-Alger, tourisme
TOURISME ET EXCURSIONS -
ALGER, STATION CLIMATIQUE

Le tourisme se présente sous deux aspects, le premier à l'usage des gens bien portants, actifs et avides de sensations, qui veulent s'instruire, voir, parcourir d'immenses étendues, le second s'adressant à des gens pour une cause ou pour l'autre, fatigue, mauvaise santé, venus chercher dans certains endroits privilégiés du monde le repos, le calme en la douceur du climat.

Pour l'une et l'autre de ces formes du tourisme l'Algérie est magnifiquement équipée. Nous avons dernièrement montré comment, de par ses beautés naturelles d'abord, de par les ingénieuses facilités de grands voyages et de grandes excursions mises au point et organisées par les Compagnies de navigation et de chemins de fer ensuite, on avait toutes facilités aujourd'hui pour parcourir de bout en bout, de l'Atlantique au golfe des Syrtes et de la Méditerranée aux plus lointaines oasis de l'Extrême-Sud, la terre africaine, patrie d'élection du grand tourisme.

Il apparaît inutile d'insister là-dessus, qui commence à être une vérité générale, de même qu'il est parfaitement superflu de faire ressortir une fois de plus la valeur touristique de tout premier plan et si bien établie de nos grands circuits. Ce serait une redite, et qui n'apprendrait rien, tout le monde sachant aujourd'hui que le circuit Alger-Bougie-Sétif-Batna-Biskra, par les gorges du Chabet et le défilé d'El-Kantara, est le plus beau et le plus varié des voyages qu'on puisse faire au monde, de même que le circuit du M'Zab, présentant le même intérêt de grand spectacle, se parachève par de puissantes raisons d'histoire et d'ethnographie.


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Afrique du nord du 20-2-1926 - Transmis par Francis Rambert
mise sur site : nov.2021

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ALGER, STATION CLIMATIQUE
ALGER, STATION CLIMATIQUEALGER, STATION CLIMATIQUE

Le tourisme se présente sous deux aspects, le premier à l'usage des gens bien portants, actifs et avides de sensations, qui veulent s'instruire, voir, parcourir d'immenses étendues, le second s'adressant à des gens pour une cause ou pour l'autre, fatigue, mauvaise santé, venus chercher dans certains endroits privilégiés du monde le repos, le calme en la douceur du climat.

Pour l'une et l'autre de ces formes du tourisme l'Algérie est magnifiquement équipée. Nous avons dernièrement montré comment, de par ses beautés naturelles d'abord, de par les ingénieuses facilités de grands voyages et de grandes excursions mises au point et organisées par les Compagnies de navigation et de chemins de fer ensuite, on avait toutes facilités aujourd'hui pour parcourir de bout en bout, de l'Atlantique au golfe des Syrtes et de la Méditerranée aux plus lointaines oasis de l'Extrême-Sud, la terre africaine, patrie d'élection du grand tourisme.

Il apparaît inutile d'insister là-dessus, qui commence à être une vérité générale, de même qu'il est parfaitement superflu de faire ressortir une fois de plus la valeur touristique de tout premier plan et si bien établie de nos grands circuits. Ce serait une redite, et qui n'apprendrait rien, tout le monde sachant aujourd'hui que le circuit Alger-Bougie-Sétif-Batna-Biskra, par les gorges du Chabet et le défilé d'El-Kantara, est le plus beau et le plus varié des voyages qu'on puisse faire au monde, de même que le circuit du M'Zab, présentant le même intérêt de grand spectacle, se parachève par de puissantes raisons d'histoire et d'ethnographie.

Aussi nous en tiendrons-nous plus particulièrement à cette seconde pratique du tourisme signalée plus haut : le tourisme climatique, le tourisme pour personnes fatiguées ou malades venues chercher, dans la beauté d'un cadre enchanteur et la clémence d'un merveilleux climat, le repos, le calme, la quiétude qui refait les nerfs surmenés par l'intense agitation de la vie moderne et la température idéale, régulière et sans écarts, qui permettra la réfection des santés chancelantes.

II faut affirmer sans plus d'ambages ni crainte qu'on contredise ni scrupule aucun d'exagérer, que l'Algérie tout entière et Alger plus expressément sont de ce point de vue là plus favorisés et plus propices que n'importe quel autre pays du monde.
On connaît le charme de notre ville, les séductions innombrables dont elle se pare, son caractère architectural si curieux, l'amoncellement de sa Casbah, la beauté des parcs de sombre verdure dont elle s'entoure, ses bois de pins et de cyprès si décoratifs, ses coteaux fleuris de villas, ses jardins éclairés de blanches maisons mauresques et la splendeur panoramique immense de sa baie à juste titre donnée par le peintre et le poète pour un des plus fastueux décors qui soient.

Tout cela, vulgarisé de mille manières, ne faisait de doute pour personne. Mais ce que l'on sait moins, ce que l'on ne sait pas assez, la valeur du cadre ainsi résolue et mise à part, c'est l'excellence du climat algérois et la valeur climatique d'Alger comme station de repos. Bien des idées furent énoncées là-dessus, diverses, la plupart fausses et dont beaucoup étaient surtout tendancieuses. On reproche à notre ville et à la magnifique campagne qui la drape, aussi belle que la Riviera, aussi évocatrice, somptueuse et clémente que n'importe quels jardins des plus fameuses stations d'Italie, de s'ouvrir au plein Nord et de ne point présenter, dans l'ensemble, cette régularité de température moyenne qu'exigent, pour leur restauration, les organismes affaiblis.
Il est beaucoup plus simple de citer des chiffres : ils ont plus d'éloquence, dans leur brièveté, que les discours les mieux nourris et les mieux animés de l'intention de prouver.

Alger jouit, hormis les trois mois du plein été qui vont de juillet à septembre, d'un éternel printemps. L'automne y est délicieux et sans les pénibles impressions de tristesse et de mélancolie dont il s'accompagne ailleurs et qui peuvent retentir si fâcheusement sur le moral des malades puisque nos arbres restent parés de leur verdure éternelle et que, rien, nulle part, n'y vient évoquer l'idée de la mort; le printemps s'y embaume de fleurs et de soleil et c'est l'hiver surtout, alors que partout ailleurs la nature est au moins rabougrie, attristée, en sommeil sinon tout à fait morte et lugubre, que s'y affirme une fête enchanteresse.

A Alger enfin, si l'aménagement des conditions climatiques d'ensemble peut constituer ailleurs un triomphe de l'industrie, il est ici un triomphe de la nature.
On n'en peut pas douter. Voici relevés sur les chiffres officiels du service météorologique les températures maxima et minima enregistrées à Alger du 20 janvier au 10 février, c'est-à-dire dans la période du plus gros hiver :

20 Janvier 16,3 12,2
21 16,5 11,6

22

15,7 12,3
23 16,2 11
24 15,5 9
25 13,8 9,6
26 14,5 10,2
27 16 8,5
28 16,2 10
29 20,5 10,4
30 21,1 12,6
31 21,1 12,8
1er Février 24,5 14,8
2 25,4 16,5
3 19,3 14,9
4 22 12,7
5 23,6 13,1
6 20 14,5
7 21 16
8 17,8 12,5
9 16,4 11.5
10 20,4 12.4

Toutes autres constatations apparaissent inutiles et après ces preuves ce serait surenchérir en vain que d'ajouter le moindre mot. La cause est entendue et les gens que la question peut intéresser, que certaines affirmations induisirent en erreur ou nantirent de quelque méfiance pourront conclure en toute impartialité. Un jugement définitif ne peut être que celui-ci : qu'Alger est une station d'hivernage de premier ordre, la station la meilleure, la station idéale.

Quelques renseignements complémentaires viendront les confirmer dans leur idée nouvelle. A son mérite essentiel, il est bon de savoir qu'Alger en ajoute d'autres : le principal c'est la modicité des prix qu'on réclame à l'biverneur. Filiale de la France, l'Algérie est hélas aussi un pays au change déprécié. A meilleur compte que partout ailleurs, la supériorité de la livre et du dollar y faisant loi, on trouvera ici, par exemple dans l'alimentation, à cause des fruits, légumes, poissons dont nous sommes fournisseurs et dont nous pourvoyons la France qui, à cette heure, en est à peu près privée, des conditions de vie aussi exceptionnelles par le nombre, l'abondance, la diversité que par le bas prix, le bon marché... Produits et main-d'œuvre autorisent en notre faveur une très sensible différence de prix que tout le monde appréciera, gens riches comme gens de fortune moyenne.

Au surplus, quand nous avons dit que la supériorité d'Alger s'affirme en triomphe de la nature, on a bien compris que l'effort humain ne s'est pas fait faute d'y ajouter et que les mêmes trésors d'intelligence, d'activité et d'ingéniosité sont dépensés par nos propriétaires d'hôtels, nos logeurs, nos valets et nos cordons biens de la bonne cuisine pour que tout soit à l'unisson de l'admirable fête que nous offre la nature et donner toute satisfaction à la clientèle qui nous honore de sa confiance.
En un mot on trouve ici le même confort qu'on peut trouver dans les pays les mieux organisés du monde et les mieux outillés pour la pratique de l'industrie hôtelière. Propreté, célérité, la table, le confort, le luxe, l'agencement agréable, l'harmonie générale, l'ameublement, la ligne, la couleur tout s'y trouve réuni, y compris les derniers perfectionnements imposés par l'hygiène ou la thérapeutique, hydrothérapie, héliothérapie, qui doit plaire, séduire et retenir.

C'est de toute évidence. Et de même que nous axons recouru aux chiffres pour établir sans conteste la véracité de nos affirmations louchant la valeur d'Alger station climatique, de même nous recourons aux documents photographiques pour faire la preuve, même aux yeux des plus sceptiques que ne nous n'avons rien exagéré quant au confort, au luxe cl à la beauté de nos établissements hôteliers. Les diverses vues qui montrent ici le Saint-George, le Continental, l'Oriental, le Transatlantique, à Laghouat, et le Palace Hôtel, à Biskra, rendent superflu le commentaire et inutile l'emploi des mois. Ce pourquoi, vous conviant à la vision directe, il ne nous reste qu'à nous taire.