les feuillets d'El-Djezaïr
Henri Klein

Établissements universitaires
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L'Ancien Collège (le Lycée)
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Établissements Divers (Filles et Garçons)
-- Enseignement arabe-français
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Enseignement professionnel
-- Les Autorités Académiques
sur site le 15-3-2009

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Établissements Universitaires
L'Ancien Collège (le Lycée)

L'ancien Collège d'Alger, institué par un décret du 27 avril 1835, eut pour local le bâtiment modeste d'une école d'Enseignement Mutuel situé rue des Trois-Couleurs et rue Jénina. Son Principal fut M. Barthélémy. Celui-ci eut pour collaborateurs, dans le nouvel établissement universitaire, MM. Pothier, Desclaux et Galtier. Ce dernier avait, antérieurement, dirigé une école libre, créée en 1833 dans la rue Socgemah et transférée en 1834 dans la rue du Sagittaire. Cette école dont la clientèle devint celle du Collège, comptait une vingtaine d'élèves, enfants de fonctionnaires, de soldats et de colons. Elle eut un programme d'enseignement secondaire.

Au début, les études du dit collège n'allaient pas au delà de la troisième ( En janvier 1835, le Conseil municipal avait voté les fonds nécessaires à la création "d'un cours supérieur de mathématiques et de français" ). Ce ne fut que plus tard, et successivement, que celles-ci s'augmentèrent des classes d'Humanités, de Rhétorique et de Philosophie.

En même temps, d'autres établissements dispensèrent ici, l'instruction aux enfants des deux sexes de la classe populaire. Quant aux jeunes filles de la bourgoisie, diverses institutions privées leur furent offertes. Des institutions mixtes, payantes, furent aussi créées.

Le Collège qui, à son ouverture, se composait de 36 élèves, en compta 165 en 1847. Mais la maison de la rue des Trois-Couleurs devenait insuffisante. On dut songer à un autre immeuble.

L'Administration choisit alors une ancienne caserne de Janissaires. Cette caserne, dont l'emplacement est en partie occupé aujourd'hui par la maison Larade, avait été construite en 1551 sous le pacha Abou Mohammed Hassan, qui défendit Alger contre Charles-Quint. (Voir au chapitre : Casernes - M'ta-Labendjia).

La façade donnant sur la rue Bab-Azoun avait 29 mètres de longueur. A droite, c'était, comme il a été dit, la Rahba ou marché aux grains, puis l'impasse El-Azel, se trouvait un fondouk et une batterie. A gauche, s'ouvrait la rue du Laurier.

Le bâtiment, du côté de la mer, était borné par une falaise s'élevant à pic au-dessus du rivage. Au sud, s'allongeait un petit fossé, celui des anciennes fortifications, par lequel la maison était séparée de la place Bresson.

L'entrée, rue Bab-Azoun, donnait accès à un vestibule au delà duquel s'étendait la Grande Cour. Dans celle-ci avait lieu, chaque année, la distribution des prix. La pompe déployée en cette circonstance s'ennoblissait peut-on dire, de présences illustres. Là, en effet, parurent entourés de brillants officiers, des Maréchaux-Gouverneurs portant les noms glorieux de Pélissier et de Mac-Mabon. (Pour les détails de l'intérieur, voir à : Caserne des Janissaires).

Ce ne fut qu'en 1838, le 7 août, que cet établissement - alors collège - eut sa première distribution de prix solennelle. Un inspecteur de l'Enseignement, M. Lepescheux, qualifié complaisamment ici, "Inspecteur d'Académie", présida cette cérémonie.

Outre les distributions de prix que nous venons de rappeler, l'ancienne caserne des Janissaires vit d'autres événements sensationnels.

Nous citerons le bal magnifique qui fut donné en 1845, dans ce gracieux cadre mauresque, en l'honneur du Maréchal Bugeaud, bal que reproduisit l'Illustration de cette année.

Nous mentionnerons encore l'Exposition industrielle agricole et commerciale qui fut organisée là, en septembre 1848, et dont la même Illustration donna aussi une reproduction.

Nous rappellerons d'autre part que certains locaux de l'ancienne caserne des Janissaires furent l'objet, quelque temps, d'utilisations non scolaires. A ce propos s'indique la chambre de Yahia-Agha, qui fut d'abord oratoire public du culte réformé, puis Bibliothèque Royale en 1842, enfin en 1848, chapelle chrétienne du lycée. Cette chapelle vit à diverses dates, de belles cérémonies.

Bientôt, malgré ses proportions respectables, le champ de ce lycée fut à son tour jugé insuffisant. En décembre 1857, on l'augmenta de la caserne Massinissa où logeaient des artilleurs, et dont l'emplacement est aujourd'hui occupé par la rue Littré et par la partie Nord du square Bresson.

Mais ce n'était là qu'un expédient. Il fallut, quelque temps plus tard, se décider à construire un nouveau Lycée. Celui-ci, commencé en 1862, fut livré à l'Université en septembre 1868. On l'édifia près du Jardin Marengo dont il absorba une partie.

Un détail : au cours des fouilles effectuées pour l'assise des fondations du nouvel édifice, un spacieux colombarium, possédant, intacte, sa vaisselle funéraire, fut mis au jour. Ce souvenir d'Icosium fut conservé dans les substructions.

Que devint l'ancien Lycée? Il fut démoli en 1873. Ses jolies colonnades de marbre allèrent, en 1874, à l'ancien Palais d'Été, où elles servirent à la décoration de la porte d'entrée de la salle à manger et à la construction du gracieux kiosque dont s'orna jusqu'en 1916, le jardin. Ses précieuses faïences furent employées dans le même palais, oû elles parèrent agréablement quelques-uns des salons.

Rappelons que la plaque portant en caractères dorés l'inscription : "Lycée d'Alger" a été conservée par les Anciens Élèves de cet établissement qui l'ont scellée en leur salle de réunions. Cette salle, où des concerts sont aussi donnés, a été pourvue d'une scène de style pompéien.

Cette association, de laquelle nous faisons nous-même partie fut constituée en 1859. Elle eut son premier banquet le 8 décembre de cette année. (Voir l'Akhbar de ce jour).

Rappelons encore ce détail. Ce fut en novembre 1848 que le tambour remplaça, au Lycée nouvellement créé, la cloche de jadis, ce pourquoi, l'Akhbar du 19 de ce mois et de la dite année, se plut à plaisanter doucement l'Administration.

Le nouveau Lycée, édifié au delà de la rue Bab-el-Oued, se composa de trois grands corps de bâtiment reliés entre eux et comprenant trois longues cours auxquelles s'ajoutèrent en contre-bas, deux cours plus petites.

L'établissement couvrit une surface de 1 hectare 42 ares, dont une partie fut prise sur les bosquets du Jardin Marengo. La construction revint à 2.902.800 francs.

En 1886, la population de cette maison, qui était de près d'un millier d'élèves, nécessita la création d'une succursale qui fut installée à Ben-Aknoun, dans une des ancienne propriété des Jésuites, antérieurement quartier de Cavalerie. (Voir à : Villas).

En 1898, une deuxième succursale dut être créée à Mustapha. Le nombre total des élèves du Lycée d'Alger fut, en 1913, de 1.567. Il était en 1932, de 2.573. Il fut en 1936, de 2.650.

Nombre d'anciens élèves se firent un nom dans la Société (consulter à ce sujet "Centenaire du Lycée d'Alger" que nous avons publié en 1933).

Parmi les distingués professeurs que compta ce lycée dans le passé, il convient de citer le savant Emile Masqueray; Paul Monceaux, nommé au Collège de France; Georges Duruy, qui professa à Polytechnique; l'historien Maurice Wahl; l'archéologue Waill, qui exhuma maints trésors de Césarée; l'académicien, Louis Bertrand, dont la renommée au début s'établit avec le Cina et le Sang des Races. Il y a à mentionner aussi MM. Boissières, devenu recteur d'Alger, qui écrivit entre autres choses : l'Algérie Romaine; Tailliart, passé recteur à Montpellier, auteur de diverses oeuvres telles que: De la Charrue à la Pourpre; l'Algérie dans la littérature française (Couronnée).

Dans cette catégorie, au titre de lauréats, d'autres seraient encore à mentionner. Citons : Demontès, passé à la Sorbonne. Martinon qui y occupa une chaire libre en 1912. De Pachetère, tué à l'ennemi. Lespès ( Capitaine à la Grande Guerre où il fut décoré de la Légion d'Honneur.), Franc.

Un souvenir revient d'autre part, à feu Charles de Galland (devenu proviseur honoraire), dont la plume et la parole furent d'un si grand charme.

En dehors de cette liste, se signale avec l'élève Carde, gouverneur général de l'Algérie, de 1930 à 1935, le professeur de philosophie du Bouzet, qui, après avoir été préfet d'Oran, gouverna également la Colonie, de 1870 à 1871.

Établissements Divers (Filles et Garçons)

Pour les jeunes filles, un établissement d'ordre secondaire, "La Ligue de l'Enseignement",(voir) fut fondé en 1872, établissement érigé en Lycée, le 31 décembre 1910, puis accru en 1917 d'une annexe aménagée à Mustapha-Supérieur, au Splendid Hôtel. D'autres bâtiments, de conception différente, s'élèvent là, en ce moment.

Ajoutons que l'Enseignement primaire s'augmenta, en 1863, d'une École Normale qui fut à la montée de Mustapha (actuel Jardin des Antiquités) et que l'on transféra dans la suite à Bouzaréah.

En 1874, un décret institua une École Normale de filles, qui fut à Miliana.

C'est à M. Genty de Bussy, intendant civil de la Régence en 1832, qu'Alger doit la création des premières écoles publiques.

M. Duthrône, chargé de mission par le Gouvernement, visita celles-ci en octobre 1831.

Le 31 août 1837, un état relatif à la situation de l'Enseignement fut publié par l'"Akhbar", qui fit connaître que le nombre des élèves des écoles était de 1.104, se décomposant ainsi : 862 Européens, 130 Maures, 27 Juifs, 85 Juives. Le même journal annonçait, le 3 décembre de la même année. qu'une école juive pour jeunes filles venait d'être ouverte, rue des Trois-Couleurs, avec une clientèle de vingt élèves.

L'école juive de garçons datait de 1832. Celle pour garçons musulmans s'ouvrit en 1836; pour les filles, en 1850.

Ces différentes écoles furent, de la part des Gouverneurs Généraux, l'objet d'une grande sollicitude. Le "Moniteur" du 9 avril 1839 rapporte que chacune d'elles reçut la visite du Maréchal Valée, qui se rendit également au Collège.

En juin 1846, le comte de Salvandy, ministre de l'Instruction Publique, les visita à son tour, faisant, au cours de sa tournée, Officier d'Académie, l'instituteur libre Laurent, auquel il fit en outre octroyer une subvention de 300 francs à prendre sur son département, en faveur du cours de chant gratuit qu'il avait organisé ("Akhbar" du 6 juillet 1846). En 1855, l'Enseignement était dispensé à 1.411 enfants; il l'était en 1914 à 17.000. L'Enseignement fut aussi donné en des écoles religieuses : par les Frères de la Doctrine Chrétienne (quartier de la Cathédrale, de N.D. des Victoires, de Saint-Augustin), par les Soeurs du même ordre (rues Roland-de-Bussy, 1846; Babel-Oued, 1852), par le pensionnat des Soeurs Trinitaires, boulevard du Centaure, 1870. Il y eut aussi une école protestante et deux institutions juives pour garçons (Écoles Kahn et Lévy).

Enseignement arabe-français

Dès le lendemain de la Conquête, on avait songé â organiser, à Alger, l'enseignement de la langue du pays. C'est ainsi que, le 6 décembre 1832, M. Joanny Pharaon, secrétaire interprète du Général en Chef, ouvrit le premier cours d'Arabe. Une école publique arabe-française fut, dans la suite, rue Porte-Neuve, que dirigea M. Depeille. Les distributions de prix étaient faites en grand apparat à ses élèves, non dans l'école, mais à la Grande Mosquée.

En 1853, un collège arabe fut créé dans un bâtiment devenu en 1880, Hôtel du XIXème Corps. Ce collège, à la tête duquel fut placé M. Perron, venu du Caire, dépendit de l'autorité militaire. Le sous-directeur fut M. Depeille. Le savant orientaliste Cherbonneau fut le dernier directeur de cet établissement dont les élèves, en 1871, furent réunis à ceux du Lycée. Rappelons qu'en mai 1839 un Collège arabe avait été institué à Paris. En 1859, s'ouvrit la Médersa, qui fut place Duquesne, et en 1904, rue Marengo. A sa fondation, en 1850, cette école avait été à Médéa, d'où elle fut transférée à Blida, en 1855 (Horluc).

Enseignement professionnel

En cette catégorie, il est une école qu'on ne saurait passer sous silence, en raison de la personne qui la dirigea et des merveilleux résultats qu'elle donna. Nous voulons parler de l'École professionnelle de broderie indigène que créa, rue du Diable, en 1845, Madame Luce, femme d'un chef de musique de régiment de Ligne, lequel fut l'auteur du célèbre quadrille arabe : Dani-Dan (Voir plus loin, à : Art Arabe).

Dans cette école, les jeunes mauresques, tout en pratiquant l'art charmant dont Madame Luce eut l'heureuse idée de faire se continuer ici la tradition, apprenaient à lire, à écrire en français. Les premières notions du calcul leur étaient aussi enseignées.

Cette institution reçut, le 6 janvier 1847, l'investiture ministérielle et l'autorisation royale d'ajouter à son titre, cette mention : Sous le patronnage de S. M la Reine des Français.

L'École Luce qui en 1848, comptait 180 élèves, vit bientôt ce nombre s'élever à 300. Des subventions lui furent accordées par le Bureau de Bienfaisance musulman et par la Municipalité.

Mais 1870 arriva et dès lors, tous secours lui furent supprimés.

L'École aurait certainement disparu sans le dévouement et la ténacité de Madame Ben Aben ( Décédée en 1915), petite-fille de la fondatrice, qui, avec ses seules ressources, soutint l'oeuvre abandonnée de tous. Ce conservatoire de broderie dont les productions artistiques ont fait l'admiration des connaisseurs pendant plus d'un demi-siècle, et que subventionna enfin le Gouvernement Général, dut malheureusement à cause de la charge trop grande qu'il constituait encore à sa directrice, fermer ses portes, il y a quelques années. Avec cette école, on peut le dire, un flambeau d'art s'est éteint en ce pays musulman. D'autres écoles heureusement s'ouvrirent, où se poursuivit la belle tradition. II en fut également pour la fabrication des tapis où s'affirma le nom de Mme Delfau.

En 1930, s'ouvrit l'Artisanat organisé par la Colonie.

Les Autorités Académiques

Jusqu'en 1848, il n'y eut pas de recteur à Alger. Un délégué du Ministère de l'Instruction Publique était chargé de la direction de l'Enseignement. Le poste fut créé le 11 juillet 1834. En fut titulaire, comme il a été déjà dit, M. Lepescheux, bachelier, qui avait été précepteur des enfants du duc de Rovigo.

Les recteurs d'Alger ont été : MM. Delacroix, nommé en 1848; de Salves, en 1872; Belin, en 1879; Boissière, en 1884; Jeanmaire, en 1885; Ardaillon, en 1909; Tailliart, en 1926. C'est, depuis 1932, M. Hardy.

En 1920 fut désigné au titre de vice-recteur, M. Tailliart; en 1926, M. Horluc; en 1936, M. Brunet. Après M. Lepescheux, 1835, demeuré au titre de délégué du Ministère pour la direction de l'Enseignement en Algérie, s'énoncent comme inspecteurs d'Académie : MM. Peyrot, 1849; Duval, 1854; Jouve, 1854; Boissier, 1856; Vignaly, 1870; Courcière, 1871; Bretignière; Boissière, 1875; Roger, 1877; Gramboulan, 1879; Pontavice, 1880; Frin, 1882; Lemas, 1883; Lamy, 1884; Martel, 1885; Bianconi, 1885; Aillaud. 1888; Szimamski, 1894; Lamounette, 1900; Brunet, 1909; Tailliart, 1912; Mazure, 1917; Jacquart, 1919; Audran, 1926; Brunet, 1935; Roubiès, 1936.

Pour l'inspection des Médersas : M.Houdas (1909), à qui succéda M. G.Colin. (Fonction supprimée ensuite).

Comme Inspecteurs généraux de l'Enseignement indigène : MM. W. Marçais, Horluc, Jacquart, Dumas.