-l'homme qui va vers l'ouest
...ou Margueritte, mon village
page 19
url de la page : http://alger-roi.fr/Alger/homme_ouest/pages_liées/pages_liées/19_page19.htm

13 Ko / 14 s
précédent
retour
suivant

-----Je devais être assez sensible aux coups de soleil, puisqu'une nouvelle fois à Margueritte j'ai ressenti les mêmes symptômes, mais cela a été plus important. On a effectué le premier acte, verre sur la tête, résultat positif, le deuxième acte s'imposait, Madame Germain fit le nécessaire, aucun résultat. Toujours la fièvre de plus en plus forte. On a fait venir le docteur. Il n'habitait pas Margueritte mais dans les environs, peut-être Miliana. Il a diagnostiqué lui aussi une insolation mais on me l'a dit par la suite : il était très préoccupe par mon état.
------Ce que je peux dire en toute sincérité.. C'est que j'étais couché dans la grande chambre, celle prés de la porte du café, autour de mon lit plusieurs personnes. Je ne peux pas préciser qui, je ne savais pas que j'étais si gravement malade. J'attendais que cela passe grâce aux soins que l'on me prodiguait. Et puis Madame Germain est arrivée, je la revois qui me mettait un pigeon sur le front, du sang coulait : un peu plus tard la fièvre est tombée et j'ai pu me lever. On m'a expliqué que madame Germain m'avait appliqué sur le front un pigeon blanc après lui avoir ouvert le ventre en disant des prières. Je ne peux rien dire de plus, je ne peux que croire mes parents qui m'ont dit comment cela s'était passé.

-----Depuis, sachant que je suis sensible au soleil, j'évite de rester longtemps exposé. Je me protège toujours des rayons quand je suis à la campagne ou à la plage. Dieu merci, en France, le soleil fait moins mal.

-----Victor allant souvent chasser, nous mangions naturellement beaucoup de gibier de toutes sortes pendant la saison. Je préférais le voir apporter des lièvres ou des lapins, plutôt que des perdrix, non pas parce que je n'aimais pas ces oiseaux, mais parce qu'avec les perdrix et les cailles j'étais quelquefois de corvée de plumage et je n'aimais pas ce travail. Ces oiseaux se nourrissaient bien dans les nombreux champs de blé ou d'orge de la plaine en plus de ce qu'ils pouvaient manger dans les taillis : ils étaient bien gras. Il fallait prendre bien des précautions en les plumant pour ne pas enlever la peau en tirant les plumes, surtout celles des cailles, bien dodues, rondelettes : rien à voir avec celles d'élevage que l'on peut voir dans le commerce. On m'avait expliqué qu'il fallait enlever les plumes dans un certain sens en mettant un doigt sur la peau pour l'empêcher de venir avec la plume. Donc ce boulot ne me plaisait pas et quand je pouvais m'éclipser, je le faisais volontiers.
-----Il y avait aussi d'autres oiseaux, tout petits, aux repas : moineaux ou passereaux divers. Des pièges étaient posés dans les champs, et on en prenait beaucoup, mais franchement pour plumer, vider et préparer des oisillons.., pour finalement quelques gammes de viande autour de nombreux petits os.

-----Il y avait aussi le porc-épic, je ne crois pas en avoir mangé, mais il paraît que c'est bon. Victor en avait rapporté un et comme beaucoup de choses à mon âge, je voyais cet animal pour la première fois. J'avais été impressionné par les pattes, le dessous des pattes ressemble à celle de la plante des pieds de bébés. Ce que l'on utilisait, c'était les piquants que la bête porte sur son dos comme moyen de défense contre les animaux ( et l'homme ). Ces piquants sont de longueur variable selon leur position sur le dos : les plus grands au milieu du dos, de section ronde, intérieur vide, couleur nacrée avec des mélanges de taches blanches et noires On utilisait les petits piquants pour des cure-dents, les plus grands pour faire des porte-plume. On utilisait les autres pour extraire les escargots de leur coquille etc. etc.

-----Les porcs-épics sont difficiles à capturer. On me disait qu'ils lançaient leurs piquants sur l'attaquant : je le croyais étant plus jeune.

-----Puisque j'en suis aux bonnes choses à manger, je vais continuer. En dehors de la saison de chasse ( à part le gibier ramené parfois par le garde-champêtre) on pouvait manger pigeons et gallinacés. Il y avait un pigeonnier dans la cour, prés du toit avec 4 ou 5 cases abritant autant de couples de pigeons. On allait ramasser les oeufs pour qu'il n'y ait pas trop de naissance, et on prenait des pigeonneaux au nid le soir, quand ils étaient assez gros. Rôtis sans ou avec des lentilles c'est délicieux

-----Tout ce qui se passait dans le village, tout ce qui construisait le quotidien, la vie normale des habitants, était nouveau pour moi. Cela paraît logique, étant donné mon jeune âge. Cette vie à la campagne est totalement différente de celle de la ville, il est impossible de retrouver en ville les occupations de la campagne.

-----Parmi les travaux que l'on ne peut voir qu'à la campagne. Ceux qui ont le plus retenu ma curiosité, ce sont les vendanges et le vin.

page 18
haut de page
page 20