-l'homme qui va vers l'ouest
...ou Margueritte, mon village
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-------Je vous ai dit que mon oncle avait beaucoup de chiens, mais je ne vous pas encore parler de Nénette. Nénette était une chienne de race griffon, pas bien grande d'un poil épais et touffu de couleur brune et qui lui cachait un peu les yeux. Elle pouvait être utilisée pour chasser le lapin, mais mon oncle l'emmenait rarement à. la chasse. C'était une chienne très gentille, attachante, je l'aimais beaucoup. Quand la cloche de l'école tintait à 11 heures et à. 4 heures et demie, elle accourait et venait nous chercher Sauveur et moi pour nous raccompagner au café, malgré le temps qu'il pouvait faire. Je me souviens d'un jour où il avait beaucoup neigé et que ses pattes s'enfonçaient dans la couche de neige.

-------Cette chienne m'aurait sauvé la vie!! C'est ce que l'on m'a dit. Il paraît qu'au cours d'un voyage dans l'autobus qui me ramenait d'Alger avec maman et ma tante, dans un tournant la portière à laquelle j'étais accoudé pour regarder le paysage, s'est ouverte brusquement et je suis tombé, la chienne - c'est ce qu'on m'a dit -, s'est jetée en même temps et m'a tiré par le tablier évitant que je passe sous une roue.

-------J'ai donc aimé d'autant plus cette chienne et j'ai eu beaucoup de peine quand j'ai appris sa mort plus tard.

-------Pour en revenir à l'école, celle de Margueritte a été rendue célèbre en Algérie comme en France, par l'attitude d'un instituteur. Entre 1900 et 1919, j e ne souviens plus de l'année exactement, il y a eu une révolte arabe dans la région, et cette école avait été cernée par des arabes qui voulaient enlever les enfants. L'instituteur a protégé les enfants et les faisant chanter la Marseillaise a tenu jusqu'à l'arrivée de secours. Ce fait n'est pas une légende, on le retrouvait dans les livres d'histoire de l'Algérie.

-------Dans ma description des lieux, je vous ai parlé de la baraque au fond de la cour, abritant les W.C.
C'est qu'il n'y avait pas dans les maisons et notamment au café, des toilettes ou salles de bains : il n'y avait pas d'eau courante. Il fallait aller chercher l'eau à la fontaine dans la cour avec des seaux et on remplissait des récipients. Il y avait un récipient au café, au-dessus du bac à laver les verres, un à la cuisine ainsi que celui dans la glacière. Pour la toilette, il y avait dans l'angle du mur de la cuisine et de la chambre, un lave main. Un récipient rempli d'eau et au-dessous un petit bac. Par un robinet ou faisait couler un mince filet d'eau avec lequel on se mouillait les doigts. L'eau sale du bac était vidée dans un seau, ce seau ensuite vidé sur la route.

-------Pour la toilette du matin, dans chaque chambre, une table appelée table de toilette avec dessus de marbre, sur cette table un broc plein d'eau et une cuvette en faïence. Cela suffisait pour la toilette. Un seau dit seau hygiénique était en permanence dans la chambre, pour recueillir les eaux de la toilette, et la nuit, et même le jour par temps de neige, on l'utilisait pour les besoins naturels. Son couvercle empêchait un peu la sortie des odeurs. Cela semble maintenant incroyable mais dans les campagnes et même les villes, on ne pouvait faire autrement, l'hygiène était relative. C'est aussi anachronique que l'éclairage à la bougie ou au pétrole à. cette époque, et au café l'éclairage à l'acétylène était le nec plus ultra.

-------Plusieurs petits commerces indispensables existaient à Margueritte, mais pour les achats importants il fallait aller à Miliana, la ville la plus proche à 10 kilomètres. Certains allaient avec leur voiture pour faire leurs achats et ceux commandés par des voisins, pour ceux qui voulaient faire leurs courses eux mêmes, ils pouvaient utiliser la voiture du boulanger qui faisait le voyage en semaine le jour du marché à Miliana. Sa voiture était assez grande pour emmener plusieurs personnes moyennant une petite rétribution, c'est naturel.


Miliana : porte du Zaccar

-------Tous les services administratifs de la région se trouvaient à Miliana qui était le siège de la commune mixte des Braz, C'était le nom de l'administration, la préfecture, responsable des services militaires et civils de la région. A Miliana se trouvait l'exploitation des mines de fer du Zaccar, le minerai extrait partait par le train à Alger, et là il était embarqué pour les usines de France.

-------Il était possible aussi d'être fournis en linge de maison, vêtements chaussures etc. par des grands établissements d'Alger. Des représentants de ces maisons passaient deux fois par an, au printemps et en automne, montrer les articles les plus courants qu'ils transportaient dans leur camionnette. Les clients pouvaient trouver dans les catalogues ce dont ils avaient besoin. Les magasins algérois " Au Gagne Petit ", " Les Deux Magots ", " Le Bon Marché " étaient représentés ainsi.( note du site : voir même remarque , village de Zemmora)

-------Quand les représentants venaient, ils restaient 2 à 3 jours pour visiter les clients de la région autour de Margueritte, ils prenaient leurs repas au café et logeaient dans une des 2 chambres que " l'hôtel du Zaccar " possédait dans une petite maison à 5 minutes du café.

-------Ces chambres qui étaient rarement utilisées, devaient être préparées avant chaque occupation, c'était le travail de maman et nous allions, Sauveur et moi, avec elle pour l'aider dans la mesure de nos petits moyens. Il fallait aérer cette pièce qui restait si longtemps fermée, nettoyer, refaire les lits etc.

-------La prise des commandes se faisait sur une table au café. Les commandes enregistrées étaient livrées plus tard par l'autobus au café et les clients venaient les retirer.

-------Je me souviens des vêtements que l'on commandait pour moi, j'essayais d'abord ceux, échantillons, de la voiture pour avoir une idée. J'étais pressé de les recevoir ensuite.

-------Le passage de ces représentants provoquait une animation inhabituelle pour nous, cela me donner l'occasion de voir beaucoup de gens que je ne voyais pas souvent, des personnes qui discutaient posaient des questions sur la qualité, le prix. Nous obtenions toujours, mes frères et moi, un petit jouet, un ballon.

-------À part les représentants de commerce qui prenaient leurs repas chez nous, d'autres voyageurs qui faisaient le trajet entre Alger et Orléansville ou Oran, s'arrêtaient pour casser la croûte, déjeuner et même parfois dormir. Pour nous c'était un véritable exploit qu'accomplissaient ces gens : faire tant de kilomètres en automobile, ce n'était même pas prudent ! !!!

-------Les repas que ma tante leur servait étaient très copieux et les clients très contents, mais l'oncle les mettait toujours en garde sur la boisson. Invariablement, les clients trouvaient le vin excellent. Mon oncle leur disait : " Méfiez vous, ce vin se boit facilement : il fait 14 ou 15 degrés, alors n'en abusez pas. "

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