-l'homme qui va vers l'ouest
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-----Je devais être
assez sensible aux coups de soleil, puisqu'une nouvelle fois à
Margueritte j'ai ressenti les mêmes symptômes, mais cela a
été plus important. On a effectué le premier acte,
verre sur la tête, résultat positif, le deuxième acte
s'imposait, Madame Germain fit le nécessaire, aucun résultat.
Toujours la fièvre de plus en plus forte. On a fait venir le docteur.
Il n'habitait pas Margueritte mais dans les environs, peut-être
Miliana. Il a diagnostiqué lui aussi une insolation mais on me
l'a dit par la suite : il était très préoccupe par
mon état. -----Depuis, sachant que je suis sensible au soleil, j'évite de rester longtemps exposé. Je me protège toujours des rayons quand je suis à la campagne ou à la plage. Dieu merci, en France, le soleil fait moins mal. -----Victor allant
souvent chasser, nous mangions naturellement beaucoup de gibier de toutes
sortes pendant la saison. Je préférais le voir apporter
des lièvres ou des lapins, plutôt que des perdrix, non pas
parce que je n'aimais pas ces oiseaux, mais parce qu'avec les perdrix
et les cailles j'étais quelquefois de corvée de plumage
et je n'aimais pas ce travail. Ces oiseaux se nourrissaient bien dans
les nombreux champs de blé ou d'orge de la plaine en plus de ce
qu'ils pouvaient manger dans les taillis : ils étaient bien gras.
Il fallait prendre bien des précautions en les plumant pour ne
pas enlever la peau en tirant les plumes, surtout celles des cailles,
bien dodues, rondelettes : rien à voir avec celles d'élevage
que l'on peut voir dans le commerce. On m'avait expliqué qu'il
fallait enlever les plumes dans un certain sens en mettant un doigt sur
la peau pour l'empêcher de venir avec la plume. Donc ce boulot ne
me plaisait pas et quand je pouvais m'éclipser, je le faisais volontiers.
-----Il y avait aussi le porc-épic, je ne crois pas en avoir mangé, mais il paraît que c'est bon. Victor en avait rapporté un et comme beaucoup de choses à mon âge, je voyais cet animal pour la première fois. J'avais été impressionné par les pattes, le dessous des pattes ressemble à celle de la plante des pieds de bébés. Ce que l'on utilisait, c'était les piquants que la bête porte sur son dos comme moyen de défense contre les animaux ( et l'homme ). Ces piquants sont de longueur variable selon leur position sur le dos : les plus grands au milieu du dos, de section ronde, intérieur vide, couleur nacrée avec des mélanges de taches blanches et noires On utilisait les petits piquants pour des cure-dents, les plus grands pour faire des porte-plume. On utilisait les autres pour extraire les escargots de leur coquille etc. etc. -----Les porcs-épics sont difficiles à capturer. On me disait qu'ils lançaient leurs piquants sur l'attaquant : je le croyais étant plus jeune. -----Puisque j'en
suis aux bonnes choses à manger, je vais continuer. En dehors de
la saison de chasse ( à part le gibier ramené parfois par
le garde-champêtre) on pouvait manger pigeons et gallinacés.
Il y avait un pigeonnier dans la cour, prés du toit avec 4 ou 5
cases abritant autant de couples de pigeons. On allait ramasser les oeufs
pour qu'il n'y ait pas trop de naissance, et on prenait des pigeonneaux
au nid le soir, quand ils étaient assez gros. Rôtis sans
ou avec des lentilles c'est délicieux -----Parmi les travaux
que l'on ne peut voir qu'à la campagne. Ceux qui ont le plus retenu
ma curiosité, ce sont les vendanges et le vin. |