Il importait, autant d'un côté
que de l'autre, de dépasser sous des abrégés de
tunnels semblables à celui des portes du Sahel, et de franchir
un pont surplombant le fossé des fortifications pour aller soit
à Bab-el-Oued, soit à Mustapha.
Il faut aussi avoir le privilège de l'âge pour se souvenir
de l'état lamentable souvent, de nos rues, pour pouvoir faire,
avec leur état actuel un parallèle entre le passé
et le présent.
Nous nous rappelons de façon très nette comment, avec
des moyens indigents, se faisaient, tant bien que mal,
l'arrosage des rues, leur nettoiement et l'enlèvement des ordures
ménagères. Il nous faudrait, à ce sujet, reprendre
un historique que nos lecteurs trouveront facilement dans l'opuscule
si intéressant et si sérieux que M. Henri Marcou, directeur
du service du nettoiement de la ville d'Alger, a si judicieusement fait
paraître à l'occasion de la célébration des
fêtes du Centenaire de l'occupation française en Algérie.
Cet ouvrage dont la lecture est attrayante par les évocations
typiques qu'il renferme mérite qu'on le parcoure.
Nous l'avons feuilleté, lu et relu, et nous nous sommes décidé
ainsi à faire, à l'heure matinale, pour nos lecteurs,
plusieurs tournées à travers la ville pour nous rendre
compte des améliorations considérables apportées
au serviice municipal le plus important, puisque de lui dépendent
pour nos concitoyens les garanties essentielles d'hygiène et
de salubrité.
Une première promenade nous a conduit dans les
ruelles du quartier de la Casbah et nous avons suivi, durant
tout son travail, une équipe de négros procédant
avec les chouaris à l'enlèvement des ordures ménagères.
Nous avons pu nous convaincre, nous aussi, que: « La distribution
de la ville, sa situation topographique qui l'étage en amphithéâtre,
ses escaliers multiples, la présence de passages étroits
et montants, celle de quartiers, entassés, mettent les agents
d'exécution dans l'impossibilité de procéder à
un enlevement uniforme du contenu des poubelles ».
Les âniers
centenaires survivent donc dans se quartier arabe conservant un cachet
propre à ce milieu pittoresque.
L'enlèvement des ordures ménagères s'y pratique
avec toute la conscience et la célérité désirables.
Les boites à immondices; toutes du même modèle,
soumises à une réglementation rigoureuse ne débordent
plus sur la chausée, et son garées clans les couloirs
de ses immeubles.
L'entretien de la propreté de tout ce quartier populeux. où
la misère surpasse le bien-être, se parfait par des lavages
quotidiens et intensifs. Nuit et jour des lances fonctionnent qui répandent
dans ces lieux, en abondance, l'eau bienfaisante de la mer. Ainsi que
sans discontinuitte se pratique la lutte efficace contre les épidémies
éventuelles.
Poursuivons notre chemin et enfonçons nous dans les méandres
multiples du
quartier de la Marine. Ici, les ânes se raréfient
et nous n'on trouvons que quelques rares unités dans des venelles
impraticables à tous modes de locomotion.
Ailleurs, lorsque la chaussée s'élargit le charreton apparaît.
« Il est modeste de volume et peu encombrant. Un bardot le
traîne ». Cet animal, hybride du cheval et de l'ânesse,
nous rappehe, d'assez près, ces poneys que nous avons vus dans
les exercices du cirque. Ces attelages de charretons correspondent entiérement
au service qu'on en pouvait attendre.
Mais voici que nous nous engageons dans les artères plus larges
d'Alger la blanche. Plus d'espace est donné aux agents du nettoiement.
Là des camionnettes automobiles ont remplacé tombereaux
et haridelles, (des engins perfectionnés assurent un enlèvement
plus rapide des immondices. Leurs couvercles coulissants ajoutent à
l'hygiène de la méthode nouvelle. Plus loin des laveurs,
lances en main, dirigent de puissants jets d'eau de mer sur trottoirs
et chaussées. enlevant poussières et detritus agglutinés
pour les emporter dans un courant vers les bouches d'égout.
Parcourant toute la longueur des voies les plus importantes, de fortes
machines. produits de l'industrie moderne la plus perfectionnée,
types usités à Paris et dans les grandes villes métropolitaines
de lourds camions...
(suite de la suite dans l'article
.)