NÉ À PHILIPPEVILLE le 23 janvier
1882, très rapidement contraint de participer activement aux besoins
financiers de la famille, il commença très tôt la
pêche " au corail " et aux éponges sur la côte
du Constantinois jusqu'à la frontière tunisienne, dont les
fonds étaient réputés pour ce type de pêches.
Hors fréquentation scolaire, il débuta tout naturellement
comme apprenti scaphandrier de 1893 à 1896, puis devint guideur
de 1896 à 1902 pour atteindre le titre de plongeur scaphandrier
en 1902; métier qu'il exercera à différents niveaux
de responsabilités jusqu'en 1949 à Bizerte où l'âge
(62 ans) et le début de quelques problèmes de santé,
l'obligèrent à prendre sa " retraite " ou plutôt
à cesser ses activités pour se consacrer à l'éducation
de son dernier enfant, Roger, né le 2 février 1942 d'un
second mariage.
Dès août 1900 (soit à 18 ans) il obtient son premier
certificat de " satisfaction " de la Société Anonyme
des mines de fer de Rouïna (mines de Breira) pour avoir effectué
des travaux de a
repêchage et de mouillage de corps-mort en rade foraine.
De janvier 1903 à décembre 1904 il effectuera une série
de travaux sous-marins dans le port d'Alger pour le compte de la Société
Ghirardi.
C'est en 1904 que François Baroni (22 ans) fonda sa première
société de travaux sous-marins (en tous genres, en régie
et à forfait) dont le siège fut installé au 4 place
Soult-Berg à Alger.
Après de nombreux autres travaux sous-marins effectués pour
le compte de divers tiers, il intervint pour la première fois pendant
l'été 1905 pour le compte des armateurs A. Schiaffino, Durand
et Cie dans le port d'Alger.
L'entreprise de travaux publics et de camionnage de la Cie de l'Est algérien
basée à Tizi-Ouzou, lui confia, dès mai 1907 jusqu'en
octobre 1908, en qualité de premier scaphandrier, les travaux de
prolongement de la jetée de Port-Gueydon, lesquels travaux consistaient
en mines sous-marines, dragages, poses de caissons en charpente et maçonnerie
diverses.
Le 8 octobre 1909 par arrêté préfectoral François
Baroni est autorisé à introduire dans le port d'Alger, comme
embarcation de servitude et pour l'exercice de sa profession de scaphandrier,
son embarcation Algérie.
Ses connaissances du métier et ses compétences le conduisirent
à intervenir en 1908 sur le croiseur néerlandais Leeland.
En 1909 il obtient l'autorisation de procéder de manière
professionnelle à la pêche au corail en Méditerranée.
Plusieurs actes de courage lui sont reconnus
dès 1895 (il avait alors 13 ans) lorsqu'il sauva de la noyade un
jeune enfant; puis en janvier 1910 pour le compte de la Division navale
de l'Algérie où le contre-amiral Arago lui confia la mission
de rechercher le corps d'un matelot noyé dans la darse d'Alger.
Puis en septembre 1915 il porta secours à un marin dont l'embarcation
avait chaviré.
Au cours du deuxième semestre 1910 il fut employé par l'ingénieur
des Ponts et Chaussées de Cherchell-est
pour
effectuer la construction d'un môle au port de Tipaza.
C'est au tour de la Britain Steam Ship Cie Ltd United National Collieries
de Cardiff, d'utiliser les services de François Baroni dans
l'exécution de nombreux travaux sous-marins, inspections et réparations
de navires dans le port d'Alger de 1911 à 1924.
Entre-temps, en octobre 1912, il obtient l'autorisation du ministère
de la Marine de se livrer au repêchage du " charbon épave
" dans le port d'Oran. Un nouvel arrêté préfectoral
du 7 janvier 1915 l'autorise dans les mêmes conditions qu'en 1909
à introduire sa nouvelle embarcation Saint-Michel en tant
que patron scaphandrier...
Une attestation
rédigée par Antoine Rando, Gaètan Picone, membres
fondateurs de la Société algérienne de sauvetage
(29 rue des Consuls à Alger), liste toutes les interventions
effectuées par François Baroni Père, membre actif
de cette même Société Algérienne de Sauvetage
:
- sauvetage du vapeur Galatée au cap Sigli en 1916;
- sauvetage de l'épave Crête Coal, chaland en ciment
armé de 4000 tonnes ayant 7,50 m d'eau sur le pont, dans le
port d'Oran entre 1924 et 1925;
- sauvetage du vapeur Parthian coulé dans le port d'Oran en
1922;
- sauvetage du vapeur anglais Stowel, 9000 tonnes coulé dans
le port d'Oran en 1925;
- sauvetage du voilier espagnol Maria-Louisa le 7 mai 1927, coulé
dans le port d'Oran;
- sauvetage du vapeur grec Michael.L.Embiricos le 22 novembre 1931,
9000 tonnes, échoué aux Andalouses à 30 miles
d'Oran;
- de 1929 à 1931 entreprise de sauvetage de l'Edgar-Quinet
coulé aux Îles Basses;
- sauvetage du vapeur anglais Ferndale échoué à
Dellys le 16 juin 1932;
- sauvetage du chaland-citerne Tank chargé de 3 000 tonnes
de goudron en vrac dans le port de Mostaganem;
- sauvetage de la bigue Anglo-Algerian, chaland en fer pesant 150
tonnes coulé dans le port d'Oran en 1928;
- renflouement de la bigue de M. Lasry à Oran.
La Lloyd's Register of Shipping à Londres certifie la
qualité d'expert de l'Amirauté britannique depuis 1917
et de la Lloyd's pour l'Afrique du Nord depuis 1919 de M. François
Baroni. De même et pour le compte de E. Merigot & Cie, Armateurs
et Entrepreneurs de Sauvetage, il est intervenu dans des travaux de
sauvetage maritime sur: Annick à Alger en 1929; Mascara
à Ténès en 1932; Amiennois et Ludwig-Shafen
à Brest en 1936.
En reconnaissance des actions accomplies, de sa compétence
et de son courage et sur proposition du secrétaire d'État
à la Marine marchande, M. François Baroni, scaphandrier,
fut décoré " chevalier de l'ordre du Mérite
maritime " suite au décret en date du 22 juillet 1937. |
Le sauvetage qu'il a effectué en 1915
dans le port de La
Pérouse lui valut de recevoir le 13 décembre
1915 par le vice-amiral, président de la société
centrale de Sauvetage des Naufragés, " Un témoignage
de satisfaction " lui conférant la médaille du Sauvetage.
En 1916 il intervient à la cale Saint-André de Mers el-Kébir
pour des travaux divers de renforcement sous-marins. En juillet de cette
même année il procède à " l'aveuglement
" de voies d'eau à l'étrave du vapeur italien Palermo.
En 1917 au sein d'une équipe sous la direction de Jules Daurces,
directeur de l'Entreprise Maritime et Commerciale, il contribua aux sauvetages
des cargos français et anglais, le Galatée et le Myrmidon
torpillés, le premier au cap Sigli et le second au large de Philippeville.
En 1918 le siège de la nouvelle société de sauvetage
au nom de François Baroni père, propriétaire scaphandrier,
fut installé au 11
rue Borély-La-Sapie à Alger. En 1920 il sauva
le chalutier Paulette coulé à la Pointe-Pescade
par 30 m de fonds. En novembre de cette même année il procède
aux travaux de sauvetage et de renflouement du chalutier Sainte-Angèle
échoué sous les rochers de la Pointe-Pescade.
Le 15 mars 1921 par devant notaire est constituée la société
en nom collectif dite " des scaphandriers Zagamé, Baroni,
Picone et Cie " pour une durée de dix années et
dont le siège social est fixé au 29 rue des Consuls à
Alger.
Au cours de l'été 1924 il construisit le vivier en béton
armé constitué de caissons en charpente par des fonds de
2,50 m à la Pointe Pescade.
De septembre 1926 à avril 1927 l'ingénieur des Travaux Publics
de l'État chargé de la subdivision du port d'Alger lui confia
les travaux de construction du mur de quai côté nord du môle
Al-Djefna et l'établissement d'un câble sous-marin dans la
passe nord du port d'Alger.
En mars 1927 grâce à son sang-froid et à son expérience
il a ramené à quai un cheval qui, gêné par
son harnachement, était en train de " couler ". En 1931
et 1932 il effectue successivement le renflouement du chalutier Sainte-Isabelle
immergé à la Pointe Rouge à Ténès,
puis de nouveau le chalutier Sainte-Angèle échoué
près du port de Ténès. A cette occasion la Société
A. Di Pizzo, Sr Assante et Cie découvre et reconnaît la nouvelle
méthode de renflouement mise en oeuvre par François Baroni.
En 1932, pour le compte de l'ingénieur des Travaux Publics de l'État
chargé de la subdivision de Collo, il procéda à la
démolition à l'explosif de l'épave du vapeur Margau-Albey,
ainsi qu'à l'arasement à la cote (- 8,50 m). Il mit également
en place au ponton mâture vingt et un blocs de 35 tonnes pour assurer
la défense de la jetée de Collo.
Il poursuivit ses nombreuses activités qui le conduisirent à
Casablanca (Maroc) en décembre 1945 et à Bizerte (Tunisie)
en 1947 pour effectuer à nouveau des travaux de renflouement de
navires coulés pendant la dernière guerre. C'est en 1949
qu'il cessa toutes ses activités afin de se consacrer à
sa nouvelle famille et à la poursuite de mon éducation.
Comment ne pas être fier de ce personnage qui a marqué, avec
tant d'autres, par ses actions, son courage, sa compétence, son
amour du travail accompli, sa rigueur, son dévouement à
la République et à l'État français, une large
période de l'Algérie française dans un domaine essentiel:
" la Marine et ses capacités d'accueil dans les ports d'Afrique
du Nord ".
Cet hommage rendu
à mon père, François Baroni, décédé
en mars 1974, a l'âge de 92 ans, est dédié à
ses très nombreux petits-enfants, arrière-petits-enfants
qui ne l'ont pas connu et qui, peut-être n'en ont pas entendu
parler, afin qu'ils puissent être fiers de leur grand-père
et arrière-grand-père qui a oeuvré en Algérie
française et qui était loin d'être un " colon
" au sens donné par une certaine presse et par certains
métropolitains. |
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