les feuillets d'El-Djezaïr
Henri Klein

L'installation Française en 1830
Le logement des troupes

pages mises sur site le 20-1-2009

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-L'EXPEDITION d'Alger, de 1830, qui nécessita la constitution d'une flotte de plusieurs centaines de navires, sur laquelle furent embarqués trente-sept mille hommes, quatre mille chevaux, un énorme matériel de guerre et un immense approvisionnement de denrées de toutes sortes, imposa, on le sait, par sa préparation, à l'état- major français et aux divers services auxiliaires de l'armée une somme de travail considérable. Cependant la victoire ne marqua point la fin de l'effort auquel on avait été contraint par cette entreprise, car du jour de la capitulation de la Cité des Corsaires, surgit pour nos officiers le difficile problème de l'installation des troupes au sein de leur conquête.

A leur arrivée en effet, les soldats du général de Bourmont ne trouvèrent, dans Alger, que sept mauvaises casernes aménagées en réalité pour 2.000 janissaires seulement.

Aucun hôpital n'existait (Sauf celui improvisé pour les blessés turcs des récentes batailles, par le captif Pfeiffer, étudiant en Médecine, qui donna ses soins à plus de 2.000 malades.).

Les seuls magasins militaires étaient ceux de la Jénina et de la Marine.

On réussit pourtant à loger en cette ville, 15.000 hommes (dont 1.200 cavaliers).

Après les forts, les casernes - des édifices civils et religieux (environ quarante), de riches maisons particulières et nombre de villas furent successivement occupés.

On créa ensuite des casernes en bois et un hôpital, dans les jardins du Dey, pour
1.200 malades.

Mais l'embarras augmenta lorsque, en raison de l'insalubrité des bivouacs, il fut décidé que les troupes du dehors rentreraient en ville.

Il y eut encombrement partout.

L'intendant Denniée proposa alors, pour le logement des soldats, les maisons situées au long des remparts Bab-Azoun et Bab-el-Oued, dont les propriétaires, dit- il, seraient dédommagés par l'attribution d'immeubles appartenant au Beylik - l'État - (celui-ci possédait un quart de la ville). Le projet fut accepté. Toutefois, il ne fut qu'en partie réalisé et suivant une autre conception, car l'arrêté que prit à ce sujet le général Clauzel, ne fut pas appliqué, les bureaux de Paris s'étant prononcés pour la conservation des biens du Beylik.

On utilisa encore les maisons des Turcs déportés, qui furent séquestrées en vertu d'un arrêté du 10 juin 1831.

Cependant l'état sanitaire de l'armée était de moins en moins satisfaisant.

Du 25 juin au 10 août 1830, il y avait eu, dans les hôpitaux, un mouvement de 9.000 malades non compris ceux traités dans les infirmeries régimentaires; 300 hommes étaient, en outre, soignés dans les villas de la banlieue.

Un nouvel hôpital fut, en conséquence, créé au Palais de Mustapha Pacha (Orphelinat Saint-Vincent-de-Paul), à Mustapha-Supérieur, par l'intendant Denniée et par le sous-intendant d'Arnaud, qui firent construire des baraquements pour 1.000 malades, avec 20.000 planches envoyées de Palma.

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Hôpital de Mustapha-Pacha
Hôpital de Mustapha-Pacha (extrait des Feuillets)

Un hôpital fut aussi établi à Mahon pour nos soldats.

L'installation française, toutefois, fut cause de multiples ruines, non seulement dans Alger, mais aussi dans les environs.

Il fallait coûte que coûte loger une quantité d'hommes considérable. Il fallait d'autre part, se donner de l'air en cette cité où les places faisaient défaut. Dégradés par de nouveaux occupants et non restaurés, beaucoup d'immeubles devinrent bien vite inhabitables.

Le général Brossart rapporte que le nombre des maisons de campagne détruites autour de la ville fut de neuf cents ( Les démolitions furent non moins nombreuses à Oran où l'armée put utiliser comme combustible en 1831, 300.000 solives provenant d'immeubles détruits. (Pichon).).

Le Moniteur du 12 janvier 1832 nous apprend que, terrorisés par ces démolitions continuelles, 20.000 indigènes avaient déjà, à cette époque émigré dans le Levant.

Le baron Pichon, intendant civil de la Régence, que son désaccord avec le général en chef rendit peut-être un peu sévère à l'égard de l'armée, dit à ce sujet :

" Je n'ai pu voir qu'un ou deux jardins mauresques assez bien conservés, grâce à ce qu'ils ont, de bonne heure, été occupés par des officiers généraux : celui de Hamden et celui acquis par le général Brossart."

"Qu'on y mette un détachement, ils seront ruinés comme les autres."

"Les détachements, en effet, dévastent tout : les menuiseries et même les solives qui soutiennent les toits. La maison tombe en ruine aux premières pluies. Les orangers, les figuiers, les oliviers - soit des vergers, soit des bordures - ont le même emploi que les boiseries. Nos bûchers sont alimentés, en grande partie, de ce bois."

"C'est un spectacle affligeant que ces monceaux de décombres, occupant la place d'habitations que tout annonce avoir été fort jolies. J'en ai compté une vingtaine dans un rayon de quatre à cinq cents pas!..."

"Des lieux qui faisaient hameau : Birmandreïs, Birkadem et plusieurs autres, sont aujourd'hui des ruines, à deux ou trois maisons près."

"Il reste, de ces dévastations, des ferrements, des cuivres que le soldat, quand il vient à la ville, vend aux Juifs. Ceux-ci en font collection, les vendent aux négociants d'Alger qui les enfutaillent et les envoient â. Marseille ou à Livourne"
.

On peut encore voir, autour d'Alger, près de Ben-Aknoun, par exemple, des villas ruinées dont les murs se dressent parmi les buissons. Il convient cependant de dire qu'avant la conquête, nombre de villas étaient déjà en ruines, abandonnées, dès longtemps, par leurs propriétaires qui les croyaient hantées d'esprits malins.

Il est curieux maintenant de constater que la dévastation des jardins d'El-Djezaïr avait été déjà, avant la conquête, préconisée par l'un de nos agents diplomatiques. Dans le rapport, en effet, qu'il adressa à Paris, le 30 avril 1830, sur la demande du ministre de la Guerre, M. Guys, envoyé du Ministère des Affaires Etrangères, disait au sujet des ressources horticoles d'Alger :

" ... Ces divers arbres pourraient fournir, pour quelque temps, du bois à brûler qu'on apporte ordinairement des montagnes de l'intérieur".

Dans le cadre de la ville, les démolitions eurent lieu, à l'entrée de la rue BabAzoun et à l'endroit où fut créée la place du Gouvernement.

Les destructions nécessitées en cette partie de la cité furent commencées par le Génie (Le 16 novembre 1831, le général Berthezéne prit un arrêté approuvant le procès verbal de la première conférence tenue pour la création de la place publique d'Alger et mettant 20.000 francs à la disposition du chef du Génie pour les premiers travaux.). Sous le général Berthezéne, un marché fut passé avec un colon qui, moyennant une certaine somme, devait effectuer les démolitions et enlever les décombres. Le colon céda son marché et mourut peu après. Le cessionnaire, faute d'argent sans doute, suspendit les travaux et la place demeura inachevée.

Le Génie, alors, reprit l'oeuvre interrompue et employa les matériaux dégagés à l'exhaussement de la batterie, voisine de la place, dont la situation était si défavorable, que les vagues venaient battre les canons (Ces canons étaient, en 1835, au nombre de 21 (L. Beaulard).), oxydant ceux-ci de façon inquiétante. (D'après Carpentier, 1832).

L'établissem'ent du plan primitif de la place du Gouvernement fut confié à un architecte, nommé Luvini.

Le projet de celui-ci comportait la construction, sur cette place, d'un palais de marbre pour le Gouverneur et d'une salle de spectacle (œuvres non réalisées. Cette place que l'on orna tout d'abord d'orangers fut, en 1844, agrémentée (en sa partie Nord) d'un jet d'eau à vasques de bronze. En 1845, une statue équestre du duc d'Orléans y fut érigée. Plus tard, sous l'Empire, un candélabre de bronze surmonté d'une aigle fut placé en son milieu.).

Dès le début, l'armée et les services publics occupèrent dans la ville et sa banlieue, 114 maisons, 60 magasins et 4 fondouks, appartenant au Beylik. Furent occupés en outre 55 bâtiments appartenant aux villes saintes de La Mecque et de Médine, 11 propriétés de la Grande Mosquée, 29 possédées par des particuliers. En tout, 273 maisons. Dans ce nombre étaient comprises plusieurs mosquées.

Le défenseur le plus ardent de ces temples fut M. Pichon qui écrivait, à leur sujet, au Président du Conseil :

" ... Depuis mon arrivée, et dès que j'ai entendu parler de la Commission dite des "Locaux militaires", je n'ai entendu qu'un haro continuel sur les mosquées et sur la nécessité d'en prendre encore cinq ou six, outre les six ou sept que nous avons déjà. C'était avec une espèce de jubilation et d'ironie que certaines personnes - qui s'avisent ici, sans se soucier de savoir si cela entre dans les vues du Gouvernement, et dans ses intérêts, d'être des exterminateurs systématiques du culte musulman, et des populations qui le professent - m'abordaient pour me saluer de l'impossibilité où je serais de les sauver."

"Ces impertinences ne m'ont jamais ému. J'ai heureusement d'autres juges de mes actes que ces juges ignares et passionnés. J'ai donc attendu que le travail de la Commission arrivât."

M. Pichon explique ensuite que le Génie, ne pouvant entretenir les locaux occupés, les laisse tomber en ruines et en réclame de nouveaux.

"C'est là, dit-il, M. le Président, la cause, depuis les casernes jusqu'aux logements des officiers, de la ruine progressive d'Alger, que je vous ai si souvent signalée".

Il ajoute encore que le Génie veut que pour la défense, il n'y ait plus de mosquées sur le bord de la mer." Or, déclare-t-il, "il y reste les deux plus grandes : la Vieille Mosquée (la Cathédrale, celle où officie le Muphti) et la Mosquée Neuve. On dit qu'en cas de sédition on peut s'y porter et intercepter la défense. Avec ce raisonnement, il faudrait abattre tout le côté droit de la rue de la Marine. Ces mosquées sont sous le feu des batteries du port, sous le feu des vaisseaux mouillés dans la rade; elles sont voisines des grandes casernes et l'on ne manquerait pas de les occuper. La défense d'Alger ne peut, en aucun cas, dépendre de ces deux mosquées".

L'intendant Pichon écrivait encore au Ministre au sujet des mosquées :

"Vous sentez bien, Monsieur le Président, qu'à mes yeux, la première loi étant le salut de l'armée, je ne pourrais un moment hésiter à prendre toutes les mosquées, jusqu'à la dernière, s'il y avait nécessité. Mais pour les personnes que je signale, cette destruction est une affaire de goût et de passion. Il ne s'agit point de nécessité".

Amiral Duperré
Général de Bourmont
Amiral Duperré
Général de Bourmont

Monuments religieux retenus par l'armée ( Pour autres renseignements historiques, voir Devoulx)

Les monuments religieux occupés par la troupe furent :
Dans la Casbah :
L'ancien oratoire des Janissaires.

La jolie mosquée a
ux colonnes élégantes, que fit édifier Hussein, dont on fit en 1830, un dortoir pour les soldats et qui dans la suite, servit de magasin d'habillement. (Actuellement salle du Musée de l'Armée).

La mosquée à minaret octogonal
, voisine de l'entrée de l'ancienne citadelle. La troupe y logea jusqu'en 1839, époque à laquelle elle fut remise aux Domaines. Elle devint alors église catholique sous le vocable de Sainte Croix.(Le petit édifice, à colonnes torses, bordant ce temple, était le tribunal de l'agha, duquel relevaient les tribus environnantes. Il est englobé maintenant dans l'église).

La chapelle de Sidi-Essid et la mosquée Feurn-ben-Chekour
(rue de Toulon) qui furent en 1833, affectées au casernement de la Gendarmerie et plus tard, en 1844, firent partie de l'École de broderie arabe, dirigée par Mme Luce Ben Aben, et dont l'emplacement est aujourd'hui occupé par une école publique.

La Mosquée d'Ali-Pacha
, enclavée dans la caserne Médée supérieure, qui fut bâtie en 1750, par le Pacha Ali, sur l'emplacement de la Zaouïa de Sidi Akhal. (Théologien du XVIIème siècle).
Ce temple, désaffecté depuis 1830, fut en 1870, transformé en chapelle pour le séminaire que l'archevêque Lavigerie avait été autorisé d'installer en ce lieu.
En 1876, quand les casernes Médée furent transformées en Académie militaire, la chapelle disparut et fut remplacée par la salle dite "des Maréchaux".

La Djamâ Souk-el-Kettan
(mosquée du marché au lin), rue Porte Neuve, restaurée en 1820 par le Sid Mustapha Saïdji qui servit, en 1841, au logement des tambours de la milice.

La mosquée Sidi-Heddi
, que fonda le Raïs Mami, au quartier Tiber Routin (rue de la Lyre). Après avoir appartenu à l'armée, elle servit de local à une école arabe-française.

La chapelle de Sidi-Betka
, l'un des saints personnages à l'influence desquels les Musulmans attribuèrent la défaite de Charles-Quint devant Alger. Cette chapelle était située hors de la porte d'Azoun, sur la falaise (où fut créé le quartier Bresson). Les corsaires, en sortant du port, avaient coutume de la saluer de leur artillerie.
Dans cet établissement se tenaient les fossoyeurs du cimeiière Bab-Azoun. Là, étaient déposés les corps des janissaires qui, sur l'ordre du Pacha, avaient subi le supplice de la strangulation.
Ce monument religieux fut, avec sa mosquée, occupé, après 1830, par le Génie et par les Ponts et Chaussées. De 1842 à 1854, il fut successivement transformé en marché aux huiles et en halle au blé.

La chapelle Sidi-Aïssa de 1682
(actuel îlot du Cinéma Splendid), autrefois voisine de la caserne Didon que remplaça en 1875, le bâtiment des douaniers, relogés aujourd'hui, rue Berthezène.

La chapelle de Sidi Abd-El-Kader El-Djelani
(rue Waïsse), mort à Bagdad au Xlème siècle, et au nom duquel tous les mendiants arabes demandent l'aumône. Un puits voisin, dont l'eau passait pour miraculeuse, avait été creusé par celui-ci. Ce sanctuaire, très fréquenté des musulmans, disparut en 1866, sous les ouvrages du Boulevard, passant en ce lieu. Est considéré comme arbre-marabout, le palmier Bugeaud dont les racines sont supposées s'étendre jusqu'à la nappe d'eau qui alimenta le puits du saint.

La mosquée Mezzo-Morto, située rue Bab-Azoun et rue de Chartres, qu'édifia vers 1685 le pacha El Hadj Hossaïn, renégat italien. Cette mosquée était remarquable par sa coupole originale et son svelte minaret plaqué de faïences. Elle fut en 1830, transformée en hôpital. Le Génie la remit, en 1836, aux Domaines qui peut après, la firent démolir.

La Zaouïa Tchektoun (rue de l'Aigle), contiguë à la caserne Kherratine. Cet édifice existait au XVIème siècle. Il fut annexé à cette caserne en 1830, puis en 1838, à l'hôpital civil qu'on installa dans les locaux de celle-ci - et ensuite à la Poste et au Trésor qui furent transférés en cet endroit.

La mosquée Khédar-Pacha (rues Scipion et Bab-Azoun), construite dans le goût berbère (avec toits à tuiles), par le pacha Khédar en 1596. Cette mosquée servit d'annexe à l'Hôpital Kherratine, jusqu'en 1837. Elle fut démolie à cette époque.

La mosquée de Souk-el-Louth (du Marché aux Planches), rue Juba, que l'on donna à l'administration du Beïl-el-Mal (des Domaines), et qui fut détruite en 1836.

La Zaouïa Ketchaoua (rue du Lézard), édifiée en 1786 par El Hadj Mohammed Khodja Makatadji, secrétaire du palais du Dey. Cet édifice fut occupé jusqu'en 1835, par la Gendarmerie puis par le Beïl-el-Mâl, et enfin démoli.

La Djama Ech-Chouach (des chaouchs du Palais), attenant à la Jénina, qu'occupa Kheir-ed-Din. Elle servit, après 1830, de corps de garde ( La jolie mosquée voisine : Es Sida, où le Dey allait prier, le vendredi, la mosquée Mekaïssia et la Zaouïa d'El-Kissaria disparurent quand fut créée la place du Gouvernement.).

La Mosquée Ech-Chemaïn (de la rue des Marchands de bougies), à l'aile des rues Cléopâtre et Bab-el-Oued, dans le quartier dénommé, en 1740, Souk-el-Kheracin (des savetiers). Cette mosquée, occupée en 1830 par l'intendance, fut démolie en 1841.

La Mosquée Ed-Djenaïz
- des Funérailles - (rue d'Orléans), qui fut rebâtie en 1545, par El Hadj Pacha, lequel, à cette époque, gouverna la Régence par intérim. Le nom de cette mosquée est celui que portait jadis la rue d'Orléans où passaient les convois funèbres sortant de la Grande Mosquée et se rendant au cimetière de Bab-el-Oued. Cette mosquée dépendit, en1837, de l'hôpital Civil et fut utilisée en 1838 comme magasin central des Hôpitaux militaires.

Dans le quartier de la Darse :

Mesdjed-el-Marsa, la Mosquée du Port, attenant à la grande voûte de l'Amirauté, près de laquelle se trouvait le Bordj-el-Kébir (le grand fort). Cette mosquée fut englobée en des bâtiments nouveaux.

Le Marabout de Sidi-el-Roberini
, également à l'Amirauté, que décore de façon pittoresque un palmier étalé sur sa façade, et dont une moitié fut occupée par des batteries.

La Mosquée de Bab-el-Djezira (de la porte de l'Ile), à l'angle des rues de la Marine et des Consuls, qui fut construite, en 1693, par le Dey El Hadj Chaban Khodja, mort étranglé, et qu'agrandit Hassan Pacha, en 1795. Cette mosquée formait voûte sur l'entrée de la rue des Consuls. Elle servit de caserne au Génie de 1830 à 1834.

La Zaouïa El-Kechach, ancien n° 28 de la rue des Consuls, qui fut annexée au Magasin Central des Hôpitaux Militaires.

La très ancienne mosquée El-Kechach, - même rue que la précédente - de style berbère, comme la Grande Mosquée et Sidi-Ramdan. Ce temple, qui fut affecté, en 1831, au Dépôt des Lits Militaires, servit ensuite d'hôpital civil, puis de Magasin Central des Hôpitaux de l'armée. Devenu Ecole des Beaux Arts.

La mosquée Abdy-Pacha, rue Macaron, que le pacha Abdy fit construire, en 1725, près de la caserne des Lettrés (El - Mokryen), nom dont le peuple fit Makroun, et la population européenne Macaron (Selon Delvoux). Caserne démolie depuis peu.).
Le pacha Ben Bakir y ajouta en 1748, une école. Les deux édifices ont été affectés au Casernement en 1830, ainsi que la Caserne des Lettrés.

La Mosquée Kâ-es-Sour (du pied du rempart), 13 rue du Quatorze Juin, voie classée en 1910, au titre historique, par M. Jonnart.

La Mosquée d'Aïn-el-Harnra (de la fontaine rouge), rue Philippe, qui était située près de l'hôtel du colonel du Génie. Elle fut, en 1837 affectée au casernement militaire, et disparut plus tard, lors de la démolition de la voûte formant l'entrée de la rue Philippe.

La mosquée Sebath-el-Hout (voûte du poisson), au quartier Boteka (5 rue des Consuls), qui servit jusqu'en 1838 d'entrepôt de grains, puis de caserne jusqu'en 1845. La voûte qui lui donna son nom présentait sur l'une de ses pierres, un poisson sculpté.

La mosquée Sidi-Amar-et-Tensi (15, rue Jean-Bart), que bâtit, il y a plusieurs siècles, le célèbre marabout de ce nom. Une caserne y fut établie en 1830. La Direction de l'Artillerie y fut ensuite installée.

La mosquée d'Ali-Khodja, 10 rue Bisson, dans l'ancien quartier Hamnaam-el-Malah (des bains d'eau salée). Il est fait mention de cet édifice en un acte de 1621. Cette mosquée, dont le minaret, curieusement aménagé en logements, porte aujourd'hui le n° 10 de la rue Doria, a été après 1830, convertie en magasin pour les effets du Campement. Elle a été aliénée en 1844.

La mosquée Ben-Negro ou Djama-Setti-Myriem (de Madame Marie), à l'angle des rues Bab-el-Oued et Sidi-Ferruch, qui fut affectée, en 1830, aux Effets et Lits Militaires. Cette mosquée construite en 1660, fut démolie en 1837. Son minaret se dressait sur la rue Bab-el-Oued.

La mosquée Ali-Bitchnin (devenue Notre-Dame-des-Victoires), où fut installée la Pharmacie Centrale (Celle-d occupa, plus tard, la Caserne Macaron.) de l'Armée.
Cette mosquée date de 1622. Le choeur de l'église actuelle était jadis à découvert. Il s'y trouvait un jardin et un jet d'eau.
La jolie porte sculptée qui décorait naguère, l'entrée de l'église dans la rue de la Casbah, est l'oeuvre du maître Lablabtchi, amin des menuisiers. Elle a été, sur les instances du Comité du Vieil Alger, transférée pour sa conservation, au Musée des Antiquités. Chaque battant présente, ciselées, des rosaces, des arabesques et cette inscription, en caractères arabes : "Que la volonté de Dieu soit faite."
Cette porte provenait de la mosquée Ketchaoua, devenue la Cathédrale. Elle fut donnée au temple chrétien de la rue de la Casbah, en 1843. Le minaret, haut de 15 mètres, mais dont la solidité semblait douteuse, fut réduit en 1860 ( La croix de l'église fut, en 1851, renversée par la foudre, le même jour où, à Sidi-Ferruch, en 1847, avait été détruite par la mer, une primitive pyramide élevée en 1844, à la mémoire de l'Armée de la Conquête. Ce fut du Maréchal Pélissier que N-D. des Victoires reçut son maître-autel. En 1923, l'église eut son caractère mauresque modifié par des ornements d'un genre différent. En l'ancien mirhab, furent installés les fonts baptismaux.).

La mosquée de Sidi-er-Rahbi, du XVIème siècle, en face de la précédente, à l'angle nord des rues Bab-el-Oued et Tourville, qui demeura annexée, de 1832 à 1840, au Magasin Central de la Pharmacie militaire.

Hors de la porte Bab-el-Oued, près du fossé, sur, le côté gauche de la route : l'asile Bou-Touïl, petit édifice bas, servant, la nuit, de refuge aux indigents à qui des distributions de pain étaient faites, et le jour, de poste aux fossoyeurs des cimetières de Bab-el-Oued. Cette modeste construction qui, en 1830, fut affectée au casernement et plus tard, devint le quartier d'un détachement d'artillerie, abrita en 1860, sous le nom de: Pavillon des Cent Gardes, les cavaliers de l'escorte de Napoléon III. Cet édifice disparut lors de la construction du nouveau Lycée.

Attenant à Bou-Touïl, au bas d'un sentier qui montait au marabout Sidi-Abd-erRahman : la mosquée d'El - Mocella, oratoire où s'arrêtaient les convois funèbres qui se dirigeaient vers le champ de repos de Bab-el-Oued. Cette mosquée dont le front se parait de géraniums, était surmontée de deux coupoles surbaissées et pourvue d'un minaret. Un bouquet de palmiers, de lauriers-roses et de bellombras l'encadrait très agréablement. Elle fut construite par Mahmoud, chef de la Milice, en 1675.
El-Mocella servit au casernement en 1830, et fut démolie en 1862, quand furent commencés les travaux du Lycée.

En face d'El-Mocella, sur l'ancien sentier de Sidi-Abd-er-Rahman: la chapelle de Sidi-Salem, qu'avoisinaient une fontaine et un haut palmier transporté, en 1862, au square de la Régence. Cette chapelle, où furent logées des troupes, en 1830, disparut aussi en 1862. Une pièce des archives militaires nous apprend qu'elle fut restituée au Sid Ben Salem, sur ordre du Gouverneur, le 19 avril 1847.

Près du marabout Sidi-Abd-er-Rahman, dans le fossé des remparts: la zaouïa de Sidi-Amar-et-Tensi (le Ténesien), du XVIème siècle, qui fut occupée en 1831 par la Gendarmerie. Elle appartint à l'Armée jusqu'en 1861. La construction du Lycée entraîna sa destruction.

La mosquée de Sidi-Saadi, au-dessus du Jardin Marengo, contre le nouveau rempart - élevée, dit-on, par un pacha reconnaissant à qui le marabout Sidi Saadi aurait prédit son élévation au pc Génie. En 1850, elle servi elle servit de dépôt des poudres aux Contributions Diverses.

La mosquée de Sidi-Djami, en face de l'entrée inférieure du Jardin Marengo, qu'occupa longtemps la Gendarmerie. Elle fut louée, en 1850, aux Trappistes. On la dénomma: Petit-Staouëli. Auprès de cette mosquée avait été enterré le sid Yahia, avant-dernier agha.

La chapelle Sidi-Yacoub, dans le voisinage de la Salpétrière, bâtiment auquel elle fut annexée dès 1830.
Cet édifice, connu aussi sous le nom de Marabout de l'olivier, a été remis par l'autorité militaire à la ville d'Alger, le 27 mars 1865, à la condition que celle-ci ferait à ses frais, le raccordement du chemin de ronde de la Salpêtrière qui passe là, avec la route départementale de Saint-Eugène. Les arcades mauresques, vestiges de ce marabout, qui apportaient une jolie note d'originalité à ce coin, disparurent en 1910. Une maison nouvelle a été élevée en ce lieu.

Citons encore, parmi les édifices religieux des environs d'Alger :
La mosquée de Birmandreïs (bâtie par le pacha Abdy, en 1721) que les soldats habitèrent, ainsi que la mosquée de Birkadem (du puits de la Négresse).

Le marabout de Kouba, annexé au camp établi, en 1833, sur des terrains appartenant aux Maures Abd el Tif et Souk Ali, et occupés par la suite par le Grand Séminaire ( Le camp de Kouba fut remis aux Domaines en 1848. La même année, le 25 mai, le clergé en prit possession).
Ce marabout, sur leur demande, fut remis aux Arabes de la région en octobre 1846. La localité où se trouvait ce petit monument (Kouba), se nommait : quartier d'El-Kouba (d'où le nom du village actuel). Cet édifice religieux fut construit en 1545, par Hassen-Pacha.

A cette liste, il convient d'ajouter :
1° - Les voûtes de la Mosquée El-Djedid (de la Pêcherie) ( Construite en 1660, à l'aide de fonds offerts par le peuple sur l'emplacement de la Zaouïa Bou Anan. Classée ainsi que la Grande Mosquée, au nombre des monuments historiques.) qui servirent de magasins à l'armée et dont remise fut faite aux Domaines le 3 octobre 1864. Un sieur Cimato en devint locataire à cette époque.
2° - Les sous-sols de la Grande Mosquée ( Mosquée du Xè siècle. Ce furent les condamnés militaires du Fort-Neuf qui travaillèrent à la construction de la galerie extérieure à colonnes de marbre, qu'inaugura en 1837, le duc de Nemours.) qui, après avoir été utilisés, furent loués à des particuliers. Le sieur Picon les occupa de 1836 à 1838.
Un rapport militaire fit connaître que, dans la mosquée même, des soupentes furent établies le long des murs perpendiculaires à la grande façade, en vue d'une installation de lits (qui n'eut pas lieu).