-----Le développement
des chemins de fer en Algérie fut l'uvre de Napoléon
III vivement encouragé par son demi-frère le duc de MORNY.
Celui-ci fort intéressé, à tous les sens du terme,
par ce nouveau mode de transport, fut entre autres postes, Président
de l'éphémère Compagnie du Grand-Central et Vice-président
de la Compagnie du chemin de fer d'Orléans (Le Paris-Orléans).
------Le décret impérial du 8 avril
1857 prévoyait la construction
------- d'une
ligne principale parallèle à la côte de Constantine
à Alger et Oran par ou près Aumale, Sétif, Blidah,
Orléansville et Sainte-Barbe-du-Tlélat, soit 881 km,
------- de
lignes partant de la ligne principale et aboutissant aux principaux ports
------- Philippeville
à Constantine, 87 km
------- Bougie
à Sétif, 110 km
------- Bône
à Constantine, 202 km
------- Ténès
à Orléansville, 58 km
------- Oran
à Tlemcen par Sainte-Barbe-du-Tlélat et Sidi-Bel-Abbès,
120 km
------- Arzew
et Mostaganem à Relizane 68 km
------Ce plan
de développement, le premier des trois qui se succéderont,
correspondait sensiblement au projet présenté dès
1833 par Emile PEREIRE soutenu par ses amis saint-simoniens, et financièrement
par la famille ROTSCHILD. Pour des raisons économiques et politiques,
ce projet était alors resté sans suite.
------Emile
PEREIRE et son frère Isaac jouèrent directement et indirectement
un rôle important dans le développement des chemins de fer
tant en métropole qu'en Algérie.
------Revenons
au plan de Napoléon III.
Trois tronçons de ligne devaient être construits en priorité,
d'une part pour permettre l'exploitation des ressources naturelles des
régions concernées et d'autre part, pour consolider la présence
française en Algérie. Il s'agissait des tronçons:
- Alger-Blida
- Philippeville-Constantine
- Oran-Saint Denis-du-Sig
------La construction
et l'exploitation de ces trois tronçons furent concédées
à une société anonyme créée pour la
circonstance : la Compagnie des chemins de fer algériens
dont le siège était à Paris, 66 rue de la Chaussée
d'Antin. Une partie des actions de cette société était
acquise par des sociétés, banques et particuliers fortunés
; une autre partie était mise en vente publique. Cette concession
avait été accordée par des lois du 20 juin et du
11 juillet 1860. Notons que pour répondre à l'impatience
de l'opinion publique algérienne, Napolon III avait fait entreprendre,
par l'armée et dès 1858, la construction de l'infrastructure
et des ouvrages d'art entre Alger et Boufarik.
------La première
séance du conseil d'administration de la Compagnie des chemins
de fer algériens se tint le 23 août 1860. On y procède
à la nomination de son président (M. Ferdinand BARROT) et
la première décision opérationnelle fut prise : l'envoi
à Alger d'une locomotive à vapeur qui devait figurer dans
les cérémonies données à l'occasion du voyage
projeté en Algérie par Napoléon III.
------À
titre anecdotique, cette locomotive fournie par la Compagnie du PLM, arrivera
à Alger en septembre 1860. Endommagée, elle ne pourra pas
être mise en service.
------L'Entrepreneur
Général des travaux de la Compagnie des chemins de fer algériens
fut Sir MORTON-PERO, Baronnet, membre du parlement britannique, et par
ailleurs gros actionnaire de la Compagnie car par contrat, il s'engageait
à acquérir les actions qui mises en vente dans le public
n'auraient pas trouvé d'acquéreurs. Or, il n'y eut pas beaucoup
d'acheteurs puisque sur les 110 000 actions mises en vente, seulement
33 000 furent acquises.
------Hélas,
très rapidement, la Compagnie des CFA connut des gros problèmes
financiers, à cause notamment d'une conjoncture économique
difficile dans toute l'Europe. Dès octobre 1860, l'ingénieur
en chef de la Compagnie, Hippolyte MANTION, transfuge de la Compagnie
du Nord dirigée alors par James de ROTSCHILD, proposait de réduire
à 300 voire à 250 mètres les rayons des courbes alors
que le cahier des charges imposait des rayons de 500 mètres au
moins. Cette mesure en permettant à la voie de mieux épouser
les reliefs du terrain, et notamment le tracé sinueux des vallées,
supprimait ipso facto la construction de nombreux ouvrages d'art et permettait
ainsi des économies substantielles, malgré l'allongement
du kilométrage des lignes.
------On peut
dire, en résumant à peine, que ce principe sera retenu pour
l'ensemble des voies ferrées d'Algérie, ce qui donnera au
réseau son relief tourmenté et nuira à la vitesse
des circulations en raison notamment, sur certaines portions, des fortes
déclivités imposées par le manque de tunnels.
------Difficilement,
entrant même en conflit avec l'Empereur, les administrateurs parvinrent
au bout de la construction du tronçon d'Alger à Blida
qui fut inauguré le 15 août 1862, en présence
du Maréchal PELISSIER, duc de Malakoff, Gouverneur Général
de l'Algérie, des généraux YUSUF et LASERRE, du maire
de Blida, Raoul de MONTAGNY et du journaliste parisien Théophile
GAUTIER, décidément spécialiste de ce genre de manifestation
car il avait déjà couvert l'inauguration de la ligne de
Paris à Lille. Le banquet officiel se tint sous les oliviers du
"Bois Sacré", jardin bien connu des blidéens.
------La ligne
fut réellement mise en service le 8 septembre 1862 pour les marchandises
et 25 octobre 1862 pour les voyageurs.
------Les
huit locomotives à vapeur affectées à cette liaison
devaient assurer des vitesses commerciales de 20 à 45 kilomètres
par heure. Elles reçurent évidemment chacune un nom de baptême
: Sidi-Ferruch, l'Atlas, le Sahel, la Mitidja, l'Harrach, La Chiffa,
le Bou-Roumi, le Mazafran.
------La Compagnie
des chemins de fer algériens ne survécut pas longtemps à
cette mise en service. Une loi du 11 juin 1863 transférait à
la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée, les
tronçons des lignes précédemment concédées
à la Compagnie des chemins de fer algériens. Ce transfert
avait été évoqué dès août 1861
par les ministères de la Guerre et des Travaux Publics, mais, l'un
des directeurs de la Compagnie PLM, Paulin TALABOT, n'avait pas reçu
favorablement cette proposition. La même loi accordait à
la Compagnie PLM la concession du tronçon de Blida à
Saint-Denis-du-Sig, donc finalement la totalité de la ligne
Alger-Oran qui fut ouverte aux circulations par tronçons
les ler novembre 1868 (Relizane-Oran), 8 juillet 1869 (Blida-Bou-Medfa),
15 juin 1870 (Affreville-Relizane) et le 1er mai 1871 (Bou-Medfa-Affreville).
Le tronçon Alger-Blida était déjà opérationnel.
------La construction
et l'exploitation de la ligne d'Alger à Constantine
furent concédées à la Compagnie de l'Est algérien
par des lois et des décrets successifs des 15 décembre
1875 (Constantine à Sétif), 20 décembre 1877 (La
Maison-Carrée à l'Alma), 3 décembre 1878
(l'Alma à Ménerville).
------Ces
tronçons furent livrés aux circulations respectivement les
10 mai et 5 août 1879 et le 25 septembre 1881.
12
------Le chaînon
manquant de Ménerville à Sétif ne sera concédé
que plus tard.
------La ligne
de Philippeville à Constantine sera ouverte le 1er
septembre 1870.
------La ligne
de Bougie à Sétif ne sera pas construite dans
le cadre de ce premier plan .
------La liaison
Bône-Constantine, retardée par la guerre de
1870, connut une réalisation particulière.
------Dans
un premier temps, la concession du tronçon de Bône à
Guelma fut accordée, par un décret du 7, mai 1874, à
la Société de Construction des Batignolles, société
créée par Félix GOUIN, parent par alliance des frères
PEREIRE et ami en affaire des frères ROTSCHILD. Félix GOUIN
participa, tant en France que dans plusieurs pays étrangers - Espagne
et Roumanie notamment - à la construction de nombreuses lignes
de chemins de fer. Sa principale activité fut toutefois dans le
domaine ferroviaire, la construction de locomotives à vapeur dont
il équipa la plupart des pays européens. Félix GOUIN
créa pour la circonstance, la Compagnie de Bône à
Guelma qui devint donc concessionnaire officiel et qui, en toute
logique, fit appel pour la réalisation des travaux à...
la Société de Construction des Batignolles.
------La ligne
Bône-Guelma (88 km) fut ouverte aux circulations le 1er septembre
1876 pour la partie de Bône à Duvivier (55 km) et le 23 avril
1877 pour la partie de Duvivier à Guelma (33 km).
------Par
une loi du 26 mars 1877, la Compagnie de Bône à Guelma obtiendra
également la concession de Guelma au Kroubs (115 km). Ce tronçon
sera mis en service entre le 19 décembre 1878 et le 30 mars 1879.
La liaison terminale Le Kroubs-Constantine sera réalisée
lors de la construction du tronçon Sétif-Constantine.
------Par
cette même loi du 26 mars 1877, la Compagnie de Bône à
Guelma obtenait la concession de la portion de ligne de Duvivier à
Souk-Ahras (52 km), puis par une loi du 20 avril 1882, la concession de
la portion de ligne de Souk-Ahras à Sidi-El-Hémessi - frontière
tunisienne (53 km).
------Ces
tronçons furent mis en service respectivement les 30 juin 1881
et 29 septembre 1884 permettant ainsi la connexion des réseaux
algérien et tunisien.
------Notons
que la Société de Construction des Batignolles fut également
concessionnaire de la ligne de Tunis à la frontière algérienne
en 1876 et 1878.
------La ligne
de Ténès à Orléansville ne sera
pas construite dans le cadre de ce premier plan.
------Pour
ce qui est de la ligne d'Oran à Tlemcen, la liaison
entre Oran et Sainte-Barbe-du-Tlélat avait été réalisée
lors de la construction de la ligne d'Alger à Oran (tronçon
de Relizane à Oran mis en service le 1er novembre 1868). La jonction
entre Sainte-Barbe-du-Tlélat et Sidi-bel-Abbès (52 km) fut
concédée à la Compagnie de l'Ouest algérien,
par une loi du 30 novembre 1874, et fut mise en service le 3 mai 1877.
Le reste de la ligne jusqu'à Tlemcen sera réalisé
dans le cadre d'un deuxième plan de développement.
------Enfin,
pour en terminer avec ce premier plan, signalons que la ligne d'Arzew
et Mostaganem à Relizane ne sera réalisée
que lors du deuxième plan de développement évoqué
ci-dessus.
------Deux
réalisations complétèrent le plan impérial
: la ligne d'Arzew à Saïda et la ligne de Bône à
Aïn-Mokra.
------La construction
de la ligne, à
voie étroite, d'Arzew à Saïda (171 km) fut
confiée à la Compagnie Franco-algérienne
par décret du 29 avril 1874. Elle fut mise en service le 28 septembre
1879. En contrepartie de ses investissements, la Compagnie Franco-algérienne
reçut le monopole de l'exploitation de 300 000 hectares d'alfa.
------A des
fins stratégiques (surveillance de la frontière marocaine
et à la suite de mouvements insurrectionnels dans le sud oranais),
cette ligne sera prolongée jusqu'à Aïn-Séfra
(283 km), section dont la mise en service aura lieu entre le 1" juin
1881 et le 28 août 1887.
------La liaison,
à voie étroite, de Bône à Aïn-Mokra
(33 km) fut concédée, à titre de ligne industrielle,
à la Compagnie des Mines de Mokta-El-Hadid par arrêté
impérial du 12 juin 1863. Cette liaison sera mise en service en
1864.
------En 1879,
sous la troisième République et la présidence de
Jules GREVY, un deuxième plan de développement des chemins
de fer en Algérie fut adopté.
------La loi
du 18 juillet 1879 prévoyait notamment les liaisons
- Sainte-Barbe-du-Tlélat à Tlemcen 139 km
- Tlemcen à la frontière marocaine 59 km
- Mostaganem à Tiaret par Aïn-Tédelès et Relizane
200 km
- Ténès à Orléansville 58 km
- Mouzaïaville à Berrouaghia 96 km
- Ménerville à Sétif 254 km
- Ménerville à Tizi-Ouzou 51 km
- Bougie à Beni-Mançour 87 km
- El-Guerrah à Batna et Biskra 201 km
- Aïn-Beïda à Ouled-Rahmoun (embranchement sur la ligne
d'Alger à Constantine) 89 km
-Tébessa à Souk-Ahras (avec embranchements ultérieurs
vers l'Ouenza et le Kouif) 130 km
- Oran (La Sénia) à Aïn-Témouchent 70 km
------La ligne
de Sainte-Barbe-du-Tlélat à Tlemcen fut ouverte
au trafic dans les conditions suivantes
- de Sainte-Barbe-du-Tlélat à Sidi-bel-Abbès (52
km) lors de la réalisation du premier plan,
- le tronçon de Sidi-bel-Abbès à Tabia (23 km) sera
réalisé, par la Compagnie de l'Ouest algérien, dans
le cadre de la ligne de Sidi-bel-Abbès à Ras- el- Mâ-
Crampel et mis en service le 8 juin 1883, le tronçon terminal de
Tabia à Tlemcen (64 km), concédé par une loi du 16
juillet 1885, sera terminé entre 1887 et 1890.
------Pour
ce qui est de la liaison de Tlemcen à la frontière
marocaine, il faudra attendre 1907 pour que la section de Tlemcen
à Turenne (30 km) soit mise en circulation par la Compagnie
de l'Ouest algérien et 1916 pour que les derniers 40 km
entre Turenne et Zoudj-El-Béghal (frontière du côté
algérien) soient livrés aux circulations. La connexion civile
des réseaux algérien et marocain était enfin réalisée.
Une connexion à usage militaire existait depuis 1910.
------La concession
de la ligne de Mostaganem à Tiaret fut accordée
par une loi du 15 avril 1885 à la Compagnie Franco-Algérienne.
Cette ligne, à voie étroite, sera mise en exploitation le
15 mai 1888 (de Mostaganem à Relizane - 76 km) et le 20 février
1889 (de Relizane à Tiaret - 126 km). Notons dès maintenant
que cette ligne sera prolongée jusqu'à Trumelet le 15 mars
1921 à l'initiative du département d'Oran et jusqu'à
Burdeau en 1942 par les Chemins de fer algériens.
------La ligne
de Ténès à Orléansville, déjà
envisagée lors du premier plan, ne sera encore pas construite dans
le cadre du deuxième plan.
------La ligne
prévue de Mouzaïaville à Berrouaghia fut
remplacée par une ligne, à voie étroite, de
Blida à Berrouaghia (84 km). La mise en service, confiée
à la Compagnie de l'Ouest algérien, sera effectuée
par tronçons entre 1891 et 1892.
------La liaison
de Ménerville à Sétif qui permettait
enfin de relier Alger à Constantine fut, par décret du 2
août 1880, concédée à la compagnie de
l'Est algérien. Sa mise en service eut lieu par tronçons
entre le 1er novembre 1882 et le 3 novembre 1886.
La ligne Ménerville-Tizi-Ouzou confiée à
la Compagnie de l'Est algérien par une loi du 23
août 1883, nécessitera trois mises en service successives
- de Ménerville à Bordj-Ménaïel le 20 août
1886 (15 km)
- de Bordj-Ménaïel à Haussonvillers le 25 janvier 1887
(12 km)
- de Haussonvillers à Tizi-Ouzou le 27 mai 1888 (26 km)
-----La
ligne directe de Bougie à Sétif prévue dans le premier
plan sera remplacée par une liaison Bougie-Beni-Mançour
qui, concédée à la Compagnie de l'Est algérien
par une loi du 21 mai 1884, sera ouverte au trafic le 10 décembre
1888 (Bougie à Tazmalt - 81 km) et le 24 mars 1889 (Tazmalt à
Béni-Mançour - 7 km).
------La ligne,
à voie étroite, El-Guerrah-Biskra, également
concédée à la Compagnie de l'Est algérien
par des lois du 2 août 1880 et 21 juillet 1884, fut exploitée
à partir du 1er novembre 1882 (El-Guerrah à Batna - 80 km),
du 26 juillet 1886 (Batna à Aïn-Touta - 33 km), du 9 février
1887 (Aïn-Touta à El-Kantara - 32 km) et du 1 er juillet 1888
(El-Kantara à Biskra - 56 km).
------La concession
de la ligne d'Aïn-Beïda à Ouled-Rahmoun
fut accordée à la Compagnie de l'Est algérien
par une loi du 7 août 1885. Construite à voie étroite,
la ligne sera ouverte le 11 juillet 1889. Elle sera prolongée d'Aïn-Beïda
à Kenchela en application d'une loi du 30 juillet 1900 et ce tronçon
sera mis en service le 10 juin 1905.
------Une
loi du 28 juillet 1885 déclara d'utilité publique la construction
d'une ligne à voie étroite, entre Souk-Ahras et Tébessa.
La réalisation en fut confiée à la Compagnie
Bône-Guelma et sa mise en exploitation eut lieu le 27 mai
1888. Plus tard, le développement de l'exploitation minière
de l'Ouenza exigera la mise à écartement normal de la section
de ligne de Souk-Ahras à Oued-Kébérit et ses prolongements
vers les mines de l'Ouenza. Ces travaux seront terminés le 10 février
1922. A noter que la liaison de Bône à Oued-Kébérit
sera électrifiée en 1932 et les embranchements vers l'Ouenza
entre 1938 et 1939.
------Enfin
en 1942, la section de ligne entre Oued-Kébérit et Tébessa
et son prolongement vers Le Kouif (25 km) seront portés à
écartement normal et électrifiés.
------La construction
de la ligne d'Oran (La Sénia) à Aïn-Témouchent
(70 km) sera confiée, par une loi du 5 août 1882, à
la Compagnie de l'Ouest algérien. Cette ligne sera
mise en service par tronçons entre 1884 et 1885.
------Un ajout
au plan 1879 confiera, par une loi du 22 août 1881, à la
Compagnie de l'Ouest algérien, la construction d'une
ligne de Sidi-bel-Abbès à Ras-El-Mâ-Crampel
(100 km). La ligne fut mise en service par tronçons entre
le 8 juin 1883 (Sidi-bel-Abbès-Chanzy - 31 km) et le 1" juillet
1885 (Chanzy-Ras-El-Mâ-Crampel - 69 km).
------Enfin,
une loi du 3 juillet 1884 permettra la construction de la ligne de Tizi
à Mascara (12 km) qui sera mise en service le 20 novembre
1886.
------A la
fin de ce 2ème plan, pour répondre aux besoins de plus en
plus affirmés des populations, certains ajustements se produisirent
sur l'initiative des autorités des trois départements. C'est
ainsi que furent construits
dans le département d'Alger
------ en application d'un décret
du 16 janvier 1892, les lignes, à voie étroite, d'El-Affroun
à Marengo (20 km), d'Alger à Rovigo
(36 km), d'Alger à Koléa (48 km) avec un embranchement
sur Castiglione à partir de Mazafran, de Dellys à
Boghni (67 km). Ces quatre lignes furent concédées
à la Société des Chemins de fer sur routes
d'Algérie et réalisées dans des conditions
particulièrement économiques. Elles furent ouvertes aux
circulations entre 1894 et 1900.
------- en
application d'un décret du 19 septembre 1905, la ligne, à
voie étroite, Ténès-Orléansville
(58 km) ; le prolongement jusqu'à Cherchell (29 km) de la ligne
d'El-Affroun à Marengo ; l'embranchement Maison-Carrée
à Aïn-Taya (20 km) sur la ligne d'Alger à Rovigo ;
la ligne, à voie étroite, de Bouïra à
Aumale (43 km). Toutes ces liaisons, confiées également
à la Société des Chemins de fer sur routes
d'Algérie, seront mises en service entre 1907 et 1910.
dans le département de Constantine
------ en application d'une loi du 25 avril
1900, le prolongement jusqu'à Saint-Charles (68 km) de la ligne
de Bône à Aïn-Mokra. Confiée à la Société
des Mines de Mokta-ElHadid, cette portion de ligne sera mise en service
en 1904.
------ en application d'un décret
du 18 août 1900, la ligne de tramway, à voie étroite,
entre Bône et La Calle (88
km). La mise en service interviendra le 1er juin 1904.
dans le département d'Oran
------ en application d'une loi du 25 janvier
1892, le prolongement jusqu'à Colomb-Béchar de la ligne
d'Arzew à Aïn-Séfra. Les travaux, conduits
par les Ponts et Chaussées, seront retardés à plusieurs
reprises ; de ce fait la mise en service interviendra seulement le 31
août 1901 pour la portion d'Aïn-Séfra à Duveyrier
(118 km) et entre le 3 août 1903 et le 21 avril 1906 pour la portion
de Duveyrier à Colomb-Béchar (139 km). Un tronçon
complémentaire (22 km) conduira jusqu'à Kénadza et
permettra l'exploitation des mines de charbon de ce gisement.
------ en application d'une loi du 9 avril
1898, la ligne à voie étroite d'Oran à Arzew
(43 km) qui sera mise en service en 1900 par la Compagnie des Chemins
de fer algériens de l'Etat.
-----Certes, ces dernières réalisations
correspondaient, pour l'économie de l'Algérie, à
des besoins réels, mais accentuaient le caractère hétérogène
du réseau constitué de voies à écartements
différents (l,45m - l,05m- lm voire O,60m), dont les infrastructures
étaient de qualité très variable et concédées
à de trop nombreuses compagnies ce qui en alourdissait l'exploitation.
-----Le Gouvernement Général
de l'Algérie jugea alors le moment venu de remettre de l'ordre.
-----Les mesures prises conduiront à
un 3ème plan de développement qui
sera mis en oeuvre à partir des années 19071909.
-----Un 1er volet de ce plan prévoyait la mise à
niveau du réseau : consolidation d'ouvrages d'art existants, mise
à écartement normal de certaines voies étroites,
travaux de réfection de voies pour permettre la circulation de
convois de plus en plus lourds.
-----Un 2ème volet du plan permit
la construction de lignes nouvelles ou le prolongement de lignes existantes.
C'est ainsi que furent construits
------ par une loi du 16 juillet 1908, la
liaison, à voie étroite, de Béni-Saf à
Tlemcen (67 km)
------la liaison, à voie étroite,
de La Macta à Mostaganem (30 km) mise en service
le 20 septembre 1908
------par une loi du 26 février 1910,
le prolongement de la ligne de Blida à Berrouaghia
jusqu'à Boghari puis Djelfa (195 km). La mise en service se fera
dans les conditions suivantes
------ de Berrouaghia à Boghari (40
km) le 15 juillet 1912
------ de Boghari à Aïn-Ousséra
(57 km) en 1916
------ d'Aïn-Ousséra à
Hassi-Bahbah (46 km) en 1918
------ d'Hassi-Bahbah à Djelfa (52
km) en 1921.
-----Cette ligne, construite par l'Etat,
sera exploitée dans les premiers temps par la Compagnie de
l'Ouest algérien.
------par une loi du 6 mars 1910, la ligne,
à voie étroite, de Sidi-bel-Abbés à
Uzès-le-duc par Tizi et Mascara (157 km). La mise en service
interviendra entre le 3 août 1919 et le 15 mai 1927, sauf pour le
tronçon de Tizi à Mascara déjà ouvert en 1886.
------par une loi du 22 mars 1910, la ligne,
à voie étroite, de Relizane à Prévost-Paradol
par Zémmorah et Montgolfier (82 km) pour doubler le tronçon
de Relizane à Prévost-Paradol par Uzès-le-Duc de
la ligne de Mostaganem à Tiaret... La mise en service aura lieu
le 30 juillet 1916 de Relizane à Zémmorah et le 15 juillet
1925 de Zémmorah à Prévost-Paradol,
------ par une loi du 1er avril 1910, le
prolongement jusqu'à Tébessa de la ligne d'Ouled-Rahmoun
à Aïn-Béïda. Cette section sera exploitée
à partir du 15 juillet 1926 d'Oulmène à La Meskiana
et du 15 octobre 1926 de La Meskiana à Tébéssa.
------par une loi du 4 avril 1910, le prolongement
jusqu'à Touggourt (217 km) de la ligne de El-Guerrah à
Biskra. La réalisation de cette ligne sera confiée
à l'Administration des Territoires du Sud. La mise
en service aura lieu le 1er juin 1914. Cette ligne revint aux Chemins
de fer algériens de l'Etat, en 1922, ainsi que l'embranchement
d'Oumache à Tolga (35 km) mis en service le 1er octobre 1916.
- -----par une loi du 18 mars 1912, la ligne,
à voie étroite, de Djidjelli à Sidi-Marouf.
-----Ainsi, à la fin de ce 3ème
plan de développement, le réseau ferré de l'Algérie
était quasiment constitué.
-----Bien entendu, il connaîtra au
fil des années les évolutions normales de tout réseau
: suppression de lignes, travaux importants notamment de remplacement
de voies étroites par des lignes à écartement normal
et de doublement de quelques tronçons de lignes, construction de
voies nouvelles.
-----C'est ainsi que sera construite la ligne
de Zoudj-El-Béghal à Nemours (55 km) qui,
en prolongeant la ligne marocaine Colomb-Béchar-Oudjda permettait
d'évacuer le charbon de Kénadza, le manganèse de
Bouârfa, le plomb et le zinc de Bou-Béker et l'anthracite
de Jérada. Cette ligne sera mise en service le 9 mars 1936.
-----Le 3ème volet de ce plan consistait
à réorganiser la gestion du réseau.
-----En effet, au fil des concessions et
malgré la création des Chemins de fer algériens de
l'Etat qui avaient suppléé, par une loi du 12 décembre
1900, la Compagnie FrancoAlgérienne défaillante, cinq compagnies
se partageaient l'exploitation du réseau ferré algérien.
-----Devant les disparités des règles
d'exploitation de ces différentes compagnies, une loi du 23 juillet
1904 autorisa le Gouvernement Général de l'Algérie
à unifier les tarifs en prenant pour base la tarification de la
ligne d'Alger à Oran qui était alors la moins élevée.
-----La Compagnie de l'Est algérien
n'ayant pas accepté ces nouvelles règles fut rachetée
et incorporée aux Chemins de fer algériens de l'Etat par
un décret du 25 août 1907. Il en fut de même pour la
Compagnie Bône-Guelma en 1914 (décret du 9 juin 1914) et
pour la Compagnie de l'Ouest algérien en 1920 (décret du
31 décembre 1920).
-----Ainsi, au début de 1921, deux
Compagnies subsistaient : La Compagnie P.L.M. et
la Compagnie des Chemins de fer algériens
de l'Etat.
-----Une convention qui sera entérinée
par une loi du 11 décembre 1922 coordonnera la gestion des deux
compagnies. Cette convention fixera notamment les conditions de rachat
de la compagnie P.L.M. par le Gouvernement de l'Algérie. Aux termes
de cette convention
------ celui-ci fait remise à la compagnie
P.L.M. de la totalité de sa dette,
------ en contrepartie, la compagnie P.L.M.
remet en toute propriété à l'Algérie, le matériel
roulant, le mobilier et l'outillage des lignes dont elle est concessionnaire,
soit Alger-Oran et Philippeville-Constantine.
-----Ce rachat effectué, la Compagnie
P.L.M. recevra en affermage l'exploitation des lignes situées à
l'Ouest d'Alger et la Compagnie des Chemins de fer algériens de
l'Etat exploitera les lignes situées à l'Est d'Alger.
Par ailleurs, la coordination des deux exploitations était placée
sous l'autorité du Gouverneur Général de l'Algérie
secondé par un Conseil Supérieur et un Comité de
Direction.
-----À quelques ajustements près,
ce régime sera appliqué jusqu'en 1938.
-----À cette date, la création
de la S.N.C.F. supprimait de facto les anciennes compagnies
métropolitaines, dont la Compagnie P.L.M. ; ce qui devait entraîner
une modification du régime du réseau algérien.
-----Après avoir été
étudié, le rattachement pur et simple de ce réseau
à la S.N.C.F. fut abandonné au profit de la création
des Chemins de Fer Algériens (C.F.A.), désormais
seule Administration à exploiter le réseau ferré
d'Algérie. Le décret de création des C.F.A.
date du 31 décembre 1938.
-----Enfin, une ordonnance du 4 février
1959 instituera la Société Nationale des Chemins de
Fer Français en Algérie (S.N.C.F.A.) en lieu et
place des C.F.A.
Pierre MORTON
Adh. N° 1410
Sources et bibliographies
-----Centre d'archives historiques de la
S.N.C.F. 2, avenue de Bretagne 72100 LE MANS
------ les chemins de fer de l'Algérie
- Tunisie par J. COUREAU, éditions J. MICHELET, 1891
------ les chemins de fer algériens
par Maurice Antoine BERNARD, éditions A. JOURDAN, 1913
------les chemins de fer algériens
par René THERY, éditions Economistes européens, 1922
------rapport présenté à
M. le Délégué général du gouvernement
en Algérie par M Paul JUSSEAU, Directeur général
des Chemins de fer algériens, avril 1959
------Centre des archives du monde du travail,
78, boulevard du Général Leclerc, BP 405, 59057 ROUBAIX
------ les voies ferrées de la France
(France, Algérie, Tunisie et colonies françaises) par MARLIO,
MAZERAT, VERGNIAUD, GODFERNAUX - 1912
------ Compagnie des Chemins de fer algériens
- Procès verbaux des délibérations du conseil d'administration,
1860 à 1863
Documentation personnelle de PMorton
------ les cahiers du centenaire
de l'Algérie - tome VIII ------ les
liaisons maritime, aériennes et terrestres de l'Algérie,
par le Colonel DHE et Jean DENIZET, publications du comité national
métropolitain du centenaire de l'Algérie
------ L'épopée des chemins
de fer français par Arthur CONTE, librairie PLON, 1996.
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