sur site le 22-04-2003
- Les chemins de fer à voie métrique d'Algérie
CHAPITRE I
LES DÉBUTS DU CHEMIN DE FER EN ALGÉRIE

Article paru dans la revue bimestrielle de la F.A.C.S, UNECTO : "Chemins de fer régionaux et urbains, n°286, 2001/4"
Auteur : Olivier Fourniol

12 Ko
retour
 
CHAPITRE I
LES DÉBUTS DU CHEMIN DE FER EN ALGÉRIE

- Le Second Empire
-----La première ligne de chemin de fer en Algérie remonte à 1859. En effet, dès 1853, la Société civile des Mines
et Hauts-Fourneaux des Karezas, qui deviendra en 1864 la Compagnie des Minerais de Fer magnétiques de Mokta-el-Hadid, étudia un chemin de fer de 11 km de long, partant des mines des Karezas pour aboutir à La Seybouse, faubourg de Bône. La construction fut assez longue et le service, uniquement minier, débuta le ler septembre 1859. C'était effectivement le premier chemin de fer de l'Algérie et, soulignons le, il était à voie métrique, c'est à dire à l'écartement d'un mètre. La ligne fut prolongée en 1863 jusqu'aux mines de Aïn-Mokra, et en 1867 jusqu'au port de Bône. Sa longueur était alors de 32,5 km. Elle fut ouverte au service public en 1885 et prolongée en 1905 jusqu'à Saint-Charles (sur la ligne Constantine - Philippeville). Sa longueur était ainsi portée à 97 km. Elle fut rachetée par l'Etat en 1926 et rattachée au réseau des Chemins de FerAlgériens de l'Etat, les CFAE. De 1948 à 1952, la ligne fut mise à voie normale, tout en étant assez largement reconstruite puisque seuls les 32,5 km de l'ancienne ligne à voie métrique de Bône à Ain-Mokra furent utilisés. La nouvelle ligne entra en service le 1erjanvier 1953. Or, en novembre 1957, le tronçon Oued Zenati - Guelma de l'ancienne ligne directe Tunis - Constantine fut presque entièrement détruit par des inondations et il ne fut jamais reconstruit. Par suite, depuis cette date, la ligne de Bône à Saint-Charles est devenue partie intégrante de la grande ligne du Maghreb Tunis - Casablanca, donc presque un siècle après la création de son premier tronçon.

-----
Mettons à part cette ligne qui, initialement, était uniquement minière. Alors, la première compagnie ferroviaire proprement dite de l'Algérie fut la Compagnie des Chemins de Fer Algériens (sans aucun rapport avec la société puis l'office d'exploitation qui reprendront la même dénomination successivement en 1898 et en 1939). Cette compagnie obtint en 1860 la concession de trois lignes à voie normale : Alger - Blida, Oran - SaintDenis-du-Sig et Constantine - Philippeville. La première ouverte fut Alger - Blida le 8 septembre 1862, ceci pour une raison bien simple. L'armée avait commencé les travaux dès 1859, mais la compagnie n'ayant pu réunir la totalité des fonds propres nécessaires, fut déchue quelques semaines plus tard à la fin de 1862. Le gouvernement du Second Empire proposa alors au PLM de prendre la suite, en lui faisant valoir que l'Algérie était le prolongement naturel de son territoire métropolitain. En fait, le gouvernement ayant tranché en faveur du PLM dans la lutte qui l'avait opposé au Midi pour la célèbre histoire de la ligne directe Sète - Marseille, il entendait bien obtenir un gage en contrepartie. Aussi, le PLM, qui n'était pas demandeur au départ, finit par accepter en faisant valoir à ses actionnaires que les lignes d'Algérie, très probablement déficitaires, ne pouvaientqu'apporter un supplément de trafic fort substantiel à son réseau métropolitain. En conséquence, dès 1863, le PLM reçut la concession de la ligne Alger - Oran (et non plus seulement de ses deux extrémités à partir d'Alger et d'Oran) et de la ligne Constantine - Philippeville. Les travaux nécessaires furent très longs et, à la chute du Second Empire le 4 septembre 1870, seule la deuxième ligne venait d'être ouverte le 1 e, septembre. Sur la première, il manquait encore un tronçon central de 29 km entre Bou-Medfa etAffreville, section la plus montagneuse comportant entre autres le tunnel dit de l'Atlas qui, avec ses 2312 m, est resté le plus long de l'Algérie. La ligne fut finalement ouverte en totalité le 1 er mai 1871, en pleine Commune! En conclusion, au lendemain de la guerre de 1870, (voir carte) les chemins de fer en Algérie comportaient deux lignes à voie normale exploitées par le PLM : Alger - Oran, soit 421 km, et Constantine - Philippeville, soit 87 km, plus une ligne minière à voie métrique Bône - Aïn-Mokra, soit 32 km.

  - La Troisième République
-----Pour la poursuite de la construction du chemin de fer en Algérie, la Troisième République naissante prend le temps de la réflexion, c'està-dire ne fait rien. Mais le gouvernement général de l'Algérie ne l'entend pas ainsi, car il veut continuer son réseau. Il va alors profiter d'un décret du 7 mai 1874 qui étend aux départements d'Algérie la possibilité qu'ont les départements métropolitains de concéder des
chemins de fer d'intérêt local. C'est dans ces conditions que le PLM se trouve évincé, le monopole de fait que lui avait concédé le Second Empire tombant à l'eau. Ainsi, pendant plus de 50 ans, le PLM ne va exploiter en Algérie que les deux lignes qui lui avaient été concédées antérieurement à 1870, ces deux lignes étant séparées par 453 km de Maison-Carrée à Constantine.
-----Très rapidement, trois compagnies obtiennent des concessions au titre de l'intérêt local. Sommairement et en première étape, ces trois compagnies vont construire des réseaux à voie normale : de l'Ouest Algérien à l'ouest d'Alger, l'Est Algérien entre Alger et Constantine, et le Bône - Guelma, filiale de la Société de Construction des Batignolles, à l'est de Constantine, en liaison avec les concessions que cette dernière obtiendra en Tunisie à partir de 1877. Mais, très curieusement, l'Etat octroie en 1874 une concession d'intérêt général à la Compagnie Franco-Algérienne pour une ligne allant d'Arzew à Saïda et coupant ainsi à Perregaux la ligne du PLM Oran - Alger. De plus, et nous l'avons dit en commençant, ce fut longtemps une énigme historique, car l'écartement retenu pour cette ligne à voie métrique était de 1,055 m. Les chapitres suivants seront l'occasion de poursuivre l'histoire du chemin de fer en Algérie après 1875