RELIZANE
Les établissement ESCLA à Relizane **

Relizane, centre agricole important au débouché de la Mina, spécialités : confitures, oranges...et la confiture d'oranges
ESCLA, quels sont ceux d'entre nous, en âge de se souvenir, qui ont pu oublier ces boîtes de confitures marquées ESCLA?
Le dépôt d'ALGER était situé près du cinéma Majestic, en face du square NELSON. Certains l'ignoraient ou l'ignorent encore, ESCLA venait du nom de la famille de Vincent ESCLAPEZ de RELIZANE (Oranie) où étaient situés les vergers et l'usine de conserves et confitures.

L'Afrique du nord illustrée du 3-12-1921 - Transmis par Francis Rambert
du 7-1-1922- Transmis par Francis Rambert

mise sur site : déc.2020


Escla - 7-1-1922

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*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1921. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE.













On s'est longtemps demandé pourquoi un pays producteur de fruits comme l'Algérie ne possédait aucune usine susceptible de fabriquer des confitures ou des conserves d'oranges, prunes, abricots, et, en général, de tout ce dont Pomone a gratifié notre terre bénie.

Rompant définitivement avec des préjugés que rien ne justifiait, MM. Esclapez frères ont créé, à Relizane, un groupe d'usines s'occupant en général de produits alimentaires, mais surtout de confiturerie et de confiserie.
Il nous a semblé que la relation illustrée d'une visite faite dans ces établissements munis de tous les perfectionnements modernes et appuyée des renseignements donnés par ses Directeurs, avec une bonne grâce charmante, intéresserait nos lecteurs, pour la plupart clients de la firme Escla qui, pour être créée depuis peu, n'en a pas moins répandu ses produits dans la Colonie entière.

Un de nos rédacteurs s'est donc rendu à Relizane et, reçu de la façon la plus courtoise, a pu visiter les usines et leurs dépendances, et recueillir de MM. Esclapez frères, les intéressantes déclarations ci-après :

Notre industrie de Produits alimentaires " Escla ". comprend trois usines.
L'une, la plus importante, est celle destinée à la fabrication des confitures, fruits secs et confits. L'autre comprend le moulin à huile et le moulin à poivres rouges ; enfin, la troisième est aménagée, pour la conservation d'olives en vert et en noir et la fabrication des vins..

L'idée de ces créations à Relizane, de préférence à toute autre ville, se justifie, en premier lieu, par la position de nos vastes plantations d'arbres fruitiers : orangers, mandariniers, abricotiers, pruniers, oliviers ; nos terres de culture pour tomates, petits pois et autres légumes ; et aussi par la situation unique de Relizane, centre d'arboriculture, voisin d'agglomérations non moins importantes à ce point de vue : Perrégaux, Sig, lnkermann, Tiaret.

Bien qu'un peu plus éloigné, Tlemcen nous envoie ses cerises, ses prunes, ses poires. Enfin, dans le département d'Alger, Miliana et Affreville, où on récolte des fruits de très bonne qualité, peuvent encore venir compléter l'aliment nécessaire à une industrie telle que celle que nous avons installée.
" Nous aidant de l'expérience et des résultats obtenus dans des industries similaires de la Métropole, nous avons créé à Relizane, les trois installations déjà en activité, et dont le fonctionnement, fort simple d'ailleurs, vous intéressera certainement, ainsi que les lecteurs de l'Afrique du Nord Illustrée.
L'ensemble de notre industrie a été à dessein placé au point d'intersection des grandes lignes d'Alger à Oran et de Mostaganem à Tiaret ; cette situation, réellement privilégiée, lui permet de recevoir les fruits de toutes les villes indiquées plus haut, et aussi, avantage non moins grand, d'expédier, facilement, dans toute l'Afrique du Nord, d'exporter par les ports de Mostaganem et d'Oran, en France et à l'Étranger, toutes ses fabrications, sans aucune de ces manipulations si préjudiciables à la rapidité de la livraison et parfois à l'état des emballages.

Grâce encore à cette situation, les fruits nous arrivent dans un état de fraîcheur incomparable et nous assurent une fabrication de premier ordre comparable à celle des maisons les plus anciennes de France.

Notre vaste magasin de réception et de triage nous permet de recevoir sans difficultés les plus gros arrivages de fruits. La lumière y entre à flots ; les dispositions les plus modernes donnent au personnel la possibilité d'examiner, de trier et de préparer pour le laboratoire et le séchoir, les fruits et légumes nécessaires, par quelque quantité que ce soit.

On procède au séchage des fruits au moyen d'un dispositif de locaux et d'appareils des mieux compris. En 24 heures de travail, on peut traiter complètement soixante quintaux d'abricots environ.

Une chambre à soufre destinée au sulfitage des fruits reçoit ceux-ci avant leur introduction dans le séchoir. Après le séchage, on procède au triage des fruits qui sont mis en caisses par catégories.

Nos abricots secs, disons-le en passant, nous ont valu, à leur apparition sur le marché, une note des plus encourageantes ; ils ont facilement supporté la comparaison avec les meilleurs des produits similaires d'Espagne et de Californie.

Le laboratoire reçoit les fruits destinés aux confitures, aux pulpes et aux fruits confits.

Quatre grandes bassines à double fond servent à la fabrication des confitures. Un récipient de dimensions moindres sert aux opérations d'essais. Toutes ces bassines sont chauffées par la vapeur que fournit un puissant générateur Roser, duquel nous reparlerons plus loin.

Dans le laboratoire, un outillage moderne facilite les opérations de fabrication, de mise en boites, de sertissage et de stérilisation. Un matériel à confire y est également installé.

Du laboratoire, les boites, par le moyen de petits chariots à bras, sont emportées au conditionnement, vaste salle de quatre cents mètres carrés, où l'on peut remarquer les réserves nécessaires de caisses près des lots déjà prêts à être expédiés.

La mise sur camion est facilitée par un simple pont jeté.

Deux ateliers importants, deux petites usines dans la grande, ont été, en outre, équipés.

Ce sont, d'une part, la Ferblanterie, où un matériel moderne complet, nous permet de faire les différentes boites nécessaires au logement de nos confitures, et, d'autre part, une Caisserie, où les caisses nécessaires aux expéditions sont montées.

Un générateur Roser, de 52 mètres carrés de surface de chauffe, brûlant du bois provenant en partie de nos coupes d'arbres et des forêts avoisinantes, fournit la vapeur aux diverses bassines du laboratoire, à l'appareil à confire, aux bacs à ébullitions, aux autoclaves et au séchoir ; il actionne un moteur de 35/40 HP, marque Briffaut et Robatel, de Lyon.

Dans la salle du moteur, une dynamo fournit l'éclairage de l'usine et la force nécessaire à notre moulin à huile et à poivres rouges.

L'installation du moulin à poivres rouges est des plus simples ; elle facilite le broyage des piments de nos récoltes ainsi que leur tamisage. Un moteur électrique de 12 HP, recevant son énergie de l'usine alimentaire, actionne ce broyeur et cette bluterie.

Tout à côté, l'installation du moulin à huile, monté par la maison Coq, d'Aix-en-Provence, réunit tous les perfectionnements modernes ; elle nous permet de triturer 150 à 180 quintaux d'olives par 24 heures.

Sous cette installation, se trouve placée la cave à huile où un dispositif de robinetterie facilite le remplissage, sans aucune autre manutention.
Cette cave en sous-sol abrite une série de piles pouvant contenir 120 000 litres d'huile ; elle offre une température douce, été comme hiver.

Dans la troisième installation, nous possédons un vaste chai où 6 000 hectos de logement peuvent déjà recevoir la vendange de nos jeunes vignes : un matériel moderne complet permet également de travailler 5 à 600 quintaux de vendanges par jour, et autorise une vinification des plus faciles.

Dans ce grand bâtiment couvrant plus de 3 000 mètres carrés, un emplacement est réservé pour augmenter encore la capacité de logement que vont nécessiter nos prochaines vendanges.

Dans un pavillon attenant au chai se trouve l'installation pour la conserve des olives. Un matériel ad hoc assure le traitement de cinquante quintaux d'olives vertes par jour. La conserve en noir suivant celle en vert, le même logement effectue avec les mêmes facilités, cette seconde opération.

Ainsi, grâce à la visite que non seulement MM. Eselapez frères ont autorisé notre envoyé à faire de leurs belles installations à Relizane, mais qu'ils se sont efforcés de rendre, avec un empressement du meilleur aloi, instructive et attrayante, il nous est possible de donner à nos lecteurs un aperçu de la manière dont est fabriquée toute une série de produits, auxquels le public tend de plus en plus à accorder la préférence.

Il y a là mieux qu'une tentative industrielle isolée et ordinaire, il y a une initiative d'industrialisation de l'agriculture d'une grande portée et digne des plus complets encouragements.

Nous sommes heureux d'être parmi les premiers à la signaler.

Le caractère scientifique de la conduite de ces exploitations apparaît dès que l'on commence la visite des diverses parcelles que MM. Esclapez frères ont consacrées à des cultures différentes et variées.

Dans cette immense plaine de la Mina inférieure, qu'avec une ténacité remarquable ils arrachent à la salure et au marécage, on constate chaque jour davantage l'excellence des terres et leur prodigieuse fécondité.

Il semble qu'on n'insistera jamais assez sur l'importance que devrait prendre, en Oranie, le drainage, dans les pacages exposés à l'invasion saline des oueds en crue. On sait que des centaines de milliers d'hectares - si l'on prend le département d'Oran dans son ensemble - sont frappés de stérilité par suite de la forte quantité de chlorures, principalement de sodium, dont les pluies d'hiver lavant des roches salées imprègnent les couches superficielles du sol. Reposant souvent sur des assises imperméables, ces terrains ne sèchent que par évaporation, le sel demeurant sur place : le drainage, au contraire, les lave, les débarrasse du sel et en fait des jachères de premier ordre.

Il convient de proclamer hautement le mérite qu'ont MM. Esclapez frères d'en être les promoteurs à Relizane et dans la Mina inférieure.

On peut voir, aujourd'hui, des orangeries superbes, des olivettes en plein rapport sur des pièces où, il y a dix ans à peine, ne poussait que la soude, ce chiendent détestable des étendues stériles.

Mais, en mettant les terres dans les meilleures conditions de fertilité et de composition en vue d'une culture donnée, MM. Esclapez frères ne se sont pas crus libérés de tout soin et de toute amélioration des peuplements qu'ils créaient. Ils procèdent à un nettoyage complet de leurs pépinières chaque fois qu'il en est besoin. Jamais l'herbe n'envahit, chez eux, l'orangerie, l'olivette ou le verger d'abricotiers ; ils estiment, à juste raison, que les herbes parasites absorbent le meilleur des éléments nutritifs de la terre.

C'est grâce à ces soins diligents et quotidiens que notre rédacteur a pu voir des mandariniers de quatre ans pliant littéralement sous le poids de fruits superbes et de tout jeunes oliviers nantis déjà d'une quantité fort appréciable de baies.
A ce propos, il convient de noter l'acclimatement fort réussi par MM. Esclapez frères d'une olive énorme, à chair verte et savoureuse, la Sévillane, qui a fait récemment son apparition et est, maintenant, consommée et réclamée dans les milieux les plus délicats : les wagons-restaurants des Grands Express européens la servent couramment et elle est très vivement appréciée.

Aussi bien, ce souci constant du mieux-faire, cette préoccupation de l'hygiène appliquée avec vigilance à leurs arbres qu'ils considèrent et traitent, à juste titre, comme des êtres infiniment délicats, nous les retrouvons dans l'asepsie complète de tout ce qui touche aux produits que MM. Esclapez frères livrent au public.

Il faut avoir assisté à ce blanchiment des mandarines destinées à la fabrication des confitures, à cette désinfection, par la vapeur, de tous les récipients, non seulement de ceux appelés à recevoir définitivement les produits, mais encore de ceux qui ne les contiennent qu'un instant, pour se rendre compte de la minutie de MM. Esclapez frères en pareille circonstance...

Nous sommes heureux aussi d'avoir acquis la preuve - nous nous en portons volontiers garants - que les confitures Escla ne sont composées que de deux éléments : de fruits algériens, sains, triés, à point, et de sucre blanc, de beau sucre cristallisé pur de toute souillure et de toute matière étrangère. Leur goût exquis et leur parfum, du reste, ne l'attestent pas moins éloquemment.

C'est sur cette assertion que nous clorons un aperçu des constatations que notre envoyé a pu faire au cours de celte partie de son voyage, à Relizane et sur lesquelles nous regrettons que le manque de place ne nous permette pas d'insister davantage.

Ceci dit, nous souhaitons qu'au cours du voyage prochain d'étude que M. le Gouverneur général va entreprendre en Oranie, il s'arrête longuement à Relizane, qu'il se fasse exposer minutieusement ce qui a été fait et ce qui pourrait être fait encore en faveur d'une région que la nature a merveilleusement dotée et qui, par des travaux de peu d'importance, est appelée à prendre un développement fantastique. Nous n'exagérons rien ; les industriels audacieux et clairvoyants à la fois, qui nous ont. confié leurs espérances et exposé leurs plans relatifs à l'aménagement de la Mina, ne sont ni des utopistes, ni des songe-creux. Ils ont déjà accompli des prodiges d'énergie et de ténacité : en quelques années, le pays, désert de steppes incultes et stériles, fournaise qui, de juin à octobre, haletait sous un vent de feu, a vu son climat modifié, l'aspect de ses campagnes devenir riant ; le voyageur reconnaît à peine les abords de la ville, que des plantations superbes, des métairies opulentes, des fermes ombragées d'arbres luxuriants, ensevelissent lentement sous une voûte frémissante de verdure...

Et çà et là, dans les campagnes, précisément aux abords des lieux choisis par nos amis, pour l'édification des barrages ou des canaux nécessaire à la résurrection de cet immense jardin, des vestiges de réservoirs, d'aqueducs, de citernes romains se dressent,' encourageant de leur muette présence, les efforts de ceux qui travaillent à restaurer, dans sa splendeur d'autrefois, la terre bénie qui fut le grenier de nos ancêtres latins.