Vieil Alger
Le Vieil Alger qui disparaît

 

Le Vieil Alger qui disparaît

Le joli quartier de l'Amirauté qui fut mis à l'ordre du jour, en avril dernier, lors des gracieuses joutes fleuries dont la darse fut le théâtre, l'est à nouveau depuis quelques jours par le projet de démolition qui menace l'une de ses parties les plus curieuses, celle où se trouve la " Porte des Lions " que nous avons reproduite ici.

Il est, en effet, question de construire en ce lieu une caserne destinée aux marins. Mais nous sommes persuadés que M. Jonnart, président d'honneur du Comité du Vieil Alger, ne laissera pas accomplir la destruction de ce monument intéressant.
D'ailleurs, tout n'est-il pas intéressant en ce quartier de l'Amirauté ? N'y rencontre-t-on pas de tous côtés du passé d'El-Djezaïr ? Et ce passé n'évoque-t-il pas lui-même un passé plus lointain encore : le palais de l'amiral, par exemple, dont les voûtes sont faites de pierres romaines provenant de l'ancien municipe de Rusguniae ?

Tout près de cet édifice, le légendaire Peñon qu'illustra l'héroïque Martin de Vargaz - dont aucune rue d'Alger, soit dit en passant, ne rappelle le souvenir - Là, c'est la jetée Kheïr-ed-Din, commencée avec les débris de l'une des tours de la forteresse espagnole. Ailleurs, le marabout Sidi Brahim et Roberini, si fréquenté des femmes musulmanes. Puis, la voûte qui abritait, jadis, la fameuse pièce d'artillerie : la Consulaire - aujourd'hui à Brest - à la bouche de laquelle mourut notre consul, le père Levacher, pendant le bombardement de Duquesne. C'est aussi le Bordj-es-Sardin avec ses tableaux de marbre sculpté, où apparaissent des oiseaux, des ifs, une mosquée hérissée de minarets... Et c'est encore la darse aux aspects si changeants, dans les eaux de laquelle les raïs d'autrefois, terreur de la Méditerranée, venaient, au retour de leurs expéditions, mouiller leurs galères chargées de butin.

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*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1908. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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Afrique illustrée du 13-6-1908- Transmis par Francis Rambert
déc. 2021

Pour prolonger votre visite, voir sur ce site : les feuillets d'El-Djezaïr - Henri Klein -
L'ensemble militaire
Forts et Batteries
Batteries de l'Amirauté
sur site le 13-2-2009

ou
Histoire de l'Amirauté d'Alger - Première et deuxième parties - Jacques Costagliola - extraits des numéros 107 et 108 , septembre et décembre 2004, de "l'Algérianiste", bulletin d'idées et d'information, avec l'autorisation de la direction actuelle de la revue "l'Algérianiste"
mise sur site le 21-8-2010

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Pour situer bd Amiral Pierre

Le Vieil Alger qui disparaît
Le Vieil Alger qui disparaît

Le Vieil Alger qui disparaît

Le joli quartier de l'Amirauté qui fut mis à l'ordre du jour, en avril dernier, lors des gracieuses joutes fleuries dont la darse fut le théâtre, l'est à nouveau depuis quelques jours par le projet de démolition qui menace l'une de ses parties les plus curieuses, celle où se trouve la " Porte des Lions " que nous avons reproduite ici.

Il est, en effet, question de construire en ce lieu une caserne destinée aux marins. Mais nous sommes persuadés que M. Jonnart, président d'honneur du Comité du Vieil Alger, ne laissera pas accomplir la destruction de ce monument intéressant.
D'ailleurs, tout n'est-il pas intéressant en ce quartier de l'Amirauté ? N'y rencontre-t-on pas de tous côtés du passé d'El-Djezaïr ? Et ce passé n'évoque-t-il pas lui-même un passé plus lointain encore : le palais de l'amiral, par exemple, dont les voûtes sont faites de pierres romaines provenant de l'ancien municipe de Rusguniae ?

Tout près de cet édifice, le légendaire Peñon qu'illustra l'héroïque Martin de Vargaz - dont aucune rue d'Alger, soit dit en passant, ne rappelle le souvenir - Là, c'est la jetée Kheïr-ed-Din, commencée avec les débris de l'une des tours de la forteresse espagnole. Ailleurs, le marabout Sidi Brahim et Roberini, si fréquenté des femmes musulmanes. Puis, la voûte qui abritait, jadis, la fameuse pièce d'artillerie : la Consulaire - aujourd'hui à Brest - à la bouche de laquelle mourut notre consul, le père Levacher, pendant le bombardement de Duquesne. C'est aussi le Bordj-es-Sardin avec ses tableaux de marbre sculpté, où apparaissent des oiseaux, des ifs, une mosquée hérissée de minarets... Et c'est encore la darse aux aspects si changeants, dans les eaux de laquelle les raïs d'autrefois, terreur de la Méditerranée, venaient, au retour de leurs expéditions, mouiller leurs galères chargées de butin.

Combien de peintres, séduits par le charme de ce vieil Alger maritime, par le coloris si divers de ses ondes, en ont fixé les détails sur leurs toiles ! Combien d'écrivains en ont décrit la si particulière physionomie !

Cette Porte des Lions, qu'on rêve de renverser, reçut, que de fois, l'hommage de la plume et du pinceau ! C'est qu'elle offre un intérêt tout à fait à part avec ses félins, son écu couronné, son sceau de Salomon, qui constituaient les anciennes armes d'Alger, lesquelles furent l'œuvre de quelque esclave chrétien.
La salle où elle donne accès était un corps de garde de janissaires. Des fresques, représentant des bouquets, en parent les murs. Il existe, là aussi, des râteliers d'armes, présentant en leur partie supérieure, l'emplacement des crosses.

Cette disposition rappelle la coutume qu'ont les Turcs de porter en marche les fusils inclinés vers le! sol.

Le fort édifié en cet endroit était appelé Bordj Ras-el-Moul (fot de l'extrémité du Môle). Il fut construit en 1712. Voici ce que disent les premières lignes de l'inscription placée au-dessus des armoiries de la porte :

" Fort extraordinaire qui triomphera des ennemis de mon Maître, le Défenseur, dont les flancs jetteront les dommages dans les entrailles de quiconque est voué à la ruine ! "

Dans le voisinage, se trouvaient cinq cloches rapportées d'Oran en 1708, après la conquête de cette ville sur les Espagnols.

Il y a encore à citer, parmi les curiosités de l'Amirauté, deux gracieuses fontaines ; l'une, proche du pavillon de l'amiral, charmante avec ses décorations de marbre et de faïence ; l'autre, chef-d'œuvre de finesse et d'élégance, et qui, malheureusement, a été dissimulée en recoin du quai, dont le caractère est peu en harmonie avec sa beauté.

Par le charme de ses détails, par le pittoresque de son ensemble, et aussi par les nombreux souvenirs historiques qu'il rappelle, ce quartier de l'Amirauté mérite bien, n'est-il pas vrai ? d'être conservé intact, en face de l'Alger nouveau. C'est là le vœu de tous les artistes, de tous les archéologues de notre cité.
Il faut espérer que, malgré la menace dont est l'objet en ce moment cette partie d'El-Djezaïr, nulle atteinte ne sera portée à ses précieux vestiges, et que nos descendants pourront encore y montrer aux touristes, entre autres choses anciennes, l'originale Porte des Lions, dont l'opinion publique se préoccupe tant aujourd'hui.