------------L'Algérie
possède de très nombreuses sources thermominérales
dont l'utilisation remonte aux temps les plus reculés. Des vestiges
de l'époque punique ont été trouvés à
Hammam Meskoutine.
------------Les
Romains construisirent des thermes dont les restes sont parfois remarquablement
conservés (Fontaine chaude de Khenchela et Youks-les-Bains dans
le département de Constantine). Lors des invasions successives
que subit ce pays, ils furent en grande partie démolis. Cependant
ceux qui échappèrent à la destruction, conservèrent
la faveur des Arabes et, grâce à la solidité de la
construction romaine, il existe encore de nos jours dans certains hammam,
d'installation très rudimentaire, des piscines judicieusement placées
mais délabrées et mal entretenues.
------------Pendant
la période de pacification de l'Algérie, à la demande
des médecins militaires français, quelques thermes romains
furent remis en état et utilisés avec succès pour
le traitement de leurs malades. Vint ensuite une période au cours
de laquelle de nombreux Ingénieurs des Mines, Géologues,
Médecins et Pharmaciens publièrent d'intéressantes
monographies sur les principales sources thermales. Parmi les ouvrages
fondamentaux sur cette question, une place prépondérante
doit être réservée à l'ouvrage du Professeur
Hanriot, membre de l'Académie de Médecine intitulé
" Les Eaux Minérales de l'Algérie "
(Edité en 1911 chez Dunod et Pinat) dans lequel sont inventoriées
et étudiées plus de soixante sources chaudes
------------La
classification du Professeur Hanriot, commme il était d'usage à
l'époque, se base uniquement sur l'élément prédominant
et non sur l'ensemble des sels en dissolution.
------------Le
perfectionnement général des méthodes analytiques
et l'emploi de procédés physiques conduisent aujourd'hui
à considérer cette conception comme insuffisante. De plus,
l'avancement des études géologiques détaillées
permet souvent une interprétation rationnelle des analyses chimiques.
Il est en effet très important de connaître aussi exactement
que possible la nature des terrains encaissants, car les eaux thermales
dissolvent aisément les éléments qu'elles rencontrent
pendant leur circulation souterraine. Comme la détermination de
leur provenance est des plus ardues, il convient en l'occurrence, de ne
négliger aucun élément d'information.
------------Cependant
l'Algérie n'a pas encode réalisé dans le domaine
de l'étude des eaux thermominérales, une coordination comparable
à celle de la Métropole.
------------La
raison principale réside sans douve dans le fait que la plupart
des stations thermales dans ce pays (exception faite de Bou-Hanifia, Hammam
Mélouane, Hammam Meskoutine et Hammam Righa) ne sont pas équipées
de façon telle qu'une fréquentation suivie permette à
leurs concessionnaires de consacrer à l'organisation de la recherche
scientifique une partie suffisante des bénéfices que leur
exploitation devrait normalement procurer.
------------Par
ailleurs des problèmes délicats sont posés par la
diversité ethnique et par les habitudes ancestrales des malades
qui fréquentent les stations thermales et l'on constate trop souvent
après l'engouement passager provoqué par des améliorations
substantielles apportées aux établissements. l'évasion
de la clientèle aisée qui recherche sans cesse des horizons
nouveaux et qui, en définitive se porte de préférence
vers les grandes stations métropolitaines.
------------L'Administration
a pensé qu'un effort d'ensemble devait être tenté
pour mettre à la portée des bourses moyennes les bienfaits
indéniables des eaux thermales. Avant de doter les stations de
crédits de subventions, il convenait d'en déterminer aussi
exactement que possible les caractères chimiques et thérapeutiques.
------------Dans
ce but la Direction de la Santé publique a pris de 1932 à
1936 une série de mesures destinées à développer
nos connaissances en cette matière. De plus, dans sa séance
du 28 novembre 1946, la Commission consultative d'hydroclimatologie a
adopté le plan préparé par le Service des Mines de
l'Algérie, à la demande de l'Assemblée financière,
pour l'équipement rationnel des sources thermominerales de ce pays.
Au cours du débat MM. les Professeurs Lacroix et Aubry ont insisté
sur l'intérêt qui s'attache à l'étude scientifique
de ces eaux et montré l'utilité d'une prospection médicale
plus poussée des stations thermales, dans lesquelles doivent être
prises les mesures d'hygiène et de prophylaxie indispensables.
------------L'action
du Service des Mines et en premier lieu celle de son laboratoire s'intègre
ainsi dans le plan de développement économique et social
dont la mise au point a été effectuée sous la haute
direction de M. l'Ambassadeur de France, Yves Chataigneau, Gouverneur
Général de l'Algérie.
------------Depuis
1936 j'ai entrepris des études chimiques et physico-chimiques,
orientées et facilitées par M. G. Betier, ingénieur
Général des Mines, Chef du Service des Mines, Directeur
du Service de ta Carte Géologique de l'Algérie.
------------La
tache étant considérable, je n'ai recherché et dosé
en première approximation que les cléments fondamentaux
de la minéralisation des eaux thermominérales à l'exclusion
des éléments rares, me réservant de procéder
sur des sources particulièrement intéressantes à
des études approfondies, susceptibles d'ouvrir la voie à
l'utilisation thérapeutique rationnelle de leurs propriétés
chimiques et physico-chimiques. En effet les propriétés
chimiques. physiques et physico-chimiques des eaux minérales sont
à la base de leur action biologique et physiologique.
------------Je
me suis attachée, dans ce travail à normaliser
la présentation des résultats d'analyse en exprimant ceux-ci
en ions milligrammes par litre et en taisant apparaître leurs charges
positives nu négatives.
------------Le
critérium d'exactitude de l'analyse ressort immédiatement
de ce mode nouveau de présentation.
------------J'ai
donné en outre, une classification. tenant compte de la notation
de Stabler et des caractéristiques de Palmer.
------------Enfin
j'ai représentégraphiquement les caractères fondamentaux,
la " physionomie " des eaux étudiées d'après
les conceptions de Robert Frey et de René Girard.
------------Les
graphiques de Frey visent particulièrement l'interprétation
géologique des analyses. Ceux de René Girard montrent l'ensemble
de la répartition des ions, renseignent sur la concentration relative
et sur la tenseur en CO2 libre.
------------Une
telle représentation graphique est de nature à rendre de
grands services. Elle permet, en effet, d'orienter rapidement les chercheurs
qui se consacrent à l'étude des propriétés
thérapeutiques d'une eau.
------------Les
résultats de mes travaux ont été publiés en
1940 et 1947 dans le Bulletin du Service de la Carte géologique
de l'Algérie sous le titre : "Les Sources Therinominérales
de l'Algérie "
Etude Géochimique
------------Les
35 groupes de griffons étudiés se classent ainsi -----------
-1.
--Sources Alcalines
------------Source
Leblanc
------------Takitount
------------Ben
Haroun
------------11.
-- Sources Bicarbonatées Calciques
'------------Hammam
Bou Hanifia
------------Ain
N'Sour
------------Sidi
M'Cid
------------Le
Hamma
------------Djebel
Lekhal (Ain Tinn)
------------III.
-- Sources Sulfatées Calciques
------------Ooued
Hammimine
------------Hammam
Guergour
------------Hammam
Righa
------------Ouled
Ghalia (Béni Hindel)
------------Hammam
Mélouane
------------IV.
- Sources Chlorurées
------------Hammam
Bou Hadjar
------------Aïn
Ouarka
------------Hammam
Bradaa
------------Les
Abdellys
------------Hammam
N'Baïls (Nador)
------------V.
--- Sources Sulfurées
a) Sulfurées sodiques
------------Hammam
Salahine
------------Hammam
Berrouaghia
------------Hammam
Bou-.Ghara
b) Sulfurées calciques
------------Hammam
Meskoutiue
------------Youks
les Bains
------------Hammam
Amamrhas(Foutaine chaude de Kenchela)
------------Hammam
Bou Akkaz
------------Hammam
Grous
------------Hammam
Ksenna,
------------Hammam
Bou Sellam
------------Nazereg
{(Ouled khaled)
------------Aïn
Mentila
c) Chlorosulfurées
------------Hammam
Zaid
------------Hammam
Tassa
------------Hammam
El Biban
------------Hammam
Ben Chiguer
------------Hammam
Béni Guécha
Soit en les dénombrant :
------------1.
--- Sources Alcalines
------------bicarbonatées
sodiques : 2
------------Sulfatées
sodiques : 1
------------II.-Sources
Bicarbonatées Calciques : 5 .
------------III.-.
Sources Sulfatées Calciques : 5
------------IV.
- Sources Chlorurées : 5
------------V.
- .Sources sulfurées :
sulfurées sodiques : 3 dérivant d'eaux alcalines
Sulfurées calciques : 8 (dérivant, soit de bicarbonatées
calciques, soit de sulfatées calciques).
Chlorosulfurées : 6 (dérivant d'eaux chlorurées).
------------Les
principaux griffons thermominéraux d'Algérie sont ainsi
rangés d'après leurs propriétés chimiques
fondamentales qui déterminent leur " physionomie ".
------------L'expression
" eau indéterminée" qui figure fréquemment
dans l'étude d'Hanriot a été remplacée dans
chaque cas par la qualification réelle de l'eau.
------------Les
eaux alcalines sont rares. On notera par contre l'abondance des eaux sulfurées
de différents types.
------------Aucune
(les eaux soumises à l'analyse n'est en relation certaine avec
le volcanisme, sauf peut-être :
Hammam Meskoutine (département de Constantine),
Hammam Nazereg (département d'Oran ).
Hammam Boughara (département d'Oran).
Hammam Bou Hadjar (département d'Oran).
------------En
examinant les résultats de l'analyse chimique on observe que la
concentration des sels dissous est sans rapport apparent avec la température
mesurée à l'émergence.
-----------Celle-ci
varie de 19' (Ben Haroun) à 95' (Hammam Meskoutine). Le poids de
l'extrait sec par litre mesurée à 18o° varie de o g.
37 (Hammam Bradaà 28°) à 59 gr. 5 (Ain Mentila 35").
Les eaux qui surgissent à la température la plus élevée
(Hammam Meskoutine) ne renferment qu'un gramme et demi de sels dissous
par litre.
------------On
vérifie donc ce fait bien connu que la minéralisation
des eaux est déterminée surtout par la nature chimique et
minéralogique des sédiments qu'elles traversent et,
accessoirement. par leur vitesse de circulation souterraine.
------------Les
eaux les plus minéralisées (Aïn
Mentila 59 g. 5 par litre, Hammam Mélouane 29 g. 42. Hammam Béni
Guécha 16 g. 87, Hammam E1 Biban 15 g. 4. Hammam Salahine 9 g..
Ain Ouarka 5 g. 6, Hammam Ksenna 5 g. 5) sont en relation directe certaine
ou très probable avec les sédiments gypso-salins du Trias.
si répandus en Algérie où ils ont donné lieu
à des phénomènes de diapyrisme particulièrement
accentués. On peut extrapoler cette hypothèse sans grand
risque, à la plupart des eaux sulfurées, chlorurées
et sulfatées calciques.
-----------L'échelle
des températures observées permet alors, dans une certaine
mesure. d'apprécier l'intensité des efforts orogéniques
dans la zone considérée.
------------L'abondance
des eaux sulfurées peut également être considérée
comme un indice de l'existence, dans les sédiments encaissants,
d'éléments hydrocarburés dont la recherche présente
un intérêt actuel indéniable.
* * *
------------Dans
les chapitres d'introduction des ouvrages publiés en 1940 et 1947
j'ai précisé le programme d'études que j'entendais
suivre. -
------------La
classification des eaux d'après l'analyse chimique ayant été
réalisée, j'ai entrepris l'étude de leurs propriétés
physiques et physico-chimiques, notamment les mesures de radioactivité.
------------J'ai
repris ainsi les mesures effectuées de 1923 à 1926 par L.
Pouget, Professeur de Chimie appliquée, à la Faculté
des Sciences d'Alger et D. Chouchak (1). Je dois citer également
" l'Essai de classification des Eaux Minérales "
d'après leur constitution et leurs propriétés physico-chimiques
publié en 1926 dans les Annales de l'Institut d'Hydrologie et de
Climatologie (Collège de France) par A. Chassevant ainsi qu'un
certain nombre de mesures de Radioactivité effectuées de
1936 à 1939 par MM. les ingénieurs du Corps des Mines Colot.
Baseilhac et Bouillot et consignés dans des rapports inédits.
------------Après
un stage effectué au mois de septembre 1946 au Laboratoire de Chimie-Physique
du Collège de France, dirigé par M. le Professeur Lepape,
assisté de M. Marcel Geslin, j'ai dû consacrer dix-huit mois
à la mise au point de l'organisation matérielle du Laboratoire
de campagne qui m'a permis de mener à bien l'étude systématique
des propriétés physico-chimiques des sources précédemmenténumérées.
------------J'ai
dose en même temps sur place les ions carbonique et soufre, susceptibles
d'altération pendant le transport et procédé à
de, prélèvements d'eau en vue de nouvelles analyses.
------------Les
mesures de Résistivité et de pH ont été effectuées
sur le terrain, celle de la Radioactivité au voisinage immédiat
des sources toutes les fois qu'il a été possible de le faire.
Dans le cas contraire elle a eu lieu dès le retour au laboratoire
de campagne quelle que soit l'heure d'arrivée.
En fait les premières études physico-chimiques ont commencé
au Guergour, au mois de mai .Mes travaux ont porté jusqu'à
ce jour sur une trentaine de sources thermales. Les résultats vont
être publiés incessamment dans le Bulletin des Annales de
l'Institut National d'Hydrologie et de Climatlogie(Collège de France).
------------
À titre d'exemple j'indiquerai que pendant toute la durée
des travaux qui ont été exécutés au Hammam
Guergour par le Bureau de Recherches Minières de l'Algérie,
à partir de janvier 1947, avant le captage définitif (2
avril 195o), j'ai suivi méthodiquement la résistivité
et la radioactivité des eaux de
galerie, à différentes époques et à différents
stade; des recherches (réalisant ainsi plus de cent mesures de
toutes sortes).
------------Si
l'on excepte provisoirement l'Ain Chôf, nettement isolée,
en bordure immédiate de l'oued Bou Sellant (qui la submerge périodiquement
de ses crues) le débit total d'eau thermale était primitivement
de 7oo litres/minutes environ, avec une hororadioactivité de 900.000
millimicrocuries. Depuis l'exécution du captage, le débit
total des griffons est de 2,50o litres à 2.800 litres/minutes et
la température s'est fixée à 44" 5. Des gaz
se dégagent en quantité notable avec l'eau. Leur débit
est encore difficile à apprécier. On peut cependant l'estimer
à 70 litres/minute environ.
------------L'Hororadioactivité,
calculée à la date du 2 avril t95o, est de 950.000 millimicrocuries
(dont 2oo.000 en chiffres ronds pour les gaz).
------------l.es
travaux du B.R.M.A. ont tari toutes les sources qui existaient autrefois
sauf celle d'Ain Chôf et ont abouti aux intéressants résultats
suivants
------------a)
Rassemblement des griffons principaux en un point unique, situé
à une cote telle, qu'elle permet facilement la distribution par
gravité dans les installations modernes qui sont projetées.
------------b)
Débit total porté de 700 litres/minutes à 2.500 2.800
litres minute.
------------c)Conservation
de l'hororadioactivité qui se trouve désormais répartie
entre un volume quadruple d'eau thermale directement utilisable sous forme
de bains et un débit très appréciable de gaz à
haute radio- activité
.
------------Le
Laboratoire du Service des Mines poursuit ainsi très méthodiquement
l'étude scientifique de l' ensemble de, sources thermominérales
conformément aux directives de la Commission d'hydroclimatologie
et contribue de façon très efficace au développement
de l'Hydrologie algérienne.
------------Il
appartient aux Laboratoires de l'Université d'Alger :
1)de Chimie biologique appliquée l'hydrologie, chargé d'étudier
la pharmacodynamie des eaux thermales.
2)d'Hydrologie médicale, chargé d'étudier les applications
thérapeutiques de ces eaux. de conjuguer leur action dans le domaine
de l'utilisation rationnelle de nos richesses hydrominérales.
------------Depuis
peu, un Centre de recherches cliniques comportant huit baraques de quatre
lits, fonctionne au Guergour. Il serait désirable qu'un centre
similaire soit créé à Hammam Ksenna. Car, parmi nos
stations thermales bien équipées, aucune d'elles n'est alimentée
par des eaux sulfurées caractérisées.
------------Les
eaux de Hammam Ksenna s'apparentent étroitement à celles
de Hammam El Biban, assez mal situées au point de vue de la clientèle
éventuelle. De plus le débit de ces dernières est
beaucoup moins important et leur thermalité est trop élevée
(80°). Elles sont utilisées actuellement après un refroidissement
partiel dans un bassin non couvert. Pendant ce laps de temps l'élément
sulfuré libre se dégage dans l'atmosphère en partie
ou en totalité ou bien se précipite à l'état
de Soufre. En outre ces eaux très salées détériorent
rapidement les installations sanitaires.
------------Le
Hammam Ksenna est situé à environ t6o km d'Alger dans la
commune d'Aïn-Bessem. Le captage exécuté par le Service
des Recherches Minières en 1945-1946. a réuni les émergences
dites : Ain I)jerad, Ain et Kébir et Ain Echin en un débit
de l'ordre de 3.000 litres/minute à une température de 62'
; mesurés le 1er mars 1949. L'eau est peu radioactive 0.45 millimicrocuries.
par contre sa teneur en hydrogène sulfuré libre ou partiellement
combiné est importante (15,5o mgr de H2S p. litre). Hammam Ksentna
pourrait donc devenir la Station du Soufre en Algérie.
------------Ce
métalloïde considéré comme ion accessoire, puisqu'il
forme en quelque sorte un " assaisonnement ", donne à
l'eau des propriétés particulières.
------------Le
problème de l'importance physiologique du Soufre a retenu, ces
dernières années, l'attention de nombreux chercheurs. Les
résultats de leurs travaux ont fait l'objet du premier Congrès
International du Soufre, tenu au mois de septembre 1948 à Cauterets
( Hautes-Pyrénées) sous la présidence de M. le Professeur
Loeper. Les travaux dirigés par M. le Professeur Polonowski et
M. le Doyen Giraud ont démontré les divers rôles du
Soufre dans l'ensemble des phénomènes vitaux. en raison
de ses nombreuses affinités.
------------Le
soufre fait, en effet, partie intégrante de la molécule
vivante, au même titre que l'oxygène, l'hydrogène,
l'azote et le carbone. Peut-être même est-il le corps le plus
important de la cellule car il est indispensable à la vie et au
développement des tissus.
------------Le
rôle de construction du soufre ne résume pourtant pas à
lui seul toute son activité. Il apparaît aussi comme "
l'agent le plus actif des combustions organiques ".
------------Au
rôle de construction et d'entretien du soufre dans l'organisme s'ajoute
enfin un rôle de défense.
------------L'hydrogène
sulfuré possède un pouvoir antiseptique et bactéricide.
------------Quoiqu'Il
en soit, dans le traitement hydrominéral ou bien le soufre arrive
dans l'organisme sous la forme d'hydrogène sulfuré. C'est
le cas pour la plupart des eaux thermales d'Algérie, eaux très
instables expliquant par ce caractère même, leur grande activité
thérapeutique - ou bien il est absorbé par la peau et les
muqueuses sous forme de soufre colloïdal de soufre à l'état
naissant. Il se transforme alors rapidement en soufre assimilable.
------------Le
soufre thermal se révèle ainsi infiniment " plus agissant
aux griffons" des sources qu'aux plus subtiles. qu" aux plus
savantes préparations des apothicaires ". (2).
* * *
------------Cet
exposé très sommaire montre combien l'Hydrologie "fille
de la Chimie et de la Biologie " demeure si attachante.
------------Le
professeur Landouzy n'affirmait-il pas que l'action physiologique d'une
source résidait beaucoup plus dans la transmission des forces libérées
que dans l'apport de la matière, rappel de la théorie du
célèbre Hahneman émise par lui en 1786 " les
corps agissent non par la matière mais par leur dynamisme "
------------Le
professeur Lepape, dans sa leçon inaugurale consacrée à
1'oeuvre hydrologique de Charles Moureu disait à son auditoire
------------"Les
procédés de l'analyse chimique élémentaire
ne peuvent attaquer les eaux minérales sans les détruire
et leur analyse immédiate est, on peut le dire, toute à
créer. Nous en sommes dont réduits à répéter
avec Charles Moureu : qu'une eau minérale est un tout, un bloc
: c'est une drogue très " compliquée, une véritable
thériaque impossible à reproduire artificiellement dans
son intégrité. comme " l'opium, la digitale ou la belladone.
" (Leçon du 7 janvier 1930.
------------Depuis
cette époque. de divers côtés, des chercheurs travaillent
sans relâche pour que toute la lumière soit faite sur les
problèmes de l'hydrologie thermale.
****
------------Le
développement du thermalisme algérien contribuerait certainement
à l'amélioration de l'économie générale
du pays. Il attirerait le tourisme international grâce à
des conditions climatologiques exceptionnelles.
------------En
aucune façon il ne pourrait concurrencer le thermalisme métropolitain
comme l'a fait très justement remarquer le Docteur Peyrot représentant
de l'Algérie au IVè Congrès International d'Llydrologie
et de Climatologie en insistant " sur le
fait que les eaux d'Algérie ne représentent pas des eaux
concurrentes, mais des eaux complémentaires où, grâce
à la douceur du climat algérien, les malades peuvent, pendant
l'hiver, continuer les cures qu'ils ont commencées pendant l'été
dans les stations de la
Métropole ". (Notice n" 7, Direction Santé
Publique, 1934).
Simone GUIGUE,
Chimiste Principal,
Chef du Laboratoire du Service des Mines
et de la Carte Géologique de l'Algérie.
(1) Bulletin de la Société
d'Histoire Naturelle de l'Afrique du Nord Tome quatorzième p. 265
à 272 (Juin 1923).
Tome quatorzième p. 347 à 360 (Décembre 1923).
Tome dix-septième p. 274 3 283 (Décembre 1926).
( 2) Les états du soufre dans les eaux sulfurées, par F.
Caujolle (Toulouse). Congrès International du Soufre à Cauterets.
Septembre 1948.
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