Francis Garnier
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Camille BORTOLOTTI Né à Alger, rue Sidi Ferruch, le 31 octobre
1887, il commence sa scolarité à l'Institut
St-Joseph d'El Biar, puis entre au collège de
Blida. Il se souviendra toujours de ces années difficiles, et en gardera une incroyable disposition à aider les jeunes, honnêtes et travailleurs, pour faciliter leur départ dans la vie, faisant toujours preuve d'une générosité et d'un charisme sans limites. Après l'obtention de son diplôme, le Comte
de Fleurieu, (qui a épousé Cécile Bortolotti, la
fille du fameux chef d'orchestre), le rappelle en Algérie pour
lui confier la gestion du domaine de l'Haouch el Pacha, dit "La Ferme
Modèle". Le 8 novembre 1910 il épouse Gabrielle Nadal, née à Mouzaïaville, d'une famille originaire de Brive-La-Gaillarde dont le premiere-né en Algérie a été déclaré à El Biar en 1836. Il apprend qu'un projet de création de village de colonisation est en cours, sur la corniche Cherchel-Ténès. Rien n'existe, à part les bornes-fontaines, les trottoirs, et quelques baraques. La route est à peine tracée. Le 6 novembre 1911, il y achète une concession. Il charge sur un bateau le matériel indispensable à la construction de son habitation, et des bâtiments nécessaires à la future ferme, et c'est ainsi qu'il débarque, plein d'espoir, dans la baie de Beni-Haoua.Lorsqu'il sera créé, le village prendra le nom de Francis-Garnier. Il connaît alors la vie difficile de ces pionniers
qui vont créer du néant un pays florissant et magnifique. Ils reviennent au pays, en 1918, après la démobilisation, sans le moindre argent, mais Camille a la satisfaction d'avoir défendu son pays. Il en est d'ailleurs de même pour la plupart des employés des fermes environnantes. Ceux-ci, les jours de Fête, mettront fièrement sur leurs burnous les médailles gagnées au Front, dans la fraternité des tranchées. Lui, a reçu la Croix de Guerre, la Médaille d'Italie et celle de Verdun. Il est ensuite nommé adjoint spécial de Francis Garnier, (commune mixte de Ténès). Il met tout son coeur à faire naître entre les habitants une cohésion, un esprit d'entr'aide et une amitié qui restent vivaces dans le souvenir de tous ses contemporains et de leurs enfants. II plante des arbres, améliore les bâtiments communaux, veille à la scolarisation des jeunes dans l'école du village et dans l'école indigène, située sur la route de Ténès. Sa sollicitude pour les gens du pays était de tous
les domaines. En 1938, ayant eu connaissance des qualités des
figuiers "Kadota", qui produisent de petits fruits très
sucrés, avec peu de pépins, il se rend en Italie du Sud,
au village de Cosenza, où ils sont cultivés. Il commande
une cinquantaine de plants
La commande arrive au moment des sanctions
contre l'Italie, et reste sur les quais de débarquement, en plein
soleil, jusqu'au lever des sanctions...Peu de plants en réchappent,
mais il ne renonce pas à son idée et les utilise pour en
faire des pépinières. Petit à petit la réputation du "Mahalem" s'étend. Parlant parfaitement l'arabe et le kabyle, il est nommé juge au tribunal des Affaires musulmanes. On vient de loin lui demander des conseils, arbitrer les conflits, juger les délits locaux, et ses verdicts, rendus en toute équité, sont acceptés de tous. En 1939, éclate la Seconde Guerre Mondiale. Tous les hommes en âge d'être mobilisés partent : il assume, secondé par les épouses de ceux-ci. le fonctionnement de son bureau de courtage et la gestion des négoces de vins dont son fils est responsable, , , En 1940, il cache dans la cave de la ferme du matériel
de transmission que l'Armée Française reprendra pour la
Campagne de Tunisie... 1942 : c'est la terrible épidémie de typhus.
Il est partout, veille à tout, organise secours, vaccinations,
répartition de tissus, transports divers, et, hélas, aussi,
les innombrables inhumations. Il connaît beaucoup de monde, et dans tout le pays
il a la réputation d'un homme bon et généreux, ayant
des idées nouvelles dans une vie où tout est à faire,
comprenant ceux qui l'entourent, et s'adaptant au pays. C'est ainsi que,
en récompense des vingt ans de présence à la ferme,
il offre à son chef de chantier un voyage à La Mecque. 1946, Un candidat communiste ayant la prétention de décrocher la charge de la Mairie de Ténès, il s'y oppose avec force, se présente contre lui, et est élu à une très forte majorité. C'est alors qu'il entreprend à Ténès et dans la région, des travaux d'une grande utilité, comme l'aménagement du port, pour permettre à des bateaux de tonnage important de charger tous les produits de la plaine du Chélif...ou encore la modernisation de l'Hôpital, afin de traiter les malades sur place... En 1949, il construit à Francis Garnier, dans sa propriété, une usine moderne, où est traitée la fameuse "Karmoucette" - (nom qu'il invente en s'inspirant du mot arabe : "karmouss" qui veut dire Figue). (Le Déjanté, en aparté: Ah! la karmoucette, la confiture de karmoucette ; une récompense. Tout petit, puis plus grand, je m'en régalais. J'en ai encore l'odeur dans le nez, le goût dans la bouche. Bref. La suite. ) Confiture, figues au sirop, figues sèches, pâtes de figue,... Cette usine produira jusqu'à trois cents tonnes de confiture par an, et fonctionnera jusqu'en 1959, donnant ainsi un emploi sûr et bien rémunéré à une large partie de la population locale, palliant, dans une certaine mesure, la misère du pays. (Et toutes ces productions seront exportées jusqu'en Hollande, et même en Amérique.)
Des douches y sont installées, et il est obligatoire,
pour chaque ouvrier, de les utiliser le matin, avant le travail, ainsi
que de revêtir les gandouras blanches spécialisées,
et les calots, l'ensemble étant fourni par la maison, lessivé
quotidiennement dans la grande bassine installée dans la cour,
sur un feu de bois...qui leur est distribué chaque matin.. Durant l'année scolaire, les jeunes sont récompensés, et nombre de bons élèves sont reçus à l'examen des Bourses qui va leur permettre de continuer des études que les parents ne sont pas en mesure de financer. Par décret du 18 mars 1952, publié au Journal
Officiel du 22 mars 1952, pris sur le rapport du Ministère de l'Intérieur,
Camille Bortolotti est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur,
en qualité de "Délégué à l'Assemblée
Algérienne, Conseiller Général".
L'électricité n'est installée dans
la région, et au village, qu'en 1954. Et puis..... Eté 1958 : en une nuit, tous les figuiers
sont coupés à la base... C'est, comme pour tant d'autres,
une vie de travail anéantie... Et le fidèle serviteur de lui dire un jour : En 1955 il a été nommé Délégué
à l'Assemblée Algérienne.
En 1963, se préoccupant du sort des Anciens Délégués
et de leurs familles, devenu Président de l'Association des Anciens
Délégués à l'Assemblée Algérienne,
il fait le siège des ministères, se bat avec son énergie
coutumière accrue par le drame des Harkis, et finit par obtenir
gain de cause auprès du Président de la République,
Georges Pompidou... Le rayonnement de cet homme ne s'est pas limité
à sa vie publique, et se retrouve dans sa vie privée. Germain Marquié a, d'un premier mariage, deux enfants
: André et Irène. Dans le village, vit une jeune adolescente, Carmen GIMNEZ,
orpheline à 14 ans, engagée dans une famille qui la maltraite
et lui fait mener une existence épouvantable. Tout le village est
au courant de ces conditions révoltantes. Un jour, elle se sauve,
et arrive à la ferme, et, sanglotant dans les bras de "Gaby",
la supplie, accrochée à son cou : Ainsi, Camille aura le grand bonheur d'accompagner à
l'autel, le jour de leur mariage : Joli rôle que lui a confié son destin, et belle récompense.... Il meurt en juillet 1983, à l'âge de 94 ans, nous laissant "le témoignage d'une vie de droiture, de bonté et de générosité, d'obstination tenace et joyeuse dans le travail, d'intégrité et de patriotisme," dans un amour sans limites de son pays perdu. Un pionnier, parmi tant d'autres, qui, n'en déplaise au "Vent de l'Histoire", a contribué à sortir du néant le "pays de Barbarie", pour en faire une splendide province française. Geneviève Bortolotti-Troncy
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