Le Tabac
------La culture
du tabac était pratiquée en Algérie bien avant notre
arrivée, mais elle occupait des surfaces restreintes car, la consommation
était insignifiante.
------Celle-ci
augmenta avec l'Armée d'Afrique ; la culture demeurée libre
de développa, et le Gouvernement l'encouragea par des achats.
------Mais
ce n'est qu'avec la prodigieuse vogue de la cigarette que se créa
une industrie algérienne du tabac à fumer et, naturellement,
une grande extension de la, culture, qui' trouva un débouché
sur place. La Régie française acheta également un
contingent, et le tabac entra pour une part appréciable dans le
revenu des cultivateurs musulmans des régions de la Mitidja, des
Issers et de Bône, les plus favorables à cette culture.
En 1907, pour la première fois, un impôt fut créé
sur les tabacs commercialisés. lI est devenu une importante ressource
de budget algérien.
------Mais
c'est surtout après la guerre de 1914-1918 que la culture du tabac
prit l'importance qu'elle a conservée, grâce à l'élan
que lui donna la coopérative.
------La Société
coopérative des planteurs de tabacs de Bône, la " Tabacoop
", puis celle de la Mitidja et de la Kabylie, se fixèrent
un triple objectif : assurer aux planteurs une rémunération
convenable et, autant que possible, stable ; pratiquer une politique de
qualité par la distribution de semences sélectionnées
pour la culture de variétés appropriées ; traiter
les tabacs afin de livrer à l'industrie et au commerce un produit
irréprochable.
------C'était
là les objectifs économiques. Ils allaient de pair avec
les réalisations sociales : fixation à la terre du planteur
par une culture familiale ; élévation de son standing d'existence
; assimilation progressive mais sûre,' parce que basée sur
l'intérêt, des bienfaits de la coopération et de la
mutualité.
Enfin, au-dessus de toutes ces considérations d'ordre privé
ou professionnel, fraternisation effective dans le labeur et le profit
entre Français et Français-Musulmans.
------On peut
dire que tous ces objectifs ont été atteints grâce
à l'esprit d'initiative et d'organisation des dirigeants, à
la compréhension des coopératives, et à l'aide précieuse,
vitale, de la Métropole, sous la forme de contrats d'achats par
la Régie de quantités importantes - les 2/3 de la récolte
- à des prix fixés de façon à assurer la stabilité
et la permanence de la culture.
------La production
du tabac, qui dépasse 20 millions de kilogrammes et occupe près
de 30.000 hectares, est parvenue aujourd'hui en Algérie à
l'étiage normal. Il ne convient pas de le dépasser, et c'est
vers d'autres cultures sociales telles que le coton et le riz, que doivent
être dirigés nos cultivateurs.
------Quoi
qu'il en soit, le tabac, dont la production représente à
peu près une journée de travail par kilog, demeurera un
des meilleurs moyens de fixer le paysanat algérien.
Le coton
------Le cotonnier
n'est pas, en Algérie, une plante spontanée. Il est venu
d il y a des siècles, des millénaires même, puisque
les Romains le connure que sa culture fut pratiquée aux XVè
et XVIè siècles par les Turcs.
------Les
Français le trouvèrent comme plante d'ornement, ou presque
à sauvage dans les marais.
------Comme
pour toutes, les plantes exotiques, sa culture fut encouragée 1831
par le Gouvernement. Depuis, elle connut de brèves époques
de prospé et de longues périodes de délaissement
total qui correspondent aux gue (Sécession, 1914-1918, 1939-1945),
qui revalorisèrent le prix du coton.
-----Depuis
quelques années, le relèvement sensible des cours, les efforts
conjugués des agriculteurs groupés en coopératives,
et des Pouvoirs publics, ont abouti à une extension importante
de sa culture. Et le cotonnier a désormais une place certaine dans
l'économie algérienne et nationale.
------En effet,
la France, qui possède la quatrième industrie cotonnière
du monde est contrainte d'importer annuellement une moyenne de 260.000
tonnes de coton brut, provenant en majeure partie des Etats-Unis. Depuis
quelques années l'apport des territoires d'outre-mer s'est considérablement
accru, et représente pour la dernière campagne 15,26 % de
la consommation française.
------La contribution
algérienne s'élève à 2.200 tonnes de fibres
pour cette même période, et ce tonnage peut être sensiblement
accru en utilisant à plein toutes les possibilités algériennes,
d'une part dans les périmètres irrigables, et d'autre
part dans la vaste région de Bône et El-Arrouch pouvant normalement
recevoir de 10.000 à 15.000 hectares de cotonniers qui, en culture
sèche, donnent des rendements très satisfaisants et produisent
une fibre de longueur moyenne (26 à 28 mm.), de qualité
excellente. Elle y occupe déjà 6.500 hectares.
------En accord
avec les Services de l'Expérimentation du Gouvernement Général
et avec le concours des ingénieurs et techniciens de l'Institut
de recherches C.T., il est procédé à la sélection
méthodique des variétés les mieux adaptées
à nos diverses régions, et donnant des fibres de qualité.
------Sur
le plan industriel; la Coopérative cotonnière, qui groupe
l'intégralité des planteurs de coton des trois départements
algériens, dispose de trois usines équipées pour
traiter dans des conditions normales de travail la production de 12.000
à 15.000 hectares de cotonniers.
------L'usine
d'égrenage de Bône est, en raison de l'extension considérable
des cultures dans cette riche région, celle qui a connu le développement
le plus spectaculaire et qui dispose du matériel le plus moderne.
------En raison
de ses besoins, la Métropole a intérêt à développer
cette culture en Algérie comme dans les autres territoires de l'Union
française, puisque chaque kilog de coton qui y est produit permet
une économie de près 1 dollar.
------Une
production de 5.000 à 6.000 tonnes de fibre, que l'ont peut raisonnablement
escompter, conduit donc à une économie de 5 à 6 millions
de dollars.
------De plus,
le cotonnier est une culture sarclée qui procure du travail à
des milliers d'ouvriers, aux femmes, vieillards et enfants, car les techniciens
ont établi que 60 à 70 % du prix de vente du coton revient
à la main-d'oeuvre.
------Son
rôle social est donc très important, et dans les régions
où elle est possible, elle fournit une base solide aux entreprises
du paysanat.
------En octobre
1953, un important groupe de filateurs du Nord, de l'Est et de Normandie
a visité les champs et les installations de la Coopérative
cotonnière, de Bône.
------Ces
professionnels ont été d'accord pour proclamer que la culture
du cotonnier en Algérie était à encourager, et qu'elle
était destinée à un développement certain
et profitable à l'économie française.
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