Alger, Algérie, vues générales aériennes
69.801 : en avion sur TIGZIRT
+ texte sous l'image.( voir aussi
ici)
écrite, non datée

 
mise sur site le 19-1-2010
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situation Tigzirt
Dans les plages délimitées, ruines romaines
D'Alger à Bougie par Azaga .-131 k. Tigzirt-sur-Mer (services automobiles pour Alger et pour Tizi-Ouzou o - hôt. : Grand-Hôtel Domergue, tél. 0-01 ; Pavillon de la Plage, tél. 0-05), gros centre et station balnéaire ; ch.-1. ne mixte de Mizrana, de 44.200 hab.
-----Tigzirt occupe l'emplacement d'une ville romaine qui fut importante : IOMNIUM. De beaux restes d'édifices antiques se dressent encore en avant du village moderne, sur un plateau de lande qui s'avance en promontoire dans la mer; à l'extrémité, roche aiguë et petit îlot boisé (très beau paysage). Joli temple, assez bien conservé, construit au début du IIIe s. et dédié au génie du municipe de Rusucurru (Dellys). - Grande basilique chrétienne, du Ve ou VIe s., d'une riche ornementation ; l'intérieur était séparé en trois nefs par deux doubles rangées de colonnes et pavé en mosaïque ; au-dessus des bas-côtés, il y avait des tribunes. A g. restes d'un baptistère tréflé (cuve ronde). - Au S. de cette église, vestiges de thermes : belle mosaïque ornementale, abritée sous une cabane. - Dans le jardin de l'administrateur, tombes creusées dans le roc. Les fouilles en cours dégagent des bâtiments superposés de plusieurs époques. On voit les traces des enceintes successives de la ville (deux romaines, une byzantine). Guides Bleus 1955

en avion sur TIGZIRT


-----Après Menerville, la nationale traverse Haussonvilliers avant d'arriver à Tizi-Ouzou etsi vous bifurquez vers les plages, au pied des montagnes de la Kabylie, bordée par la Mer Méditerranée, une petite ville coule des jours heureux.
-----Tigzirt-sur-mer dont les ruelles ombragées de treilles ont tant de charme fut une station balnéaire renommée.
-----Protégée par un ilot rocheux qui abrita un mouillage punique puis romain que domine au loin le cap Tedlès, sur le rebord duquel on distingue le mausolée de Tabsebt.
-----Lieu de villégiature, les romains nommaient cet endroit lomnium. Puis ce très beau site connut l'évangélisation car on y a trouvé une grande basilique.

Des fouilles intermittentes

-----En 1894, un jeune architecte algérois, M. Gavault, découvrit à Tigzirt-sur-mer des ruines qui signalaient en ce lieu, encore difficilement accessible, la présence d'une civilisation disparue.
-----Certes, ce n'était pas une découverte au sens strict du mot puisque des textes anciens avaient déjà parlé de la présence de colonies romaines dans cette région de la Kabylie.
-----Mais ce fut M. Gavault qui eut le mérite d' entreprendre les premières fouilles et d'effectuer les premiers travaux de restauration des monuments découverts. Malheureusement, la mort prématurée de M. Gavault devait arrêter son oeuvre. Il laissait cependant un ouvrage dans lequel il parlait des travaux effectués à Tigzirt, de ce qu'il avait trouvé et ce qu'on pouvait en attendre.
-----Ce volume allait servir de guide pour les recherches futures.
-----Mais, après la disparition de M. Gavault, Tigzirt allait de nouveau tomber dans l'oubli. Pendant près d'un demi-siècle, aucune fouille n'y fut effectuée. Officielle tout au moins, car la direction des Antiquités n'ignorait pas l'existence de cette ancienne plate-forme romaine que l'on croyait être lomnium, annexe militaire de Rusuccuru, le Dellys actuel. Les crédits manquaient.
-----Les vestiges restaient enfouis sous leur gangue de terre et de sable. Ici et là une colonne, un pan de mur sur lequel se chauffaient des lézards, où grimpaient les agiles chevrettes, émergeaient du maquis. Le village moderne prenait à son tour de l'extension. Les entrepreneurs construisaient sur des fondations solides, constituées par les murs ou les assises de ruines enfouies. Ils n'hésitaient pas non plus à rechercher des ex-votos, des pilastres, même des colonnes doriques pour orner les maisons, et c'est un fait curieux à constater que l'on trouve davantage de reliques encastrées dans les façades des maisons modernes de Tigzirt que dans les ruines mises à jour.
-----Parfois un terrassement creusé plus profond faisait découvrir des vestiges que l'on ne soupçonnait pas. On trouvait aussi les objets les plus banaux comme les plus précieux.

La jarre d'or ou le voleur volé

-----Le compositeur Louis Ganen qui possédait une villa dont le jardin borde le vaste périmètre où est installé le chantier des fouilles fit appeler, il y a quelques années un terrassier pour effectuer quelques travaux dans son jardin.
-----Le Kabyle, qui était du douar Taksebt, trouva sous sa pioche une jarre qui laissait couler un flot de pièces d'or. L'aubaine était trop belle. Il n'en fit part à personne, reboucha le trou et la nuit venue vint prendre la jarre qu'il alla mettre en sécurité dans son douar.
-----Mais n'ayant qu'une confiance plus que limitée envers son épouse, il partagea le magot en deux, une partie qu'il enterra près de sa demeure ; une seconde qu'il s'empressa de porter le lendemain chez un bijoutier de Tizi-Ouzou pour la monnayer.
-----Le bijoutier était aussi véreux que sa femme était voleuse. Sous prétexte d'une expertise, il demanda au Kabyle de lui laisser l'or et quand celui-ci revint, le commerçant proclama hautement n'avoir rien reçu. -----Et notre terrassier, volé comme dans un bois, n'ayant même pas la possibilité de porter plainte, revint dare-dare à son douar pour constater avec désespoir sa seconde infortune. Sa femme avait disparu emportant l'or qui était enterré. On dit même qu'il servit à acheter une propriété en Mitidja, tandis que notre terrassier reprit sa pioche et fouilla sans relâche, comme les enfants du laboureur de la fable, la terre de Tigzirt dans l'espoir, jamais réalisé, de découvrir un autre trésor.

Reprise des fouilles

-----C'est en 1949 que les travaux devaient reprendre dans les ruines de Tigzirt. Sur les propositions de M. Grenier, membre de l'Institut, inspecteur des Antiquités et de M. Leschl, directeur des Antiquités, il fut possible d'envoyer tous les ans, grâce à une bourse attribuée par le Gouvernement Général, un membre de l'École Française d'archéologie de Rome poursuivre les fouilles suivant les possibilités des crédits affectés pour celles-ci. Ces recherches devaient révéler l'existence de ruines certainement très importantes.
-----Sur le plan objectif, les fouilles de Tigzirt ont décelé dans la presqu'île l'existence de plusieurs villes superposées. Il est vraisemblable qu'à l'origine devait exister une escale punique dont l'emplacement n'a pas encore été déterminé, mais qui devait être plus ou moins rattachée à Rusuccuru (Dellys).
-----A cette ville punique devait succéder un habitat romain qui manifesta sa présence à l'époque de l'empereur Antonin. Ces vestiges romains n'ont pas encore été dégagés mais on commence à les entrevoir.
-----A son tour , l'habitat romain disparut pour être recouvert par une petite cité chrétienne qui se groupa autour de la basilique. Celle-ci qui date du IVè ou Vè siècle, est complètement dégagée et dresse ses colonnades de belles dimensions à l'extrémité est de la presqu'île.
-----De l'époque romaine, les fouilles ont permis de dégager un très beau temple païen érigé, un grand ex-voto nous l'apprend, par un riche commerçant au génie de Rusuccuru.
-----Au sud de l'église on découvrit des Thermes et même un forum. La cité chrétienne devait à son tour disparaître pour laisser la place aux Vandales puis aux Byzantins. C'est au milieu d'une accumulation de trois, sinon quatre civilisations que les recherches se poursuivent.
-----Dans l'îlot situé au large de la presqu'île de Tigzirt, on trouve également les vestiges d'une installation dont la date de création est incertaine, mais qui vraisemblablement était reliée à la terre par une jetée aujourd'hui disparue.
-----En passe d'être la Tipasa de Kabylie, les fouilles sont arrêtées depuis plus de vingt ans et à nouveau lomnium retombe dans l'oubli de l'histoire.

J-M L