agriculture et arboriculture en Algérie avant 1962
La CULTURE DU COTON en ALGÉRIE

Depuis la guerre et surtout depuis que le change subit les variations les plus inattendues, les nations deviennent, chaque jour, davantage protectionnistes. C'est ainsi que, lorsque les filateurs ont besoin de coton brut, ils sont obligés de le payer, étant donné la dépréciation de la monnaie française, aux producteurs égyptiens, indiens ou américains, trois fois plus cher que la même quantité ne revient à leurs concurrents anglais ou américains.

Comme cette obligation se retrouve à peu près dans toutes les branches, chacun s'efforce actuellement de rechercher s'il ne serait pas possible de trouver chez soi ce qui coûte si cher et ce qu'il est souvent si difficile de se procurer chez les autres. Ainsi, le problème du change serait rapidement résolu et l'équilibre reviendrait rapidement entre les monnaies, tel qu'il était avant la grande convulsion qui a secoué l'Europe - même le monde entier - jusque dans ses fondements. Ainsi, sinon la solidité de nos finances, au moins la solution de la vie chère serait définitivement trouvée...

Afrique du nord illustrée du 3-2-1923 - Transmis par Francis Rambert
janvier 2021

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A propos du COTON, sur ce site, entre autres:

- LES CULTURES INDUSTRIELLES : Tabac -Coton - Brochure :Les grands secteurs de l' Agriculture algérienne
- Cahiers du Centenaire.-
Évolution de l'Algérie de 1830 à 1930 : chapitre 4.LA TRANSFORMATION ÉCONOMIQUE
- documents algériens - Série économique : agriculture - La production de l'agriculture algérienne en 1950
-
documents algériens - Série économique : artisanat - L'artisanat dans la région d'Oran et les Territoires du Sud-oranais
- Bône.- -LES SOCIETES COOPERATIVES DANS LA REGION DE BONE
- ..... etc...

*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1923. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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LA CULTURE DU COTON EN ALGÉRIE

LA CULTURE DU COTON EN ALGÉRIE

LA CULTURE DU COTON EN ALGÉRIE

Depuis la guerre et surtout depuis que le change subit les variations les plus inattendues, les nations deviennent, chaque jour, davantage protectionnistes. C'est ainsi que, lorsque les filateurs ont besoin de coton brut, ils sont obligés de le payer, étant donné la dépréciation de la monnaie française, aux producteurs égyptiens, indiens ou américains, trois fois plus cher que la même quantité ne revient à leurs concurrents anglais ou américains.

Comme cette obligation se retrouve à peu près dans toutes les branches, chacun s'efforce actuellement de rechercher s'il ne serait pas possible de trouver chez soi ce qui coûte si cher et ce qu'il est souvent si difficile de se procurer chez les autres. Ainsi, le problème du change serait rapidement résolu et l'équilibre reviendrait rapidement entre les monnaies, tel qu'il était avant la grande convulsion qui a secoué l'Europe - même le monde entier - jusque dans ses fondements. Ainsi, sinon la solidité de nos finances, au moins la solution de la vie chère serait définitivement trouvée...

Déjà, il y a deux ans, M. Angoulvant, un des derniers gouverneurs généraux de l'Afrique Occidentale française, démontrait, dans un article vigoureux, que publia la revue Colonies et Marine, que la France pourrait parfaitement, si elle le voulait, s'organiser rapidement en vue de trouver, dans ses possessions, tout le coton brut dont elle a besoin. Cet heureux résultat pourrait être obtenu par l'exécution du projet de l'ingénieur hydraulicien Bélines. Un ensemble de barrages et de canaux d'irrigation permettrait sûrement - les experts agronomes en ont acquis l'absolue certitude - de produire annuellement cent mille tonnes de coton d'une qualité identique ou supérieure à celle du meilleur coton d'Égypte. Le problème technique et agricole se trouvait ainsi, dès l'abord, pratiquement résolu. Restait celui de la main-d'œuvre, cette partie de l'Afrique étant peu peuplée. Mais les précédents : développement de la culture de l'arachide sur la nouvelle voie ferrée Thiès-Kayes et l'afflux rapide des indigènes, dans cette région auparavant déserte, donnaient le droit de croire que les travailleurs ne tarderaient pas à y venir nombreux.
Les besoins actuels de notre industrie cotonnière sont annuellement de 300.000 tonnes. Ces travaux en auraient produit 100.000 et ce n'eût été qu'une première tranche ; d'autres auraient suivi à telle enseigne, qu'en quinze ans, avec une dépense de 250 millions seulement, nos importations de coton brut eussent été réduites dans de notables proportions. L'argumentation de M. Angoulvant se heurta à une terrible objection. La France est ruinée. Elle n'a plus d'argent ! Elle se trouve dans cette situation paradoxale que, seule, une mise de fonds, pour des dépenses productives peut la sauver d'une situation financière telle que quelques-uns parlent de banqueroute. A ce moment, l'occupation de la Syrie-Cilicie nous coûtait 750 millions par an, alors que le versement des 250 millions nécessaires pour l'irrigation des terres à coton du Niger se répartirait sur quinze ans !

Telle était la thèse que soutenait avec une ardeur persuasive M. Augoulvant, et que M. Pierre Mille résuma excellemment dans une série d'articles qui eurent un grand retentissement en France. Cette thèse était juste ; l'aménagement des eaux du Niger doit être faite et il ne serait pas difficile, dans le fantastique budget actuel de la France, de trouver les annuités indispensables à cette œuvre éminemment patriotique.

M. Angoulvant ayant donné à entendre que ces 250 millions pourraient à la rigueur être récupérés par l'abandon de cette occupation de la Syrie-Cilicie, ruineuse et improductive, M. Pierre Mille s'écriait :
- Il y a, dans l'argumentation de M. Angoulvant, quelque chose qui, je l'avoue, me tracasse un peu. Les dépenses pour l'occupation de la Syrie-Cilicie, dit-il, sont de 750 à 800 millions, et elles sont improductives. Il devrait, - et alors apparaîtrait un problème encore plus angoissant que celui des irrigations du Niger, - ajouter ceci :
" Sur le quasi-milliard affecté à la Syrie-Cilicie, la plus grande partie est affectée à la Cilicie, qui, d'ailleurs, en vertu des traités, ne nous appartient pas. Nous y sommes seulement pour protéger les Arméniens. Nous ne demandons qu'à la quitter, c'est le vœu exprès du général Gouraud lui-même, et nous avons, depuis plus d'un an, entamé, à ce sujet, avec les Turcs de Kémal, des négociations qui doivent être actuellement assez près d'aboutir. Voilà qui va bien, direz-vous. Il y a tout de même un petit inconvénient : c'est que nous allons garder la Syrie, qui de longtemps ne vaudra pas grand-chose, et lâcher la Cilicie qui, avant la guerre, exportait 300.000 tonnes de coton : 300.000 tonnes, c'est-à-dire exactement ce que consomment nos filateurs ! Et les 300.000 tonnes de Cilicie sont, ou redeviendront toutes prêtes, tandis que, sur le Niger, il faut irriguer, planter, attendre quinze ans, trouver de la main-d'œuvre.

Il est clair qu'il faut préparer la mise en valeur du Niger. J'en demeure d'accord avec M. Angoulvant. Mais ne perdons pas de vue les possibilités beaucoup plus immédiates de la Cilicie. Elle n'est pas à nous, c'est entendu. Mais, tout de même, nous l'occupons. Nous voulons nous en aller, et nous avons raison, c'est entendu encore ; mais en négociant avec les Turcs cette évacuation, n'oublions pas le coton de Cilicie, arrangeons-nous pour que ce soit à Marseille qu'il arrive, et non pas à Liverpool. Cela ne doit pas être impossible : les Turcs désirent que nous quittions la Cilicie, mais ils ont besoin aussi, contre les ambitions grecques, d'un appui que, d'ailleurs, nous sommes prêts à ne pas leur marchander. "

Or, depuis l'époque à laquelle M. Pierre Mille écrivait ces lignes, la Cilicie a été évacuée, et il n'apparaît pas que les 300.000 tonnes de coton, dont il est question dans son article, prennent plutôt la route de Marseille que celle de Manchester ! Le budget est aussi obéré, le projet de l'ingénieur Bélines semble abandonné, mais nous avons toujours besoin de coton.

M. V. Davin, sous-directeur honoraire du Jardin Botanique de Marseille, donnait récemment les intéressantes indications ci-après sur la culture du cotonnier :
" Le coton nous est fourni par plusieurs espèces de cotonniers ; les unes sont vivaces, c'est-à-dire qu'elles subsistent pendant plusieurs années et, de ce fait, atteignent des dimensions assez grandes, maintenues néanmoins par la taille et les pincements ; de ce nombre est le cotonnier du Pérou ; les autres espèces sont annuelles ; elles doivent être semées chaque année ; dans cette section sont les cotonniers des Barbades, herbacée et hirsute ; toutes ces espèces, et d'autres encore, ont donné, par la culture, un nombre considérable de variétés, adoptées aujourd'hui, selon leur valeur et leur mérite, par les cultivateurs du monde entier.

Cette plante pousse rapidement, elle est fort agréable à l'œil ; son feuillage rappelle quelque peu celui de nos platanes ou de nos vignes, avec des dimensions assez analogues ; ses fleurs sont assez grandes, elles peuvent être jaunes, rouges ou blanches, selon les espèces ou variétés, avec ou sans macule dans le fond de la corolle ; à ces fleurs succèdent des capsules vertes, de la grosseur moyenne d'une grosse noix ; elles sont plus ou moins pointues vers leur extrémité ; à leur maturité, elles s'entr'ouvrent par trois ou cinq valves, et, dans chaque loge, se trouvent de cinq à dix graines, revêtues de longs poils, qui constituent le coton.
Ce que réclame cette plante pour donner des résultats intéressants réside dans les conditions suivantes :

Un sol léger, perméable, profond et riche en humus, exposé à la grande lumière ; les terres d'alluvion, situées sur les berges ou à l'embouchure des fleuves et des rivières, réunissent, pour cette culture, des avantages considérables. Le climat doit être tempéré, chaud ; la zone qui parait la plus favorable est celle qui est située aux environs du 34ème degré de latitude. La chute d'eau pendant la période active de la végétation, qui a une durée moyenne de cinq mois, doit être de 50 centimètres à un mètre. Le voisinage de la mer est favorable à ces plantes et aussi à la qualité du coton. Il faut encore qu'à la maturité des gousses productrices corresponde une période sèche et ensoleillée, éminemment favorable à la dessication du produit récolté. "

A maintes reprises, des tentatives ont été faites pour cultiver le coton en Algérie.

En 1853, le Gouvernement de la Métropole, comprenant le haut intérêt que présentait l'extension rapide de la culture du coton en Algérie, prit une série de mesures pour encourager les colons. L'administration réservait la fourniture des semences.

De différents rapports rédigés sur les cultures, il paraît résulter que le coton algérien, dit Géorgie, n'était pas bien fixe dans ses cultures, tout comme l'Égyptien de nos jours. On constatait une grande inégalité dans les pieds. On s'en prit naturellement au Gouvernement, l'accusant de livrer des graines en mélange et c'était une façon de reconnaître déjà le grand intérêt d'une sélection qui assurerait la prédominance de certains individus fertiles.

On considère généralement la guerre de Sécession comme un événement ayant singulièrement favorisé la culture du coton en Algérie, en raison des hauts prix pratiqués. C'est une erreur en ce qui concerne l'Algérie. En raison des hauts prix pratiqués, tous les cotons donnaient des bénéfices considérables et l'excellent coton de Hardy, non seulement n'était plus sélectionné, mais il était submergé par des cotons inférieurs de toutes provenances. Avec des fluctuations diverses, la culture du cotonnier a été poursuivie en Algérie et, en mars 1917, M. le docteur Trabut, directeur du Service botanique, pouvait publier une notice encourageante et d'un optimisme qui n'a rien - les événements l'ont démontré - d'excessif.

Nous en extrayons le suggestif passage que voici : " Après douze années de culture du coton d'Égypte en Algérie, on peut admettre que les rendements sont au moins aussi élevés que dans les cultures égyptiennes bien soignées. Dans les bonnes cultures, en Égypte, on obtient 24 quintaux de coton brut, tandis que dans les terres peu fertiles, la récolte descend à 6 quintaux ; le rendement moyen est de 12 à 13 quintaux. Ce rendement moyen a presque toujours été dépassé en Algérie dans les cultures de Bône, Philippeville et de l'Oranie. M. Colin, à l'Union du Sig, a, depuis 1907, obtenu un rendement jamais inférieur à 15 quintaux et atteignant plusieurs fois 23 quintaux à l'hectare ; en 1910, sa récolte de 88 quintaux a été vendue 13.000 francs. Il faut, dans ce rendement, tenir compte des prix très élevés en ce moment. La Coopérative cotonnière d'Orléansville a eu, en 1917, des offres au prix de 600 francs les 100 kilos, coton libre. Les cotons égyptiens récoltés en Algérie ont conservé toute leur valeur ; les récoltes de parcelles, dont la graine avait été sélectionnée, ont été trouvées, à Manchester, supérieures à la moyenne des égyptiens et ont étonné les filateurs par la finesse et la régularité des fibres. "

Un groupement cotonnier de la Seine-Inférieure, réunissant en cartel 40 filatures, s'est formé pour tenter un nouvel essai de culture du coton en Algérie. C'est l'Extrême-Sud constantinois qui a été choisi pour siège de cette culture, par ce cartel dénommé Compagnie cotonnière. Elle y creuse des puits artésiens et dépense chaque mois, en salaires, des sommes élevées pour la plus grande prospérité de la région.

Les indigènes voient d'un fort bon œil ces travaux qui sont, pour eux, une source de bien-être et de profits.
M. Gabriel Lion, de Rouen, à l'obligeance de qui nous devons les intéressantes photographies que nous publions, fonde sur les cotons de Tolga les plus vives espérances.

Nous les partageons volontiers.

Ainsi se trouveraient réalisés les désirs de tous les industriels français, de voir de plus en plus notre pays puiser, dans ses colonies, les matières premières, pour le plus grand essor de la Nation et la solution rapide de la crise de la vie chère...