Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : artisanat
L'artisanat dans la région d'Oran et les Territoires du Sud-oranais

11 pages - n°123 - 20 mai 1957

 

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--------L'Oranie et les Territoires du Sud-Oranais sont, en ce qui concerne l'Artisanat, divisés en trois zones :
1° - La zone Nord, ayant pour centre Tlemcen.
2" - La zone du Djebel-Amour, ayant pour centre Aflou.
3° - La zone des territoires d'Aïn-Séfra.

--------Les activités recensées sont groupées dans l'ordre ci-dessous :
1 - Tapis         
2 - Tissages     
3 - Broderies   
4 - Dentelles    
5 Sparterie, Vannerie   
6 - Poterie, Céramique, Mosaïque  
7 - Travail du bois
8 - Travail du cuir 
9 - Bijoux
10 - Travail du fer
11 - Travail du cuivre    
12 - Travail des matières plastiques
13 - Décoration, Peinture, Miniature.

1 - ZONE NORD - CENTRE TLEMCEN.

--------Cette zone comprend : Oran, Nédroma, Qal'a, Mascara et les douars des communes de Marnia, Sebdou et Montagnac.

--------Groupe 1 - Tapis :
--------a) production contrôlée
--------b) production non contrôlée

--------a) La production de tapis dans les centres de Tlemcen, Oran et Nédroma a gardé son importance, elle n'a pas changé de caractère. Le contrôle de la qualité est toujours effectué ; les règlements de l'O.F.L.A.C. tendent à hausser le niveau de la qualité bénéficiant de la garantie officielle. Pour cela, tous les tapis exportés d'Algérie doivent répondre à un minimum de qualité, ils sont contrôlés et identifiés par des étiquettes précisant les lieux d'origine, la qualité de matières employées et le nombre de points noués au dm2 ; mais en vertu d'un arrêté pris en décembre 1955, le plomb de garantie jusqu'alors accordé aux fabrications comptant 224 points noués au dm2, n'est plus accordé qu'à celles comptant au moins 400 points. L'application récente du nouveau règlement ne permet pas de juger de ses répercussions, et, dans le classement ci-dessous,. il ne sera tenu compte que des poids et surfaces contrôlés.

ANNÉES

SURFACES EN M2

POIDS EN QUINTAUX

 

CHIFFRES ARRONDIS A 1.000

 

1949

105.000

3.879

1950

100.000

3.550

1951

100.000

3.355

1952

121.000

4.140

1953

126.000

4.240

1954

127.000

4.060

1955

122.000

4.200

1956

117.000

4.087

--------Les différences de poids et de surfaces sont minimes et dues surtout aux différences de fabrications présentées sur le marché. L'examen continu du centre permet de dire que le chiffre moyen d'affaires, le nombre d'heures de travail et la masse des salaires distribués ont été maintenus. Cette stabilité est due à la souplesse de la fabrication, celle-ci utilisant des matières premières dont les fluctuations de prix sont compensées par une amélioration continuelle des procédés de préparation, et employant une main-d'oeuvre dont les salaires n'ont pas varié. Il est nécessaire que ces derniers évoluent dans un proche avenir, et, comme ils interviennent dans le prix d'un article destiné uniquement à une clientèle étrangère, différentes aides doi­vent être envisagées afin de conserver à Tlemcen une de ses principales sources de revenus.

--------Les principales clientes de Tlemcen sont restées la Métropole et la Suisse, à la suite desquelles on peut maintenant citer l'Allemagne.

--------Le nombre des fabricants n'a guère varié, il oscille toujours entre 55 et 60, la moitié d'entre eux ne produisant pas plus de 500 m2 par an, quelques-uns fabriquant 15.000 mètres environ.

--------Le chiffre d'affaires, moyen pour ces dernières an nées se situe à environ, en F : 510 millions. Les salaires distribués à environ 70 millions.

--------Les matières premières employées, provenant toujours des mêmes sources, représentent en poids
--------Laine            220 t
--------Coton  
chaîne  61 t   
---------------- trame    138 t
Soit au total      419 tonnes évalués en Francs à 320 millions.

--------a) Mascara. — La production de tapis contrôlés à Mascara est issue du Centre Municipal d'artisanat qui joue un rôle éducatif. Elle a atteint en 1955, environ 80 mètres carrés. C'est à Mascara, que la technique très particulière du vieux tapis de Qal'a est conservée. Ce centre fonctionne maintenant depuis cinq années et donne les résultats escomptés ; les élèves qui terminent le cycle d'études prévues et qui en manifestent le désir, sont équipées à domicile par les soins de la municipalité ; elles continuent à être guidées par leur professeur et bénéficient des moyens d'écoulement offerts par la S.I.P.A. d'Alger, organisme de commerciali­sation soutenu par le Gouvernement Général.

--------Le projet de création d'un atelier municipal de préparation et de teinture de la laine n'a pas eu de suite et ne devra être repris que lorsque l'importance de la consommation de matières le justifiera, mais l'implantation d'un artisanat familial du qualité, espéré en 1952 est maintenant une chose faite.

--------b) Production non contrôlée.

--------La production qui n'est pas présentée aux services de contrôle ne peut sortir d'Algérie, elle est destinée aux marchés locaux, elle est souvent de basse qualité et de prix bas. Les centres de Tlemcen et Nédroma en produisent dans le cadre familial environ 16.000 mètres carrés annuellement pour une vente globale de F : 60 millions environ. Il est difficile d'estimer la production de Qal'a qui doit être aussi importante en surface. A Oran, la population n'étant pas traditionnellement artisanale, toute la production est manufactu­rière et contrôlée.

--------Le centre de Qal'a est toujours producteur de tapis, mais ceux-ci ont perdu leur caractère. Les ouvrages présentés sur le marché font constater un abandon des motifs floraux stylisés au profit de motifs géomé­triques ; cette transformation du décor, qui s'accentue sans cesse, est due, plus à un souci de travail hâtif, qu'à un besoin d'invention. La production actuelle est pauvre, elle convient à la clientèle visitée par les colporteurs, elle fournit des revenus non négligeables à un nombre important d'artisanes.

--------Groupe 2. — Tissages.

--------Dans la zone considérée deux types de tissages sont exécutés :
--------Le tissage de basse lisse : travail masculin, à Tlemcen, centre manufacturier, et à Nédroma, pour la satisfaction des besoins des trois groupes de clientèle déjà définis en 1952 et qui ne sont pas modifiés, soit :
--------La clientèle campagnarde pauvre
--------La clientèle citadine traditionnelle
--------La clientèle étrangère.

--------2/Le tissage de haute lisse : travail féminin exécuté à domicile dans la montagne environnant Nédroma et dans la campagne de Mascara. Ce deuxième type de tissage permet la confection de pièces de tissus desti­nées uniquement à la confection de vêtements traditionnels et n'intéresse que le marché local.
--------L'étude de l'activité du tissage est tentée suivant le classement ci-après :
--------a) tissages destinés à l'exportation
--------b) tissages destinés aux marchés locaux.

--------a) Les tissages destinés à l'exportation sont réalisés surtout dans un but décoratif, ils ne sont pas soumis au contrôle de la standardisation ; ils sont étudiés et réalisés suivant les principes appliqués à la produc­tion de tapis. Dans bien des cas, le manufacturier organise les deux productions pour la même clientèle obtenant de bas prix par l'emploi de matières mélangées, la standardisation des dimensions, la simplifica­tion des motifs permettant une réalisation rapide. La stabilité prouvée du marché du tapis est constatée dans le marché du tissage ; elle peut être estimée pour les trois dernières années, par l'emploi approximatif annuellement de 275 tonnes de matières premières — le poids moyen du tissage, au m2, environ 0,400 kg
-------Vendu approximativement le m2 : 400 F
-------Soit en valeur : 1.000 F le kilo.
-------Et annuellement : 275 millions de chiffre d'affaires.

-------Cette production exportée est surtout réalisée en manufactures, travaillant très régulièrement, distri­buant annuellement F : 55 millions de salaires à 200 tisserands ouvriers protégés par les lois sociales.

-------b) Tissages destinés aux marchés locaux.

-------La clientèle campagnarde a maintenu sa consommation provoquant une activité saisonnière chez les producteurs ; les moments de saison morte ont pu être en partie occupés ces dernières années par l'exécu­tion de couvertures et de vêtements commandés par le service de la protection civile en faveur des sinistrés, et par l'administration chargée d'équiper des troupes.

-------Une estimation annuelle des matières employées pour la couverture des besoins traditionnels fait arrê­ter les chiffres à
-------50 tonnes de laine et à 10 tonnes d'autres matières (soie, rayonne, Fibranne, coton).

-------La valeur globale de ces matières ouvrées atteint, F : 62 millions.

-------De plus, environ quarante deux millions de francs de commandes officielles ont été réalisées dans le même centre pour 1955. C'est à F : 15 millions que peut être estimée la rétribution des artisans travaillant dans ce secteur.

-------La production des tissages sur métiers de « haute lisse » peut être estimée pour la région de Nédroma de 4 à 5.000 pièces valant 5.000 à 7.000 Frs l'une.

-------Le centre de Mascara écoule sa production sur place, à Relizane et sur quelques petits marchés de la côte ; moins importante que celle de la région de Nédroma, elle n'a pu être estimée.

-------L'activité textile de la zone 1 provoque un travail important de préparation des matières premières. L'approvisionnement du marché de Tlemcen est assuré par l'apport des laines « Colon » de la région, mais la grande consommation locale fait appel aux ramasseurs qui s'approvisionnent sur tous les marchés d'Algérie, puis aux industriels qui traitent les laines exotiques et procèdent à tous les mélanges. Les plus importants fournisseurs sont installés à Oran (La Sénia), à Tlemcen et au Maroc ; il s'ensuit un prix relativement peu mouvant pour la laine.

TLEMCEN — Préparation mécanique de la matière
TLEMCEN — Préparation mécanique de la matière

TLEMCEN — Un tisserand
TLEMCEN — Un tisserand

-------Les filés de coton, de Fibranne, rayonne et soie sont importés de la Métropole.

MARCHE DES TEXTILES A TLEMCEN ET ORAN

RAPPEL DES CHIFFRES COMMENTES AU COURS DE L'EXPOSE

Chiffre  d'affaires         

Tapis

production        contrôlée            

510 millions de F

production non contrôlée      
60      
Tissages
( production exportée  

275     

production destinée à l'usage local        
104    
   

949     

Valeur des matières employées

laine (locale, exotique, déchets, mélanges)

221

tonnes

246.450.000 Frs

Coton filé retordu provenance Métropole pour chaîne

61

tonnes

30.500.000 F

Coton pour trame fourni pour 9/10 par la Métropole

138

tonnes

41.400.000 F

Tissages : Laines, coton, matières mixtes

375

tonnes

262.000.000 F

     

580.350.000 F

580 millions.
Salaires : Tapis :a) 70 millions    b) 3 millions
Tissages : 71 millions.
144 millions environ.

-------Groupe 3. — La broderie traditionnelle méditerranéenne disparaît des programmes d'enseignement appliqués dans les écoles ; elle est encore enseignée dans certains ouvroirs, en particulier dans celui d'Eugène-Etienne, Hennaya dont les travaux sont de belle qualité. Souvent exécutés sur commande, ils n'apparaissent pas sur les marchés.

-------Groupe 4. — La technique de la dentelle est toujours enseignée à Mascara. La production très rapidementécoulée dans les milieux proches du centre municipal ne peut alimenter les comptoirs de vente de la S.I.P.A., lesquels enregistrent des, demandes.

-------Groupe 5. ---- Les groupes producteurs de vannerie restent les mêmes, soit :
1 - Les Azaïl (Sebdou mixte)
2 - Les Beni Snous (Marnia mixte)
3 - Les Boqqoya (Marnia mixte)
4 - Les Oul'hassa -(Remchi mixte)

-------1. -- La qualité des vanneries exécutées aux Azaïl est toujours aussi belle. La production occupe saisonnierement la main-d'oeuvre féminine et s'écoule sur les marchés environnants.

-------2. — Aux Beni-Snous, la production de nattes tramées d'alfa naturel et teint, agrémentées parfois de laine est toujours aussi importante. Le chiffre des ventes annuelles annoncé en 1952 a été maintenu à envi­ron : Frs : 15 millions. Ces nattes transitent d'abord au marché du Khémis, puis à Tlemcen pour être répar­ties sur tous les marchés locaux.

-------3. — Les Boqqoya continuent à exécuter les mêmes plats et paniers et les écoulent toujours auprès des touristes.

-------4. — Les Oul'hassa ont gardé leur activité ; l'importance annuelle des ventes s'est maintenue et peut être estimée à Frs : 10 millions.-----En résumé, mis à part les travaux des Boqqoya destinés essentiellement aux touristes, les plats des Azaïl, les nattes des Beni-Snous et les chapeaux des Oul'hassa répondent à un besoin d'emploi local. L'intervention du Service dans ces activités se résume à l'achat permanent des très belles pièces afin d'en encourager le maintien de l'exécution. Les plats des Azaïl en raison de leur petite taille et de leur prix modique couvent acquéreurs dans le commerce européen. Les nattes et les chapeaux ne paraissent pas adaptables lux besoins d'une autre clientèle que celle qui leur est fidèle.

-------Groupe 6. — Le centre de potiers le plus important et le plus curieux est situé dans la montagne, chez es M'Sirda (Marnia mixte). La production de pièces utilitaires, les grandes jarres pour l'approvisionnement 'eau aux fontaines, s'accompagne d'une production de bibelots décorés. Des encouragements continuent à être accordés par le Service, aux meilleures pièces à l'occasion de concours ou d'expositions. La céramique la mosaïque traditionnelles ne se signalent pas dans le département.

-------Groupe 7. — L'activité traditionnelle concerne toujours, à la campagne, l'exécution de plats, dans la cille, la confection d'arçons de selles et de coffrets. Si les plats en bois tourné gardent la faveur d'une certaine population, la selle est moins utilisée et le coffret est remplacé par des meubles de caractère moderne. Il ne paraît pas possible de diffuser davantage l'usage du plat en bois, la selle ne peut intéresser que les propriétaires de montures dont l'usage se perd, les coffres ne sont plus employés que par une popu­ilion très pauvre et leur confection ne peut donner lieu à l'exécution d'ouvrages à signaler. L'action du service dans ce domaine est bien limitée.

-------Groupe 8. — Le travail du cuir comprend :
-------La tannerie, la baboucherie, la bourrellerie et la broderie sur cuir. La diminution de l'activité de la tannerie, signalée en 1952, s'est accentuée, elle est la conséquence de l'abandon progressif de la babouche t du cheval. Le remplacement des babouchiers par des cordonniers ne diminue pas la consommation de cuir, mais exige une fabrication que l'état actuel de la tannerie ne permet pas d'obtenir. La reconversion des bourreliers et des brodeurs sur cuir paraît plus difficile.

-------En tenant compte de l'importance de l'abattage à Tlemcen évalué à 200 moutons et 50 bovins journelle­lent, connaissant les besoins en laine de l'industrie locale, il a semblé logique, au Service de l'Artisanat, 'envisager l'amélioration des procédés de tannerie locaux. Un projet d'installation modernisée et de lance-Lent d'une tannerie coopérative est à l'étude.

-------Groupe 9. — Aucune modification n'est intervenue e dans le commerce des bijoux : les productions des ateliers lyonnais inspirées de motifs locaux anciens ont toujours la faveur du public. Aucune influence du service ne peut s'exercer dans cette activité.

-------Groupe 10. — Le nombre des ferronniers est minime ; depuis quelques années, plusieurs essais d'emploi fer forgé ont été tentés, ils n'ont pas donné les résultats attendus.

-------Groupe 11. — Quelques artisans, à Tlemcen, Mascara et Saïda, sont en mesure de confectionner des mets moulés et ciselés en bronze et des plateaux de cuivre, ciselés et incrustés. Leur activité est peu soin‑

-------Groupe 12. — Le travail des matières plastiques... quelques artisans tlemcéniens transformant la corne objets utilitaires peuvent entrer dans cette catégorie.

-------Groupe 13. — Aucun retour à une décoration de caractère local ne s'est manifestée depuis les dernières enquêtes

LA ZONE DU DJEBEL-AMOUR, CENTRE AFLO ET COMPRENANT GERYVILLE

-------Dans cette zone qui va de Djelfa à l'Est pour aboutir à Géryville, à l'Ouest, l'activité artisanale est exercée par une population nomade dont les productions sont très adaptées aux besoins et se limitent aux groupes 1 tapis et 2 tissages. Quelques travaux de vannerie peuvent être signalés sans retenir l'attention.

-------Groupe 1. — TAPIS :
-------Le tapis au point noué de très haute laine est l'article qui a le plus de succès auprès de la clientèle européenne, c'est celui qui a fait l'objet du programme publié en 1952, et dont la réalisation se poursuit heureusement. Un chef de centre installé à Aflou visite et influence l'ouvroir de Géryville ; l'atelier de tein­turerie projeté fonctionne et sert à la formation de teinturiers locaux.

-------L'activité des tisseurs nomades n'est pas entièrem ent recensée, mais la production contrôlée, destinée uniquement à l'exportation et apportant de ce fait des ressources nouvelles au pays, a atteint pour les deux dernières campagnes 1955 et 1956 un total de 730 m2 pesant 2.100 kilos. Au prix moyen de 7.000 Frs le M2, c'est un revenu supplémentaire de Frs : 5 millions qui a été procuré à la population.

-------Groupe 2. — TISSAGES :
a) les tissages à effet de chaîne
b) les tissages à effet de trame.

-------a) Les tissages à effet de chaîne dits « flidjs " constituent les murs de la tente. Ils sont toujours très par­faitement exécutés et le seront sans doute tant que durera l'usage de la tente ; les sacs et les musettes sont également réalisés par cette technique qui accorde une importance dominante aux rayures.

-------b) Les tissages à effet de trame emploient la gamme et les motifs bien définis du tapis au point noué ; leur but est de servir de cloisons pour les séparations indispensables dans la tente. Ces techniques de tissages sont excellentes et peuvent provoquer des travaux ad aptés aux besoins de clients étrangers, c'est dans le but de montrer les résultats obtenus dans ce sens, que le 3 mai 1956, la salle Bordes à Alger a servi de cadre à une grande exposition révélant au public la vie des nomades et les possibilités d'emploi de leurs oeuvres dans des décors modernes. Cette manifestation a atteint son but ; elle a permis d'enregistrer de nombreuses commandes.

-------Situé à la limite des zones du Djebel-Amour et saharienne, l'ouvroir d'Aïn-Sefra poursuit son travail d'enseignement de la broderie et du tapis. Si la broderie est méditerranéenne, la proximité du Maroc in­fluence les réalisations en points noués. Il semble d'ailleurs que le temps consacré à ces productions soit minime et ne vise pas à la formation d'une main-d'oeuvre spécialisée.

3° - LA ZONE DES TERRITOIRES D'AIN-SEFRA, CENTRES PRINCIPAUX : BENI-ABBES, ADRAR (TOUAT), TIMIMOUN (GOURARA)

-------La population de ces régions réalise des travaux classés dans les groupes :

1. — TAPIS : les tanefsas.
2. — TISSAGES : a) les dokkali ; b) les tellis.
5.          SPARTERIE : utilitaire et de fantaisie.
6. — POTERIE : utilitaire et de fantaisie.
9. — BIJOUX : d'argent et de perles.

-------Groupe 1. -- Les tanefsas réalisés pour servir de tapis sont en tissage plat. Ils se trouvent surtout dans le Gourara. Ils offrent l'aspect de rectangles unis : rouges, verts, noirs, accolés de part et d'autre d'un carré cen­tral rouge, sur lequel quelques points noués rappellent les couleurs des rectangles. Ce tapis est peu fabriqué et n'a pas encore fait l'objet d'une adaptation.

-------Groupe 2. — TISSAGES : a) Les « Dokkali » réalisés dans les oasis du Touat et du Gourara provoquent une grande activité ; ils font l'objet d'un commerce important tant avec le Nord qu'avec le Sud. Ils ont bénéficié du programme élaboré il y a trois années tendant à redonner à leur fabrication la qualité et par voie de conséquence, l'importance atteinte avant 1938.

-------Les dokkali dit d'Adrar et ceux dits de Timimoun sont des tissages lourds composés de bandes de laine et de coton dans lesquels le blanc domine ; quelques motifs géométriques ou floraux très stylisés les parsèment légèrement. Ces tissages sont appréciés comme vêtements et comme tapis de selles par les populations nomades de l'extrême-Sud.

-------Les dokkali dits de Fatis sont des tissages très légers réalisés avec un grand souci décoratif ; leur fond blanc est découpé de grands losanges rouges opposés par le sommet. De petits triangles jaunes, verts et rouges viennent meubler indifféremment les zones de fond tirant parti des lois de contrastes et de fins cernés noirs et blancs. Les dokkali de Fatis s'écoulent aisément au développement du tourisme aérien, provoquant des ventes directes et l'ouverture de relations commerciales.

-------b) LES TELLIS : Les tellis, faits de poils de chèvres, sont des tissages lourds utilisés comme tapis de sol par la population locale ; leur décor composé surtout de rayures en tons naturels : brun, blanc, noir, uti­lise parfois le rouge teint. Le tellis est proposé surtout sur le marché d'Adrar ; les relations aériennes lui ont ouvert un débouché auprès des touristes qui apprécient le caractère simple et rude de son décor.

-------La diffusion des tissages sahariens dans le circuit commercial a nécessité l'organisation et le contrôle de la production, lesquels ont été possibles grâce à l'aide financière accordée aux centres du Touat et du Gourara. Les chefs d'annexe font contrôler la qualité des teintures et de la contexture, ils approvisionnent les artisanes en matières premières et financent la production ; parvenant en 1954 à faire traiter 80 quintaux de laine, quantité qui sera doublée prochainement et atteindra alors les plus hauts chiffres enregistrés.

-------Groupe 5. — La vannerie utilitaire donne lieu à la confection de grands paniers, réservoirs à provisions, et de plats, elle est exécutée dans presque toutes les agglomérations et aboutit à Adrar, Timimoun et plus particulièrement à Beni-Abbés. Les travaux de fantaisie reproduisent à petite échelle les objets usuels et vendus aux visiteurs. Aucun problème d'écoulement ou d'amélioration n'est posé par cette technique.

-------Groupe 6. — La poterie utilitaire est rugueuse et n'apporte pas de formes et de décors particuliers ; l'intention du touriste, quelques cendriers sont exécutés à Tamentit.

-------Groupe 9. — Les bijoux d'argent comprenant des agrafes gravées — des bracelets creux très légers, ornés de décors dus à l'estampage. Le centre de production, Tamentit, produit très peu. Une renaissance de cette activité ne peut être provoquée que par un enrichissement de la clientèle. Dans le même groupe sont classés les colliers de perles dont la technique est totalement di r férente. Ces bibelots sont souvent fabriqués par les gens qui les portent ou troqués pour une petite somme.

-------Les réalisations énumérées dans ces trois derniers groupes ne peuvent, pour des raisons diverses, être in­fluencées, adaptées ou développées.

CONCLUSION

-------L'action du Service de l'Artisanat a été constante et efficace, elle a permis le sauvetage des techniques an­ciennes dans tous les cas où leur adaptation aux besoins nouveaux était possible ; elle a exigé et maintenu le niveau de la qualité pour les articles exportés. Elle a libéré les bons artisans de l'emprise des banques, elle a diffusé partout les meilleurs produits de l'artisanat.

-------1 — En orientant et en subventionnant les recherches dans les centres municipaux et les ouvroir privés.
-------2" — En appliquant des règlement aux travaux exportés.
-------3°. — En accordant des prêts aux petits artisans.
-------4°. — En récompensant les meilleurs artisans et en diffusant leurs travaux dans les milieux commerciaux.

-------Pour cela, le centre municipal de Mascara et l'ouv roir des Sœurs Trinitaires d'Eugène-Etienne - Hennaya bénéficient des conseils de deux adjointes techniques du service.

-------Le service de contrôle et d'estampillage des tapis est assuré par quatre agents à Tlemcen et 1 agent à Oran.

-------Des prêts de matières premières et de petit équipement ont été accordés à Tlemcen à 219 artisans pour une somme globale de 31.400.000 fr. Dans le Djebel-Amour, les avances faites aux artisans atteignent environ 5 millions. Dans les territoires d'Aïn-Séfra, cinq millions également ont permis le financement des campagnes de fabrication. Les meilleurs produits de l'artisanat de ces régions ont été exposés : à Paris, Florence, Munich, Alicante, en plus de leur présence aux. Foires locales à Oran, et Temcen. A l'Exposition Nationale du travail, où seuls sont présentés toutes les trois années les lauréats algériens, depuis 1949, année de la mise en place du Service dans le département, 16 titres de :--------------« Un des meilleurs artisans de la France d'Outre- Mer » ont été accordés aux représentants des régions qui viennent d'être passées en revue.
soit :
TAPIS : Djebel-Amour     4 titres
-------Mascara           1
TISSAGES : Tlemcen   4
-------Sahara 1
VANNERIE : Azail      2
CUIR BRODE : Tlemcen         2
BOIS : Tlemcen            1
CUIVRE : Tlemcen      1

-------Parmi les projets en cours de réalisation, il faut signaler l'installation à Oran, d'un centre de documentation et d'exposition permanente.

FONCTIONNEMENT DU SERVICE

-------Le Service est domicilié :
--------à Aflou, où il est représenté par le chef de Centre Régional du Djebel-Amour.
--------
à Tlemcen, Route de Mansourah, où il compr end : -------Un chef de Centre Régional,
-------Une Adjointe -Technique,
-------Une dessinatrice,
-------Quatre agents de Service.

-------- à Mascara, Place Lafontaine - Bab-Ali - siège du Centre municipal dirigé par une Adjointe Technique.
--------à Oran, 20, boulevard Oudinot, siège de l'Inspection, où il comprend un agent occasionnel chargé du contrôle des exportations. Le Service y est représenté, pour le département d'Oran et le territoire d'Aïn-Séfra, par un Inspecteur.

F. FAUCK.