Alger
- l'Algérie
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Texte, illustrations
: Georges Bouchet
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148 Ko |
o ZÉRALDA
Il semble que ce soit la distance entre les camps de Staouéli et de Koléa (19km) qui ait été jugée excessive et ait suscité le besoin d'une étape intermédiaire sur la route d'Alger à Koléa par le nord. Le projet d'El Hadjer situé sur un plateau à l'écart de la route déjà tracée dans la plaine littorale a été abandonné au profit du site de Zéralda plus commode. A vrai dire le choix définitif du site, un gué sur l'oued Mahelma, a placé le bivouac supplémentaire plus près de Staouéli (7km) que de Koléa (12km) vieille garnison turque entourée de murailles sise sur une colline et facile à défendre. La création de Zéralda obéit donc
d'abord, comme toutes les créations de village de l'époque,
à un impératif stratégique. Le texte fondateur, un
arrêté du Gouvernement Général, est du 13 septembre
1844 ; et le peuplement du village de 1845. A ce moment il
y avait bien à Staouéli un camp ou un bivouac militaire,
mais pas encore le village qui n'apparaît qu'en 1855. Entre les
villages de Chéragas et de Zéralda, il y avait 13km. Les premiers colons, comme partout dans le Sahel des années 1840 et 1850 cultivaient fourrages et céréales. La vigne fut plantée à la fin du siècle et élimina presque complètement les cultures précédentes. La voie ferrée a rapproché Zéralda d'Alger et permit le tout début de nouvelles activités appelées à se développer surtout après 1945, le maraîchage et le tourisme dominical balnéaire. Le train desservait non seulement le village de Zéralda, qu'il traversait au milieu de la rue principale, mais également une halte plus à l'ouest, dénommée Sidi Meunif (ou Sidi Ménif), près de laquelle furent bâties de grandes caves. Après la défaite de 1940 la commune a retrouvé
un rôle militaire dans sa partie forestière. En effet après
l'armistice de Rethondes qui nous avait imposé la suppression du
service militaire, on y avait installé un " Chantier de Jeunesse
" pour les garçons de vingt ans comme succédané
du service militaire. Cette institution, créée par Pétain
(loi du 3 juillet 1940), reçut sa dénomination définitive
en septembre. Quelques dates
Le territoire communal La commune de Zéralda est littorale avec 5 ou 6 km de plages de sable fin étirées entre un modeste oued à l'est (oued Lagaa plus connu sous le nom de Ravin des Voleurs) et une vraie rivière à l'ouest (le Mazafran). Sa superficie dépasse légèrement les 3000 ha. On doit y distinguer quatre zones clairement distinctes, et par le relief, et par la végétation ou les cultures. · Une longue plage bordée de dunes en partie fixées par des pins et tout à fait rectiligne. Le cordon dunaire est assez large pour gêner l'écoulement des eaux des petits oueds descendus des collines de Mahelma. Cette gêne explique qu'en 1840 les terres les plus basses étaient marécageuses en période de pluies. La région était paludéenne et difficile à mettre en culture. Il fallut drainer pour bonifier les terres : pour les points les plus humides on enterra sous les dunes une conduite qui permit d'évacuer vers la mer les eaux en excédent. Cette plage est restée déserte jusqu'aux années 1930. Après cette date le lotissement des sables d'or a été créé, qui a connu un rapide essor après 1945, avec village de toiles, cabanons, belles villas, commerces et restaurants, dont un vietnamien dont je fus le client satisfait en 1957/1959. La clientèle venait d'Alger bien sûr, mais après 1940 et surtout après 1955 il s'y ajouta la clientèle des soldats cantonnés dans les camps militaires installés dans la forêt des Planteurs. · La plaine derrière les dunes est en pente faible entre le bas des collines de Mahelma, à 100m d'altitude, et la route nationale 11 à 20 ou 30 m. A une échelle très réduite c'est une sorte de " plaine de piedmont " formée par les alluvions apportées par les ravins descendus des collines. Avec ses vignobles, ses parcelles de cultures maraîchères, la RN 11et le village, c'est le cur de la commune. C'est là que se trouvaient l'essentiel des ressources et des habitants. La vigne plantée après 1870 a régressé
après 1930 au profit du maraîchage ; mais elle n'avait pas
disparu, loin s'en faut. Il y avait des vignobles pour le chasselas à
exporter en France, et des vignobles pour le vin. L'essor du maraîchage a été favorisé ici, comme ailleurs sur la côte, par la douceur des hivers, la richesse de la nappe phréatique et la diminution de la durée du transport vers Marseille ou Paris, même si le recours à l'avion, parfois cité, ne pouvait être que très exceptionnel. · La
forêt des Planteurs Cette forêt a exercé une double fonction
récréative et militaire. Tout comme les forêts semblables
de Baïnem (communes de Guyotville et de Bouzaréa) et de Sidi
Ferruch (commune de Staouéli) la forêt des Planteurs a été
parcourue par les promeneurs dominicaux et estivaux attirés par
le calme et diverses cueillettes. Les records d'affluence de Pâques
et de la Pentecôte rassemblaient les mangeurs de mouna venus en
famille. La fonction militaire primitive était de protéger
les routes d'Alger et de Mahelma. La route de Mahelma et
de Douéra
qui matérialisait la troisième ceinture du plan
Guyot, traverse la forêt : deux redoutes de surveillance avaient
été construites à proximité, encore indiquées
sur la carte des années 1930. Large environ de 2km pour 2,5km de long, la forêt avait une superficie comprise entre 500 et 600ha. · Les
collines du sud-ouest sont peu élevées ; 170m
au maximum près du hameau du grand domaine de l'haouch Moga, et
140m au-dessus de la large vallée du Mazafran. Pour être complet il faudrait ajouter, sur la rive droite de la rivière, l'espace défriché et cultivé d'un lobe de rive convexe bien dessiné et plat. On voit sur la carte l'indication d'une ferme et d'une maison au bord ou au bout d'un chemin en impasse. Les champs de la rive gauche, nettement plus étendus, appartiennent à la commune de Douaouda Le village centre En 1962 Zéralda possédait de nombreux commerces et services qui ne se trouvaient pas dans la plupart des villages du Sahel : des médecins, des agences bancaires, une gendarmerie, des ateliers d'entretien et de réparation du matériel agricole et des voitures, une gendarmerie un abattoir et un stade. Si l'on ajoute une dizaine d'entreprises de conditionnement des légumes et du chasselas destinés à la Métropole, cela fait beaucoup d'emplois non directement agricoles. Dès la fin du XIXè siècle il y avait un hôtel-restaurant et des cafés pour lesquels le rôle de garnison de la forêt toute proche fut une aubaine.
Le lotissement des sables d'or Entre 1900 et 1914 le train a concurrencé et tué les transports antérieurs par diligence ; après 1914 c'est l'essor des transports par camions et par autobus qui a entraîné la fermeture de la ligne en 1935. Ensuite trois sociétés de cars ont assuré la desserte du village et de la commune :
Supplément sur les réseaux des trains à vapeur des CFRA dans le Sahel
J'utilise le pluriel " réseaux " pour accompagner la carte ci-jointe qui concerne le modeste réseau réalisé et les lignes projetées mais jamais construites. Mon ambition est de commenter cette carte. · Le
réseau réalisé à l'ouest d'Alger
par les CFRA En 1885 le Préfet
d'Alger demande aux maires intéressés de se mettre d'accord
sur les projets, à commencer par les tracés et l'écartement
des voies. On choisit vite l'écartement de 1,055m (appelé
voie métrique à l'époque).
Les lignes d'Alger à Koléa et d'Alger à Douéra furent classées parmi les lignes à créer d'urgence. Mais seule celle de Koléa fut effectivement construite. Pour leur exploitation les voies réalisées seront confiées à des sociétés privées. Malgré une convention signée en 1891 avec la société belge du banquier Edouard Empain qui gérait des lignes en France, Belgique et Espagne (et plus tard en Russie, Chine et Egypte), c'est finalement à la société anonyme des CFRA que fut, le 20 juillet 1894, confiée l'exploitation des lignes en construction. La DUP (déclaration d'utilité publique) de la voie Alger-Koléa avec embranchement vers Castiglione, est du 16 janvier 1892. Les mises en exploitation sont du 4 décembre 1900 pour Alger-Koléa et du premier avril 1903 pour l'embranchement Mazafran-Castiglione. La voie est commune jusqu'à la traversée du Mazafran sur un pont métallique de 77m de long. Elle se scinde aussitôt après. L'antenne vers Castiglione suit la RN 11 jusqu'au bout. La ligne de Koléa remonte la large vallée du Mazafran jusqu'à la plaine de la Mitidja et ne grimpe qu'ensuite à Koléa. par une rampe posée à l'écart de la route trop raide, le dénivelé étant de 113m (de 13 à 126m). En 1905 l'arrivée
à Alger fut améliorée par le creusement d'un tunnel
de 800 m sous le cap de l'Amirauté et la pointe d'El Kettani :
les trains de marchandises purent ainsi accéder aux quais du port
sans encombrer les voies urbaines saturées malgré leur électrification. ·La
DUP d'un second réseau est publiée le 7 mai 1914
et le réseau concédé aux CFRA. Ses lignes
auraient dû relier Koléa à Oued el Alleug au milieu
de la Mitidja, et à Marengo
en suivant le pied des collines du Sahel jusqu'à Marengo, à
l'extrémité occidentale de la Mitidja. Une autre ligne aurait
dû prolonger celle de Castiglione jusqu'à Bérard. ·Un
troisième réseau, présenté par les CFRA avait
été approuvé par le Conseil Général
le 19 avril 1913. Il concernait le
prolongement de la ligne de Bérard jusqu'au raccordement avec la
ligne de Cherchell par Tipasa ; ainsi qu'une voie descendue de Kouba et
longeant la limite du Sahel jusqu'aux quatre chemins en bas de Douéra.
La ligne de Marengo à Cherchell, à voie normale, avait été
inaugurée en 1905. En 1922 la société
des CFRA était au bord de la faillite.
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