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site le 26/09/2002
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------Parmi
tous les chemins et les sentiers qui aboutissaient à la grande avenue
montante de Mustapha, il y en avait un que je préférais et
qui, d'ailleurs, avait ses fidèles, pour ne pas dire ses initiés.
A cette époque-là, il était encore mal connu et assez
peu fréquenté: c'est ce charmant chemin du
Télemly, dénommé
aussi chemin des Aqueducs, qui, épousant les sinuosités, les
anfractuosités du coteau, voire les gorges de certains petits ouadi,
serpente pendant près d'une lieue, au-dessus des faubourgs et de
la mer, à travers des jardins et des villas. Je l'aimais tellement
que j'y avais loué une maisonnette, juste au-dessus du village d'
Isly. Cela s'appelait la Villa des Marguerites : c'était tout ce
qu'il y avait de plus primitif comme installation. Mais, du petit balcon
du premier étage, je aominais un immense horizon de mer et de montagnes.
Et c'était un spectacle de tous les instants. ------Ce chemin du Télemly était lui-même un spectacle perpétuel. Dans cet Alger panoramique, c'était peut-être le lieu le plus panoramique de tous. A mesure qu'on avançait, on avait comme l'impression d'un film qui se déroule, tant les aspects variaient et se succédaient rapidement, avec les coudes brusques, les détours et les retours du petit chemin idyllique. Le grand charme, c'était de le parcourir tout entier, en partant du champêtre quartier Saint-Augustin et en franchissant les glacis des fortifications, pour aboutir aux environs du Palais d'Été, sur la grande route de Mustapha. ------Les villas n'étaient pac encore très nombreuses dans ces parages. Il y avait, je me rappelle, une villa belge, habitée par de pieuses matrones d'Anvers ou de Bruges, une villa anglaise bâtie par un musicien ou un poète londonien, qui avait mis partout des lyres dorées, une villa alsacienne qui s'appelait " La Robertsau ", nostalgique souvenir d'un Strasbourgeois exilé, nid de verdures touffues, où l'on reconnaissait les plus beaux arbres du Nord. On cheminait ainsi, dans une solitude à peu près complète, au milieu des brillants feuillages méditerranéens, auxquels se mêlaient des tilleuls et des acacias, au bruit d'une foule de petits ruisseaux invisibles. Et le plus délicieux et le plus exaltant, c'était, avec la fraîcheur et l'air très pur de ces hauteurs, ces vastes échappées de mer et de ciel et, partout, comme une largesse inépuisable, cette effusion radieuse de la lumière. |