveu de Denis Dusault
déjà cité dans la notice biographique de Antoine-Gabriel
Durand. Après avoir occupé à la fin du XVIIèsiècle
les fonctions de chancelier au consulat de France à Tripoli de Barbarie
durant cinq ans, il est nommé vice-consul à Candie, par brevet
du 21 mars 1703, puis consul à La Canée (Crète) de
1708 à 1717. Lors d'un passage en France. il épouse à
Marseille Claire Gaspary, fille de Mathieu Gaspary et d'Anne Ricard, riches
négociants marseillais installés à Smyrne (actuelle
Turquie), dont il aura trois fils, dont deux entreront dans les ordres,
le troisième, François, deviendra par la suite consul à
Seyde puis à Alep. Après 1717, Léon Delane quitte la
carrière consulaire pour s'installer en 1720 comme négociant
à Alger, où il seconde son oncle Denis Dusault dans ses affaires.
En 1730, " sa fortune s'étant dérangée
par le Système... ", il sollicite un nouveau poste
consulaire et obtient le consulat d'Alger sur provisions du 13 décembre.
Il s'installe dans ses fonctions le 12 juin 1731, arrivé en Afrique
avec l'escadre de Duguay-Trouin. Plein de prétentions et peu diplomate,
il se présente armé au Divan et n'est pas reçu par
le dey. Il s'enferme alors dans son consulat jusqu'à son rappel en
juin 1732. 11 regagne la Crète en qualité de consul à
La Canée, où il arrive en septembre 1732 et y reste jusqu'au
15 août 1735. Il termine sa carrière à Alep, où
il est nommé consul sur provisions du 4 mai 1735 avec 7 500 livres
tournois d'appointements annuels. II meurt à Alep le 29 janvier 1742.
Son épouse, Claire Gaspary était décédée
le 23 avril 1731, à Marseille. Léon Delane avait été
reçu chevalier de l'Ordre de Saint-Lazare en 1731.
= Benoît Le Maire, consul de France par provision du 16 avril
1732.
-------Benoît Le Maire est le fils de
René Le Maire, consul à Alger de 1690 à 1697, et de
d'Anne Demonceaux, tous deux natifs de Toulon. Chancelier au Caire par brevet
du 16 novembre 1712, il remplace ensuite son oncle paternel Jean Le Maire
à sa mort, le 25 mai 1717, comme vice-consul à Alexandrie
où il restera jusqu'en juillet 1722. Il est ensuite nommé
consul à La Canée par lettre du Conseil de Marine du 7 juin
1722, en remplacement d'un autre oncle paternel, Claude Le Maire, ancien
consul au Caire, décédé avant d'avoir rejoint la Crète.
Benoit Le Maire restera en Crète jusqu'en mai 1724. Il est ensuite
nommé consul à Seyde, par provision du 26 avril 1724, où
il restera 8 ans. Affecté à Alger par provisions du 16 avril
1732, il rejoint son poste le 5 juillet de la même année. Recevant
des entraves dans ses fonctions de la part du dey, il demande sa retraite
en septembre 1734 et est rappelé l'année suivante. Il perçoit
alors une pension de 1 500 livres, retenue sur le budget du consulat d'Alger
jusqu'en 1751, puis prise en charge par la suite par la chambre de commerce
de Marseille. Le 4 octobre 1722, il avait épousé à
Marseille une demoiselle Grégoire, soeur d'Alexandre Grégoire,
député du commerce à Marseille.
= Alexis-Jean-Eustache Taitbout de Marigny, consul de France par
provisions du 14 septembre 1734.
-------Né à Paris le 5 juillet
1695, baptisé le lendemain à l'église de la paroisse
Saint-Paul, Alexis-Jean-Eustache Taitbout de Marigny est le fils de Jean
Etienne Taitbout de Marigny, ancien secrétaire de l'ambassadeur de
France à Constantinople, puis vice-consul à Scio (Turquie),
à Alexandrie et à Larnaca, et de Barbe Mauclerc. Après
avoir servi dans les Mousquetaires et exercé une charge de colonel
de l'hôtel de ville de Paris, il devient négociant à
Alexandrie, où son père exerçait la charge de vice-consul,
par certificat de la chambre de commerce de Marseille en date du 4 juillet
1726. Nommé consul à Alger par provision du 14 septembre 1734,
il rejoint son poste le 18 avril 1735. Sur place, il réussit "
à faire avorter un traité d'alliance et de commerce exclusif
que les Anglais étaient au moment de conclure avec la régence
". II quitte Alger en mars 1740 et est nommé consul à
Naples par provisions du 13 mai 1741, poste qu'il rejoint en mars 1742.
Faute de commerce entre le royaume de France et le royaume de Naples à
cause de la guerre tuniso-napolitaine, de la peste en Sicile et en Calabre,
de la guerre franco-anglaise et de la guerre de Sept Ans, " il est
privé en partie puis en entier de son casuel; l'objet le plus considérable
des émoluments de son emploi ", et déclare avoir, pour
ses fonctions, consommé 126 000 livres de capitaux, ainsi que 28
000 livres sur la dot de son épouse. Il se trouve en congé
en France, où il réside à l'hôtel de ville de
Paris d'octobre 1759 à juin 1762.
-------Toujours en France "ses
meubles et hardes"
seront saisis pour cause de dettes. Alexis-Jean
Eustache Taitbout de Marigny est mis à la
retraite en août 1766 avec 2 400 livres de
pension, moitié sur la Manne, moitié sur le
Trésor royal. En octobre 1768, il sollicite sans
résultats, la place de consul à Cagliari. II
meurt, après 1778, très certainement à l'abbaye
royale d Hérivaux, près de Luzarches (Val
d'Oise). Le 26 avril 1730, Alexis-Jean
Eustache Taitbout de Marigny avait épousé à
Paris, en l'église de la paroisse de Saint-Jean
de-Grève, Marie Jeanne Taitbout, née à Paris
le 9 juin 1711 et décédée à Alger le 11 mai
1738, dont il aura une fille et un fils, Alexis
Eustache-Victor, lequel entrera également
dans la carrière consulaire (vice-consul à
Messine en 1767, à Alexandrie en 1777, à
Tripoli de Syrie en 1779, consul général en
Morée en 1783, émigré à Constantinople en
1793. Il décède à Caffa en Crimée en 1806).
1564,15 septembre
Mars 1576-1585 (t 15 mars) Avril 1579-avril 1580 Avril1580-mars 1582 Mars
1585
Avril 1585-1618 1588-1596 1600 1618-1621 1621-1628
1564, 15 septembre |
Vincent Bertholle. Ne peut
débarquer |
Mars 1576-1585 (15
mars) |
Capitaine Maurice Sauron |
Avril 1579-avril 1580 |
François Guinguillet,
vice-consul |
Avril 1580-mars 1582 |
Lucency Prat, neveu du précédent |
Mars 1585 |
Loys de La Moche Daries,
n'exerce pas |
|
Père Jacques Bionneau,
trinitaire |
Avril 1585-1618 |
Jacques de Vias, conseiller
d'Etat et maître des requêtes |
1588-1596 |
Jean Ollivier, vice-consul |
1600 |
Pierre Pascal, qualifié
de consul |
1618-1621 |
IntérimFrançois
Chaix, vice-consul |
1621-1628 |
Intérim Thomassin
et Fréjus, résidents français |
|
Intérim Ancelme |
|
Intérim Martelly
|
|
Intérim capitaine
Clavel |
Octobre 1623-1646 |
Balthasard de Vias, fils
de Jacques Vias |
1629-Mars 1631 |
Capitaine Nicolas Ricou.
Non investi officiellement |
Mars 1631 juillet 1633 |
Jehan Blanchard |
1634-1640t |
Jacques Piou, vice-consul,
mort de la peste |
1639-1646 |
Intérim Thomas Picquet,
agent du Bastion de France |
1646 |
Charles Moutard |
Juillet 1646 |
Père Lambert-aux-Couteaux |
Juillet 1646-1661 |
Père Jean Barreau,
lazariste |
Avril 1647 |
François de Boyer |
1661-1671 |
Père Jean-Armand
Dubourdieu, lazariste |
1671-1684 t |
Père Jean Le Vacher,
lazariste. Exécuté le 29 juillet 1684 |
Septembre 1674-fév.
1675 |
Laurent d'Arvieux |
Avril 1684-1685
|
Auger Sorhainde, gouverneur
du Bastion, consul provisoire |
Février 1685-Juillet
1688 t |
André Piolle. Exécuté
le 3 juillet |
Septembre 1689-fév.
1690 |
Intérim Barthélémy
Mercadier. Révoqué le 8 février 1690 |
1690-Avril 1697 |
René Le Maire |
Novembre 1697-1706 |
Philippe-Jacques Durand
|
1706-février 1717 |
Jean de Clairambault |
Février 1717-décembre 1719 |
Jean Baume (nommé
le 14 septembre 1716) |
Décembre 1719 |
Intérim Lazare Loup,
agent de la C` d'Afrique depuis 1709 |
Mars 1720-octobre 1730 |
Antoine-Gabriel Durand t
8 octobre 1730 |
1730 |
Intérim
Thomas Natoire |
Juin 1731-1732 |
Léon Delane (Nommé
Décembre 1730) |
Avril 1732-février
1735 |
Benoit Le Maire |
Avril 1735-mars 1740 |
Alexis-Jean-Eustache Taitbout |
1740-1742 |
Intérim M. de Jonville,
chancelier |
Mai 1742-1743 |
François d'Evans |
Juillet 1743-mai 1749 |
Pierre Thomas |
Mai 1749-décembre
1756 |
André Alexandre Le
Maire t novembre 1771 |
Décembre 1756-oct
1757 |
Intérim père
Bossu |
Novembre 1757-avril 1760 |
Joseph Barthélémy
Pérou (nommé juillet 1757) |
Avril 1760-1763 |
Intérim père
Théodore Groiselle, vicaire apostolique |
21 mai 1763-janvier 1774
|
Jean-Antoine Vallière
(nommé septembre 1761) |
Août 1773-août
1783 |
Robert Louis Langoisseur
de la Vallée |
Juin 1779 |
Césaire Philippe
Vallière, vice-consul |
Sept. 1781-septembre 1786 |
Bourville vice-consul |
1782-novembre 1783 |
Jean-Baptiste Philippe Casimir
Amé, vice-consul surnuméraire |
Mars 1782-novemb.1791 |
Jean-Baptiste Michel Guyot
de Kercy |
1786 |
Isnard, vice-consul |
Janvier 1791-mai 1796 |
Césare Philippe Vallière
(Nommé 1° septembre 1790) |
Juin 1796-mai 1798 |
Jean Bon Saint-André |
Mai 1798 |
Dominique-Marie Moltedo |
Mai 1800-juin 1809 |
Charles-François
Dubois- Thainville |
Juin 1809 |
Intérim Raguesseau
de la Chesnaye, vice-consul |
1816-1827 |
Pierre Devait |
Avril 1818 |
Rémy Guys, vice-consul |
La représentation consulaire française en Afrique du Nord(3)
À Alger (suite)
--------François
Devant, consul de France par provisions en date du 13 mai 1741.
François Devant, natif de Lyon, débute dans la carrière
des consulats vers 1703 et assure les fonctions de consul de France à
Nice, de 1717 à 1721. Il devient consul à Cagliari où
il arrive au début de 1722, puis est nommé à Messine
par provisions du 17 juin 1723, et à Naples le 11 octobre 1732.
Il devient consul à Alger le 13 mai 1741 mais demande à
quitter ce poste dès juillet 1742, invoquant son âge et ses
infirmités, ayant en réalité refusé de baiser
la main du dey. Il obtient 1000 livres de retraite.
--------Pierre Thomas,
consul de France par provisions du 13 août 1742. Né vers
1698, Pierre Thomas est emmené en octobre 1717 à Constantinople
par le marquis Jean-Louis d'lJsson, marquis de Bonnac, ambassadeur auprès
de la Porte. Nommé consul à Salonique le 12 septembre 1736,
il y séjournera de janvier 1738 à février 1743. Affecté
à Alger par provisions du 13 août 1742, il y arrive le 7
juillet 1743 et y restera jusqu'en 1749. Il rejoint ensuite Alep où
il avait été nommé le 17 novembre 1748 aux appointements
mensuels de 8 500 livres par an. Il meurt le 6 janvier 1769 à Alep.
II venait d'obtenir une pension de retraite de 3000 livres sur la Marine,
le Trésor royal et la chambre de commerce de Marseille. Il avait
épousé, en 1744, Catherine de Marchi, née le 15 juillet
1711, à Constantinople, dont il a une fille unique, Marie-Sophie-Joseph,
née et baptisée à Alep le 25 avril 1750, qui épousera,
toujours à Alep, le 16 juillet 1769, Joseph Amoreux, consul de
France en Morée. Pierre Thomas était noté comme "un
fort bon sujet qui a toujours vécu tranquillement avec ses nationaux
et les puissances du pays et auquel on ne peut reprocher que d'agir avec
un peu de faiblesse".
--------André-Alexandre
Le Maire, consul de France, nommé le 17 novembre 1748.
André-Alexandre Le Maire, fils de René Le Maire, consul
de France à Alger de 1690 à 1697, et d'Anne Demonceaux,
obtient une place "d'enfant de langues"
le 25 août 1717 et entre le 16 mai 1723 chez les capucins de Péra
(banlieue de Constantinople) pour y apprendre le turc. Il est nommé
chancelier à Chypre le 15 novembre 1730 et devient consul le 7
juin 1741, après la retraite de son cousin Jacques-Louis Le Maire.
Il assure l'intérim du consulat d'Alger en 1743 entre le départ
de François Devant et l'arrivée de Pierre Thomas, puis est
nommé consul à Alger le 17 novembre 1748. Il prend ses fonctions
le 6 juin 1749. Alors considéré comme "un
homme d'esprit, capable, écrivant bien, sachant le turc";
on lui reproche "d'avoir trop de finesse
et de subtilité et d'être un peu avantageux".
Après la la mort, à la suite d'une bastonnade, du capitaine
français Prépaud, coupable aux yeux des barbaresques d'avoir
osé se défendre contre un corsaire algérien, André-Alexandre
Le Maire quitte Alger, le 28 avril 1754, pour aller prendre des ordres
directs à la cour de Versailles. Revenu le 21 juin 1755, il s'absente
de nouveau d'août 1755 à juin 1756. Le 11 octobre 1756, il
est arrêté et mis aux fers avec les esclaves parce que le
royaume de France laissait sans réponse la prétention du
dey de recevoir un cadeau annuel. Relâché en décembre
1756, grâce aux démarches du vicaire apostolique le père
Amoul Bossu, il est nommé consul à Raguse (république
de Venise) le 13 juin 1757 et rejoint son poste le 17 mars 1758. Il est
enfin nommé consul en Morée le 9 janvier 1764 mais doit
quitter son poste en 1770 lors de l'invasion de la Grèce par les
Russes, après avoir rédigé un journal sur le siège
de Coron. Il meurt à Marseille en novembre 1771. Sa veuve, Magdeleine
Sauvaire, née à Coron le 14 avril 1751 et baptisée
le même jour en l'église de la paroisse de la nation française,
qu'il avait épousée le 14 janvier 1768, toujours à
Coron, percevra une pension annuelle de 1 500 livres sur le Trésor
royal.
--------Le
père Arnoul Bossu, nommé consul de France par
intérim entre octobre 1756 et novembre 1757.
--------Arrivé
à Alger comme vicaire apostolique en août 1746, le père
Amoul Bossu rédige en 1749 un rapport sur l'église d'Alger.
Il décrit le clergé, les fidèles, les chapelles et
les moeurs et caractères des Algériens. Lorsque le consul
AndréAlexandre Le Maire est mis aux fers le 11 octobre 1756, il
en informe aussitôt la cour de Versailles. Il est alors nommé
consul en titre et sera chargé de négocier la liberté
de son prédécesseur. Son intérim cessera le 11 novembre
1757, avec l'arrivée de Joseph-Barthélémy Péron.
--------Joseph-Barthélémy
Péron, nommé consul de France le 26 septembre
1757. Joseph-Barthélémy Péron était directeur
général de la Compagnie d'Afrique (pêche au corail),
à La Calle, depuis mai 1751, quand il est nommé consul de
France à Alger par provisions signées à Fontainebleau
et datées du 27 novembre 1757. Arrivé à Alger le
29 août 1757, il ne fera enregistrer ses provisions en Chancellerie
que le 28 février 1758, après avoir obtenu une gratification
de 600 livres pour ses frais d'installation. Accusé d'espionnage
et de délivrance de passeports aux ennemis de la régence
(il avait réclamé un ressortissant espagnol comme français),
il est renvoyé après s'être violemment opposé
au dey. II embarque à destination de la France le 13 mai 1760 sur
la barque "Les Cinq Frères".
--------Le père
Théodore de Groiselle, nommé consul de France
par intérim entre mai 1760 et mai 1763.
--------Père
rédempteur, missionnaire installé à Alger à
partir de 1752, le père Théodore de Groiselle se dévoue
au moment des épidémies de peste de 1752, 1753 et 1756.
Il remplit, à partir du 30 novembre 1757, les fonctions de pro-vicaire
apostolique, puis celles de vicaire apostolique des régences d'Alger
et de Tunis.
--------En
mars 1760, Joseph-Barthélémy Péron, expulsé
de la régence, lui remet la gérance du consulat, fonctions
dans lequel il sera confirmé par le roi le 30 juillet 1760. Les
missionnaires chrétiens sont à l'époque l'objet de
nombreuses avanies de la part des barbaresques et les églises d'Alger
sont fermées jusqu'au 23 février 1763.
--------Le
père Théodore de Groiselle reste néanmoins sur place
jusqu'à l'arrivée, en mars 1763, de son successeur, Jean-Antoine
Vallière. Il quitte Alger sur une frégate hollandaise.
--------Jean-Antoine
Vallière, nommé consul de France le 12 avril
1762.
--------Natif
d'une famille de Grans, près de Salon-deProvence (Bouches-du-Rhône),
Jean-Antoine Vallière est écrivain ordinaire des Galères
à Marseille, en 1740. I1 est nommé chancelier, le 26 décembre
1745, à Candie (Crète), puis à Tripoli de Barbarie,
le 17 novembre 1748, il est affecté comme vice-consul à
Alexandrie, par brevet du 17 niai 1756. Il retourne à Marseille
en 1762. Il est nommé consul à Alger le 12 avril 1762 et
rejoint son poste le 21 mai 1763. A la suite d'un incident entre un navire
français et un corsaire algérien, Jean-Antoine Vallière
est nus aux fers, sur ordre du dey, avec son chancelier, Pierre Armény
de Bénezet, le pro-vicaire apostolique Lapie de Savigny et tous
les nationaux français. La nation française et ses représentants
sont ainsi employés à des travaux publics et sont l'objet
d'insultes de la part de la population qui se réjouit de leur misère
et de leur humiliation. A force de présents en numéraires,
tous ces otages seront libérés après quarante-six
jours d'insultes et de souffrances. Le roi de France enverra une escadre
croiser au large d'Alger pour éviter des récidives. Jean-Antoine
Vallière reçoit une pension de 1200 livres en indemnisation
de sa captivité mais ne reprend son poste à Alger qu'en
1767, qu'il quittera le 11 août 1773 après avoir fait valoir
ses droits à une retraite de 3.500 livres. Il se retire à
Marseille, puis à Grans, où il exerce les fonctions de premier
échevin, de 1776 à 1780. En janvier 1777, il est nommé
plénipotentiaire pour la paix entre l'Espagne et la régence
d'Alger sous la médiation de la France. Il meurt le 4 décembre
1786 à Grans. Sa veuve, Marie-Anne-Marguerite-Jeanne Chambon, née
à Marseille le 5 septembre 1737, dont il n'aura pas d'enfant, obtiendra
le 14 janvier 1787 une pension de 600 livres sur la chambre de commerce
de Marseille.
--------Robert-Louis Langoisseur
de La Vallée, nommé consul de France par brevet
du 11 août 1773 et consul général par provision du
9 décembre 1776.
Né le 18 mai 1744 à Coutances (Manche) et baptisé
en l'église de la paroisse Saint-Nicolas le 19, Robert-Louis Langoisseur
de la Vallée est le fils de Robert-Louis Langoisseur de la Vallée,
premier bourgeois de Coutances, et de Marguerite Urfanson. Employé
dans les bureaux de la Marine dès 1761,-Ï] est proposé
en 1773 pour remplacer Jean-Antoine Vallière à Alger et
y est nommé consul de France le l l août, avec une gratification
extraordinaire de 1000 livres. Embarqué sur la frégate du
Roi, "La Sultane"; il prend ses fonctions le 4 novembre. Avant
son départ, il a épousé Victoire-Félicité
Renard, fille d'un avocat au Parlement, qui le suit en Afrique et dont
il a trois enfants vivants, ElisabethPierrette, née à Alger
le 4 juillet 1774, AdélaïdeLouise-Eulalie, née à
Alger le 5 juillet 1776, et Aimée-Victoire-Eléonore, née
à Alger le 20 août 1778. Il reçoit le 12 mai 1774
les pleins pouvoirs pour signer et confirmer les anciens traités
entre la France et la régence d'Alger. Ses bons et loyaux services
lui valent, le 11 novembre 1775, un brevet de pension de 500 livres sur
la Marine, ainsi qu'une gratification exceptionnelle de 2000 livres.
--------Nommé
consul général (grade récemment créé)
le 9 décembre 1776, avec appointements annuels de 15 000 livres,
il est considéré "bon sujet, un peu faible et timide"
mais "qui sert avec zèle... dans
des positions dangereuses, surtout lors de l'invasion des Espagnols"
Ils estiment également qu'il "est
assez aimé à Alger où il convient de le laisser,
d'autant que les changements de consuls occasionnent des dépenses
qu'il est bon d'éviter . " Robert-Louis Langoisseur
de la Vallée obtient cependant de revenir en France le 2 septembre
1781, et il est remplacé par Jean-Baptiste-Michel Guyot de Kercy
auquel il remet les archives du consulat général le 16 septembre
1782. Entre-temps, son épouse Victoire-Félicitée
était morte à Alger le 20 février 1781 et sa position
de consul général de France était devenue intenable
en raison des nouvelles prétentions du dey et des outrages faits
à la nation française. Déjà titulaire, depuis
1775, d'une pension de 500 livres sur la Marine, il reçoit du Roi,
le 29 août 1783, une pension de 3 500 livres qui s'ajoute à
la première. En 1786, il habite à Paris, rue de la Michaudière,
et il se retire, en 1792, à Triel-sur-Seine (actuelles Yvelines).
En l'an VIII, il deviendra secrétaire général du
département de Jemmapes (actuelle Belgique)
--------Jean-Baptiste-Michel
Guyot de Kercy, nommé consul général de
France par provision du 2 septembre 1781.
--------Né
le 26 février 1751 à Saint-Aubin-duCormier (Ille-et-Vilaine),
baptisé le 1H mars suivant, Jean-Baptiste-Michel Guyot de Kercy
est le fils de Pierre-Aaron Guyot de Kercy et de Marie Le Prince. Avocat,
nommé chancelier à Lisbonne le 11 novembre 1775, avec 1
200 livres d'appointements annuels, il devient viceconsul à Rosette
(actuelle Égypte) le 9 décembre 1776, puis vice-consul à
Damiette (Égypte) le 6 avril 1778, où il se conduit "
à la plus entière satisfaction de
ses supérieurs dans des circonstances critiques ",
avant d'être nommé consul à La Canée, le 28
janvier 1779, et consul général en Morée (Grèce
actuelle) le 4 février 1781, avec 10 000 livres d'appointements
annuels. Il reçoit ses provisions de consul général
à Alger le 2 septembre 1781 avec 15 000 livres de traitement annuel,
rejoint son poste le 13 septembre 1782. Il subit les bombardements d'Alger
par les Espagnols, en 1783 et 1784, négocie en juin 1785 le rachat
de 315 captifs chrétiens pour 639 053 livres, expédie en
France de nombreux animaux, dont quatre grandes autruches, pour la Ménagerie
du Roi. Il quitte Alger le ler octobre 1790, ayant sollicité sa
retraite. Le gouvernement révolutionnaire ne pouvant plus payer
les pensions, il est nommé consul général à
Hambourg, pour les villes hanséatiques, par bon du Roi du 2 mai
1790 et provisions du 14 novembre 1790, avec appointements mensuels de
15 000 livres. Arrivé à Hambourg le 24 septembre 1792, il
reste jusqu'en 1796, ses appointements étant réduits, par
la dévaluation de la monnaie française, à 3 000 livres.
Nommé consul général et délégué
du gouvernement français à Livoume (Grand duché de
Toscane), il y reste du 14 ventôse an V au 29 germinal an X avec
4 000 francs germinal de traitement A partir du 30 juin 1801, il perçoit
une retraite de 4 000 francs. Toute sa carrière, ses qualités
pro
fessionnelles, sa modestie, son désintéressement, son habileté
et ses capacités ont été unanimement reconnues. Il
meurt après 1801, sans alliance et sans descendance.
--------Césaire-Philippe
Vallière, consul général de France le
11 septembre 1790. Né le 13 octobre 1756 à Grans, Baptiste-CésarPhilippe
dit Césaire-Philippe Vallière est le fils de Jean-Louis-Philippe
Vallière, mort sur l'échafaud, à Marseille, en 1794,
et de Louise Henriette Vachet. Il est neveu de Jean Vallière, consul
de France à Alger, de 1763 à 1773, dont il deviendra le
légataire universel. Entré au service de la Marine en qualité
d'élève, commissaire en août 1773, il le reste jusqu'à
la suppression de son corps en décembre 1776. Il navigue à
bord de "l' Atalante" sous les ordres du marquis de Chabert
en compagnie de ChoiseulGouffier, futur ambassadeur de France à
Constantinople. Il est nommé secrétaire à la légation
de son oncle, Jean-Antoine Vallière, lors de la médiation
de la France pour la paix entre l'Espagne et la régence d'Alger
en janvier 1777, puis entre au bureau des consulats en août de la
même année. Nommé vice-consul résident auprès
du consul de France à Alger le 28 janvier 1779, ses supérieurs
le jugent comme "un sujet de beaucoup d'espérance"
et il rédige un mémoire, "L' Algérie en 1781"
. Il devient vice-consul auprès du consulat de France à
Tripoli de Barbarie, en 1781, et assure la gérance du poste en
1787. Le 11 septembre 1790, nommé consul général
de France à Alger et chargé d'affaires de France auprès
du dey, il rejoint son poste le 15 janvier 1791 ayant prêté
le serment de fidélité à l'assemblée législative,
le 29 décembre 1790, à Toulon. Césaire-Philippe Vallière
ne parle pas l'arabe ni le turc mais la langue franque ("sabir"
fait d'italien, d'arabe, de turc et d'espagnol, dialecte alors communément
parlé au Maghreb). Il s'occupe tout d'abord de rachat et d'échanges
d'esclaves. Il est accusé de négoce illicite en 1793 et
apprend par des fugitifs de Marseille la mort le 13 mars 1794 de son père
Jean-LouisPhilippe "sous le fer de la loi".
Il offre aussitôt sa démission, refusée, mais il sera
destitué le 28 brumaire an IV pour ses liens avec son beaufrère
Pierre-Joseph Meifiund, émigré de Toulon, contre-révolutionnaire
notoire. De retour à Marseille en 1801, il se livre, avec le banquier
parisien Poulard, à de fructueuses opérations immobilières.
Nommé "répartiteur des contributions
directes", à Marseille, le 10 messidor an XI, puis
"commissaire répartiteur de la ville
de Marseille", pour l'année 1807, le 22 avril 1806,
il continue néanmoins d'importants négoces avec Alger et
Tripoli de Barbarie (commerce du sel et du souffre). Il meurt sans alliance
et sans descendance après janvier 1823.
A suivre
Source
Mézin Anne, Les Consuls de France au siècle des Lumières,
Imprimerie nationale.
N° 83 - 3e trimestre 2003 - Généalogie Algérie
Maroc Tunisie
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