les feuillets d'El-Djezaïr
Henri Klein

L'ensemble militaire
Forts et Batteries
Batteries de l'Amirauté
sur site le 13-2-2009

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Forts et Batteries

Au sommet des remparts que nous venons de parcourir s'élève la Citadelle dénommée Casbah, qui sera décrite plus loin. Y accède, de la basse ville, une rue du même nom, qui jadis comptait, rappelons-le, 497 marches.

Cette citadelle, commencée par Aroudj en 1516 et achevée en 1590, sous le Pacha Khédar, remplaça la primitive Casbah berbère qui s'élevait sur l'emplacement du bastion n° 11 (boulevard de Verdun).

Elle présente un développement de 530 mètres et se compose de nombreux bâtiments.

L'armement de la Casbah comprenait 27 pièces dirigées vers la ville et 20 autres pièces pointées sur la campagne.

Au sud-est de la Casbah se trouvait la batterie de la Porte-Neuve : Topanet, Babed-Djedid, de neuf canons.

Au-dessous de celle-ci, à 225 mètres : Topanet Essalaoui, à neuf embrasures, que commandait un bach-tobdji ayant la surveillance du rempart jusqu'à la Porte-Neuve.

Cette batterie fut détruite, en 1870, quand fut construit, sous la direction de M. Picon, le boulevard du Centaure (aujourd'hui boulevard Gambetta).

A 156 mètres de ce point : une batterie, sans bach-tobdji, installée au-dessus de la porte d'Azoun.

Au-delà de cette dernière, près de l'ancien Fondouk du Miel :

Topanet el-Asel : la batterie du Miel, avec trois pièces dirigées vers la mer et deux vers la terre.
Cette batterie disparut en 1875, lors de la création du square.

Au bas de la rue de la Flèche :
Topanet el-Meurstan : la batterie des Fous, ainsi dénommée du voisinage d'une prison des fous.
Cette batterie, de quatre pièces, fut détruite au cours de la construction du Boulevard.

Près de la Mosquée de la Pêcherie :
Bordj el-Behar : le Fort de la Mer, de trente-six pièces, que construisit Hussein après le bombardement de 1816 de Lord Exmouth. Un bach-tobdji, nommé à vie, en avait le commandement.

La batterie Ka-Essour (du pied du rempart), de quatre canons, au bas de la rue de l'Arc.

Au-dessous de la Grande Mosquée :
Topanet Djama-Khébir, de quatre pièces, que le Dey Omar fit armer après l'événement de 1816, cité plus haut. Son bach-tobdji n'était nommé que pour la durée des hostilités.

Près de la Porte de la Marine :
Topanet el-Goumerey : batterie de la Douane, dénommée aussi batterie des Andalous, qui était armée de onze canons et qu'on détruisit en 1867 ainsi, d'ailleurs que les trois ouvrages précédents, pour permettre l'achèvement du Boulevard.

Cette batterie, construite en 1551 par le Caïd. turc Saîar, avait, avant 1830, vingt- trois canons de bronze et une pièce à sept bouches - demeurée fameuse. Cette pièce, rapportée de Fez en 1576, fut envoyée à Paris en 1830.

Sur la falaise de la rue du Quatorze-Juin, en l'ancien quartier Seba-Tabaren (des Sept-Tavernes), la batterie du même nom appelée aussi Sebath-el-Hout (de la Voûtedu-Poisson), ou encore Mami-Arnaout (nom d'un corsaire albanais, propriétaire d'une maison voisine), élevée par Ali el-Euldj en 1559, et disparut en 1866.

A 130 mètres de celle-ci, sur l'emplacement de l'impasse Jean-Bart :
Topanet Hammam el-Malah (la Batterie des Bains-Salés), armée de dix pièces, qui avait été élevée par Ali el-Euldj en 1559, et disparut en 1866.

Sur la hauteur dominant la porte Bab-el-Oued
: Topanet Sidi Ramdan, ou Ketta-Redjel (du Coupe-Jambes).
Cet ouvrage, qui remplaça la Casbah berbère, passe pour avoir été établi par un certain Raïs nommé Yahia, du XVIème siècle. Il fut reconstruit au cours du même siècle. Son armement était de treize canons. Le Génie le remit au Domaine, en août 1853.

A 30 mètres au-dessus s'élevait une batterie carrée, de sept pièces, dont le nom est resté inconnu.

Enfin, à 225 mètres plus haut
(à l'extrémité du boulevard de la Victoire), se trouvait la batterie des Moulins à vent, à quatre embrasures. Son bach-tobdji avait le commandement du rempart, depuis Sidi-Ramdan jusqu'à la Casbah.
Ces dernières batteries, sauf Sidi-Ramdan, ont été démolies.

Batteries de l'Amirauté

Au bas de la jetée Kheïr-ed-Din, dont les bâtiments furent édifiés en 1814, par El-Hadj Ali Pacha, se trouve le Penon (gros rocher), ancienne citadelle espagnole, élevée en 1510 sur un îlot, par Pierre de Navarre. Kheïr-ed-Din s'en empara en 1529, malgré l'héroïsme de Martin de Vargas.

Une partie de la forteresse fut démolie et servit à la construction de la jetée qui relia l'îlot à la côte. Le reste fut armé par les Turcs et devint le Bordj el-Fanar (du Phare).

Ce fort qui possédait cinquante-cinq canons disposés sur quatre étages, contient une vaste citerne et une très grande poudrière. Sa garnison était de 15 hommes.

Le bach-tobdji qui en avait le commandement détenait les clés de toutes les poudrières d'Alger.

En 1845, l'explosion d'un ancien magasin à poudre dont on ignorait l'existence, fit 145 victimes (il y avait à ce moment au Penon, 419 kilogrammes de poudre répartis en 374 obus, 294 grenades et en un certain nombre de gargousses emplissant 4 caisses).

D'intéressantes tables de marbre sculpté, prises au fort voisin Es-Sardin, des inscriptions de provenances diverses, se trouvent apposées en ce lieu.

A l'extrémité de l'éperon rocheux (jadis îlot) qui pointe vers Saint Eugène, s'élevait la batterie de Ras Amar el-Kedim (du Cap d'Amar l'Ancien), armée de cinquante-trois canons et de plusieurs mortiers.

En deçà :
La batterie Ras Amar el-Djedid, élevée par Hussein, sur un canal comblé qui séparait l'îlot précédent d'un autre plus petit. Cette batterie, à deux étages, possédait trente-quatre pièces.

Venait ensuite du côté de la darse : Bordj el-Djedid, à vingt-et-une embrasures, construit au XVIllème siècle par Mohammed ben Osman, dont les canons, dit une inscription originale "ne se chargeaient pas de miel".

Puis au fond de la darse ( La Darse des Corsaires avait trois hectares de superficie. Elle pouvait contenir jusqu'à quarante navires. Une chaîne en fermait l'entrée, la nuit. Le môle qui la constitue fut construit sur plusieurs îlots.) :
Le fort Mâ-Bin (du milieu), de 18 canons, que construisit Hussein et d'où, sur l'ordre de ce dey, était tirée la salve de 21 coups de canon qui saluait l'arrivée d'un navire de guerre étranger, salve à laquelle participaient auparavant tous les forts de l'Amirauté.

En arrière de ce fort et le dominant : Bordj es-Sardin (des Sardines), où fut une table de marbre représentant des poissons, une mosquée, un minaret, des ifs, des oiseaux, un lion, des navires. Ce fort, de 1616, avait 32 canons.
Tout près, se trouve le passage - voûté aujourd'hui - où, lors du bombardement de Duquesne, en 1663, notre consul, le Père Levacher ( Né à Ecouen, en 1619. Vicaire apostolique et consul à Tunis, puis à Alger), périt à la bouche du fameux canon Baba Mezroug (père fortuné), nommé, depuis, la Consulaire.

Au-dessus du passage sus-mentionné : Bordj el-Goumen (le fort des Câbles), de 1816 (voisin du magasin des cordages), dans lequel disparut l'ancienne Vigie de 1573, et dont l'armement se composait de trente pièces disposées sur deux rangs.

A l'extrémité de la darse : Bordj Ras el-Moul (de la tête du môle), à deux étages, armé de trente pièces. Ce fort commencé en 1704, fut agrandi par Hagi Mustapha et terminé par Ali ben Hussein en 1712.
Là se trouve la Porte des Lions, ornée de félins en couleurs, du Sceau de Salomon, d'une couronne, de plaques épigraphiques - qui s'ouvre sur un ancien corps de garde décoré de fresques.