-l'homme qui va vers l'ouest
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-------Ces vols
d'oiseaux divers n'occupaient pas tout mon temps. Comme tous les enfants
j'avais bien d'autres sujets d'amusement et je ne m'ennuyais pas. A l'intérieur
du café il nous arrivait souvent de jouer aux cartes avec papa
et mes frères. Mon oncle nous donnait des jeux déjà
utilisés par les clients. Combien de batailles avec les cartes
françaises, c'est-à-dire les cartes habituelles, et des
parties de mistigris ou 7 1/2 avec les cartes espagnoles. Dans les cartes
espagnoles, utilisées par les Arabes, les pique, cur, carreau,
trèfle, sont remplacés par -------Au dehors on jouait à la trottinette ou au cerceau entre autres. Je pouvais courir ou aller assez loin, mais pas du côté de la cour. De ce coté le trottoir était étroit et surplombait la cour d'assez haut, on allait de l'autre côté à gauche. Je passais devant la maison de notre voisin René Restykelli, je m'arrêtais parfois pour jouer avec ses petites filles sur la terrasse. Je préférais cette terrasse à la nôtre, c'était du beau carrelage brillant, la terrasse était abritée par le toit qui s'avançait jusqu'au trottoir. Plus loin la salle de réunion de la mairie, là aussi une terrasse ou pouvait bien s'amuser avec la trottinette, je pouvais continuer le trottoir jusqu'à la route de l'Eglise. Il n'y avait aucun danger à nous laisser seuls, les autos étaient très rares. A part l'autobus qui passait une ou deux fois par semaine, il n'y avait que des voitures tirées par des chevaux. -------L'autobus qui passait en provenance d'Alger s'arrêtait toujours devant le café, pour laisser descendre des voyageurs éventuels ou pour déposer colis destinés à des habitants de Margueritte. Et cela permettait au chauffeur et aux voyageurs de se désaltérer au café. -------Des colis pouvaient aussi être transportés par le train. La gare qui desservait le village se trouvait à Adélia, à 6 ou 7 kilomètres au sud de Margueritte. Le train omnibus Alger-Oran s'arrêtait tous les jours, il déposait le courrier ou les colis destinés à la région et prenait celui à livrer plus loin. -------Le responsable de la poste de Margueritte qui était Monsieur Lagrifoul allait tous les matins vers les 10 heures, porter ou retirer le courrier ou les colis, avec une petite voiture attelée d'un cheval. Ce courrier était ensuite livré aux intéressés. Cette voiture était aussi le seul moyen pour se rendre à. la gare pour prendre le train. Pour franchir cette petite distance il fallait prés d'une demi-heure à l'aller et un peu plus pour le retour : Margueritte étant plus haut qu'Adélia. Quant au confort ! Assis sur la banquette en bois, soit devant à côté du conducteur, soit à l'intérieur, protégé par une toile que l'on abaissait par mauvais temps, on tressautait pendant tout le parcours sur les cailloux nombreux de la route. -------Je connaissais cette route. Avec maman il m'arrivait d'aller à un kilomètre du village cueillir du cresson sauvage dans un ruisseau, et, tout fier, je l'apportais à ma tante. Je n'oubliais pas de dire à. table, même plusieurs fois, que c'était moi qui l'avait cueilli. -------Je faisais d'autres commissions accompagné de Sauveur. J'allais chez le boucher ou chez l'épicier dont les boutiques étaient après l'école, sur le même trottoir que le café. Ce dont je souviens bien c'est quand j'allais seul chez le boulanger. Comme je l'ai expliqué plus haut, le boulanger se trouvait au bout du village, à sa sortie, sur le côté gauche de la route. Pour m'y rendre, je suivais le trottoir jusqu'à l'école, je traversais et allais ensuite sur la route qui menait au boulanger. Au coin de cette route habitait Monsieur Viard, le maçon du pays, je revois un grand Monsieur qui me semblait vieux, avec des cheveux gris et une barbe épaisse. Ensuite, plusieurs maison. Je passais alors devant une ferme, une grande entrée sans porte montrait une grande cour à l'intérieur. Il y avait des poules, des canards et autres volailles et mes ennemis... des oies !!! -------Avant de passer cette large entrée, je ralentissais, passais de l'autre coté de la route, j'avançais la tête, je m'assurais qu'il n'y avait pas d'oies et n'ayant confiance qu'en mes jambes, je fonçais pour dépasser cet endroit dangereux. C'est le seul endroit de Margueritte où je m' aventurais avec prudence, depuis le jour où passant tranquillement prés des oies, celles-ci se sont mises à me poursuivre en me pinçant les mollets, lesquels à cette époque étaient placés très bas et se trouvaient merveilleusement à la portée de leur vilain bec. Je me demandais pourquoi les gens qui se trouvaient là, riaient de si bon cur, ils ne risquaient rien eux, les oies n'en voulaient qu'à moi, pourquoi? -------En revenant
de chez le boulanger il m'arrivait de traverser la route pour prendre
la route principale en contre bas. Je m'arrêtais pour regarder le
grand bassin réservoir d'eau pour l'arrosage des champs et potagers.
L'eau du bassin était distribuée à tous les abonnés
selon un horaire bien défini, mon oncle était chargé
de cette distribution, il y avait des plaques de métal pour obstruer
tels conduits et laisser passer l'eau dans d'autres canaux. |