LA REPRÉSENTATION CONSULAIRE FRANÇAISE EN AFRIQUE DU NORD
À ALGER : Aux XVIIè et XVIIlè siècles
Le GAMT :"Nous entamons la publication d'une série d'articles consacrés aux représentants de la France dans les différentes régions nord-africaines, devenues le Maroc, la Tunisie et l'Algérie actuels. Ces documents témoignent de l'ancienneté des relations avec la France.
Ces textes sont dus à notre ami regretté Pierre Vanoverschelde(1), lui-même au consulat général de France, à Rome, lorsqu'il nous les a très aimablement fait parvenir. Empruntant ses informations à un remarquable livre d Anne Mézin(2), il soulignait " qu'il comporte de nombreux renseignements d'intérêt généalogique et, entre autres, relate avec précision quelques évènements d'état civil. " Que ce soit pour nous l'occasion de saluer sa mémoire."

extrait revue du gamt, n°80, 2002/4 et n° 82, 2003/3...adhérez !
1) Pierre Vanoverschelde utilisait le pseudonyme de Pierre d'Outrescaut.2) Anne Mezin, "Les Consuls de France au siècledes Lumières" Imprimerie nationale - ISBN2-11-089158-0.
sur site le 23-09-2003...augmentée le 2-5-2009

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-------Le consulat de France à Alger avait été créé le 15 septembre 1564 en faveur de Vincent Bertholle, de Marseille, qui n'a jamais pu rejoindre son poste.
-------Au cours du XVIIIè siècle, les consuls et consuls généraux de France suivants s'y succédèrent
=Philippe Jacques Durand, installé à Alger par Denis Dusault, le 20 février 1698. D'origine parisienne, il occupera ses fonctions jusqu'au 30 novembre 1705.
= Jean de Clairambault, nommé consul de France par provisions royales datées du 24 février 1706. Il quittera Alger en février 1717.
-------Jean de Clairambault est natif de Nicey (Côte d'Or), dans le diocèse de Langres, fils de Claude, marchand de bois, et de Françoise Tribouillard. "Jeune de langues" chez les capucins de Péra, dans la banlieue de Constantinople, en 1689/1690, où il étudie le turc et l'arabe, il est envoyé à Alger comme interprète au début de l'année 1697, avant d'être nommé chancelier le 5 juin 1698. En dehors de ses fonctions consulaires, il se livre à des opérations commerciales pour son propre compte (importations, exportations, prises de participations dans l'achat de bâtiments de commerce, dont l'un d'entre eux, la tartane "Saint Jean Baptiste", appartenait à son collègue Robert Colt consul d'Angleterre à Alger). Au départ de Philippe-Jacques Durand, il assure l'intérim du consulat jusqu'à sa nomination officielle comme consul en date du 24 février 1706. Le 3 juillet 1714, il épouse à Alger, avec le consentement du ministre de la Marine, Madeleine Désirée Durand, fille de son ancien chef de poste et d'Agnès Le Tourneur. Il reste sur place jusqu'en février 1717 puis rejoint le consulat de France à Livoume, dans le Grand duché de Toscane, où il avait été nommé par provisions royales de septembre 1716. En novembre 1719, il est nommé consul en Morée (Grèce du sud), en résidence à Modon, où il mourra le 12 novembre 1745.

=Jean Baume nommé consul de France à Alger par provisions royales du 14 septembre 1716.
-------Originaire de Marseille, Jean Baume a servi pendant quinze ans dans les bureaux de la Marine en qualité de commis. Il est nommé consul à Alger par provisions du 14 septembre 1716 et prend ses fonctions le 27 janvier 1717, date, de son arrivée en Afrique, après avoir embarqué le 20 janvier sur la barque "Le Saint Pierre". Il quitte son poste en décembre 1719, à la demande du dey d'Alger à la suite de maladresses vi-à-vis des autorités ottomanes et de spéculations commerciales malchanceuses. Il embarque à destination de Tunis en compagnie de Denis Dusault, qui était venu négocier et signer le renouvellement des traités avec la régence, où il arrivera le 4 janvier 1720. Rétrogradé au vice-consulat de Candie (Crète) par brevet de mai 1720, avec appointements de 3 000 livres tournois par an, il rejoint ce nouveau poste le 13 juillet 1720 et donne toutes satisfactions à son chef hiérarchique, le consul Nicolas Morel de Cresmery, qui le considère comme "un des meilleurs sujets des Échelles". Jean Baume terminera sa carrière comme viceconsul à Alexandrie, où il est nommé par brevet du 4 mai 1735, avec appointements de 5 000 livres.

= Antoine-Gabriel Durand, consul de France à Alger par provisions royales du 19 mars 1720. Il mourra sur place le 8 octobre 1730.
-------Fils de Philippe-Jacques Durand, consul de France à Alger de 1697 à 1705, et de Agnès Le Tourneur, tous deux Parisiens de la paroisse de Saint-Germain l'Auxerrois, AntoineGabriel Durand devient le chancelier de Jean de Clairambault le 30 novembre 1705. Renvoyé par Jean Beaume, il est nommé viceconsul à Candie, où il arrive en février 1719, et y reste jusqu'en juillet 1720. A la demande de Denis Dusault, riche négociant de Bayonne, fondateur en 1678 d'une fructueuse société se livrant à la pêche au corail au Bastion de France, et négociateur de plusieurs traités avec le Maroc, les régences d'Alger de Tunis et de Tripoli de Barbarie, Antoine-Gabriel Durand revient à Alger comme consul, par provisions du 19 mars 1720, et prend ses fonctions le 20 novembre 1720. Bien que nommé, en mai 1728, consul de France au Caire, il reste en fonctions à Alger à la demande du dey pour lequel il avait négocié avec les Chevaliers de Malte le rachat de dix-neuf esclaves barbaresques, équipage du bâtiment "La Gazelle". Il meurt, sans alliance et sans descendance, à Alger, le 8 octobre 1730 dans sa maison de campagne située au quartier dit des "Trois Points", et est enterré au cimetière chrétien. Les archives du consulat conservent sur lui la note suivante : " Le Sieur Antoine Gabriel Durand après s'être fait extrêmement aimer des gens de ce pays, décéda à Alger fort regretté ".

= Léon Delane, consul de France par provisions du 13 décembre 1730.
-------Originaire de Guyenne, probablement né à Bayonne, Léon Delane est le neveu de Denis Dusault déjà cité dans la notice biographique de Antoine-Gabriel Durand. Après avoir occupé à la fin du XVIIèsiècle les fonctions de chancelier au consulat de France à Tripoli de Barbarie durant cinq ans, il est nommé vice-consul à Candie, par brevet du 21 mars 1703, puis consul à La Canée (Crète) de 1708 à 1717. Lors d'un passage en France. il épouse à Marseille Claire Gaspary, fille de Mathieu Gaspary et d'Anne Ricard, riches négociants marseillais installés à Smyrne (actuelle Turquie), dont il aura trois fils, dont deux entreront dans les ordres, le troisième, François, deviendra par la suite consul à Seyde puis à Alep. Après 1717, Léon Delane quitte la carrière consulaire pour s'installer en 1720 comme négociant à Alger, où il seconde son oncle Denis Dusault dans ses affaires. En 1730, " sa fortune s'étant dérangée par le Système... ", il sollicite un nouveau poste consulaire et obtient le consulat d'Alger sur provisions du 13 décembre. Il s'installe dans ses fonctions le 12 juin 1731, arrivé en Afrique avec l'escadre de Duguay-Trouin. Plein de prétentions et peu diplomate, il se présente armé au Divan et n'est pas reçu par le dey. Il s'enferme alors dans son consulat jusqu'à son rappel en juin 1732. 11 regagne la Crète en qualité de consul à La Canée, où il arrive en septembre 1732 et y reste jusqu'au 15 août 1735. Il termine sa carrière à Alep, où il est nommé consul sur provisions du 4 mai 1735 avec 7 500 livres tournois d'appointements annuels. II meurt à Alep le 29 janvier 1742. Son épouse, Claire Gaspary était décédée le 23 avril 1731, à Marseille. Léon Delane avait été reçu chevalier de l'Ordre de Saint-Lazare en 1731.

= Benoît Le Maire, consul de France par provision du 16 avril 1732.
-------Benoît Le Maire est le fils de René Le Maire, consul à Alger de 1690 à 1697, et de d'Anne Demonceaux, tous deux natifs de Toulon. Chancelier au Caire par brevet du 16 novembre 1712, il remplace ensuite son oncle paternel Jean Le Maire à sa mort, le 25 mai 1717, comme vice-consul à Alexandrie où il restera jusqu'en juillet 1722. Il est ensuite nommé consul à La Canée par lettre du Conseil de Marine du 7 juin 1722, en remplacement d'un autre oncle paternel, Claude Le Maire, ancien consul au Caire, décédé avant d'avoir rejoint la Crète. Benoit Le Maire restera en Crète jusqu'en mai 1724. Il est ensuite nommé consul à Seyde, par provision du 26 avril 1724, où il restera 8 ans. Affecté à Alger par provisions du 16 avril 1732, il rejoint son poste le 5 juillet de la même année. Recevant des entraves dans ses fonctions de la part du dey, il demande sa retraite en septembre 1734 et est rappelé l'année suivante. Il perçoit alors une pension de 1 500 livres, retenue sur le budget du consulat d'Alger jusqu'en 1751, puis prise en charge par la suite par la chambre de commerce de Marseille. Le 4 octobre 1722, il avait épousé à Marseille une demoiselle Grégoire, soeur d'Alexandre Grégoire, député du commerce à Marseille.

= Alexis-Jean-Eustache Taitbout de Marigny, consul de France par provisions du 14 septembre 1734.
-------Né à Paris le 5 juillet 1695, baptisé le lendemain à l'église de la paroisse Saint-Paul, Alexis-Jean-Eustache Taitbout de Marigny est le fils de Jean Etienne Taitbout de Marigny, ancien secrétaire de l'ambassadeur de France à Constantinople, puis vice-consul à Scio (Turquie), à Alexandrie et à Larnaca, et de Barbe Mauclerc. Après avoir servi dans les Mousquetaires et exercé une charge de colonel de l'hôtel de ville de Paris, il devient négociant à Alexandrie, où son père exerçait la charge de vice-consul, par certificat de la chambre de commerce de Marseille en date du 4 juillet 1726. Nommé consul à Alger par provision du 14 septembre 1734, il rejoint son poste le 18 avril 1735. Sur place, il réussit " à faire avorter un traité d'alliance et de commerce exclusif que les Anglais étaient au moment de conclure avec la régence ". II quitte Alger en mars 1740 et est nommé consul à Naples par provisions du 13 mai 1741, poste qu'il rejoint en mars 1742. Faute de commerce entre le royaume de France et le royaume de Naples à cause de la guerre tuniso-napolitaine, de la peste en Sicile et en Calabre, de la guerre franco-anglaise et de la guerre de Sept Ans, " il est privé en partie puis en entier de son casuel; l'objet le plus considérable des émoluments de son emploi ", et déclare avoir, pour ses fonctions, consommé 126 000 livres de capitaux, ainsi que 28 000 livres sur la dot de son épouse. Il se trouve en congé en France, où il réside à l'hôtel de ville de Paris d'octobre 1759 à juin 1762.
-------Toujours en France "ses meubles et hardes"
seront saisis pour cause de dettes. Alexis-Jean
Eustache Taitbout de Marigny est mis à la
retraite en août 1766 avec 2 400 livres de
pension, moitié sur la Manne, moitié sur le
Trésor royal. En octobre 1768, il sollicite sans
résultats, la place de consul à Cagliari. II
meurt, après 1778, très certainement à l'abbaye
royale d Hérivaux, près de Luzarches (Val
d'Oise). Le 26 avril 1730, Alexis-Jean
Eustache Taitbout de Marigny avait épousé à
Paris, en l'église de la paroisse de Saint-Jean
de-Grève, Marie Jeanne Taitbout, née à Paris
le 9 juin 1711 et décédée à Alger le 11 mai
1738, dont il aura une fille et un fils, Alexis
Eustache-Victor, lequel entrera également
dans la carrière consulaire (vice-consul à
Messine en 1767, à Alexandrie en 1777, à
Tripoli de Syrie en 1779, consul général en
Morée en 1783, émigré à Constantinople en
1793. Il décède à Caffa en Crimée en 1806).
1564,15 septembre
Mars 1576-1585 (t 15 mars) Avril 1579-avril 1580 Avril1580-mars 1582 Mars 1585
Avril 1585-1618 1588-1596 1600 1618-1621 1621-1628

1564, 15 septembre Vincent Bertholle. Ne peut débarquer
Mars 1576-1585 (†15 mars) Capitaine Maurice Sauron
Avril 1579-avril 1580 François Guinguillet, vice-consul
Avril 1580-mars 1582 Lucency Prat, neveu du précédent
Mars 1585 Loys de La Moche Daries, n'exerce pas
  Père Jacques Bionneau, trinitaire
Avril 1585-1618 Jacques de Vias, conseiller d'Etat et maître des requêtes
1588-1596 Jean Ollivier, vice-consul
1600 Pierre Pascal, qualifié de consul
1618-1621 IntérimFrançois Chaix, vice-consul
1621-1628 Intérim Thomassin et Fréjus, résidents français
  Intérim Ancelme
  Intérim Martelly
  Intérim capitaine Clavel
Octobre 1623-1646 Balthasard de Vias, fils de Jacques Vias
1629-Mars 1631 Capitaine Nicolas Ricou. Non investi officiellement
Mars 1631 juillet 1633 Jehan Blanchard
1634-1640t Jacques Piou, vice-consul, mort de la peste
1639-1646 Intérim Thomas Picquet, agent du Bastion de France
1646 Charles Moutard
Juillet 1646 Père Lambert-aux-Couteaux
Juillet 1646-1661 Père Jean Barreau, lazariste
Avril 1647 François de Boyer
1661-1671 Père Jean-Armand Dubourdieu, lazariste
1671-1684 t Père Jean Le Vacher, lazariste. Exécuté le 29 juillet 1684
Septembre 1674-fév. 1675 Laurent d'Arvieux
Avril 1684-1685

Auger Sorhainde, gouverneur du Bastion, consul provisoire
Février 1685-Juillet 1688 t André Piolle. Exécuté le 3 juillet
Septembre 1689-fév. 1690 Intérim Barthélémy Mercadier. Révoqué le 8 février 1690
1690-Avril 1697 René Le Maire
Novembre 1697-1706 Philippe-Jacques Durand
1706-février 1717 Jean de Clairambault

Février 1717-décembre 1719
Jean Baume (nommé le 14 septembre 1716)
Décembre 1719 Intérim Lazare Loup, agent de la C` d'Afrique depuis 1709
Mars 1720-octobre 1730 Antoine-Gabriel Durand t 8 octobre 1730
1730 Intérim Thomas Natoire
Juin 1731-1732 Léon Delane (Nommé Décembre 1730)
Avril 1732-février 1735 Benoit Le Maire
Avril 1735-mars 1740 Alexis-Jean-Eustache Taitbout
1740-1742 Intérim M. de Jonville, chancelier
Mai 1742-1743 François d'Evans
Juillet 1743-mai 1749 Pierre Thomas
Mai 1749-décembre 1756 André Alexandre Le Maire t novembre 1771
Décembre 1756-oct 1757 Intérim père Bossu
Novembre 1757-avril 1760 Joseph Barthélémy Pérou (nommé juillet 1757)
Avril 1760-1763 Intérim père Théodore Groiselle, vicaire apostolique
21 mai 1763-janvier 1774 Jean-Antoine Vallière (nommé septembre 1761)
Août 1773-août 1783 Robert Louis Langoisseur de la Vallée
Juin 1779 Césaire Philippe Vallière, vice-consul
Sept. 1781-septembre 1786 Bourville vice-consul

1782-novembre 1783
Jean-Baptiste Philippe Casimir Amé, vice-consul surnuméraire
Mars 1782-novemb.1791 Jean-Baptiste Michel Guyot de Kercy
1786 Isnard, vice-consul
Janvier 1791-mai 1796 Césare Philippe Vallière (Nommé 1° septembre 1790)
Juin 1796-mai 1798 Jean Bon Saint-André
Mai 1798 Dominique-Marie Moltedo
Mai 1800-juin 1809 Charles-François Dubois- Thainville
Juin 1809 Intérim Raguesseau de la Chesnaye, vice-consul
1816-1827
Pierre Devait
Avril 1818 Rémy Guys, vice-consul


La représentation consulaire française en Afrique du Nord(3)
À Alger (suite)

--------François Devant, consul de France par provisions en date du 13 mai 1741. François Devant, natif de Lyon, débute dans la carrière des consulats vers 1703 et assure les fonctions de consul de France à Nice, de 1717 à 1721. Il devient consul à Cagliari où il arrive au début de 1722, puis est nommé à Messine par provisions du 17 juin 1723, et à Naples le 11 octobre 1732. Il devient consul à Alger le 13 mai 1741 mais demande à quitter ce poste dès juillet 1742, invoquant son âge et ses infirmités, ayant en réalité refusé de baiser la main du dey. Il obtient 1000 livres de retraite.

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Pierre Thomas, consul de France par provisions du 13 août 1742. Né vers 1698, Pierre Thomas est emmené en octobre 1717 à Constantinople par le marquis Jean-Louis d'lJsson, marquis de Bonnac, ambassadeur auprès de la Porte. Nommé consul à Salonique le 12 septembre 1736, il y séjournera de janvier 1738 à février 1743. Affecté à Alger par provisions du 13 août 1742, il y arrive le 7 juillet 1743 et y restera jusqu'en 1749. Il rejoint ensuite Alep où il avait été nommé le 17 novembre 1748 aux appointements mensuels de 8 500 livres par an. Il meurt le 6 janvier 1769 à Alep. II venait d'obtenir une pension de retraite de 3000 livres sur la Marine, le Trésor royal et la chambre de commerce de Marseille. Il avait épousé, en 1744, Catherine de Marchi, née le 15 juillet 1711, à Constantinople, dont il a une fille unique, Marie-Sophie-Joseph, née et baptisée à Alep le 25 avril 1750, qui épousera, toujours à Alep, le 16 juillet 1769, Joseph Amoreux, consul de France en Morée. Pierre Thomas était noté comme "un fort bon sujet qui a toujours vécu tranquillement avec ses nationaux et les puissances du pays et auquel on ne peut reprocher que d'agir avec un peu de faiblesse".

--------André-Alexandre Le Maire, consul de France, nommé le 17 novembre 1748. André-Alexandre Le Maire, fils de René Le Maire, consul de France à Alger de 1690 à 1697, et d'Anne Demonceaux, obtient une place "d'enfant de langues" le 25 août 1717 et entre le 16 mai 1723 chez les capucins de Péra (banlieue de Constantinople) pour y apprendre le turc. Il est nommé chancelier à Chypre le 15 novembre 1730 et devient consul le 7 juin 1741, après la retraite de son cousin Jacques-Louis Le Maire. Il assure l'intérim du consulat d'Alger en 1743 entre le départ de François Devant et l'arrivée de Pierre Thomas, puis est nommé consul à Alger le 17 novembre 1748. Il prend ses fonctions le 6 juin 1749. Alors considéré comme "un homme d'esprit, capable, écrivant bien, sachant le turc"; on lui reproche "d'avoir trop de finesse et de subtilité et d'être un peu avantageux". Après la la mort, à la suite d'une bastonnade, du capitaine français Prépaud, coupable aux yeux des barbaresques d'avoir osé se défendre contre un corsaire algérien, André-Alexandre Le Maire quitte Alger, le 28 avril 1754, pour aller prendre des ordres directs à la cour de Versailles. Revenu le 21 juin 1755, il s'absente de nouveau d'août 1755 à juin 1756. Le 11 octobre 1756, il est arrêté et mis aux fers avec les esclaves parce que le royaume de France laissait sans réponse la prétention du dey de recevoir un cadeau annuel. Relâché en décembre 1756, grâce aux démarches du vicaire apostolique le père Amoul Bossu, il est nommé consul à Raguse (république de Venise) le 13 juin 1757 et rejoint son poste le 17 mars 1758. Il est enfin nommé consul en Morée le 9 janvier 1764 mais doit quitter son poste en 1770 lors de l'invasion de la Grèce par les Russes, après avoir rédigé un journal sur le siège de Coron. Il meurt à Marseille en novembre 1771. Sa veuve, Magdeleine Sauvaire, née à Coron le 14 avril 1751 et baptisée le même jour en l'église de la paroisse de la nation française, qu'il avait épousée le 14 janvier 1768, toujours à Coron, percevra une pension annuelle de 1 500 livres sur le Trésor royal.

--------Le père Arnoul Bossu, nommé consul de France par intérim entre octobre 1756 et novembre 1757.
--------Arrivé à Alger comme vicaire apostolique en août 1746, le père Amoul Bossu rédige en 1749 un rapport sur l'église d'Alger. Il décrit le clergé, les fidèles, les chapelles et les moeurs et caractères des Algériens. Lorsque le consul AndréAlexandre Le Maire est mis aux fers le 11 octobre 1756, il en informe aussitôt la cour de Versailles. Il est alors nommé consul en titre et sera chargé de négocier la liberté de son prédécesseur. Son intérim cessera le 11 novembre 1757, avec l'arrivée de Joseph-Barthélémy Péron.

--------Joseph-Barthélémy Péron, nommé consul de France le 26 septembre 1757. Joseph-Barthélémy Péron était directeur général de la Compagnie d'Afrique (pêche au corail), à La Calle, depuis mai 1751, quand il est nommé consul de France à Alger par provisions signées à Fontainebleau et datées du 27 novembre 1757. Arrivé à Alger le 29 août 1757, il ne fera enregistrer ses provisions en Chancellerie que le 28 février 1758, après avoir obtenu une gratification de 600 livres pour ses frais d'installation. Accusé d'espionnage et de délivrance de passeports aux ennemis de la régence (il avait réclamé un ressortissant espagnol comme français), il est renvoyé après s'être violemment opposé au dey. II embarque à destination de la France le 13 mai 1760 sur la barque "Les Cinq Frères".

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Le père Théodore de Groiselle, nommé consul de France par intérim entre mai 1760 et mai 1763.
--------Père rédempteur, missionnaire installé à Alger à partir de 1752, le père Théodore de Groiselle se dévoue au moment des épidémies de peste de 1752, 1753 et 1756. Il remplit, à partir du 30 novembre 1757, les fonctions de pro-vicaire apostolique, puis celles de vicaire apostolique des régences d'Alger et de Tunis.
--------En mars 1760, Joseph-Barthélémy Péron, expulsé de la régence, lui remet la gérance du consulat, fonctions dans lequel il sera confirmé par le roi le 30 juillet 1760. Les missionnaires chrétiens sont à l'époque l'objet de nombreuses avanies de la part des barbaresques et les églises d'Alger sont fermées jusqu'au 23 février 1763.
--------Le père Théodore de Groiselle reste néanmoins sur place jusqu'à l'arrivée, en mars 1763, de son successeur, Jean-Antoine Vallière. Il quitte Alger sur une frégate hollandaise.

--------Jean-Antoine Vallière, nommé consul de France le 12 avril 1762.
--------Natif d'une famille de Grans, près de Salon-deProvence (Bouches-du-Rhône), Jean-Antoine Vallière est écrivain ordinaire des Galères à Marseille, en 1740. I1 est nommé chancelier, le 26 décembre 1745, à Candie (Crète), puis à Tripoli de Barbarie, le 17 novembre 1748, il est affecté comme vice-consul à Alexandrie, par brevet du 17 niai 1756. Il retourne à Marseille en 1762. Il est nommé consul à Alger le 12 avril 1762 et rejoint son poste le 21 mai 1763. A la suite d'un incident entre un navire français et un corsaire algérien, Jean-Antoine Vallière est nus aux fers, sur ordre du dey, avec son chancelier, Pierre Armény de Bénezet, le pro-vicaire apostolique Lapie de Savigny et tous les nationaux français. La nation française et ses représentants sont ainsi employés à des travaux publics et sont l'objet d'insultes de la part de la population qui se réjouit de leur misère et de leur humiliation. A force de présents en numéraires, tous ces otages seront libérés après quarante-six jours d'insultes et de souffrances. Le roi de France enverra une escadre croiser au large d'Alger pour éviter des récidives. Jean-Antoine Vallière reçoit une pension de 1200 livres en indemnisation de sa captivité mais ne reprend son poste à Alger qu'en 1767, qu'il quittera le 11 août 1773 après avoir fait valoir ses droits à une retraite de 3.500 livres. Il se retire à Marseille, puis à Grans, où il exerce les fonctions de premier échevin, de 1776 à 1780. En janvier 1777, il est nommé plénipotentiaire pour la paix entre l'Espagne et la régence d'Alger sous la médiation de la France. Il meurt le 4 décembre 1786 à Grans. Sa veuve, Marie-Anne-Marguerite-Jeanne Chambon, née à Marseille le 5 septembre 1737, dont il n'aura pas d'enfant, obtiendra le 14 janvier 1787 une pension de 600 livres sur la chambre de commerce de Marseille.

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Robert-Louis Langoisseur de La Vallée, nommé consul de France par brevet du 11 août 1773 et consul général par provision du 9 décembre 1776.
Né le 18 mai 1744 à Coutances (Manche) et baptisé en l'église de la paroisse Saint-Nicolas le 19, Robert-Louis Langoisseur de la Vallée est le fils de Robert-Louis Langoisseur de la Vallée, premier bourgeois de Coutances, et de Marguerite Urfanson. Employé dans les bureaux de la Marine dès 1761,-Ï] est proposé en 1773 pour remplacer Jean-Antoine Vallière à Alger et y est nommé consul de France le l l août, avec une gratification extraordinaire de 1000 livres. Embarqué sur la frégate du Roi, "La Sultane"; il prend ses fonctions le 4 novembre. Avant son départ, il a épousé Victoire-Félicité Renard, fille d'un avocat au Parlement, qui le suit en Afrique et dont il a trois enfants vivants, ElisabethPierrette, née à Alger le 4 juillet 1774, AdélaïdeLouise-Eulalie, née à Alger le 5 juillet 1776, et Aimée-Victoire-Eléonore, née à Alger le 20 août 1778. Il reçoit le 12 mai 1774 les pleins pouvoirs pour signer et confirmer les anciens traités entre la France et la régence d'Alger. Ses bons et loyaux services lui valent, le 11 novembre 1775, un brevet de pension de 500 livres sur la Marine, ainsi qu'une gratification exceptionnelle de 2000 livres.
--------Nommé consul général (grade récemment créé) le 9 décembre 1776, avec appointements annuels de 15 000 livres, il est considéré "bon sujet, un peu faible et timide" mais "qui sert avec zèle... dans des positions dangereuses, surtout lors de l'invasion des Espagnols" Ils estiment également qu'il "est assez aimé à Alger où il convient de le laisser, d'autant que les changements de consuls occasionnent des dépenses qu'il est bon d'éviter . " Robert-Louis Langoisseur de la Vallée obtient cependant de revenir en France le 2 septembre 1781, et il est remplacé par Jean-Baptiste-Michel Guyot de Kercy auquel il remet les archives du consulat général le 16 septembre 1782. Entre-temps, son épouse Victoire-Félicitée était morte à Alger le 20 février 1781 et sa position de consul général de France était devenue intenable en raison des nouvelles prétentions du dey et des outrages faits à la nation française. Déjà titulaire, depuis 1775, d'une pension de 500 livres sur la Marine, il reçoit du Roi, le 29 août 1783, une pension de 3 500 livres qui s'ajoute à la première. En 1786, il habite à Paris, rue de la Michaudière, et il se retire, en 1792, à Triel-sur-Seine (actuelles Yvelines). En l'an VIII, il deviendra secrétaire général du département de Jemmapes (actuelle Belgique)

--------Jean-Baptiste-Michel Guyot de Kercy, nommé consul général de France par provision du 2 septembre 1781.
--------Né le 26 février 1751 à Saint-Aubin-duCormier (Ille-et-Vilaine), baptisé le 1H mars suivant, Jean-Baptiste-Michel Guyot de Kercy est le fils de Pierre-Aaron Guyot de Kercy et de Marie Le Prince. Avocat, nommé chancelier à Lisbonne le 11 novembre 1775, avec 1 200 livres d'appointements annuels, il devient viceconsul à Rosette (actuelle Égypte) le 9 décembre 1776, puis vice-consul à Damiette (Égypte) le 6 avril 1778, où il se conduit " à la plus entière satisfaction de ses supérieurs dans des circonstances critiques ", avant d'être nommé consul à La Canée, le 28 janvier 1779, et consul général en Morée (Grèce actuelle) le 4 février 1781, avec 10 000 livres d'appointements annuels. Il reçoit ses provisions de consul général à Alger le 2 septembre 1781 avec 15 000 livres de traitement annuel, rejoint son poste le 13 septembre 1782. Il subit les bombardements d'Alger par les Espagnols, en 1783 et 1784, négocie en juin 1785 le rachat de 315 captifs chrétiens pour 639 053 livres, expédie en France de nombreux animaux, dont quatre grandes autruches, pour la Ménagerie du Roi. Il quitte Alger le ler octobre 1790, ayant sollicité sa retraite. Le gouvernement révolutionnaire ne pouvant plus payer les pensions, il est nommé consul général à Hambourg, pour les villes hanséatiques, par bon du Roi du 2 mai 1790 et provisions du 14 novembre 1790, avec appointements mensuels de 15 000 livres. Arrivé à Hambourg le 24 septembre 1792, il reste jusqu'en 1796, ses appointements étant réduits, par la dévaluation de la monnaie française, à 3 000 livres. Nommé consul général et délégué du gouvernement français à Livoume (Grand duché de Toscane), il y reste du 14 ventôse an V au 29 germinal an X avec 4 000 francs germinal de traitement A partir du 30 juin 1801, il perçoit une retraite de 4 000 francs. Toute sa carrière, ses qualités pro
fessionnelles, sa modestie, son désintéressement, son habileté et ses capacités ont été unanimement reconnues. Il meurt après 1801, sans alliance et sans descendance.

--------Césaire-Philippe Vallière, consul général de France le 11 septembre 1790. Né le 13 octobre 1756 à Grans, Baptiste-CésarPhilippe dit Césaire-Philippe Vallière est le fils de Jean-Louis-Philippe Vallière, mort sur l'échafaud, à Marseille, en 1794, et de Louise Henriette Vachet. Il est neveu de Jean Vallière, consul de France à Alger, de 1763 à 1773, dont il deviendra le légataire universel. Entré au service de la Marine en qualité d'élève, commissaire en août 1773, il le reste jusqu'à la suppression de son corps en décembre 1776. Il navigue à bord de "l' Atalante" sous les ordres du marquis de Chabert en compagnie de ChoiseulGouffier, futur ambassadeur de France à Constantinople. Il est nommé secrétaire à la légation de son oncle, Jean-Antoine Vallière, lors de la médiation de la France pour la paix entre l'Espagne et la régence d'Alger en janvier 1777, puis entre au bureau des consulats en août de la même année. Nommé vice-consul résident auprès du consul de France à Alger le 28 janvier 1779, ses supérieurs le jugent comme "un sujet de beaucoup d'espérance" et il rédige un mémoire, "L' Algérie en 1781" . Il devient vice-consul auprès du consulat de France à Tripoli de Barbarie, en 1781, et assure la gérance du poste en 1787. Le 11 septembre 1790, nommé consul général de France à Alger et chargé d'affaires de France auprès du dey, il rejoint son poste le 15 janvier 1791 ayant prêté le serment de fidélité à l'assemblée législative, le 29 décembre 1790, à Toulon. Césaire-Philippe Vallière ne parle pas l'arabe ni le turc mais la langue franque ("sabir" fait d'italien, d'arabe, de turc et d'espagnol, dialecte alors communément parlé au Maghreb). Il s'occupe tout d'abord de rachat et d'échanges d'esclaves. Il est accusé de négoce illicite en 1793 et apprend par des fugitifs de Marseille la mort le 13 mars 1794 de son père Jean-LouisPhilippe "sous le fer de la loi". Il offre aussitôt sa démission, refusée, mais il sera destitué le 28 brumaire an IV pour ses liens avec son beaufrère Pierre-Joseph Meifiund, émigré de Toulon, contre-révolutionnaire notoire. De retour à Marseille en 1801, il se livre, avec le banquier parisien Poulard, à de fructueuses opérations immobilières. Nommé "répartiteur des contributions directes", à Marseille, le 10 messidor an XI, puis "commissaire répartiteur de la ville de Marseille", pour l'année 1807, le 22 avril 1806, il continue néanmoins d'importants négoces avec Alger et Tripoli de Barbarie (commerce du sel et du souffre). Il meurt sans alliance et sans descendance après janvier 1823.
A suivre
Source
Mézin Anne, Les Consuls de France au siècle des Lumières, Imprimerie nationale.


N° 83 - 3e trimestre 2003 - Généalogie Algérie Maroc Tunisie