-l'homme qui va vers l'ouest
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-----Une autre chasse dont je ne vous ai pas encore parlée, est chasse aux sangliers. Pour cette chasse pas de chiens, elle se pratique à l'affût. -----Dans les forêts du Zaccar ou celles du Canntas, il y a des sangliers, ils ne s'aventurent pas hors des taillis, les champs de vignes qui bordent les parties boisées, n'offrent pas d'intérêts, rien de comestibles tandis que sous les arbres notamment les chênes, ils ont suffisamment de nourriture. -----Il faut savoir organiser une battue aux sangliers. Pour cela, bien connaître le terrain pour relever les traces de passage. Le terrain parfois boueux conservent les empreintes de pattes, ou les arbres sont marqués par leur frottement. C'est donc un travail pour l'oncle Victor : au cours de ses tournées il peut examiner le terrain. Ensuite avec ces renseignements, on désigne les postes qui seront affectés aux participants, on s' assure que les tirs de l'un ne peuvent mettre en danger un autre chasseur. Les munitions ne sont pas les mêmes que pour le petit gibier, la charge de poudre doit être plus importante et les petits plombs remplacés par des chevrotines. Des vêtements plus chauds sont nécessaires quand les nuits sont froides, car on chasse de préférence la nuit. Donc, chacun a un poste bien défini et attend le passage du sanglier. La chasse n'est pas toujours couronnée de succès. Il peut ne pas y avoir de passage cette nuit-là, ou un coup de feu maladroit a fait que les animaux ne s'aventurent plus. -----Mais quand un sanglier est abattu, alors le retour est triomphal. C'est un retour en fanfare. Les participants se retrouvent au café qui est aussi bien le point de départ que le point d'arrivée pour les chasseurs. Après un bon café chaud, on attaque l'inévitable casse-croûte que l'on n'a pas fait sur place et on raconte toutes les péripéties de cette partie, et honneur au tireur du jour. -----Après le casse-croûte, il faut penser au sanglier qui est protégé des chiens, surexcités par l'odeur de cette bête. On va procéder au dépeçage. J'ai assisté à cette fête qui se passe dans la cour du café. Comme pour le mouton, le sanglier est suspendu à un pieu solide car la bête est autrement lourde, la peau est détachée du corps avec un couteau bien aiguisé, mais ce que j'ai bien retenu, c'est l'odeur particulière d'herbes sauvages que je sentais quand on l'étripait. Puis on le découpe, il est partagé entre tous les chasseurs qui ont particIpé à cet exploit. La viande est délicieuse après avoir marinée 24 heures. -----Les tournées
de Victor ne se bornaient pas à la reconnaissance des terrains.
Sa fonction de garde-champêtre l'obligeait à surveiller les
alentours, ce qu'il faisait presque tous les jours. Sa tenue, le képi
officiel, le fusil à l'épaule, un chien : il sillonnait
une partie de son secteur pour voir s'il n'y avait rien d'anormal. Il
était assermenté et pouvait dresser procès verbal
à un contrevenant éventuel. Il partait parfois sur la demande
d'une personne qui avait un sinistre quelconque ou un différend
de voisinage. S'il s'agissait de différends avec un indigène
ou entre deux indigènes il faisait appel au caïd. Il y a maintenant
prescription, je peux vous dire qu'il lui est arrivé de revenir
avec un lapin ou un lièvre en dehors de la saison permise ! |