les feuillets d'El-Djezaïr
Henri Klein

Quelques Monuments
- Jenina
(Dar-Sultan)
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Palais d'Hiver
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Résidence de l'Amiral (Coptan-Raïs)
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Hôtel de l'Intendance (Dar-Souf)(devenu hôtel de la division)
sur site le 9-3-2009

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Quelques Monuments
Jénina (Dar-Sultan)


La Jénina, palais des Deys, s'étendait de la rue du Divan à la rue Jénina. Elle comprenait plusieurs bâtiments : le Palais proprement dit (Dar-Sultan), construit par Salah Raïs, de 1552 à 1556, que surmonta, en 1842, une horloge, placée dans la suite sur le minaret de la Mosquée-Neuve; l'actuel archevêché; la mosquée Ech-Chouach (entrée de la rue Bab-el-Oued; Dar-Ahmed, l'ancien harem du Dey Ahmed, assassiné en 1808; les fours et les magasins de la Manutention, limités par la rue Jénina. (Voir à : Autres Bâtiments Militaires).

Le bâtiment Dar-Ahmed, s'ouvrant rue Bruce, servit de résidence au Dey Ahmed qui régna de 1805 à 1808. Ce bâtiment, sous Louis-Philippe, fut affecté au Directeur de l'Intérieur, puis, en 1849, au Secrétaire Général, qui antérieurement avait été rue de la Charte et aussi rue de l'état-major. Y résida plus tard le Sous-gouverneur et, à nouveau; le Secrétaire Général. L'intérieur en fut richement décoré à l'intention du Sous-gouverneur.

Il est probable que Dar-Sultan ne fut au début, que la résidence agrandie du roi berbère, Sélim ben Teumi, dans laquelle celui-ci fut tué sur l'ordre du Turc Aroudj.

Sous le palais passait une voûte, débouchant sur la place du Gouvernement, voûte à laquelle aboutissaient les rues du Divan, du Soudan et de l'Etat-Major. (Voir à Rues).

La plus ancienne description de la Jénina qu'on possède est celle de Nicolas de Nicolaï, seigneur d'Amfreville, valet de chambre et géographe ordinaire d'Henri II. Nicolaï se trouvait de passage à Alger, en 1550, avec le sieur d'Aramont, ambassadeur de France en Turquie (Berbrugger).

Il nous apprend qu'à cette époque le point culminant d'Alger était le quartier Katarougil.

La Jénina comprenait tout d'abord une grande cour, puis une autre moins grande au milieu de laquelle était un petit vivier carré avec, autour, des sièges plaqués de faïences. Au midi de cette cour, était une grande fontaine destinée au service de la maison.

A l'un des angles se dressait un grand escalier de bois qu'on retrouva en 1830 et qui aboutissait à une longue galerie soutenue par des colonnes, les unes de divers marbres, les autres de pierres blanches. Au milieu du pavé tout émaillé de carreaux coloriés, bouillonnait "par un grand artifice", une petite fontaine de forme octogonale.

Au bout de cette galerie et sur un bas siège de marqueterie, se tenait le Pacha vêtu d'une robe de damas blanc.

L'entrée se trouvait au début de la rue Bab-el-Oued, près de la rue du Mezouar, devenue rue Mahon. En cet endroit se trouvait un petit jardin (jénina) dont le nom fut d'abord donné seulement au palais du Dey, puis plus tard, à l'ensemble des bâtiments s'étendant de la rue du Divan à la rue Jénina.

Ce fut dans ce palais, qu'en 1529 périt, sous le bâton, l'héroïque défenseur du Peñon : Martin de Vargaz. (Voir : Prise du Penon).

C'était dans la deuxième cour que le Divan s'assemblait, les dimanches, les lundis les mardis. La grande réunion eut lieu plus tard (aprés 1817), à la Casbah, le samedi. Dans cette cour étaient jugés les criminels, amenés, les esclaves à vendre, reçus en audiences, les consuls. Ce lieu, théâtre pendant des siècles, de nombreux événements historiques, devint après 1830, magasin des Messageries de Blidah.

Cette cour avait été, avant l'arrivée des Français, recouverte d'une voûte afin que Divan fût mis à l'abri de la pluie et du soleil.

Dans la salle des réceptions se trouvait un trône en marbre recouvert de tapis, sur quel était étendue une peau de lion quand le Dey devait y monter.

Une inscription placée jadis au-dessus de la porte du Corps de garde de la Jénina faisait mention d'un mortier de marbre placé là, où l'on pilait la tête de certainscondamnés à mort.

A cette description, nous ajouterons quelques détails publiés en 1830 par M.Trapani, ancien attaché de chancellerie à Alger.

"Ce palais, dit celui-ci, présente une grande quantité de fenêtres garnies de grilles de fer où des milliers de pigeons déposent leurs nids. Ces animaux sont attirés là, par l'habitude d'un repas journalier que le Dey leur fait servir. Vers dix heures du matin, quelques esclaves chargés de sacs de blé, viennent répandre leur grain sur la terrasse intérieure qui donne sur la grande cour. En un clin œil, blé et pigeons disparaissent."

"Devant la porte, se tient la garde des janissaires qui fait mettre chapeau bas aux chrétiens et oblige les Juifs qui passent, à se déchausser."

"Ils fument continuellement des pipes sur la placette ouverte en face du palais qu'orne une fontaine de marbre. Sur cette placette ont lieu souvent des exécutions capitales.
"

Nous compléterons ces divers renseignements en disant qu'un incendie dévasta la jenina en 1845 et que l'édifice fut démoli en 1856, malgré une éloquente protestation de Berbrugger.

Pour leur sécurité, les deux derniers deys, Ali et Hussein, habitèrent la Casbah. Leurs derniers prédécesseurs avaient été : Baba Hassan (1791-1798); Mustapha Pacha (1798-1805); Ahmed (1805-1808); Ali-er-R'assal (1808); Hadj Ali (1808-1815); Mohammed (1815); Omar Agha (1815-1817).

Le Dey Ali Khodja mourut de la peste. Hussein détint le pouvoir de 1818 à 1830. Il mourut à Alexandrie en 1839.

Palais d'Hiver

Ce palais portait autrefois le nom de Dar-Hassan-Pacha ( Edifié en 1791.). Sa porte principale dont l'encadrement de pierre subsiste encore, se trouvait dans la rue du Soudan ( En 1839, l'entrée fut placée en face de l'Archevêché.). Ce devint la propriété d'Omar-Bey, beau-fils d'Hussein et de la sœur germaine de ce prince, "l'Illustre dame N'fiça bent El-Hadj Hussein". L'un et l'autre se retirèrent à Alexandrie après les événements de 1830. N'fiça ( Nom orthographié aussi "N'fissa") était mariée au Sid, Kaïd Ismaël. Le nom que portait la maison était celui du Dey Hassan dont Hussein était le gendre.

Dar-Hassan-Pacha, ainsi que deux maisons de la rue du Soudan attenantes an palais, furent, après la conquête, prises par l'État qui, le 13 mai 1835, s'en constitua locataire pour neuf années, moyennant une rente annuelle de 6.000 francs. Une somme de 26.250 francs fut en outre offerte pour l'occupation antérieure. Cependant, des Européens ayant cherché à devenir acquéreurs de ces immeubles, l'État décida, la même année, de faire reposer sa location sur un bail perpétuel.

A ce moment, le prince Omar fut poursuivi pour dettes par un négociant d'Alexandrie (1835). Le consul d'Angleterre, Saint-John, qui représentait celui-ci et un autre créancier de Candi, réclamait la somme de 24 mille francs. Le Génie refusa de verser les rentes réclamées par Omar-Bey. Celui-ci, continuant à se signaler par ses prodigalités et compromettant ainsi l'héritage de ses enfants, fut mis en interdit. Cette mesure de rigueur ne prit fin qu'en 1843, époque à laquelle elle fut remplacée par l'imposition "du conseil d'un syndic".

Le prince Omar qui, de bonne heure, était revenu à Alger, demeura tout d'abord au n° 2 de la rue du Croissant, puis plus tard, en 1842, au n° 229 de la rue Porte- Neuve. On le désignait par l'appellation suivante : Hadj Omar El-Hanefi Pacha.

Les trois maisons constituant actuellement le palais, devinrent : la première, Résidence d'hiver du Gouverneur; les deux autres, hôtel de l'Etat-Major et Hôtel des Aides de Camp. D'autres maisons de la rue du Soudan furent des dépendances du palais; l'une d'elles, qui portait le n°14, avait été donnée par Hassan Pacha à une esclave blanche (euldja aba), nommée Gaussem. Le n° 15 appartenait au Khodjet El-Kheil (4Ministre des Haras.) ainsi que le n° 17 (5Une intéressante fontaine de marbre et de beaux auvents sculptés subsistent encore dans la rue du Soudan.).

En 1839, une façade nouvelle fut donnée par le Génie au monument qui, du côté de la place du Soudan, fut pourvu de fenêtres ogivales et d'un portail à colonnes de marbre jaspé. La porte d'entrée fut de noyer massif sculpté; les ferrures, en bronze
doré. Par un escalier de marbre qui existe toujours, le Gouverneur avait accès dans la Cathédrale où lui était réservée une tribune.

Furent les hôtes de ce palais : l'Empereur et l'Impératrice en 1860, l'Empereur à nouveau en 1865, le Président Loubet en 1903.

Le magnifique salon à dentelles de plâtre, donnant sur la place, fait partie de œuvre nouvelle. Il fut procédé à de nombreux embellissements dans la grande cour à colonnes ciselées, et en diverses salles que parent d'admirables plafonds de bois sculptéet colorié.

Le 23 octobre 1845, le Palais d'Hiver fut remis aux Domaines qui eut à sa charge la rente perpétuelle de 3.800 francs, représentant le loyer de cet immeuble. Ce palais est demeuré la propriété de l'État.

En 1847, le 1er janvier, Alexandre Dumas, sur l'invitation du Maréchal Gouverneur, assista à Dar-Hassan-Pacha, à l'investiture du chef kabyle Mokrani.

En 1864, en ce palais, le corps du Maréchal Pélissier, décédé à Mustapha supérieur, demeura exposé, du 24 mai au 4 juin.

En 1937, au mois d'avril, y eut lieu une exposition de remarquables souvenirs du Maréchal Bugeaud, légués à la Colonie par la famille du grand soldat.

Résidence de l'Amiral (Coptan-Raïs)

La résidence du Coptan-Raïs date de 1826. La voûte qui supporte l'édifice fut construite avec des pierres romaines de Rusguniae (mentionné à : Le Port). Les magasins attenantsà cette voûte furent construits en 1814, sous Hadj Ali, ainsi que le relate une inscription placée au-dessus de la porte d'entrée de la chapelle de ce quartier, sous le règne d'Hussein. On en connaît les décorations intérieures décrites précédemment. ; nous ajouterons que sa cour à colonnes comprenait jadis quatre fontaines à ablutions.

L'agent diplomatique, Trapani, qui était en fonctions à Alger en 1830, dit que le kiosque où l'on accordait audience aux consuls, était entouré de caisses placées là, en guise de sièges.

Auprès de ce bâtiment, au-dessus de la fontaine Baba-Ali, était la maison de Oukil-el-Hardj (ministre de la Marine).

"Ce fonctionnaire, dit Trapani, se tient toujours ( sauf le vendredi) devant sa porte, assis les jambes croisées."

L'entrée ressemble à la fois à un magasin et à une cuisine de café. Là, se tiennent les jeunes captifs mignons. La pièce supérieure a l'apparence d'un grenier arrangé avec des tapis et des coussins. Il s'y trouve quelques pipes.

"Le ministre dirige les travaux qui concernent son département. Il se préoccupe de donner des ordres pour la distribution des articles nécessaires aux constructions et aux armements et pour le maintien de l'ordre parmi les malheureux esclaves que parfois un inspecteur turc vient frapper de verges au point de les laisser évanouis."

Les résidences du Coptan-Raïs et de l'Oukil-el-Hardj sont aujourd'hui occupées par le Contre-Amiral chef de la Marine en Algérie. Un nouveau décor fut donné à l'édifice extérieurement et intérieurement, il y a quelque trente ans. S'y remarquent : colonnes de marbre, plafonds de bois sculpté et enluminé, plâtres ciselés, faïences anciennes. Retient surtout les regards, la coupole brodée du grand salon, où figurent, en arabe, les noms des amiraux : Duquesne, Tourville, d'Estrées et Duperré.

Autrefois, une mosquée sans minaret était attenante à cette résidence. Une chapelle chrétienne fut là, longtemps, s'ouvrant sous la voûte, qu'inaugura Mgr Pavy, le 8 août 1850.

Au-dessous de l'ancien kiosque et à l'entrée de la précitée voûte, une inscription fut placée sous Hussein, qu'a traduite ainsi le professeur Colin :

"Le Gouverneur Sultan d'Alger a fait cette construction. Hussein-Pacha, mine de miséricorde, a donné ses soins à cet édifice. Dieu désire sans cesse la Guerre Sainte, de ses intentions pures comme la perle. Que la vérité rende son Étendard toujours victorieux.

"Il a donné à ce bâtiment des bases quadrangulaires avec des arceaux reliés les uns aux autres.

"Désirant qu'elle reste comme un monument, cet homme généreux a établi cette construction dont les fenêtres sont opposées à la mer, dont le dôme s'élève au faîte du ciel. C'est la demeure des amiraux champions de la Guerre Sainte et conquérants. Un modèle nouveau ayant été créé, on édifia ce pavillon que la langue ne saurait décrire et dont le plan est une œuvre d'art au-dessus de toutes les louanges.

"Énonce sa date : "Quelle belle chose Dieu a voulue! La vérité a rendu parfait son achèvement." - Année 1242 (1826-1827).


Après l'amiral Duperré, le service de la Marine eut à sa tête, à Alger, d'abord 3 capitaines de vaisseau, puis jusqu'à ce jour, 58 contre ou vice-amiraux.

Capitaines de vaisseau : Cosmao-Dumanoir (1831); Gallois (1832); Le Blanc (1834);

Contre-amiraux : Botherel de la Bretonnière (1834; Manouvrier-Dufrêne (1835); baron de Bougainville (1838); Lainé (1841); Rigodit (1841); Faure (1842); Rigodit (1843); Dubourdieu (1848); Delassau (1849); Graeb (1850); Lemarié (1851); Laroque de Chanfray (1853); comte de Gourdon (1854); vicomte de Chabannes (1855); Fourichon (1857); du Bouzet (1859); Baudin (1860); d'Abville (1862); Lacapelle (1864); Fabre la Maurelle (1867); Le Normant de Kergrist (1872); Le Couriault du Quilio (1875); Dupin de Saint-André (1877); Vicari (1879); Franquet (1881); Ribell (1882); Carof (1885); Baux (1886); Marcq de Blond de Saint-Hilaire (1888); Augey Dufresse (1890); Vivielle (1891); Pougin de la Maisonneuve (1893); Fournier (1895); Roustan (1896); Mac-Guckin de Slane (1896); Servan (1898); Courrejolles (1901), nommé sur place vice-amiral; Gaillard (1902); de Percin(1903); Rouvier (1906); Arago (1908); Mallet (1910); Cros (1911); Habert (1913); Pradier (1914); Serre (1916); Eng (1919); Laugier (1920); vice-amiral Varney (1922) (avec le contre-amiral d'Adhémar de Cransac); vice-amiral Exelmans (1924) (avec le contretmiral Olmi); contre- amiral Grandclément (1924) (sous l'autorité de Bizerte); contre- amiral Vindry (1925) (promu sur place vice-amiral); contre-amiral Olmi (1927); contre-amiral Bouis (1928); contre-amiral Darlan (1930); contre-amiral Peytes de Montcabrier (1931); Mottet (1935).

L'Hôtel de la Marine s'illustra de nombreuses visites de marque. A ce propos s'indiquent le roi Édouard VII et la reine Alexandra, qui, le 16 avril 1905, reçurent à l'Amirauté les hommages de la colonie anglaise d'Alger. Pour 1903 est à mentionner le Président Loubet.

Hôtel de l'Intendance (Dar-Souf)(devenu hôtel de la division)

Ainsi qu'il a été dit précédemment, Mustapha Pacha possédait dans la rue de l'Etat-Major ( A l'entrée de la rue de l'Intendance se trouvait une porte de quartier. La fontaine située au-dessus du palais était appelée la fontaine Rouge (Kin-el-Hamra), comme celle de la rue Philippe.), le palais devenu après la conquête, Hôtel de l'Intendance qu'habita en 1831, l'Intendant en Chef, baron Bondurand.

Le Dey, en 1798, avait fait élever ce palais sur l'emplacement de maisons anciennes dont il ordonna la démolition dès qu'il les eut acquises. Parmi ces maisons il y avait, lui tournant de la rue de l'état-major, le marabout dénommé : Dar Sidi ben \bdallah. L'entrée de la maison du souverain - qui se trouve dans la rue de 'Intendance - est remarquable par ses grandes proportions. L'intérieur de l'édifice est l'une fort belle architecture.

En 1805, cette maison fut confisquée ainsi que les autres biens de Mustapha- Pacha par le Dey Ahmed qui la fit déclarer : Bien des Janissaires, "attendu qu'elle ,vait été construite avec les deniers de l'armée". Elle fut utilisée avant 1830, comme entrepôt des laines ( Laines fournies obligatoirement au Beylick par les tribus), d'où le nom de Dar-Souf par lequel on la désigna alors.

Ce palais se signale au dehors, par un bel auvent de cèdre sculpté décorant l'entrée. Dans l'intérieur, se remarquent des panneaux de Delft, d'Italie, offrant d'harmonieux bouquets, de gracieuses rosaces - des colonnes enguirlandées et environnées d'amours - des salons à coupoles, à plafonds polychromes, à parois brodées et émaillées - de belles portes ouvragées, sous les deux galeries en superposition, dont s'entoure le patio.

Dar-Souf fut occupé, eu 1859, par le général de Martimprey. Ce devint, en 1871, le siège de la Cour d'Assises et du Parquet Général (jusqu'en 1885).

Les généraux de cavalerie l'habitèrent de 1885 à 1909. C'est, depuis, l'hôtel du général commandant la Division.

En face du palais, sous la voûte de la rue de l'état-major, se trouva en 1871, l'ancien tribunal civil où était enclavé le tombeau du saint Sahab Et-Trik. (Un autre saint, du même nom, est inhumé rue de la Grue).

En cet endroit demeura le Sid Ahmed, deuxième fils de Mustapha-Pacha. Ce prince épousa, en 1823, la fille d'un marchand de cierges. Il mourut en 1849. Dar-Souf fut classé, en avril 1887.

A l'Hôtel de l'Intendance, on l'a vu plus haut, furent données les premières soirées par le baron Bondurand et la baronne née Félicie de Saivre. Près de Dar-Souf, et séparée de ce palais par la rue de l'état-major, se trouve (en face de la placette de ce nom), la maison qui servit avant la Conquête, de résidence aux Pères Lazaristes. Là, furent, comme nous l'avons indiqué à ce propos, le P. Levacher et le Chevalier d'Arvieux.

Après les intendants en chefs : baron Denniée et baron Volland, l'administration de la colonie compta, comme intendant civil et militaire, le dit baron Bondurand; comme intendants civils : le baron Pichon (janvier 1832); MM. Genty de Bussy (mai 1834); Lepasquier (1835); Bresson (1836).

Furent ensuite comme Directeurs des Affaires Civiles: MM. Blondel et Faucher, puis au titre de Directeurs de l'Intérieur : MM. le comte Guyot (1839); Waïsse (1847).

Comme Secrétaires généraux du Gouvernement, s'énoncent : MM. de Caze (1830); Vallet-Chevigny (1835); Waïsse (1838); Soi (1842) (1Ces quatre premiers toutefois, plus spécialement désignés- Secrétaires du Gouvernement.); Mercier-Lacombe (1848); Zoepfell (1853); Lapaine (1854); Toustain-Dumanoir (1857); Olivier Serph (1863); Brosselard (1864); le Maître des Requêtes H. Faré (1866); Testu (1869); Lebutteux (1871); Martin (1880); Durieu (1882); Du Champ (1892); Muller (1894); Berseville (1896); Delaney (1899); Varnier (1901); Perrier (1912), nommé sous- gouverneur); Goublé (1919, non installé); Bordes (1919); Dublef (1920), nommé Gouverneur honoraire); Causeret (1926); Peyrouton (1930); Souchier (1933); Giaccobi (1936); Grégoire (1937).

A signaler que, dans l'intervalle 1871-1880, furent en qualité de Directeurs généraux : MM. Tassin (1871-73); Toustain-Dumanoir (1873-77); le Conseiller d'État, le Myre de Vilers (1877-79); Regnault (1879-80).

La mention faite ci-dessus de la Cour d'Assises, peut suggérer la curiosité de savoir ce que fut et où fut la justice à Alger autrefois. Quelques détails donc à ce sujet, que nous avons d'ailleurs donnés déjà en novembre 1926, lors de la visite du Comité du Vieil Alger en la résidence du Premier Président, Roche :

La justice en 1830 débuta modestement. Avec le Consul Alexandre Deval, elle exerça au Civil et au Commercial. Avec M. Roland de Bussy, elle détint la Police Correctionnelle. Quant aux affaires criminelles, elle se bornait à les instruire, les renvoyant ensuite à Aix ou à Marseille. A cette justice échappaient nombre de questions relevant des Consuls, des Clergés musulman et israélite et de l'Autorité Militaire de laquelle dépendaient certaines catégories indigènes. En septembre 1834, il fut procédé, à la Mairie, rue Socgemah, à l'installation solennelle de tribunaux de première instance, de commerce et d'un tribunal supérieur. Le député Laurence était alors commissaire spécial de la justice en Algérie.

En 1834, Alger eut sa Cour de justice, en l'actuel n° 2 de la rue Bélisaire, puis, comme le confirme l'Almanach de 1839, 15, rue Bruce, en la future résidence du secrétaire général. Le Tribunal Correctionnel furent rue Jean Ban, n° 15, où l'on installa également une Justice de Paix. En 1855, le Tribunal Civil fut, rue d'Orléans. En 1841, la Cour d'Appel qui remplaça la Cour de Justice, voisina, rue Bruce, avec la Mairie nouvelle. Son Greffe occupa, rue Socgemah, une maison contiguë à celle du Procureur Général. En 1871, comme il a été dit, le Parquet vint à Dar-Souf, en même temps que la Cour d'Assises, créée en 1854. Le Tribunal Correctionnel fut après, rue de l'Etat Major, sous la voûte, en une maison devenue rendez-vous des touristes. En 1885, fut inauguré le Palais de Justice, rue de Constantine, œuvre de l'architecte Gion, de Paris. Antérieurement, en 1865, l'architecte Chassériau avait conçu pour la Place de la Lyre, un Palais de Justice dont l'Empereur, alors à Alger, approuva les plans. Le projet devait demeurer sans suite.