--l'homme qui va vers l'ouest
...ou Margueritte, mon village
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-----Sous la maison il y avait la cave de monsieur Firmin Soulier, petit propriétaire viticulteur, une personne sympathique, grandes moustaches et accent différent de celui d'autres Marguerittois, je dirai maintenant un accent du sud-ouest de la France.

-----J'emploie souvent le mot "cave " .Dans les régions vinicoles, la cave est l'endroit ou l'on fait et entrepose le vin.

-----Cette cave occupait toute la surface sous notre maison, haute sous plafond. Au fond, sur toute la largeur, une construction en ciment d'un peu plus de 2 mètres 50 de haut et 4 mètres de large, des séparations intérieures formaient 4 cuves. Le haut de ces cuves correspondait au niveau du trottoir et on y accédait par la porte à droite de notre maison. Au haut de chacune de ces cuves, une ouverture circulaire au centre. Au bas des cuves, une épaisse porte en fonte, avec des joints en caoutchouc. Plusieurs boulons et écrous assuraient l'étanchéité parfaite. La pression intérieure étant, vous le devinez, très forte quand la cuve était pleine. Sur ces portes un gros robinet en cuivre à bords filetés permettant le raccord des tuyaux.

-----A l'entrée de la cave à droite, une balance comme on n'en voit guère aujourd'hui, pour objets lourds : un plateau de 1 m sur 0.80 suspendu sur un mécanisme d'articulations et de ressorts, sur lequel on posait tonneaux, comportes etc. Devant, à mi-hauteur, une barre à section carrée, graduée sur laquelle coulissait une masse, qui indiquait le poids de l'objet. Sur cette balance que je ne manquais pas d'utiliser quand je pouvais. Je pesais l5 kg De ce même coté droit de la cave, plus loin 2 foudres. Les foudres sont d'énormes tonneaux, de section ovale, posés sur pieds, d'une très grande contenance. Il y avait aussi un grand pressoir mobile, une pompe sur roues actionnée par une grande roue que devait tourner un ouvrier, un broyeur de raisin, et beaucoup d'autres appareils, des ustensiles, des produits servant à la vinification sur des tables le long des murs, et tout cela dans une odeur de vin. Avant les vendanges, c'était le nettoyage général, la mise en place de tout le matériel. Les cuves étaient grattées de même que leur porte pour enlever la lie qui adhérait encore aux parois, on changeait les joints des portes, les clapets des robinets étaient vérifiés, les tonneaux après avoir été nettoyés étaient soufrés : on introduisait des plaquettes de soufre fixées au bouchon, après les avoir allumées.

-----Les vendanges commençaient clans le village aux environs du 15 septembre selon la maturité du raisin, et grand branle-bas le premIer jour.

-----Le portail du bas de la cour, toujours fermé, était ouvert pour la circonstance. Par là, entraient les charrettes contenant les comportes pleines de raisin, de beaux raisins rouges. J'essayaIs à chaque passage de prendre quelques grappillons. On m'avait recommandé de bien les rincer avant de les manger. Pour protéger les vignes du phylloxera fréquent à cette époque, de l'oïdium et autres maladies, on sulfatait la vigne. Ce travail se faisait à l'aide d'un appareil comme ceux utilisés aujourd'hui pour pulvériser des produits sur les plantes, mais bien moins perfectionnés. Avec cette sulfateuse, c'était son nom, sur le dos, actionnée par un levier, l'ouvrier pulvérisait celte solution sur toute la vigne, c'était long et fatigant.

-----A l'arrivée à la cave les comportes( récipient en bois porté par deux ouvriers) étaient déversées dans le broyeur actionné à la main, le jus de raisin recueilli dans un grand baquet était envoyé dans une cuve à l'aide de la pompe actionnée à la main, elle aussi. Les cuves étaient ainsi remplies au bout de quelques jours de ces va-et-vient.

-----La vinification alors commençait. Au bout d'un certain nombre de jours, ce jus de raisin allait fermenter dans les cuves.

-----De la porte de la cave prés du café je voyais avec grand étonnement, une mousse dorée arriver au niveau de l'ouverture des cuves. Pourtant ces cuves n'avaient pas été remplies complètement ! D'abord légère, cette mousse devenait de plus en plus importante, comme de l'eau dans une casserole sur le feu. Des bouillonnements se produisaient. Peu à peu, ce liquide s'étendait tout autour et remplissait le dessus des cuves entourées d'un rebord de 10 centimètres. On m'avait bien averti de ne pas m'approcher des cuves, c'était dangereux, mais ce bouillonnement m'attirait, me déconcertait. Je voyais bien qu'il n'y avait pas de feu en bas alors pourquoi ces bulles ? Je ne pouvais pas m'empêcher de me baisser et de tremper un doigt dans ce liquide tiède au bord mais paraît-il chaud à la sortie de la cuve. Je goûtais ce jus sucré.

-----Les portes de la cave restaient ouvertes le jour pour permettre le refroidissement des cuves. Le lendemain j'étais encore devant la cave et je constatais que le bouillonnement ralentissait, que le vin regagnait peu à peu l'intérieur de la cuve.

-----Un après midi, je me suis senti mal à l'aise. Je suis rentré au café en me sentant tout drôle, ne tenant pas bien sur mes jambes. J'ai été malade et il a fallu me coucher. La raison est que, à force de goûter et re goûter cette mousse, je m'étais enivré, tout simplement !!!

-----Une fois la fermentation terminée le travail consistait à transvaser le vin d'une cuve pleine dans un autre vide pour le refroidir. Le robinet de la cuve ouvert, le vin se déversait dans un grand baquet, il était ensuite pompé à l'aide de cette pompe actionnée à la main et envoyé dans la cuve vide, et cela plusieurs fois.

-----Après c'était le travail de l'œnologue. Je le voyais prendre du vin avec une pipette, remplir un récipient en verre, plonger un pèse-moût. J'assistais à tout cela avec curiosité, puis la vinification se terminait, et les portes de la cave se refermaient.

-----Voilà tout ce dont je me souviens de mon séjour à Margueritte.

Séjour qui se termina avec notre départ de Margueritte et notre retour à Alger et ensuite ……………..
MAIS CELA EST UNE AUTRE HISTOIRE………………..

FIN

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