Maxime Noiré
amoureux de la terre algérienne
(1861-1927)
par Marion Vidal-Bué
Noiré naquit
en Moselle, dans la petite ville lorraine de Guinglange où son
père était « décorateur d'églises ",
ce qui pourrait expliquer son goût pour l'art pictural. Adolescent
de santé délicate, il arriva à Alger à l'âge
de 21 ans, s'épanouit sous le soleil africain et s'y fixa définitivement.
Sans formation académique, simple employé de la maison Baubil
pour la décoration de bâtiments, il développa son
talent de peintre autodidacte à l'école de la nature, par
un travail acharné sur le motif.
Il s'attacha à sa terre d'adoption avec toute la force d'un tempérament
devenu des plus vigoureux, pour se convertir en quelques années
en paysagiste renommé, donnant libre cours à son amour de
l'Algérie pour la magnifier dans d'innombrables tableaux et lui
élever, selon les termes de l'écrivain Edmond Gojon, "
un monument durable ".
«Qui, dans l'Afrique du Nord ne connaît Noiré, l'auteur
de tant et tant de tableaux appréciés. Qui n'a pas son Noiré,
son petit ou son grand Noiré? " écrivait en substance
le critique Raymond Colrat (Raymond
Colrat, " Silhouettes d'artistes ", in Revue Nord-africaine
illustrée, tome in, 3e année, 1904.), une vingtaine
d'années après l'installation du peintre à Alger.
" C'est de l'impressionnisme, mais du vrai; c'est la traduction
fidèle des impressions ressenties non seulement par les yeux mais
par l'âme. Noiré aime la nature, il a saisi quelle affinité
il y avait entre elle et nous ".
Les oeuvres de Maxime Noiré parlent en effet profondément
à ceux qui ont vécu dans les décors grandioses qu'elles
représentent: il faut les avoir connus et aimés pour apprécier
ces toiles sans concession à tout autre sujet qu'à la nature.
Il fut quasiment " l'inventeur " du paysage algérien
moderne, celui qui utilisa des formats panoramiques pour révéler
la grandeur du décor et placer le spectateur " dans "
le tableau, bien qu'il soit difficile de déterminer qui, de lui
ou d'Eugène Deshayes, son exact contemporain formé à
l'école des Beaux-Arts de Paris après celle d'Alger, a le
premier composé ces toiles tout en longueur qui déroulent
les fabuleux horizons des côtes, des montagnes et du Sud algérien.
Ce qui est certain, c'est que l'un et l'autre se sont voués à
la représentation d'un pays sillonné par eux avec passion,
et que là où Deshayes introduisait quelques personnages
pour animer son tableau, Noiré n'a voulu retenir que la seule nature,
dans sa splendeur inviolée. Rares sont ses oeuvres connues intégrant
des individus bien caractérisés: parfois un tableau de femme
arabe sur sa terrasse, des hommes sur le port d'Alger, des passants sur
une plage, un campement nomade isolé, peu de vie humaine, en somme,
chez cet esthète du paysage.
" Il ne s'est attardé ni à l'homme ni à l'histoire
", remarquait Edmond Gojon, mais est allé directement
à la vérité originelle de la terre algérienne
dans toute sa force, " vers sa grandeur essentielle, celle qui
naît de sa lumière, de sa solitude et de son silence combinés
". " Fi de l'historiette et foin de l'anecdote ".
" Ce qui surprend en effet, dès que l'on aborde ses toiles,
c'est leur valeur juste et profonde. Elles sont vraies, dans leur nudité,
sans artifices, comme une réflexion de miroir. Il n'y entre ni
déformation romantique, ni grossissement épique ou légendaire
" ( Edmond Gojon, " Un grand
peintre africain, Maxime Noiré ", in L'Afrique du Nord illustrée,
Noël 1920.).
Ceci explique sans doute que Noiré ne figure pas de nos jours au
nombre des artistes qui créent l'événement dans les
ventes aux enchères, de ceux que les amateurs d'orientalisme ou
les spéculateurs s'arrachent, comme un Étienne Dinet dont
les scènes de Bou-Saâda,
intensément vivantes et colorées, monopolisent les suffrages
d'amateurs richissimes et internationaux.
De son temps, il a été considéré comme un
géant et il suffit pour en être convaincu de lire les noms
des collectionneurs de ses oeuvres cités par Marius Ary Leblond
en 1910 ( Marius-Ary Leblond, "
Maxime Noiré ", dans Peintres de races, Bruxelles, Librairie
nationale d'Art et d'Histoire, 1910, p. 185-196.): parmi eux,
de nombreux écrivains tels Paul et Victor Margueritte, fils du
général qui immortalisa les chasseurs d'Afrique à
la fin du xixe siècle; J-H Rosny, l'auteur de La Guerre du feu,
la grande prêtresse du Sud Magali Boisnard; sans parler de ceux
qui commentèrent son oeuvre avec enthousiasme, tels la plus fervente
d'entre eux, Isabelle Eberhardt ( Notamment
dans sa nouvelle " Fleurs d'amandiers ") ou Victor
Barrucand qui le qualifiait de " père audacieux de la peinture
nord-africaine ", et encore Robert Randau, Edmond Gojon, Ernest
Mallebay. De grandes personnalités tels les gouverneurs généraux
Jules Cambon et Charles Jonnart, le général Lyautey, le
sénateur Cuttoli de Constantine, l'industriel algérois Altairac,
et quantité d'étrangers prestigieux disséminés
dans toute l'Europe, accrochaient ses tableaux sur leurs murs.
L'allure physique de Noiré et son tempérament original ont
certainement contribué à en faire un personnage remarqué,
dont ses amis caricaturistes, Edouard Herzig ou Salomon Assus, aimaient
à représenter la silhouette corpulente toujours surmontée
d'un chapeau, le visage débonnaire encadré d'une barbe soignée.
Edmond Gojon l'a décrit dans sa quarantaine (
Edmond Gojon, déjà cité, L'Afrique du Nord Illustrée,
Noël 1920.): " grand, large d'épaules,
vêtu de drap velu, coiffé d'un large feutre clair, le cou
puissant roulé dans une écharpe rouge [...] C'est un passant
d'allure exotique, plus américain qu'africain, aussi surprenant
par sa mise que par le balancement dandiné de sa marche ".
Cet homme impressionnant dont les " coups de boutoir, les mouvements
d'humeur, les brusqueries " étaient célèbres,
se révélait cependant un être aux grandes qualités
spirituelles, au noble caractère : " Une sensation de tranquille
assurance, de maîtrise de soi, de sérénité
difficile à troubler, voilà ce que vous éprouverez
en face de cet homme aux mots rares, à la conversation parcimonieuse
mais séduisante, et qui, à vivre devant l'infini, à
reproduire d'un pinceau fervent les magnificences d'une nature plus vaste
que la mer, en a subi, compris, perçu les grandes leçons
silencieuses ".
Il eut de bons, de solides amis, parmi ses confrères dont il était
en quelque sorte le chef charismatique, et avec lesquels il avait contribué
à fonder, en 1897, la Société des Artistes algériens
et orientalistes. Tout en aimant à recevoir ses amateurs dans son
propre atelier, il fut l'un des piliers des salons de peinture algérois.
Dans Alger, il résida longtemps au
Frais-Vallon, près de Bab-el-Oued, mais il avait eu
la fantaisie de s'aménager un atelier exotique au coeur du
Jardin d'Essai, " un charmant marabout surmonté
d'un dôme très haut, enfoui sous les palmes ", où
G. de Vulpillières alla l'interviewer pour la Revue Nord-africaine
Illustrée en 1908 ( G. de Vulpillières,
" Les bons génies du Jardin d'Essai ", in Revue Nord-africaine
illustrée, n° 14, 5 avril 1908, p. 203.).
Au faîte de sa carrière, il avait pris l'initiative sympathique
d'organiser autour de lui, dans ce décor privilégié
à l'écart de l'agitation urbaine, non loin de la villa Abd-el-Tif
dont il avait encouragé l'ouverture, " un salon permanent
où les fervents de l'art pictural pourraient passer de délicieux
instants à admirer les oeuvres nouvelles d'un groupe de talents
algériens ". C'est un reportage illustré dans la
revue algéroise Mauritania ( "
La Cité des Arts ", Mauritania, deuxième année,
n° 11, sept. 1911.), qui nous fait découvrir en
1911 les occupants de cette nouvelle " Cité des Arts ",
chacun d'eux photographié devant son atelier. Dans " un
assemblement bizarre de pavillons aux styles les plus divers mais d'une
prédominance orientale ", la " cité "
abritait, outre Noiré toujours très visité, le Marseillais
Gustave Lemaître qui composait portraits et paysages tout en proposant
un cours de peinture pour jeunes personnes de bonne famille, le flamboyant
paysagiste José Ortéga, la dynamique Jeanne Granès
qui avait créé une école de dessin en plein air.
A leurs côtés, s'était également installé
le peintre et sculpteur animalier Paul Jouve qui, après avoir étrenné
la villa Abd-el-Tif avec Léon Cauvy en 1907, avait épousé
Annette Noiré, fille unique du paysagiste ( Annette
Noiré qui peignait sous le nom d'Annette Sebald, et Paul Jouve,
se marièrent à Birmandreïs en août 1908. L'année
suivante, naissait leur fils unique, Romain, qui mourut jeune. Séparé
durant la guerre, le couple divorça en 1921.). Une autre
photo savoureuse, trouvée au hasard d'une vente orientaliste, représente
quelques-uns de ces " Peintres au Jardin d'Essai " revêtus
de longues blouses de grosse toile et de chapeaux de jardiniers en paille,
une tenue de travail qui montre leur dédain des conventions imposées
à l'artiste mondain!
Dans ses débuts, Noiré a beaucoup peint Alger, avec une
prédilection marquée pour les vues de la baie depuis les
hauteurs à l'est de la ville, d'où il pouvait dérouler
dans son intégralité le paysage somptueux des maisons blanches
et de la mer satinée. Toute sa vie, il a continué de broder
sur ce thème cher à son cceur, au point de lui consacrer
une immense toile de quatre mètres de long sur deux mètres
de haut, dans la villa qu'il avait acquise sur la Côte d'Azur.
Un très subtil " Paysage du Sahel " qui appartient toujours
au
musée national des Beaux-arts d'Alger ( "
Paysage du Sahel ", cité dans le catalogue du musée
national des Beaux-arts d'Alger daté 1995, existe en carte postale.
Également reproduit dans l'album Alger dans la peinture par Nadira
Laggoune, Alger, 2000, p. 154-155.) permet de constater la
finesse presque classique de sa première manière, lorsqu'il
se consacrait à restituer la lumière transparente de l'Algérois
: sur les collines à la terre dorée, une maison de ferme
ocre, entourée de bouquets d'arbres et de vignes, se détache
solitaire sous un ciel limpide qui occupe la moitié de la toile.
Nul personnage, nulle autre présence que celle de la nature, suffisamment
éloquente par elle-même.
Vers la fin des années 1890, à l'instar de maîtres
admirés comme Fromentin et Guillaumet, il vint planter son chevalet
dans le Sud, à M'Sila d'abord, puis à Bou-Saâda, pour
s'attacher à rendre " l'aspect calme et tranquille des
villes du Sud ". Il prit alors l'habitude d'employer des tons
purs, sa palette se transforma, acquit de l'ampleur tout en se simplifiant
dans une harmonie allant du rose au bleu en passant par les mauves et
les violets. Brossant désormais ses tableaux en pleine pâte,
d'une touche très libre et souvent fougueuse, il mit au point la
manière définitive qui fit de lui un paysagiste en tout
point remarquable.
Il put dès lors aborder la montagne, et s'attacher à en
restituer " les reflets métalliques, les tons de pierreries
des rocs brûlés, éclatant dans tout l'embrasement
d'un soleil implacable, se détachant en un relief vigoureux par
les dures oppositions d'ombres et de lumière sur les gris des horizons
" (Noiré , par Jehan,
Revue nord-africaine illustrée, n° 18, 4 mai 1907.) .
Ce fut en premier lieu la période de
Boghari, durant laquelle les longues heures passées
à étudier les étendues montagneuses, lui permirent
de s'affirmer comme le peintre de l'Espace. " L'Espace, grand
désert du Sahara ", était en effet le titre de
son tableau exposé au Salon des peintres orientalistes français
en 1902, aussitôt acheté par l'Etat pour le ministère
des Colonies.
Après les montagnes de l'Aurès qui lui fournirent tant de
motifs avec leurs vastes moutonnements de croupes enchevêtrées,
parfois animées des tentes brunes d'un campement nomade, il s'attaqua
quelques années plus tard à la représentation des
hauts sommets de la Kabylie, prenant pour premier plan quelques villages
caractéristiques avec ses maisons en pente, resserrées pour
faire face aux hivers rigoureux.
" Dans le rendu des gorges encaissées et des rochers abrupts,
de la sauvage grandeur, de la puissance, de la vigueur de coloration qu'offrent
aux yeux du spectateur les montagnes algériennes, Noiré
n'a pas été dépassé ", pouvait-on
lire dans la Revue Nord- Africaine Illustrée en 1907, tandis que
les Annales Africaines signalaient en octobre 1910 son " nouveau
chef-d'oeuvre ", le pendant de " L'Espace ",
une toile " représentant la Grande Kabylie avec ses ravins
effrayants, ses montagnes où les villages berbères s'accrochent
comme des nids d'aigles, ses lointains bleutés, ses perspectives
infinies ".
Les montagnes plus douces de la région de
Tlemcen, les collines comblées par une végétation
des plus riantes et parsemées de constructions anciennes qui comptent
parmi les plus belles d'Algérie, lui inspirèrent également
de nombreux tableaux où domine le sentiment bucolique.
" Bord de mer à
Tipasa " (catalogue Orientalisme, Gros et Delettrez, commissaires-priseurs)
(11 et 12 décembre 2006).
|
Noiré fut le plus fervent peintre
des paysages sahariens, aussi bien de ceux où l'oued envahi de
lauriers roses étend son cours scintillant entre les palmiers de
l'oasis, que de ceux où les roches blondes modelées par
l'érosion rivalisent d'austérité avec le sable et
la pierraille. Sans cesse fasciné par le Sud, il a recherché
les sites les plus spectaculaires dans tout le pays, depuis la vallée
de la Zousfana dans le Sud oranais, jusqu'aux murailles de roches d'El
Kantara ou à la palmeraie de Djemora dans l'Aurès.
Capable de supporter la chaleur infernale de l'été à
Biskra, il s'y installait sous prétexte d'une cure dans l'établissement
thermal d'Hammam-Salahine, tout en se délectant à transcrire
les changements de lumière dans les coins reculés du désert.
Mais c'est surtout à
Bou-Saâda qu'il s'est complu à travailler, là
qu'il a inlassablement multiplié les études à toute
heure du jour, montrant tour à tour la ville grise sous des écharpes
de brume à l'aurore, chauffée à blanc à la
mi-journée, irradiée de rose ardent au coucher du soleil.
Ses toiles de la région sont innombrables : vues plongeantes sur
le ksar avec en premier plan le Fort Cavaignac, ou bien cadrage serré
sur le dôme pointu de la mosquée, terrasses d'où l'on
contemple les montagnes, rues désertées aux heures chaudes,
rives de l'oued égayées de marabouts blancs, coins luxuriants
de la palmeraie. À l'époque où Dinet peignait depuis
plusieurs années dans un environnement principalement autochtone,
Noiré a entraîné dans la " Cité du
bonheur " toute une bande d'amis peintres : Gilbert Galland,
Edouard Herzig, Alphonse Birck, Fritz Müller, Ernest Weckerling,
entre autres, contribuant à faire de la petite ville pré-saharienne,
dans les années 1900, " la nouvelle
Mecque des artistes " (Jehan, Noiré
", in Revue Nord-africaine illustrée, n° 18, 4 mai 1907).
Les paysages marins l'ont souvent retenu, en particulier ceux de Tipasa,
qui lui offraient l'occasion de déployer tous ses talents pour
peindre à la fois les roches rouges, la masse imposante du Chenoua,
la douceur de la mer, et les vestiges romains. Mais aussi ceux de la région
d'Oran, avec leurs falaises et leurs longues plages, ou encore, le site
de Mers El-Kébir avec son fort historique. Le littoral kabyle et
les environs de Bône, avec leurs côtes sauvages et splendides,
semblent en revanche avoir moins souvent reçu sa visite, mais peut-être
existet-il chez certains amateurs des preuves du contraire? Quoi qu'il
en soit, ayant toujours peint la mer avec beaucoup de réussite,
Noiré fut reçu peintre de la Marine en 1905, titre assorti
de privilèges officiels décerné par le ministère
de la Marine et des Colonies.
Une question reste pendante : la majorité des toiles de Maxime
Noiré sont signées de son patronyme tracé à
la peinture noire, mais on peut en voir un bon nombre où son paraphe
est tracé à la peinture rouge. Est-ce pour la raison parfois
avancée que celles-ci dateraient de l'époque où il
briguait la Légion d'honneur, ambition malheureusement déçue?
Ces oeuvres que l'on peut considérer comme tardives dans sa carrière,
laissent souvent apparaître une facture un peu rapide, moins travaillée
que dans les périodes de sa jeunesse.
Vers la fin de sa vie, le peintre connut paraît-il une perte progressive
de la vision, et eut alors tendance à intensifier son coloris dans
des illuminations d'apothéose.
Noiré participa à l'Exposition universelle de 1900 dans
le cadre de la Société des peintres orientalistes français
et y fut distingué par une médaille. Il fut ensuite classé
hors concours aux Expositions coloniales de Marseille en 1906 et 1922,
comme à celle de Bruxelles en 1910, où il était alors
membre du jury. Il exposait également à la Société
nationale des Beaux-Arts, comme en 1902 avec " Le désert de
Boghar " et " Le désert du Dahra ". L'État
fit l'acquisition de deux de ses oeuvres, " L'Espace, grand désert
du Sahara " de 1902 ( " L'Espace
" fut exposé au Pavillon de Flore à Paris et versé
dans les collections du musée des Colonies de la Porte Dorée,
qui devint ensuite le Musée des Arts d'Afrique et d'Océanie
avant de voir ses collections transférées à l'actuel
Musée du Quai Branly. liceuvre figura dans l'exposition La peinture
coloniale " au musée Bonnat à Bayonne. Sa photo peut
être visionnée sur le site de la Réunion des Musées
Nationaux.) cité plus haut, et " Les Sables de
Bou-Saâda " en 1906. Dans son article de 1910, Marius-Ary Leblond
mentionnait également l'achat officiel d'une toile intitulée
" Le Tapis au balcon blanc ".
Selon ce même auteur contemporain du peintre, la mairie de Constantine
conservait plusieurs de ses vues d'El Kantara, la mairie d'Oran, des paysages
de Tipasa, et le musée de Constantine des paysages de la région
du Chéliff. Malgré sa grande notoriété, le
musée des Beaux-Arts d'Alger ne prit qu'après sa mort l'initiative
d'acheter des oeuvres de cet artiste qui n'était pas passé
par les académies.
En 1930, lorsque le célèbre conservateur Jean Alazard prépara
l'ouverture du nouveau musée à l'occasion du Centenaire
de l'Algérie, il fit entrer dans les collections le " Paysage
du Sahel " qui figure toujours au catalogue de l'actuel musée.
Désireuse de voir la présence de son père renforcée
au sein du musée, sa fille Annette offrit en 1939 un " Petit
Port de Tipasa " brossé vers 1914. L'Etat algérien
fit l'acquisition en vente publique, en 1995, d'une " Aurore sur
BouSaâda " datée 1894, ainsi que d'une " Étude
de palmier ".
Noiré avait adhéré à l'Union artistique de
l'Afrique du Nord fondée en 1925 par Roméo Aglietti. Ce
fut cette dernière association qui organisa dans le cadre de son
troisième Salon une exposition rétrospective de ses oeuvres,
peu après sa mort, en 1927.
À son tour, Annette Noiré eut à coeur de présenter
une exposition d'oeuvres de la maturité de son père en 1935,
à la galerie Salles Girons, à Alger et de nouveau une rétrospective
générale, toujours à Alger, en 1941.
Actuellement en France, c'est au musée d'Art et d'Histoire de Narbonne,
dans les salles consacrées à l'orientalisme, que l'on peut
admirer " L'oued de Bou-Saâda ", une toile spectaculaire
représentant l'un de ses paysages favoris, qui donne une juste
idée de l'art généreux de Maxime Noiré.
|