Forts et Batteries
Au sommet des remparts que nous venons de
parcourir s'élève la Citadelle dénommée Casbah,
qui sera décrite plus loin. Y accède, de la basse ville,
une rue du même nom, qui jadis comptait, rappelons-le, 497 marches.
Cette citadelle, commencée par Aroudj en 1516 et achevée
en 1590, sous le Pacha Khédar, remplaça la primitive Casbah
berbère qui s'élevait sur l'emplacement du bastion n°
11 (boulevard de Verdun).
Elle présente un développement de 530 mètres et se
compose de nombreux bâtiments.
L'armement de la Casbah comprenait 27 pièces dirigées vers
la ville et 20 autres pièces pointées sur la campagne.
Au sud-est de la Casbah se trouvait
la batterie de la Porte-Neuve : Topanet, Babed-Djedid,
de neuf canons.
Au-dessous de celle-ci, à 225 mètres : Topanet
Essalaoui, à neuf embrasures, que commandait un bach-tobdji
ayant la surveillance du rempart jusqu'à la Porte-Neuve.
Cette batterie fut détruite, en 1870, quand fut construit, sous
la direction de M. Picon, le boulevard du Centaure
(aujourd'hui boulevard Gambetta).
A 156 mètres de ce point : une batterie, sans bach-tobdji, installée
au-dessus de la porte d'Azoun.
Au-delà de cette dernière, près
de l'ancien Fondouk du Miel :
Topanet el-Asel : la batterie du Miel,
avec trois pièces dirigées vers la mer et deux vers la terre.
Cette batterie disparut en 1875, lors de la création du square.
Au bas de la rue de la Flèche :
Topanet el-Meurstan : la batterie
des Fous, ainsi dénommée du voisinage d'une prison des fous.
Cette batterie, de quatre pièces, fut détruite au cours
de la construction du Boulevard.
Près de la Mosquée de la Pêcherie
:
Bordj el-Behar : le Fort de la Mer,
de trente-six pièces, que construisit Hussein après le bombardement
de 1816 de Lord Exmouth. Un bach-tobdji, nommé à vie, en
avait le commandement.
La batterie Ka-Essour (du pied du
rempart), de quatre canons, au bas de la rue de l'Arc.
Au-dessous de la Grande Mosquée
:
Topanet Djama-Khébir, de quatre
pièces, que le Dey Omar fit armer après l'événement
de 1816, cité plus haut. Son bach-tobdji n'était nommé
que pour la durée des hostilités.
Près de la Porte de la Marine
:
Topanet el-Goumerey : batterie de
la Douane, dénommée aussi batterie des Andalous, qui était
armée de onze canons et qu'on détruisit en 1867 ainsi, d'ailleurs
que les trois ouvrages précédents, pour permettre l'achèvement
du Boulevard.
Cette batterie, construite en 1551 par le Caïd. turc Saîar,
avait, avant 1830, vingt- trois canons de bronze et une pièce à
sept bouches - demeurée fameuse. Cette pièce, rapportée
de Fez en 1576, fut envoyée à Paris en 1830.
Sur la falaise de la rue du Quatorze-Juin,
en l'ancien quartier Seba-Tabaren
(des Sept-Tavernes), la batterie du même nom appelée aussi
Sebath-el-Hout (de la Voûtedu-Poisson),
ou encore Mami-Arnaout (nom d'un corsaire
albanais, propriétaire d'une maison voisine), élevée
par Ali el-Euldj en 1559, et disparut en 1866.
A 130 mètres de celle-ci, sur l'emplacement
de l'impasse
Jean-Bart :
Topanet Hammam el-Malah (la Batterie
des Bains-Salés), armée de dix pièces, qui avait
été élevée par Ali el-Euldj en 1559, et disparut
en 1866.
Sur la hauteur dominant la porte Bab-el-Oued : Topanet
Sidi Ramdan, ou Ketta-Redjel
(du Coupe-Jambes).
Cet ouvrage, qui remplaça la Casbah berbère, passe pour
avoir été établi par un certain Raïs nommé
Yahia, du XVIème siècle. Il fut reconstruit au cours du
même siècle. Son armement était de treize canons.
Le Génie le remit au Domaine, en août 1853.
A 30 mètres au-dessus s'élevait
une batterie carrée, de sept pièces, dont le nom est resté
inconnu.
Enfin, à 225 mètres plus haut (à l'extrémité
du boulevard de la Victoire), se trouvait la
batterie des Moulins à vent, à quatre embrasures.
Son bach-tobdji avait le commandement du rempart, depuis Sidi-Ramdan jusqu'à
la Casbah.
Ces dernières batteries, sauf Sidi-Ramdan, ont été
démolies.
Batteries de l'Amirauté
Au bas de la jetée
Kheïr-ed-Din, dont les bâtiments furent édifiés
en 1814, par El-Hadj Ali Pacha, se trouve le Penon
(gros rocher), ancienne citadelle espagnole, élevée en 1510
sur un îlot, par Pierre de Navarre. Kheïr-ed-Din s'en empara
en 1529, malgré l'héroïsme de Martin de Vargas.
Une partie de la forteresse fut démolie et servit à la construction
de la jetée qui relia l'îlot à la côte. Le reste
fut armé par les Turcs et devint le Bordj
el-Fanar (du Phare).
Ce fort qui possédait cinquante-cinq canons disposés sur
quatre étages, contient une vaste citerne et une très grande
poudrière. Sa garnison était de 15 hommes.
Le bach-tobdji qui en avait le commandement détenait les clés
de toutes les poudrières d'Alger.
En 1845, l'explosion d'un ancien magasin à poudre dont on ignorait
l'existence, fit 145 victimes (il y avait à ce moment au Penon,
419 kilogrammes de poudre répartis en 374 obus, 294 grenades et
en un certain nombre de gargousses emplissant 4 caisses).
D'intéressantes tables de marbre sculpté, prises au fort
voisin Es-Sardin, des inscriptions de provenances diverses, se trouvent
apposées en ce lieu.
A l'extrémité de l'éperon rocheux (jadis îlot)
qui pointe vers Saint Eugène, s'élevait la batterie
de Ras Amar el-Kedim (du Cap d'Amar l'Ancien), armée
de cinquante-trois canons et de plusieurs mortiers.
En deçà :
La batterie Ras Amar el-Djedid, élevée
par Hussein, sur un canal comblé qui séparait l'îlot
précédent d'un autre plus petit. Cette batterie, à
deux étages, possédait trente-quatre pièces.
Venait ensuite du côté de la darse : Bordj
el-Djedid, à vingt-et-une embrasures, construit au XVIllème
siècle par Mohammed ben Osman, dont les canons, dit une inscription
originale "ne se chargeaient pas de miel".
Puis au fond de la darse ( La
Darse des Corsaires avait trois hectares de superficie. Elle pouvait contenir
jusqu'à quarante navires. Une chaîne en fermait l'entrée,
la nuit. Le môle qui la constitue fut construit sur plusieurs îlots.)
:
Le fort Mâ-Bin (du milieu),
de 18 canons, que construisit Hussein et d'où, sur l'ordre de ce
dey, était tirée la salve de 21 coups de canon qui saluait
l'arrivée d'un navire de guerre étranger, salve à
laquelle participaient auparavant tous les forts de l'Amirauté.
En arrière de ce fort et le dominant
: Bordj es-Sardin (des Sardines),
où fut une table de marbre représentant des poissons, une
mosquée, un minaret, des ifs, des oiseaux, un lion, des navires.
Ce fort, de 1616, avait 32 canons.
Tout près, se trouve le passage - voûté aujourd'hui
- où, lors du bombardement de Duquesne, en 1663, notre consul,
le Père Levacher ( Né
à Ecouen, en 1619. Vicaire apostolique et consul à Tunis,
puis à Alger), périt à la bouche du fameux
canon Baba Mezroug (père fortuné),
nommé, depuis, la Consulaire.
Au-dessus du passage sus-mentionné
: Bordj el-Goumen (le fort des Câbles),
de 1816 (voisin du magasin des cordages), dans lequel disparut l'ancienne
Vigie de 1573, et dont l'armement se composait de trente pièces
disposées sur deux rangs.
A l'extrémité de la darse
: Bordj Ras el-Moul (de la tête
du môle), à deux étages, armé de trente pièces.
Ce fort commencé en 1704, fut agrandi par Hagi Mustapha et terminé
par Ali ben Hussein en 1712.
Là se trouve la Porte des Lions, ornée de félins
en couleurs, du Sceau de Salomon, d'une couronne, de plaques épigraphiques
- qui s'ouvre sur un ancien corps de garde décoré de fresques.
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