Bab-el-Oued,
Derrière l'ancienne gare de Bab-el-Oued
Un ouvrage de protection est en construction à l'embouchure de l'oued M'Kacel

Derrière l'ancienne gare de Bab-el-Oued
Un ouvrage de protection est en construction à l'embouchure de l'oued M'Kacel

L'oued M'Kacel, dont le lit côtoie la route d'El-Biar par le Beau-Fraisier. arrive du Sahel par Chateauneuf. Il est à découvert Jusqu'à l'ancien moulin Saint-Louis. Là, il disparaît sous un tunnel qui le conduit à la mer, après être passé sous la place des Trois-Horloges. Son embouchure se situe derrière l'ancienne gare de Bab-el-Oued, sur la plage, entre le terre-plein Marcel-Cerdan et les bains Matarése.

L'oued M' Kacel, comme la plupart des oueds algériens, est en crue l'hiver et par gros temps le ressac et l'ensablement gênent son déversoir.

C'est précisément pour remédier à cet état de chose que les services des Ponts et Chaussées font construire actuellement, par la Société algérienne des travaux publics et d'exploitation de carrières, un brise-lames à la sortie cm tunnel. Cet ouvrage sera formé de trois gros blocs de béton. Chaque bloc, d'un poids de cent tonnes, aura un volume de 34 mètres cubes. Hier, on a procédé au décoffrage d'un premier bloc.

Les travaux, commencés il y a quelques jours, seront terminés, si l'état de la mer le permet, vers la ?fin du mois. '

C'est afin de faciliter les travaux que la circulation a été interrompue dans cette partie du boulevard Pitolet.

L'article du journal se trouve en dernière position.

Echo du 13-91952 - Transmis par Francis Rambert
mise en ligne : janvier 2024

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Pour situer l'oued M'Kacel
Pour situer l'oued M'Kacel

[...]--2°/ Le second oued, ( voir la page OUEDS) l'oued M'Kacel, descend dans une vallée étroite et très escarpée, entre EL-BIAR et la BOUZAREAH, pour terminer son cours dans la mer, après avoir traversé le fameux quartier de BAB-EL-OUED auquel il a donné son nom et dont la célébrité a dépassé les frontières de l'Algérois. Je ne peux résister au plaisir de dire quelques mots de ce quartier si pittoresque et plein de charme et que j'ai bien connu.
--------Une route en lacets serpente aux flanc de la BOUZAREAH. Nous prenions souvent cette route pour aller de BAB EL OUED à SIDI FERRUCH on passant par CHÉRAGAS et LA TRAPPE de STAOUELI. Elle était dangereuse et dans les années qui précédèrent l'Indépendance de l'Algérie, de nombreux attentats y furent commis, dont un, entre autres, sur la personne du général MASSU, qui à l'époque dont je parle, commandait la région d'ALGER. Il en sortit indemne ainsi que son chauffeur. La route longeait l'oued, qu'un pont de fer franchissait à mi chemin de son cours. De chaque côté s'étageaient des jardins maraîchers, en terrasses, retenues par des murets de pierres sèches. Plus haut, les chevriers Maltais du FRAIS VALLON, conduisaient paître leurs chèvres, dans une herbe rare, au milieu des broussailles.

-Dans la partie basse de son cours, entre le cimetière musulman d' El-Kettar à droite, la CARRIÈRE JAUBERT et la colline de NOTRE-DAME D'AFRIQUE à gauche, il recevait sur sa rive droite un affluent l'oued Lezzar qui n'était vraiment digne de ce nom qu'en hiver, à la saison des pluies.
-------Au confluent se trouve une petite éminence, qui abritait une poudrière, gardée par une sentinelle. Là étaient le CLIMAT DE FRANCEet le BEAU FRAISIER. Ces noms évoquent bien la douceur du climat et la richesse de la végétation.
--------Du côté d'EL KETTAR, il y avait une petite usine qui fabriquait des feux d'artifices, c'était la Maison Florence, qui prenait feu de temps on temps, malgré les précautions prises, et mettait le quartier on émoi, avec les explosions des pétards.
--------Là aussi, était une écurie de la ville d'ALGER qui abritait des ânes préposés au ramassage des ordures dans les rues trop étroites de la CASBAH, où ne pouvaient passer les camions réservés à cet usage.
--------Du côté opposé au-dessus de l'école de la rue Camille Douls, se dressait le petit mausolée de Sidi Ben Nour, lieu de pèlerinage fréquenté surtout par les Mozabites.
--------Au CLIMAT DE FRANCE, un pont enjambait l'oued, et juste au-dessus, un barrage retenait ses eaux pour alimenter la chute qui se trouvait un peu plus bas, et qui faisait tourner la roue du moulin St-Louis, autrefois car il était en ruine depuis bien longtemps, et je n'ai connu que la carcasse de ses murs sans toit aux fenêtres, sans vitre ni persienne et complètement abandonné. A partir de là, il coule souterrain, lui aussi, transformé en égout collecteur et termine sa course dans la mer entre les BAINS MATARES et les BAINS PADOVANI, d'un côté, et de la plage de la SALPÊTRIERE de l'autre.


-Les BAINS MATARES étaient gratuits et recevaient la foule des pauvres. Ceux dont on disait qu'ils savaient " nager et garder le linge ". C'est-à-dire être suffisamment malins pour se baigner tout on surveillant leurs vêtements posés sur la plage, car les vols étaient nombreux parmi les lascars dignes petits-fils deCAGAYOUS , de célèbre mémoire, qui fréquentaient ces lieux.
--------Les BAINS PADOVANI étaient payants et recevaient une clientèle relativement aisée. Des cabines en planches permettaient le déshabillage. Malgré la surveillance du gardien, il y avait toujours quelques garnements qui regardaient à travers les fentes les filles se dévêtir avant de mettre leur maillot de bain. Un parquet légèrement surélevé, bordé du côté de la mer par une balustrade grossièrement sculptée, servait de piste de danse pendant les soirs d'été, à une jeunesse ivre de mer, de soleil et d'amour. Un orchestre de quelques musiciens où dominait l'accordéon, jouait les valses et les tangos à la mode.
--------Plus loin, sur la droite, les BAINS MILITAIRES privés d'EL KETTANI recevaient les officiers, leurs familles et leurs invités. Sur la placette, devant l'entrée des bains, se tenaient de nombreux marchands ambulants de cacahuètes, de pommes de terre frites, de brochettes, de merguez, de sandwiches aux anchois, de citronnade, de glaces et de gaufrettes au chocolat, à la pistache et à la vanille.
-------Le mur du rempart des anciennes fortifications édifiées peu après la prise d'ALGER en 1830, était toujours debout et abritait entre ses glacis de terre une batterie de quelques canons de marine, servis par des artilleurs. Ils faisaient quelquefois, quand la mer était belle, des tirs réels d'entraînement, sur un radeau servant de cible qu'un remorqueur poussif. crachant une fumée noire, traînait derrière lui. Au pied du mur on voyait encore les vestiges du tombeau de BARCHICHA. C'était un juif pieux et vénéré comme un Saint Marabout. Lors de certaines fêtes religieuses, des fidèles allumaient des bougies et des cierges sur la pierre où étaient lisibles quelques lettres de l'épitaphe, en remerciement d'une grâce obtenue ou pour solliciter son intervention.

----Une vaste esplanade plantée d'arbres et de parterres fleuris avait été aménagée sur le fossé comblé des fortifications. Connu par les vieux Algérois sous le nom de BOULEVARD GÉNÉRAL FARRE, il s'appelait maintenant BOULEVARD GUILLEMIN. Il montait on pente douce vers le pied des collines et délimitait la frontière entre BAB EL OUED et ALGER.
--------Un peu plus loin, sur l'emplacement de la vieille gare désaffectée des CFRA. d'où partait le petit train qui venait de la PECHERIE. allait longeant le littoral sur le BOULEVARD FRONT DE MER. jusqu'àTIPAZA, la ville avait construit des habitations à loyer modéré où logeaient des familles pauvres.
--------Un peu plus loin encore, on allant vers ST-EUGENE où se trouvaient les cimetières. Il y avait un café bien connu appelé LA CONSOLATION. Une légende locale dit qu'il est ainsi nommé parce que c'est là qu'après les enterrements, les amis et les parents éplorés vont se réconforter. avec quelques anisettes bien tassées, avant de rentrer chez eux.
--------Enfin, un peu plus haut, la BASILIQUE DE NOTRE-DAME D'AFRIQUE, où les pèlerinages attiraient une foule immense et recueillie, bannières en tête et chantant des cantiques, domine de sa masse à la fois gracieuse et imposante, cette extrémité de la baie d'ALGER, face au CAP MATIFOU qui s'étire dans la mer comme un lézard paresseux. se chauffant aux rayons d'un soleil radieux.

      -
La caserne de LA SALPÊTRIÈRE est un bâtiment turc. Après avoir logé des janissaires aux siècles précédents, et servi de poudrière, d'où son nom, au temps ou les Deys d'ALGER et les pirates Barbaresques écumaient la Méditerranée, elle abritait depuis longtemps la 19e Section d'Infirmiers Militaires. Sur la plage devant, on avait construit le Stade MARCEL CERDAN, ainsi nommé on souvenir de l'ancien champion du monde de boxe. Le stade servait aussi de terrain d'atterrissage pour les hélicoptères amenant les blessés à l' HÔPITAL MILITAIRE MAILLOT, dont la façade donnant sur la mer, domine la Salpêtrière.


-     Durant toute l'année, de nombreux pêcheurs lancent leurs lignes, du haut du parapet du boulevard dans les eaux troubles, où les déchets charriés par l'oued attirent les poissons. Des marins pêcheurs professionnels montés sur des barques, pêchent la sardine à certaines époques de l'année, quand les bancs sont abondants, avec une grande senne, qu'ils tirent ensuite péniblement sur le sable, en rythmant leur effort, au chant d'une mélopée plaintive, comme les bateliers de la Volga. De nombreux poissons s'échappant du filet sont immédiatement ramassés par la foule des gamins qui se jettent dessus, en se bousculant, comme des mouches sur un gâteau de miel. La pêche est aussitôt vendue sur place aux amateurs de poissons frais, et aux cafés et restaurants des environs, où les sardines sont frites dans de grandes bassines sentant bon l'huile d'olive chaude. Elles font de délicieux casse-croûte, avec des petits pains, dont certains sont parfumés à l'anis.



Derrière l'ancienne gare de Bab-el-Oued