Les ports maritimes algériens
par Paul Laurent, ingénieur des ponts et chaussées
INTRODUCTION
- collection B.Venis
sur site le 27-10-2010

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Introduction

LA côte algérienne s'étend sur une longueur de 1.000 km. environ suivant un arc de cercle très tendu dont la corde a sensiblement la direction Ouest 10 degrés Sud-est 10 degrés Nord. Elle est battue par des vents dominants venant d'Ouest-Nord-Ouest, tournant parfois au Nord ou au Nord-est et amenant alors les tempêtes les plus violentes et les plus dangereuses pour la navigation.

Elle offre très peu de rades sûres ; on n'en compte en effet que trois qui méritent vraiment ce nom, ce sont celles de Mers-el-Kébir, d'Arzew et de Bougie. Des rades foraines situées dans la partie occidentale des golfes algériens, à l'abri des caps ou promontoires Ouest de ces golfes étaient utilisées par la navigation à voiles ; les navires y trouvaient une sécurité plus ou moins grande suivant leur degré de fermeture vers l'Est et le Nord-est : ce sont celles d'Alger, de Djidjelli, de Colle, de Stora, petit port voisin de Philippeville, et du Fort-Génois au Nord de Bône.

Cette côte, autrefois inhospitalière, a été fréquentée tout d'abord par les Phéniciens, ces granits navigateurs d'il y a 3.000 ans, qui y avaient fondé des établissement et qui utilisaient ses abris naturels comme Wales au cours de leurs audacieux voyages vers l'Atlantique.

Puis les Romains s'y sont établis et ont construit quelques ouvrages portuaires pour mien abriter leurs galères ; on en trouve trace à Arzew, à. Cherchell, l'antique Césarée, capitale de la Maurétanie Romaine, à Tipasa. Ils s'étaient aussi installés à Dellys, à Bougie (Saldae), à Djidjelli, à Collo célèbre clans l'antiquité par ses teintureries de pourpre, à Philippeville (Rusicada), près du refuge de Stora, à Hippone, à l'embouchure de la Seybouse, et à proximité du mouillage du Fort-Gênois et à La Calle.

Après eux, les Byzantins au VIe siècle, puis à partir du VIIè siècle les Arabes, les rois berbères et les Espagnols contrôlèrent la côte algérienne. Les frères Barberousse au XVIè siècle firent passer ses refuges sous la domination turque pendant laquelle ils devinrent les repaires des flottes des corsaires qui exerçaient le brigandage maritime, principale industrie des états barbaresques; seul Oran résista et ne tomba aux mains des Turcs qu'en 1792.

Carte des ports algériens
Carte des ports algériens

A la conquête de l'Algérie par les Français rien ne subsistait du peu d'ouvrages maritimes construits par les Romains ; la mer et les tremblements de terre avaient fait leur œuvre.

A Oran, une grotte dans la falaise servait d'abri aux barques transportant les marchandises en provenance ou à destination des navires réfugiés à Mers-el-Kébir.

Alger, le seul petit port turc alors aménagé entre le Maroc et Tunisie, possédait une darse de 4 ha. entre l'îlot de l'Amirautéet la côte dans la partie Nord du Vieux Port actuel.

Dès l'occupation des différents points de la côte algérienne, les Français y construisirent des débarcadères pour le ravitaillement par mer des colonnes expéditionnaires ; c'est ainsi que des établissements portuaires prirent naissance à Nemours, à Arzew, à Mostaganem, à Ténès, à Dellys , à Bougie, à Philippeville et à Bône.

Jusqu'en 1851, époque où les barrières douanières , entre la,France et l'Algérie furent supprimées, le trafic maritime fut constitué principalement par des importations pour l'armée. A partir de ce moment, l'extension du réseau de voies de communication, le développement de la colonisation, la mise en valeur progressive du territoire algérien entraînèrent un accroissement continu du commerce entre l'Algérie et les pays d'outre-mer. Les ports par où se fait la majeure partie de ce trafic commercial durent par suite, pour répondre à ces besoins sans cesse grandissants, être construits, aménagés, outillés et être l'objet .d'extensions renouvelées.

Des trois rades naturelles, seule celle de Mers-el-Kébir est utilisée pleinement puisqu'une base militaire y a été créée. Le port d'Arzew, par manque d'aiguade suffisante et de voie ferrée de desserte à largeur normale, ne s'est pas développé malgré sa situation géographique favorable. Bougie est resté un port à trafic moyen en raison du peu de ressources de son arrière-pays à superficie limitée par les courants commerciaux des hauts plateaux sétifiens allant vers les ports mieux outillés d'Alger et de Philippeville.

Le génie français a par contre, à force d'ingéniosité, de volonté et de ténacité, créé de toutes pièces des ports à des emplacements de la côte algérienne déshérités du point de vue nautique. Il a dû pour celales conquérir entièrement sur la mer, souvent en des endroits où le relief sous-marin plonge brusquement et les protéger des tempêtes par des digues établies par des fonds atteignant près de 40 mètres comme à Alger.

L'aménagement des bassins et l'outillage des môles et des quais ont suivi ta réalisation des ouvrages de protection.

Tous ces efforts ont abouti au splendide chapelet d'établissements maritimes actuels du littoral algérien.

Ces ports, placés sous l'autorité du Gouverneur Général de l'Algérie, sont tous des ports non autonomes. Leur classification est encore celle arrêtée par le décret du 12 juin 1931.

Trois d'entre eux sont des ports principaux : Alger, Oran et Bône. Tous les autres sont des ports secondaires dont les plus importants sont dans l'ordre : Mostaganem, Philippeville et Bougie. En les citant suivant leur position géographique, en allant de l'Ouest vers l'Est, les autres ports secondaires sont :

dans le département d'Oran : Nemours, Béni-Saf et Arzew ; dans celui d'Alger : Ténès, Cherchell, Tipasa, Dellys, Tigzirt et Port-Gueydon, et

dans le département de Constantine : Djidjelli, Collo, Herbillon et La Calle.

Il existe encore de petits refuges pour barques de pêche : Gouraya entre Ténès et Cherchell, Bérard, Bou- Haroun, Chiffalo, Castiglione, La Pérouse et Jean-Bart dans le voisinage immédiat d'Alger ; Mansouriah et Cavallo entre Bougie et Djidjelli ; enfin Stora près de Philippeville.

Alger, juillet-Octobre 1942. P. LAURENT,
Ingénieur ,des Ponts et Chaussées.

La pénurie actuelle de toutes choses empêche la reproduction de l'ensemble des cartes, plans, graphiques et photographies que nous aurions aimé insérer dans la présente étude.
Nous nous en excusons auprès de nos lecteurs.