Rouina (vallée du Chélif), ,
Les EAUX MINÉRALES DE L'ALGÉRIE
Afrique du nord illustrée du 23-4-1921 - Transmis par Francis Rambert
mise sur site : février 2021

*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1921. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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Il est possible de consulter sur ce site de nombreuses pages concernant les eaux thermominérales:
- documents algériens
- Série sociale : santé publique - Les sources thermominérales de l'Algérie
- L'Algérie touristique : chapitre 3 - EAUX THERMALES EN ALGÉRIE - Cahiers du Centenaire de l'Algérie, n°V
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Alger, Algérie : documents algériens - Série sociale - Les stations thermo-minérales de l'Algérie
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LES EAUX MINÉRALES DE L'ALGÉRIE

Dans un récent article de cette revue, j'affirmais qu'aucune de nos colonies ne nous offre autant de ressources ni de débouchés que l'Algérie. Mais l'inventaire que je donnais de ces richesses était incomplet. A dessein, car je me proposais d'en faire l'objet d'une étude spéciale, j'avais négligé de parler des eaux minérales.
C'eût été là une grave lacune, car peu de pays en sont aussi abondamment pourvus : dans les parties montagneuses, c'est à chaque pas que l'on rencontre des sources thermales jaillissant spontanément à la surface du sol. Leurs propriétés curatives sont connues et utilisées depuis les temps les plus reculés, ainsi qu'en témoignent les vestiges laissés par les peuples de l'antiquité. Comme en toutes choses, ce sont les Romains qui surent le mieux en tirer parti. Partout où se trouve une source d'eau chaude, ou découvre les restes, encore imposants parfois, de piscines romaines et souvent, à côté, les ruines d'une ville qui s'était créée autour de l'établissement thermal.

Malheureusement, cette partie de l'œuvre de nos grands prédécesseurs ne trouva pas plus grâce que le reste devant l'instinct de destruction des hordes qui se succédèrent dans l'Afrique du Nord après la chute de l'empire romain. Les thermes furent démolis, leurs matériaux dispersés et aucune piscine ne fut jamais réparée ou construite depuis lors par les occupants du sol. Et cependant, les indigènes ont un véritable culte pour l'eau chaude à laquelle ils attribuent une origine sainte.
D'après une légende, en effet, le roi Salomon, en prévision de longs voyages à travers le monde, avait envoyé à l'avance des génies, afin de préparer des bains pour lui et sa suite le long de la route. En vue d'éviter toute indiscrétion de leur part, il les avait choisis aveugles, sourds et muets. Mais, à cause de ces infirmités, personne n'a pu leur apprendre la mort de leur maître, si bien que les génies continuent toujours à chanter les bains comme si le roi Salomon était encore vivant. C'est pour cette raison qu'un grand nombre de sources thermales en Algérie portent le nom de Selimane. traduction arabe de Salomon.

Beaucoup sont également placées sous le patronage de marabouts vénérés. Mais, malgré ce caractère religieux, les indigènes se contentent, pour prendre leurs bains, de l'installation la plus rudimentaire, souvent de simples trous d'eau dans lesquels ils se plongent au hasard et quelquefois à contre-temps.

Ce sont nos médecins militaires qui songèrent les premiers à utiliser les vertus curatives de ces eaux pour le traitement des blessés et des malades déprimés par le climat ou les fatigues de la guerre. Sur leur demande, un certain nombre de piscines romaines furent remises en état et des camps installés auprès d'elles. Les résultats obtenus par ces moyens de fortune furent si favorables que l'autorité militaire se décida à édifier de véritables établissements dont quelques-uns subsistent encore : tels ceux d'Hammam-Meskoutine, d'Hammam-R'hira et d'Hammam-bou-Hadjar.

L'initiative privée ne tarda pas à suivre cet exemple et, si les premières tentatives ne furent pas toujours couronnées d'un plein succès, l'Algérie compte néanmoins aujourd'hui un certain nombre d'établissements thermaux très confortables, comme ceux d'Hammam-H'hira. à proximité d'Alger, et d'Hammam-Meskoutine, sur la ligne de Constantine à Bône. D'autres, plus simplement aménagés, offrent encore une installation très suffisante, tels sont les Bains de la Reine, aux portes d'Oran ; Hammam-Salahin, à 8 kilomètres de Biskra : Bou-Hanifia. à 5 kilomètres de la station du même nom, sur la voie ferrée d'Arzew à Saïda : Hammam-bou-Hadjar. située à une vingtaine de kilomètres d'Aïn-Témouchent.

Je n'ai pas l'intention de décrire les propriétés des eaux minérales algériennes. Ce travail a été remarquablement fait en 1911 par un savant. M. le docteur Hanriot. professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, membre de l'Académie de Médecine, dans son étude magistrale sur les eaux minérales de l'Algérie, à laquelle je ne puis que renvoyer le lecteur.

Un grand nombre sont thermales et certaines jouissent d'une température très élevée, comme celles d'Hammam-Meskoutine qui atteignent près de 100 degrés et sont les plus chaudes de l'Algérie et peut-être du monde entier à l'exception des geysers d'Islande. D'autres sont froides et peuvent être utilisées comme eau d'alimentation.

Dans l'ensemble, les eaux thermales algériennes sont souveraines contre les rhumatismes et c'est en foule que les indigènes, particulièrement exposés à ces affections, vont leur demander une guérison ou tout an moins un soulagement qui se lait d'ailleurs rarement attendre. Les blessures et les fractures sont rapidement cicatrisées ou consolidées par ces eaux qui ont également une action très efficace sur l'avarie et les maladies de la peau. Les tuberculoses locales. l'anémie, le paludisme, les maladies des femmes sont également justiciables de leur traitement.

Certes, les richesses hydrologiques de l'Algérie ne doivent point faire oublier celles de la France, non moins variées, ni moins actives. Mais, l'hiver, les stations thermales françaises ou européennes sont habituellement fermées et l'Algérie permettrait aux malades de continuer leur cure tout en bénéficiant des douceurs du climat. Aussi s'explique-t-on difficilement, si ce n'est par ignorance des ressources minérales de notre grande colonie, que tant de malades aillent demander leur guérison au climat des deux Riviéras ou même de l'Égypte, comme cela existait avant la guerre, alors qu'ils auraient souvent tout avantage à fréquenter les stations algériennes. Il suffit de quelque vingt-quatre heures, en effet, pour se rendre en Algérie, alors que le séjour en Égypte impose au malade une traversée de plusieurs jours, souvent pénible et fatigante, et met une grande distance entre lui et sa famille au moment où ils auraient le plus grand intérêt à se tenir rapprochés l'un de l'autre.

De même que c'est un devoir patriotique pour nous de favoriser par tous les moyens le développement du tourisme en Algérie comme en France, c'est également une obligation, dans les circonstances actuelles, d'attirer vers la terre algérienne les malades justiciables de ses eaux salutaires et abondantes. Nulle part ils ne trouveront réunis avec une telle prodigalité les éléments d'une rapide guérison : le soleil et l'agent thérapeutique.
Que cependant nos amis algériens me permettent de leur donner un conseil. Pour décider les malades européens à venir chaque année plus nombreux chez eux. il ne suffit pas de leur offrir des établissements confortables et d'une tenue irréprochable. Il faut que ces établissements soient à proximité d'un centre important où leurs hôtes puissent trouver, avec les commodités et les plaisirs de la vie en société, des relations agréables qui leur fassent oublier l'éloignement de leurs familles ou de leur cercle habituel d'amis.

Parmi les établissements algériens qui répondent à cette condition, j'indiquerai en premier lieu Hammam-Salahin, à cause de sa proximité de la station hivernale de Biskra, chaque année de plus vu plus fréquentée par les touristes, et les Bains de la Reine. prés d'Oran : puis Hammam-R'hira. à quelques heures d'Alger, et qui, pour ce motif, est devenue un lieu de rendez-vous très fréquenté.

Citons encore Hammam-Meskoutine. la plus florissante peut-être des stations algériennes, qui doit sa prospérité non seulement à l'efficacité de ses eaux, mais à la bonne installation de son établissement et à sa situation sur une voie ferrée importante.

Mais il en est une autre qui, si elle était aménagée, serait assurée d'un succès plus considérable encore, c'est celle d'Hammam-Mélouane. qui n'est qu'à 39 kilomètres d'Alger, auquel elle est reliée par un chemin de fer de 32 kilomètres et par une route carrossable de 7 kilomètres. En automobile, il suffit d'une heure pour s'y rendre. C'est dire que le jour où un établissement moderne y aura été édifié, beaucoup de malades pourront, tout en résidant dans la capitale algérienne, y faire leur cure. Et il n'est pas d'eaux plus réputées dans toute la colonie pour le traitement des rhumatismes, mais le champ de ses applications serait beaucoup plus étendu d'après M. le docteur Hauriot. A ceux qui ont des capitaux pour tenter une telle entreprise, je ne saurais en conseiller de meilleure et de plus facile à réaliser.

N'avais-je pas raison de considérer les ressources hydrominérales de l'Algérie comme de celles dont l'exploitation peut contribuer dans une mesure appréciable à la prospérité du pays.