agriculture et arboriculture en Algérie avant 1962
LE CHÊNE-LIÈGE EN ALGÉRIE

LE CHÊNE-LIÈGE EN ALGÉRIE

L'Algérie offre aux voyageur de beaux arbres à admirer. Voici le ruisselant palmier, épanoui et fécond, le dur figuier au tronc d'argent, le citronnier et l'oranger dont les fruits d'or évoquent le jardin des Hespérides. Voici encore le ficus qui laisse éclater sous le pied du promeneur la pilule craquante de son fruit.

SI nous dépassons les bords méditerranéens et si nous gagnons les hautes solitudes où l'aigle croisee l'aigle et plane sur les troupeaux, nous verrons apparaître le cèdre aux bleus étages, l'arbre sacré qui verdit dans la Bible aux pentes du Cédron. mais qui, dans son agonie tragique sur les sommets de l'Aurès, revêt une grandeur plus émouvante encore.

Parmi tous ces arbres africains, le chêne-liège occupe une place privilégiée.

Le liège est en effet une des substances végétales les plus importantes au point de vue industriel et commercial. Et, c'est en Algérie qu'il nous est le plus fréquemment offert par cet arbre généreux dont les ombrages couvrent, avec ceux du chêne yense et du chêne kermès, les vastes zones montagneuses qui dominent l'horizon marin.

Les peuplements de chêne-liège de l'Algérie couvrent une superficie approximative de 426,000 hectares.

La zone littorale qui porte le nom de Région du chêne-liège s'étend sur une largeur maxima de 60 à 80 kilomètres, On y remarque des variations qui permettent de la diviser eu régions assez naturelles. Elles sont, en partant de l'ouest, la région de Bougie. celles de Djidjelli et d'El-Milia. celles de Collo, de Philippeville-Jemmapes, de Bône, de Guelma-Souk-Ahras et de La Calle.

*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1920. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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Afrique du nord illustrée du 11-9-1920 - Transmis par Francis Rambert
oct.2021

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A propos du LIÈGE, sur ce site, entre autres:

- Alger, Algérie : documents algériens - Série économique - Le Liège (quercus suber) en Algérie - mise sur site le 25-2-2011 - * Document n° 6 de la série : Économique - Paru le 1er février 1946 - Rubrique LIEGE
- Alger, Algérie : documents algériens - Série économique L'industrie du liège en Algérie - Lièges comprimés pour l'exportation *
mise sur site le 9-10-2011 - * Document n° 37 de la série : Économique - Paru le 20 novembre 1947 - Rubrique INDUSTRIALISATION
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Géographie de l'Afrique du nord - ŕ l'usage du Cours Moyen et de la Classe de Fin d'Études des écoles primaires de l'Afrique du Nord






LE CHÊNE-LIÈGE EN ALGÉRIE

L'Algérie offre aux voyageur de beaux arbres à admirer. Voici le ruisselant palmier, épanoui et fécond, le dur figuier au tronc d'argent, le citronnier et l'oranger dont les fruits d'or évoquent le jardin des Hespérides. Voici encore le ficus qui laisse éclater sous le pied du promeneur la pilule craquante de son fruit.
SI nous dépassons les bords méditerranéens et si nous gagnons les hautes solitudes où l'aigle croisee l'aigle et plane sur les troupeaux, nous verrons apparaître le cèdre aux bleus étages, l'arbre sacré qui verdit dans la Bible aux pentes du Cédron. mais qui, dans son agonie tragique sur les sommets de l'Aurès, revêt une grandeur plus émouvante encore.
Parmi tous ces arbres africains, le chêne-liège occupe une place privilégiée.
Le liège est en effet une des substances végétales les plus importantes au point de vue industriel et commercial. Et, c'est en Algérie qu'il nous est le plus fréquemment offert par cet arbre généreux dont les ombrages couvrent, avec ceux du chêne yense et du chêne kermès, les vastes zones montagneuses qui dominent l'horizon marin.
Les peuplements de chêne-liège de l'Algérie couvrent une superficie approximative de 426,000 hectares.
La zone littorale qui porte le nom de Région du chêne-liège s'étend sur une largeur maxima de 60 à 80 kilomètres, On y remarque des variations qui permettent de la diviser eu régions assez naturelles. Elles sont, en partant de l'ouest, la région de Bougie. celles de Djidjelli et d'El-Milia. celles de Collo, de Philippeville-Jemmapes, de Bône, de Guelma-Souk-Ahras et de La Calle.
A l'intérieur, la région de Constantine, qui ne comprend que des forêts situées sur le sommet ou le versant sud de la ligne de faîte séparative de la zone littorale et du plateau constantinois : enfin, celle du Taya, à l'ouest de Guelma sur la rive gauche de l'oued Zenati.
Les forêts de chênes-lièges. restreintes à la zone montagneuse du littoral, se sont trouvées en dehors de la route suivie par les invasions venant de l'est et à l'abri de la destruction.
A l'époque de la domination turque, les indigènes, ignorant absolument la valeur et l'utilité du liège, ne l'employaient qu'à la confection de ruches pour leurs abeilles, de tablettes destinées au dépôt de leurs provisions à l'intérieur de leurs habitations, et de toitures. Ces besoins étaient restreints et la forêt n'avait pas d'intérêt pour eux.
Dix ans après la conquête, dès que la pacification eut amené la sécurité, le Gouvernement ordonna la reconnaissance des massifs de chênes-lièges et essaya de les exploiter ; en 1847, l'exploitation fut de 460 quintaux.
Le budget de la Colonie ne permettant pas d'affecter aux travaux de mise en rapport, les sommes nécessaires. l'Administration résolut de faire appel à l'industrie privée et de donner les forêts en concession à des amodiataires qui les mettraient en état de production., qui bénéficieraient des récoltes, à la charge d'acquitter une redevance déterminée..
Quant à la mise en rapport des forêts domaniales qui n'avaient pas été concédées, elle commença vers 1868.
Enfin, le 16 juillet 1891, le Ministre. de l'Agriculture décidait que le mode d'exploitation directe serait désormais appliqué, aux forêts de chênes-lièges que l'État possède en Algérie.
Les résultats du système adopté' n'ont pas tardé à se faire sentir et les récoltes, de liège de reproduction par exploitation directe ont augmenté dans une proportion considérable.
On s'en rendra compte aisément si l'on songe que les récoltes, de 1.263 quintaux, vendus 34.032 francs en 1890, furent, portées, en 1899 - après des étapes successives - à 45.000 quintaux, vendus 1.110.000 francs.
Depuis, la production du liège récolté eu régie par l'Administration a suivi une progression remarquable : elle atteignait, en 1914, le chiffre de de 117.000 quintaux, vendus 5.523.000 francs.
Les forêts de la conservation d'Alger sont à peu près entièrement en rapport, ainsi que celles de la conservation d'Oran, actuellement, exploitables.
Les forêts de la conservation de Constantine sont aussi presque entièrement en production. L'exploitation d'un pied de chêne-liège commence en général quand il atteint l'âge de trente ans ; on enlève alors, opération de démasclage, la couche de liège qui s'est, naturellement formée, et qui est de qualité médiocre (liège mâle) ; il se reforme bientôt, dans la profondeur de l'écorce, une nouvelle assise génératrice de liège, qui, au bout de dix à douze ans, a reconstitué une couche épaisse d'un liège de meilleure qualité (liège femelle) ; on l'enlève à son tour, et cette ablation provoque la formation d'une troisième, assise, génératrice, et ainsi de suite jusqu'à l'âge de cent cinquante ans environ.
La récolte du liège se fait an printemps ; sur l'arbre que l'on veut dépouiller, on fait des incisions divisant ce liège par plaques, puis, si besoin est, on chauffe légèrement, avec un réchaud, l'écorce ainsi fendue de manière à détacher facilement la plaque. Les plaques de liège sans fente, sans nœud, à grain serré, et de couleur gris jaunâtre sont les plus recherchées.
Los documents que nous reproduisons et que nous avons pu obtenir du Gouvernement général, grâce à l'obligeance de M. Boutilly, le distingué et sympathique directeur des Forêts, nous montrent les indigènes procédant à l'opération curieuse du démasclage. Une fois l'arbre écorcé, le liège est empilé sur des places de dépôt, déterminées, soit au bord de routes carrossables, soit dans les villages, soit, encore à proximité des maisons forestières. La surveillance est ainsi plus facile, les dépenses de garde supprimées ou diminuées et les acheteurs visitent plus facilement et plus rapidement.
Le liège est, empilé assez serré, mais de façon que les planches puissent être prises à la main pour être examinées ; la croûte est en haut, sauf la couche de base, dont les planches doivent être renversées et toucher le sol par leur croûte afin d'éviter la teinte désagréable qu'il leur communique lorsqu'il est en contact avec leur face intérieure.
Les piles ont une hauteur maxima de deux mètres, puis sont formées de deux rangées de planches se touchant par une de leurs extrémités et présentant l'autre pour qu'elles puissent être facilement examinées.
L'État et une partie des propriétaires particuliers vendent, leur liège brut, c'est-à-dire tel qu'il se trouve lorsqu'il a été récolté sur l'arbre, mais après une période de quarante jours, pendant laquelle il a perdu 20 à 22 % de l'eau qu'il contenait. Le liège, est ensuite préparé, et amené à l'état dans lequel il est livré au commerce.
La préparation comprend les opérations du bouillage, du raclage, du classement et de la, mise en balles.
Les lièges sont ensuite classés suivant leurs qualités ; le.classement varie un peu suivant les maisons et, selon les désirs de leur clientèle, mais tous les procédés employés dérivent d'un classement général basé sur l'épaisseur, la qualité et la finesse des écorces.
Le principal emploi du liège est la fabrication des bouchons dont la consommation est considérable.
On se sert également, du liège, à cause de sa faible capacité calorique, pour revêtir les tuyaux des machines à vapeur qui relient le mécanisme moteur à la chaudière ;; c'est, la meilleure matière qu'on ait trouvée pour éviter la déperdition de la chaleur et la condensation de la vapeur.
Dans les pays froids, on en revêt les murs ; on en double les toitures dans les pays chauds. Sa faible conductibilité du son le fait employer pour amortir les bruits extérieurs, garnir les cabines des téléphones, empêcher la déperdition du son dans les instruments de musique.
Dans la marine, on en fait, des bouées et ceintures de sauvetage, des flotteurs pour filets, palangres et lignes de fond, des pare-battage ou sacs en toile renfermant des copeaux de liège et placés dans des filets dont on garnit le bordage des bâtiments pour amortir i les chocs.
Carbonisé en vase clos, le liège donne une poudre très fine, le noir d'Espagne, employée pour la peinture, l'imprimerie, la fabrication des encres de Chine et lithographiques.
Le liège est aussi très employé pour la confection du linoléum.
Tels sont les intéressants détails que nous avons recueillis dans l'ouvrage que M. Henri Lefebvre. inspecteur et ancien directeur des Forêts au Gouvernement général, a publié, il y a quelques années, sur les forêts de l'Algérie.
Le commerce du chêne-liège a pris, depuis, une extension considérable et constitue aujourd'hui l'une des plus importantes richesses forestières de i Afrique du Nord.