les feuillets d'El-Djezaïr
Henri Klein

L'installation Française en 1830
Villas occupées

pages mises sur site le 22-1-2009

40 Ko
retour
 
En cliquant sur les mots ou groupes de mots en rouge, soulignés en rouge, vous accédez à la page correspondante.


Nombre de villas, avons-nous dit, furent également occupées. Beaucoup de propriétaires ayant, après quelque temps, demandé que celles-ci leur fussent restituées, l'Autorité Militaire satisfit à ce désir, à mesure que les circonstances le permirent. (Exception fut naturellement faite pour les propriétés séquestrées) (Afin de protéger les nombreuses maisons de la campagne et de la ville, demeurées sans maîtres, le Gouverneur décida, par arrêté du 26 mars 1831, que le Domaine Militaire serait séparé du Domaine Civil. Chaque immeuble occupé releva dès lors d'un service distinct et responsable.).

Déjà en 1831, le chef du Génie, envisageant la possibilité de libérer de leur servitude ces villas dont les occupants devaient être installés en de nouvelles casernes, écrivait :

"Par cette disposition, la plupart des maisons de campagne seront évacuées et rendues à leurs propriétaires. Les champs, partout stériles depuis le siège recouvreront leur fertilité et, partout la prospérité renaîtra sur les beaux coteaux qui faisaient l'agrément et la richesse de la ville".

On dut cependant conserver quelques-unes de ces maisons dont le Gouvernement paya la location. Plusieurs dans le nombre, avaient été acquises par des Européens.

On prit ainsi à loyer :

La villa Mustapha-Pacha, affectée au 7° Régiment d'Infanterie Légère - pour 1.800 francs par an.

La ferme de l'Agha, occupée par deux escadrons de chasseurs - pour 1.000 francs.

Mustapha-Khiat (villa Yusuf) où logea l'Etat-Major - pour 600 francs.

La Maison-Carrée (Là se trouvaient les Haras du Dey. Ce domaine comprenait un bâtiment carré de 100 mètres de côté, à l'intérieur duquel se trouvait un autre bâtiment de 50 mètres de long, disposé pour 100 chevaux. 76 voûtes s'y trouvaient en outre, pouvant contenir trois chevaux chacune, soit au total, 228 bêtes. L'eau nécessaire était fournie par une fontaine, voisine de la rivière et pourvue de deux bassins.
A 150 mètres, en face du pont, s'élevait une maison servant de corps de garde.
Les chevaux et les troupeaux de la Maison Carrée furent tous enlevés en 1830, par le Bey de Constantine, à qui peu après, les tribus de la Kabylie ravirent ce butin.)
occupée par 500 hommes, 20 officiers et 60 chevaux - pour 500 francs.

La villa Abd-el-Tif, servant d'infirmerie à la Légion Etrangère - pour 1.000 francs.

La ferme Modèle ou Haouch Hassan-Pacha, gardée par un bataillon - pour 500 francs (Il fut créé là, par le Maréchal Clauzel en 1831, une ferme expérimentale. La fontaine mauresque, voisine, présentait jadis, sur une plaque de schiste, cette inscription plaisante : Cabaret du 23e).

Ben Akhnoun, dont la garnison en 1837, comprenait 121 hommes, 6 officiers - avec 161 chevaux - pour 2.000 francs (Propriété en 1830, du sieur Choppin. Au départ de la troupe devint un orphelinat que dirigea le P. Brumault décoré en 1850, et qui l'avait acquise avec ses 100 hectares, au prix de 108.000 francs. Servit de maison d'été aux Pères Jésuites du collège de la rue des Consuls. L'Etat en 1882, en devint propriétaire pour la somme de 300.000 francs. Une annexe du Lycée y fut ouverte en 1885.).

Nos troupes occuperent, en outre, les termes suivantes deja citees :
Djenan Mehemet Sehaous, à Kouba, où logèrent 125 cavaliers.

Bou-Derbah
entre Kouba et Vieux-Kouba (domaine de cinq hectares), qui appartenait au trésorier du Dey, et qui reçut 145 hommes et 125 chevaux. En 1839, la Cavalerie y fut remplacée par de l'Infanterie : le colonel Hulsen en prit possession avec 100 hommes du 58° de Ligne. La musique de ce régiment fut aussi logée là. Cette ferme entourée, après 1930, de murs et de fossés, était appelée : la Maison Crénelée. Deux tours flanquèrent le petit rempart, sur chacune desquelles furent tracées en gros caractères, ces inscriptions : Tour Louis, Tour Blanche, noms des enfants du chef de ce poste. A Bou-Derbah fut installée dans la suite, la brigade de Gendarmerie de Kouba, qui, antérieurement, se trouvait en une maison située dans le village même ( A Djenan Mehemet Sehaous.) où vécut ses premières années le général Margueritte dont le père était brigadier de la dite arme, sous les ordres d'un lieutenant résidant en ce lieu ( A signaler entre autres monuments de la commune, l'ancien Grand Séminaire et la statue du Général Margueritte, oeuvre d'Albert Lefeuvre, inaugurée en 1887, en présence du Gouverneur Tirman, du Ministre Granet, du Général Delebecque, de la veuve du héros de Sedan, de ses deux fils, et de l'étendart décoré du 1° Chasseurs. La tradition s'établit dans la suite, parmi les anciens de l'arme, de venir chaque année, déposer une gerbe au pied du monument. A mentionner de même l'église, la nouvelle Mairie.). Bou-Derbah depuis peu, n'existe plus.

Djenan-Chaouch, entre Kouba et le Gué-de-Constantine, que possédait le comte de Lanjuinais, Pair de France, où fut installée une manutention.

Hussein-Dey ( Voir encore à : Les Villas.), qui comprenait : un pavillon servant autrefois de pied à terre au dey Hussein. Celui-ci le construisit en 1821, sur un terrain qu'il avait acquis en 1815, au prix de 2.500 réaux. Le quartier où se trouvait cette campagne portait le nom de Bidji-Kou.

Pour agrandir son domaine, Hussein prit en 1820 un terrain voisin aux enfants du Sid Mohammed, agha des Spahis, donnant en échange à ceux-ci la maison n° 11 de la rue Annibal.

Des baraques, des écuries, construites après la conquête, purent recevoir en 1839, 290 hommes et 280 chevaux. Les officiers occupèrent le pavillon du dey.

En 1840, le Maréchal-Gouverneur décida qu'on logerait en ce poste, un régiment de cavalerie. Des baraques furent envoyées de France à cet effet, qui logèrent 500 hommes et 460 chevaux.

Le jardin avait été pourvu par les Turcs de deux puits à godets.

Plus tard, après l'évacuation du poste par les troupes, l'Administration des Tabacs prit possession de ce domaine et créa là un établissement, lequel coûta environ 800.000 francs.

Lamoricière qui fut pendant quelque temps chargé de surveiller la région avec une troupe de 100 Arabes et de 200 Français et Espagnols, habita cette résidence princière. Voici ce qu'il écrivit à ce propos :

"Le pays où nous sommes est délicieux. L'air est embaumé du parfum des jasmins, des géraniums et des roses. La maison que j'occupe est à 200 pas de la mer. C'est un lieu de plaisance du dernier dey d'Alger. Partout des bassins de marbre, des jets d'eau, des fontaines vives. C'est là, au milieu des merveilles de l'art et de la nature et de l'appareil militaire de mon camp que, matin et soir, je prends mon café et fume ma longue pipe. On s'ennuie, dit-on, en Afrique. Pour moi, le ciel du Midi est un vrai bonheur. Cette nature si variée dans ses paysages et ses productions, si pleine de vie dans ce qu'elle enfante, est une source d'observations qui ne tarit jamais, et je dis un peu comme Victor-Hugo"

Pourtant, j'aime une rive
Où jamais des hivers
Le souffle froid n'arrive
A mes vitraux ouverts!

"Mais voilà suffisamment de rhétorique, parlons de choses graves..." (Keller).

Lamoricière résida aussi à Alger.

Rappelons à ce propos, qu'après la première expédition de Blidah, il eut mission avec trois de ses camarades, de lever le plan de la ville, opération compliquée dans un véritable labyrinthe de rues étroites et tortueuses. Du côté de la mer où les maisons couvraient le rivage, il dut plusieurs fois se mettre à l'eau et même faire certains trajets à la nage.

Rappelons encore qu'étant adjudant-major, il apprit l'arabe auprès du consul anglais, Saint John. Mais poursuivons.
La maison de l'oukil El-Hardj Dammerdji, voisine de celle d'Hussein que vendit à un sieur Gantois, le sieur Benzamoun, consul de Toscane. Une manutention y fut installée.

La Maison des Consuls Réunis, occupée par des Vétérans avant mission de surveiller la région de Bouzaréah. Cette maison, où s'étaient rassemblés les consuls, en 1830, avait nom : Djenan ben et-Taleb.

Un acte officiel, daté du 31 janvier 1837, la désigne ainsi :
"Campagne située en face du jardin du cheik Ali, autrefois muphti Maléki, que borde la route qui conduit au puits Bir-es-Sbil. Cette campagne est voisine du jardin du Raïs Hamidou et de Djenan-Boukchouar."

Le Génie en fit l'acquisition en 1837. Son propriétaire était le Sid El Hadj ben etTaleb.

Haouch-el-Bey, en arrière de Fort-de-l'Eau où s'arrêtait le Bey de Constantine, apportant au Dey le tribut de sa province.

La Ferme du Bey d'Oran, située près de Boufarik, à un kilomètre de l'ancienne route, et qui pouvait contenir "200 fantassins ou 76 cavaliers avec leurs montures".

Au nombre des autres campagnes occupées, il y eut :

La villa du Consulat de Danemark ( Pendant les premières années de la conquête, la maison n° 24, de la rue Charles Quint, porta aussi le nom de Consulat du Danemark.); la villa du Consulat de Suède, située au- dessus de celle-ci, où avait été installée l'une des batteries qui bombardèrent de Fort- l'Empereur, et qu'on avait baptisée: Batterie Henry W (Ancienne propriété de Civrieux).

La villa du Consulat d'Espagne (Dar Naama), à l'entrée d'El-Biar, que posséda l'archiviste Devoulx ( Près de cette campagne se trouvait le Consulat de Hollande.).

La villa Djenan Raïs Hamidou, dite du Traité, où le général de Bourmont déposa l'acte de la capitulation d'Alger (à El-Biar). Cet acte avait été signé devant Fort- l'Empereur.

La maison de Yahia-Agha (remise par le Génie aux Domaines, le 11 septembre 1834), (même localité).

La villa Mustapha Khodja, au quartier Ras-el-Akba, sur le mamelon du Bois de Boulogne, dont devint propriétaire le prince El Hadj Omar.

La villa d'Ali-Agha
, connue aujourd'hui sous le nom de Château d'Hydra.

La ferme des Sept-Puits, à Château-Neuf, qui devint le Consulat de Toscane, et que posséda la baronne de Stranski. Là fut installé plus tard, le Couvent du Bon- Pasteur.

La maison des Quatre-Puits, sur la route de Dely-Ibrahim (remise aux Domaines le 5 mars 1835).

La villa Djenan-Muphti (campagne Polignac) à Bouzaréah, où fut, un moment, le quartier général du comte de Bourmont, en 1830, et qu'occupa aussi le général Berthezène.

Mustapha-Raïs, à Mustapha-Supérieur, remise le 26 avril 1835.

Yusuf-Khodja, aux Tagarins, entre la route du Sahel et le chemin de Fontaine- Fraîche ( M. Omar-el-Bey, qui fut il y a 25 ans, propriétaire du Café Maure bien connu du boulevard Pitolet, à Saint-Eugène, était un des descendants du Sid Yusuf Khodja.)

La maison de Baba Rouchi, le Manchot, dénommée: Maison des Pirates (sur le flanc de la falaise qui domine le Jardin d'Essai). Villa attenante à une autre, très ancienne, que possède M. Peltier, professeur à la Faculté de Droit, et à laquelle s'associe le souvenir du Raïs Hamidou. S'y trouvent de remarquables collections d'art et d'histoire.