La colonie agricole de Lodi fut créée
en 1848 par une fraction des 912 colons dont 59 enfants de moins de
deux ans du 8e convoi parti de Paris le 5 novembre 1848.
Arrivés à Marseille le 19 novembre 1848, ils embarquèrent
le 21 novembre sur le "Christophe-Colomb" et débarquèrent
à Alger le 29 novembre 1848, pour créer
Damiette et Lodi. Ce nom a été donné
au nouveau village en souvenir de la bataille de Lodi, ville de Lombardie,
remportée le 10 mai 1796 par Bonaparte sur les Autrichiens.
Le village est situé au lieu-dit " Drasma ", au pied
du piton du Dakla (1062 m) dans une situation agreste. Le sommet de
ce piton du Dakla était couronné par un édifice
de forme cubique haut de 2 m terminé par une plate-forme supportant
un signal géodésique participant à la triangulation
de la carte de l'Algérie.
Le village, commune de plein exercice, est situé à 4 km
à l'ouest de Médéa
et 94 km au sud-ouest d'Alger.
En 1900 sa population était de 2 908 habitants dont 343 Français
et 2 565 autochtones. La commune avait une superficie de 16 090 ha en
montagne dont 109 ha de vigne. Lodi est une station de chemin de fer
sur la ligne à voie étroite ralliant
Blida à
Berrouaghia (84 km) par Mouzaïa-les-Mines et Ben-Chicao.
Plus tard, cette ligne sera prolongée jusqu'à Djelfa.
Le village de Lodi est situé à 927 m d'altitude. Climat
continental, la température passait de 2° au-dessous de zéro
en hiver à 36° en été.
A Mouzaïa-les-Mines, sur le territoire de la commune de Lodi, il
y avait de magnifiques forêts de chênes-lièges, chênes-verts
et de pins d'Alep. D'importantes carrières de gypse (pierre à
plâtre) alimentaient des plâtrières.
Administration municipale
Maire: M. Jean Izard; adjoints: MM. André
Couchez, Errahmani et Hadj Larbi; secrétaire : M. Charles Bertrand;
gardes-champêtres : MM. M. Bodin, Jean Michel; cantonnier: M.
Alfred Joffray ; instituteur: M. Charles Bertrand; institutrice: Mlle
Irma Chambille; curé: François Soulié.
Douars de la commune:
BouAlem, Ouled-Delmi, Taddinart, Zaouïa,
Zeddinart, Ouled Messaoud, Chaâb, Ouled Senen.
Professions
Aubergistes: M""' Couchez
et Denise;
boulanger: M. Joseph Messud ;
cordonnier : M. Di Filippi;
entrepreneurs de travaux : MM. Amory et Pascal
Camy; fours à plâtre :
MM. Nicolas Schettino et Jauffret; menuisiers :
MM. Dupoizat et François Januzzi;
épiciers : Mme veuve Goddeberge, M. Moïse Chouraqui;
charron-forgeron : M. Ramoni.
Agriculteurs et viticulteurs
À partir de cépages comme
le mourvèdre et le morastel, faranah et merseguerra, la région
produisait d'excellents vins rouges et blancs de bonne teneur alcoolique.
MM. Amory, Camy, André Couchez, Simon Couchez, Izard, Marin,
Sarradet, Michel, Boissard, Clément Scorbiac, Bergeron, Bouffartigue,
Campagne, Honoré Caillaud, Demeuzoy, veuve Goddeberge, Quartero,
Raymond, Richard Tridondani.
Les liaisons
avec Alger
À partir de 1930, les liaisons avec Alger étaient assurées:
- par la route: autobus Alger-Lodi-Djelfa: transports Delaunay.
- par la ligne P.L.M. de Blida à Djelfa, avec correspondance
par la grande
transversale d'Alger à Oran.
Avec quatre trains par jour dans le sens Blida-Lodi.
Trois trains par jour dans le sens Lodi-Blida. Arrêts à
La Chiffa, Sidi
Madani, Mouzaïa-les-Mines.
En 1955,1e village de Lodi avait 5 700 habitants sans compter la population
des douars
Lodi et ses écrivains
Les auteurs Guy de Maupassant, Henriette
Célarié, Charles Desprez, Victor Prouteau, impressionnés
par le régime capricieux des oueds, sont restés insensibles
aux efforts des hommes établis dans les gorges profondément
déchirées de La Chiffa et des pentes ravinées du
col de Mouzaïa.
En 1950, en raison des difficiles conditions d'existence, il ne restait
pas beaucoup, dans cette région, de descendants des premiers
du 8e convoi parti de Paris le 5 novembre 1848.
Et pourtant, au départ, le citoyen Trélat, représentant
du peuple, maire du 12e arrondissement de Paris, leur avait déclaré:
" Vos noms et plus tard le culte de votre souvenir seront bénis
par vos enfants et vos petits-fils ".
Cette note succincte, sur ce village de Lodi n'a pas d'autre objectif
que celui de sauvegarder de l'oubli et du néant le passé
algérien de ces colons du 8e convoi.
Elle pourra être développée et complétée
par tous ceux qui, dans l'avenir, seront intéressés par
Lodi.
Bibliographie
- Le guide Louis Piesse, 1889.
- Le guide Adolphe Joanne, 1908.
- Mme Michèle Salinas, Voyages et voyageurs en Algérie,
éditions Privat, Toulouse, 1989.
Remerciements
L'auteur remercie bien vivement toutes
les personnes qui ont eu l'amabilité de mettre à sa disposition
leurs archives et souvenirs personnels, notamment le Dr Georges Duboucher
et M. Jacques Piollenc.