-l'homme qui va vers l'ouest
...ou Margueritte, mon village
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-----Quand Michel avait un dimanche de libre, qu'il n'était pas obligé d'aller travailler, il s'occupait de bricolage à la maison : il y avait toujours quelque chose à faire, même parfois il cuisinait, et bien. Antoinette ne s'en plaignait pas, au contraire, cela lui permettait en allant chez l'épicier ou le boulanger, de discuter avec les voisines. Que de choses à raconter, et à entendre.. , il paraît que les concierges sont bavardes...

-----Ce que Michel préférait, c'était d'aller faire un petit tour dans les environs, autour du quartier, avec un cabriolet que lui prêtait quelquefois, Muscat, le laitier chez qui on allait chercher le lait le matin. Muscat avait en plus de ses vaches, deux chevaux qui lui permettaient de faire les livraisons dans le voisinage. La famille Muscat était d'origine maltaise, cette laiterie existait depuis une vingtaine d'année, le père s'occupait maintenant plutôt du ravitaillement en foin et paille pour les animaux, le fils Jean, de la traite des vaches aidée par sa femme, puis Jean avec la charrette faisait la tournée de livraison dans une bonne partie de Bab-el-Oued. Donc Michel, avec le cabriolet, aimait faire des petites randonnées, il allait parfois jusqu'à la Bouzareah. Il y avait une quinzaine de kilomètres, et le chemin caillouteux qui y menait, passait au travers de bois qui sentaient bon le pin. Et lorsque la chaleur était lourde dans la ville, il était agréable de circuler dans cette fraîcheur toute relative.

-----Il redescendait parfois par El-Biar, toute cette promenade se faisait au petit trot croisant les autres voitures et cabriolets des personnes qui se rendaient aux marchés voisins.

-----Antoinette ne le voyait pas partir avec son cabriolet de gaieté de cœur. Elle était un peu
jalouse, elle aimait bien son Michel, son "Micalette ", comme elle l'appelait. Car Michel était un beau brun, pas très grand, mais ses beaux yeux marrons changeants et sa petite moustache le rendaient très attirant. Le dimanche il mettait son costume gris, un peu serré à la taille comme le voulait la mode, et coiffait le canotier de paille, chapeau très porté à cette époque. Sur son cabriolet il avait fière allure.

-----Quand il rentrait, que de questions lui posait Antoinette, elle voulait savoir qui il avait rencontré, est-ce qu'elle les connaissait, ou plutôt est-ce qu'elle " la" connaissait..., et Michel qui aimait plaisanter et surtout qui aimait bien la taquiner, lui laissait croire qu'il avait vu Germaine, Manuelle ou Conchita, toujours des amies d'Antoinette, ce qui n'arrangeait pas les choses, et après quelques petites discussions, tout cela se terminait par des embrassades. Ils étaient vraiment heureux.

-----Et encore plus heureux, lorsque Antoinette lui annonça, au cours de l'été 1917, qu'elle attendait encore un bébé, et cette fois-ci ce serait une fille !!! Et si c'était vrai ? Après deux garçons ce serait formidable !!!

-----L'hiver 1917 fût pénible, il faisait très froid. Michel qui travaillait le plus souvent à l'extérieur, souffrait de ce froid humide d'Alger, et les chaussettes de laine n'empêchaient pas les engelures aux orteils. Quand il arrivait à la maison, il prenait des bains chauds qui calmaient ses douleurs. Malgré les soins, ses engelures s'envenimaient, et au dispensaire proche il se faisait soigner.

-----Le 17 mars 1918, Madame Doplane, la sage femme, procéda à la mise au monde une nouvelle fois, d'un autre garçon. Une petite désillusion, une petite fille était tant attendue. "Tu m'avais promis une fille, dit Michel en plaisantant,
- Tant pis ce sera pour la prochaine fois lui répondit Antoinette. "

-----Il fallait donner un prénom au petit nouveau. Il était tout trouvé, celui du père pour respecter la tradition familiale, puisque le premier né qui avait la charge de ce prénom, était décédé.
-----En mai Michel était baptisé à l'église de Bab-El-Oued. On avait profité de la permission militaire de son parrain, Victor Gardiola, qui était actuellement mobilisé sur le "front" en France. Victor était le mari d'une autre sœur de Michel, ou Micalette, car il avait été décidé par Antoinette de donner ce petit nom au père pour éviter des confusions futures à la maison avec le fils. Sa marraine était Marinette une jeune fille d'une troisième sœur de Michel, Joséphine.
-----Et enfin arriva la fin de la guerre, l'armistice était signé en novembre 1918, ce fût la joie dans tout le pays.

-----La vie redevenait plus normale à Alger, les gens plus gais, les familles retrouvaient ceux qui partis, avaient eu la chance de pouvoir revenir.

-----Michel s'amusait beaucoup avec les enfants, le jeune Michel commençait à bien marcher à son tour d'où des soucis supplémentaires pour Antoinette occupée à l'entretien de l'immeuble.

-----Pour l'aider, la tante Marie gardait plus souvent chez elle le petit Sauveur, celui-ci toujours très heureux de pouvoir aller s'amuser avec ses cousins. D'autre part, les sœurs d'Antoinette passaient le matin après avoir fait leur marché, et restaient un moment avec le petit.

-----Le dimanche toute la petite famille allait se promener sur les boulevards, au bord de la mer, ou même à une des plages tout près soit Padovani, soit Matarèse ou encore ils allaient au cirque de passage, rire des clowns ou regarder les bêtes sauvages

 

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