Les transports à,autour d'Alger
De la Place du Gouvernement à Châteauneuf et Ben-Aknoun avec les T.M.S en 1920.

Texte, illustrations extraits de sa collection, mise en page de Francis Rambert.

sur site le 23-1-2010

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De la Place du Gouvernement à Châteauneuf et Ben-Aknoun avec les T.M.S en 1920.

Créée en 1901, la Compagnie des Tramways et Messageries du Sahel fut la dernière née des compagnies de tramways qui participaient à la desserte d'Alger. A coté des deux mastodontes, les C.F.R.A. qui alignaient 60 motrices (30 Walker et 30 Dulait) et les T.A. avec leurs 40 motrices Thomson, le parc des T.M.S. ne comptait que 8 (ou 10 selon d'autres sources) motrices Thomson-Houston et 4 ou 8 remorques. Cela permettait la desserte depuis la station centrale de la Place du Gouvernement d'une seule ligne d'Alger à El-Biar, par la rue de la Lyre, les tournants Rovigo et la Prison Civile, avec extension jusqu'au Petit-Château-Neuf où on pouvait trouver la correspondance pour Ben-Aknoun. La ligne était découpée en 8 sections délimitées par les arrêts suivants : Alger - Cité Bisch - Prison Civile - Casbah Lavoir - Panier Fleuri - Deux Entêtés - Saint-Raphaël - El-Biar – Châteauneuf.

Vivons un instant, au début du XXème siècle, Alger, le voyage d'un touriste qui envisage de faire l'excursion d'El-Biar et Châteauneuf qu'il a découvert dans le Guide Bleu "Algérie et Tunisie", qui lui conseille d'utiliser les trams des T.M.S. et de déjeuner chez Mallard, le restaurant réputé du Petit Châteauneuf, "très fréquenté par les Algériens"…

ALGER – Place du Gouvernement et Rue Bab-el-Oued
ALGER – Place du Gouvernement et Rue Bab-el-Oued

La station centrale des T.M.S. de la place du Gouvernement, bordant la vieille ville, se situant juste à coté de la station des T.A. qui longe la place proprement dite, il faut veiller à ne pas se tromper de compagnie ! Il faut donc se repérer d'après la couleur des motrices : jaune pour les T.M.S., verte pour les T.A.

ALGER – Place du Gouvernement

ALGER – Place du Gouvernement

En attendant le départ prévu toutes les 15 minutes jusqu'à la Prison Civile, toutes les 30 minutes jusqu'à El-Biar et toutes les heures ou toutes les 2 heures (!) jusqu'à Châteauneuf, il est possible de prendre place dans une des remorques (28 places assise, 8 debout) qui, comme la numéro 16, stationnent sur la voie de garage.

ALGER – Un Coin de la Place du Gouvernement

ALGER – Un Coin de la Place du Gouvernement

Mais il est préférable d'attendre la motrice qui doit manœuvrer sur la voie parallèle car en fonction de l'horaire, le convoi peut ne comporter qu'une motrice sans remorque.

ALGER – Place du Gouvernement – Station des T. A. et T. M. S.

ALGER – Place du Gouvernement – Station des T. A. et T. M. S


ALGER – La Place Malakoff

ALGER – La Place Malakoff

Nous avons bien fait d'attendre car le convoi se limite à la seule motrice (5 places en 1ère classe et 18 en 2ème classe; 19 places debout sur les plates-formes), à bord de laquelle nous entamons notre périple en empruntant, à gauche, la rue du Divan.

ALGER – La Cathédrale et la Rue de la Lyre

ALGER – La Cathédrale et la Rue de la Lyre

Traversant la place Malakoff, nous découvrons le Palais d'Hiver du Gouverneur jouxtant la Cathédrale Saint Philippe que nous laissons sur notre gauche, pour emprunter l'étroite rue de la Lyre, bordée d'immeubles à arcades.

ALGER – Rue et Place de la Lyre

ALGER – Rue et Place de la Lyre


ALGER – Le Marché de la Lyre

ALGER – Le Marché de la Lyre

Au niveau de la place de la Lyre où débouche la rue Randon, nous effectuons notre premier arrêt devant le marché de la Lyre où la voie se dédouble pour permettre le croisement des convois.

ALGER – Rue Dupuch

ALGER – Rue Dupuch

Nous entamons alors la montée par les tournants Rovigo avec arrêt au carrefour du Cadix d'où partent les rues Dupuch et Mogador.

ALGER – Tournant Rovigo – Square Montpensier

ALGER – Tournant Rovigo – Square Montpensier


ALGER – Square Montpensier et Tournant Rovigo

ALGER – Square Montpensier et Tournant Rovigo

Notre vaillante petite motrice contourne le square Montpensier pour grimper vers la Casbah dont on aperçoit les fortifications, en haut, à droite. Au-delà du square Montpensier, le tramway observe un nouvel arrêt en haut de la rue Porte Neuve (Bab Djedid) avant de s'engager sur les 350 mètres de léger faux plat du Boulevard de la Victoire, passant entre les fortifications du Palais de la Casbah et la partie haute de la vieille ville (appelée improprement quartier de la Casbah).

ALGER – La Prison Civile dite de "Barberousse"

ALGER – La Prison Civile dite de "Barberousse"

Au bout du rectiligne boulevard de la Victoire, nouvelle fin de section à la Prison Civile appelée communément Barberousse. En 1909 il faut débourser 20 centimes en 1ère classe et 15 centimes en 2ème classe pour atteindre ce point depuis la place du Gouvernement.

ALGER – Porte de la Casbah

ALGER – Porte de la Casbah


ALGER – La Caserne d'Orléans

ALGER – La Caserne d'Orléans


Nous passons ensuite par la porte de la Casbah, pour traverser les fortifications du Palais du Dey, dont on voit le minaret d'une des deux mosquées situées à l'intérieur de l'enceinte. Une grande partie cette ancienne forteresse a été transformée en caserne où un régiment de zouaves est en garnison : c'est la caserne d'Orléans (en hommage au Duc d'Orléans devant l'entrée de laquelle le tram marque un nouvel arrêt.

Environs d'ALGER – Lavoir arabe – Route d'EL-BIAR

Environs d'ALGER – Lavoir arabe – Route d'EL-BIAR

ALGER – Les Portes du Sahel

ALGER – Les Portes du Sahel


Quelques centaines de mètres plus loin, nous parvenons, à proximité du réservoir du Sahel, au lavoir de la Casbah au bord de la route bordée d'eucalyptus, avant que le tramway franchisse l'enceinte de la ville par les portes du Sahel et continue sa montée vers El-Biar.

TAGARINS – Grande Rue

TAGARINS – Grande Rue

Route d'EL-BIAR – Aux Deux Entêtés

Route d'EL-BIAR – Aux Deux Entêtés


Nouvelle section au lieu dit "Panier Fleuri" (du nom d'une épicerie située à proximité dans le quartier des Tagarins (et non des Tagarrin comme indiqué sur la carte postale) avant la montée qui se fait plus difficile pour notre petite motrice de 7.5 tonnes propulsée par 25 chevaux, heureusement sans remorque. Après être passé en contrebas de la colline du Fort l'Empereur, masqué par un bois d'eucalyptus, et pris le virage en épingle à cheveux, de la Scala nous arrivons, en haut de la côte aux "Deux Entêtés".

EL-BIAR – Les Oliviers

EL-BIAR – Les Oliviers

EL-BIAR – Arrêt de St-Raphaël

EL-BIAR – Arrêt de St-Raphaël

Deux virages plus loin, sur la gauche, après être passés devant la "Villa des Oliviers" servant de résidence aux hôtes illustres du Gouverneur, à la porte de laquelle, souvent, un spahi en grand uniforme monte la garde, nous débouchons sur le plateau à l'arrêt de Saint-Raphaël, où une voie double permet, là encore, le croisement des convois.

EL-BIAR – Rue principale

EL-BIAR – Rue principale

EL-BIAR – Grand'rue

EL-BIAR – Grand'rue

Au niveau de l'Hôtel Galian, nous entrons maintenant dans le village d'El-Biar par la Grand Rue (qui sera rebaptisée avenue Maréchal de Bourmont) et nous pouvons apercevoir, de l'autre coté du carrefour, une motrice qui attend le passage de notre convoi pour pouvoir emprunter la voie unique lui permettent de redescendre sur Alger.

EL-BIAR – La Grande Rue et le terminus du Tram d'Alger

EL-BIAR – La Grande Rue et le terminus du Tram d'Alger


EL-BIAR - Rue Principale

EL-BIAR - Rue Principale

Avant de poursuivre jusqu'au Petit-Châteauneuf, nous marquons un long arrêt à El-Biar. Le trajet depuis Alger revient à 40 centimes en 1ère classe et 35 centimes en 2ème classe mais il aurait été plus avantageux de prendre un billet aller-retour pour 70 centimes en 1ère classe ou 50 centimes en 2ème classe. Au carrefour avec l'avenue Prenat (plus tard rebaptisé avenue Maréchal Bugeaud) qui conduit à l'église, nous allons croiser la motrice n° 3, prête à entamer son retour vers Alger.

EL-BIAR – La Grande Rue – Partie supérieure

EL-BIAR – La Grande Rue – Partie supérieure


EL-BIAR – Le Petit Châteauneuf – Le Restaurant Mallard et la Station du T.M.S.

EL-BIAR – Le Petit Châteauneuf – Le Restaurant Mallard et la Station du T.M.S.

Après un dernier arrêt près de la Gendarmerie, la motrice file vers son terminus au Petit-Châteauneuf où se situe le dépôt des T.M.S. Avant de redescendre sur Alger, nous apprécierons un excellent repas chez Mallard, "restaurant très prisé des Algérois".

Station de Châteauneuf, près d'EL-BIAR

Station de Châteauneuf, près d'EL-BIAR


Enfin arrivée au Petit Château-Neuf et fin de notre voyage. Le trajet a duré (en principe) 40 minutes et coûté 50 centimes en 1ère classe et 40 centimes en 2ème classe (billet aller-retour 80 centimes en 1ère classe ou 60 centimes en 2ème classe). Notre motrice, maintenant prête à retourner vers Alger, affiche sur sa caisse une imposante publicité pour l'Anis Gras, dont on espère qu'elle n'a probablement aucun lien avec la proximité du restaurant.

Lycée de BEN-AKNOUN

Lycée de BEN-AKNOUN


BEN-AKNOUN – Le Lycée

BEN-AKNOUN – Le Lycée

Si nous avions envisagé de poursuivre notre voyage jusqu'à Ben-Aknoun, distant de Châteauneuf d'un peu moins de 1 kilomètre 500, il aurait fallu que nous soyons vraiment très fatigués ou très chargés pour avoir envie d'attendre un tram en correspondance (deux ou trois par jour "aux heures convenables"). Le Guide Bleu précise d'ailleurs, "Si on ne trouve pas la correspondance de Ben Aknoun (tram électrique peu fréquent ou omnibus) on peut s'y rendre à pied en 15 minutes". Car ainsi qu'il est précisé sur les billets "La section de Petit-Châteauneuf à Ben Aknoun n'étant pas déclarée d'utilité publique, la responsabilité de la Société envers les voyageurs de cette section, à raison des retards, des accidents ou de toute autre cause, est limitée à celle du droit commun pour les Voituriers".

La présence du lycée, annexe du lycée Bugeaud, dont l'importance des bâtiments est révélatrice du nombre d'élèves qui le fréquentent, n'a pas représenté une "utilité publique" suffisante par les autorités, pour qu'une desserte fiable et régulière soit assurée par les T.M.S., que les usagers appelaient par dérision "Très Mal Servis" en raison du confort spartiate des voitures, de la faible fréquence des dessertes, des horaires fantaisistes et des retards aléatoires.

EL-BIAR – Boulevard Gallieni. Station des Autobus

EL-BIAR – Boulevard Gallieni. Station des Autobus

Il était donc prévisible que cette compagnie ne résiste pas à la concurrence des autres entreprises de transports publics. Elle disparaîtra en 1937, absorbée par le C.F.R.A. (qui remplaceront les trams par des trolleybus modernes Vetra), après que la fréquentation de la ligne T.M.S. d'El-Biar ait été fortement réduite en raison de la mise en service par les T.A., en 1930, d'une ligne d'autobus reliant la Grande Poste à El-Biar, par le boulevard Gallieni.