Quelques Monuments
Jénina (Dar-Sultan)
La Jénina, palais des Deys,
s'étendait de la rue du Divan à la rue Jénina. Elle
comprenait plusieurs bâtiments : le Palais proprement dit (Dar-Sultan),
construit par Salah Raïs, de 1552 à 1556, que surmonta, en
1842, une horloge, placée dans la suite sur le minaret de la Mosquée-Neuve;
l'actuel archevêché; la mosquée Ech-Chouach (entrée
de la rue Bab-el-Oued; Dar-Ahmed, l'ancien harem du Dey Ahmed, assassiné
en 1808; les fours et les magasins de la Manutention, limités par
la rue Jénina. (Voir à : Autres Bâtiments Militaires).
Le bâtiment Dar-Ahmed, s'ouvrant
rue Bruce, servit de résidence au Dey Ahmed qui régna
de 1805 à 1808. Ce bâtiment, sous Louis-Philippe, fut affecté
au Directeur de l'Intérieur, puis, en 1849, au Secrétaire
Général, qui antérieurement avait été
rue de la Charte et aussi rue de l'état-major. Y résida
plus tard le Sous-gouverneur et, à nouveau; le Secrétaire
Général. L'intérieur en fut richement décoré
à l'intention du Sous-gouverneur.
Il est probable que Dar-Sultan ne fut au début, que la résidence
agrandie du roi berbère, Sélim ben Teumi, dans laquelle
celui-ci fut tué sur l'ordre du Turc Aroudj.
Sous le palais passait une voûte, débouchant sur la place
du Gouvernement, voûte à laquelle aboutissaient les rues
du Divan, du Soudan et de l'Etat-Major. (Voir
à Rues).
La plus ancienne description de la Jénina qu'on possède
est celle de Nicolas de Nicolaï, seigneur d'Amfreville, valet de
chambre et géographe ordinaire d'Henri II. Nicolaï se trouvait
de passage à Alger, en 1550, avec le sieur d'Aramont, ambassadeur
de France en Turquie (Berbrugger).
Il nous apprend qu'à cette époque le point culminant d'Alger
était le quartier Katarougil.
La Jénina comprenait tout d'abord une grande cour, puis une autre
moins grande au milieu de laquelle était un petit vivier carré
avec, autour, des sièges plaqués de faïences. Au midi
de cette cour, était une grande fontaine destinée au service
de la maison.
A l'un des angles se dressait un grand escalier de bois qu'on retrouva
en 1830 et qui aboutissait à une longue galerie soutenue par des
colonnes, les unes de divers marbres, les autres de pierres blanches.
Au milieu du pavé tout émaillé de carreaux coloriés,
bouillonnait "par un grand artifice", une petite fontaine
de forme octogonale.
Au bout de cette galerie et sur un bas siège de marqueterie, se
tenait le Pacha vêtu d'une robe de damas blanc.
L'entrée se trouvait au début de la rue Bab-el-Oued, près
de la rue du Mezouar, devenue rue Mahon. En cet endroit se trouvait un
petit jardin (jénina) dont le nom fut d'abord donné seulement
au palais du Dey, puis plus tard, à l'ensemble des bâtiments
s'étendant de la rue du Divan à la rue Jénina.
Ce fut dans ce palais, qu'en 1529 périt, sous le bâton, l'héroïque
défenseur du Peñon : Martin de Vargaz. (Voir : Prise
du Penon).
C'était dans la deuxième cour que le Divan s'assemblait,
les dimanches, les lundis les mardis. La grande réunion eut lieu
plus tard (aprés 1817), à la Casbah, le samedi. Dans cette
cour étaient jugés les criminels, amenés, les esclaves
à vendre, reçus en audiences, les consuls. Ce lieu, théâtre
pendant des siècles, de nombreux événements historiques,
devint après 1830, magasin des Messageries de Blidah.
Cette cour avait été, avant l'arrivée des Français,
recouverte d'une voûte afin que Divan fût mis à l'abri
de la pluie et du soleil.
Dans la salle des réceptions se trouvait un trône en marbre
recouvert de tapis, sur quel était étendue une peau de lion
quand le Dey devait y monter.
Une inscription placée jadis au-dessus de la porte du Corps de
garde de la Jénina faisait mention d'un mortier de marbre placé
là, où l'on pilait la tête de certainscondamnés
à mort.
A cette description, nous ajouterons quelques détails publiés
en 1830 par M.Trapani, ancien attaché de chancellerie à
Alger.
"Ce palais, dit celui-ci, présente une grande quantité
de fenêtres garnies de grilles de fer où des milliers de
pigeons déposent leurs nids. Ces animaux sont attirés là,
par l'habitude d'un repas journalier que le Dey leur fait servir. Vers
dix heures du matin, quelques esclaves chargés de sacs de blé,
viennent répandre leur grain sur la terrasse intérieure
qui donne sur la grande cour. En un clin il, blé et pigeons
disparaissent."
"Devant la porte, se tient la garde des janissaires qui fait mettre
chapeau bas aux chrétiens et oblige les Juifs qui passent, à
se déchausser."
"Ils fument continuellement des pipes sur la placette ouverte en
face du palais qu'orne une fontaine de marbre. Sur cette placette ont
lieu souvent des exécutions capitales."
Nous compléterons ces divers renseignements en disant qu'un incendie
dévasta la jenina en 1845 et que l'édifice fut démoli
en 1856, malgré une éloquente protestation de Berbrugger.
Pour leur sécurité, les deux derniers deys, Ali et Hussein,
habitèrent la Casbah. Leurs derniers prédécesseurs
avaient été : Baba Hassan (1791-1798); Mustapha Pacha (1798-1805);
Ahmed (1805-1808); Ali-er-R'assal (1808); Hadj Ali (1808-1815); Mohammed
(1815); Omar Agha (1815-1817).
Le Dey Ali Khodja mourut de la peste. Hussein détint le pouvoir
de 1818 à 1830. Il mourut à Alexandrie en 1839.
Palais d'Hiver
Ce palais portait autrefois le nom de Dar-Hassan-Pacha
( Edifié
en 1791.). Sa porte principale dont l'encadrement de pierre
subsiste encore, se trouvait dans la rue du Soudan ( En
1839, l'entrée fut placée en face de l'Archevêché.).
Ce devint la propriété d'Omar-Bey, beau-fils d'Hussein et
de la sur germaine de ce prince, "l'Illustre dame N'fiça
bent El-Hadj Hussein". L'un et l'autre se retirèrent à
Alexandrie après les événements de 1830. N'fiça
( Nom orthographié aussi "N'fissa")
était mariée au Sid, Kaïd Ismaël. Le nom que portait
la maison était celui du Dey Hassan dont Hussein était le
gendre.
Dar-Hassan-Pacha, ainsi que deux maisons
de la rue du Soudan attenantes an palais, furent, après la conquête,
prises par l'État qui, le 13 mai 1835, s'en constitua locataire
pour neuf années, moyennant une rente annuelle de 6.000 francs.
Une somme de 26.250 francs fut en outre offerte pour l'occupation antérieure.
Cependant, des Européens ayant cherché à devenir
acquéreurs de ces immeubles, l'État décida, la même
année, de faire reposer sa location sur un bail perpétuel.
A ce moment, le prince Omar fut poursuivi pour dettes par un négociant
d'Alexandrie (1835). Le consul d'Angleterre, Saint-John, qui représentait
celui-ci et un autre créancier de Candi, réclamait la somme
de 24 mille francs. Le Génie refusa de verser les rentes réclamées
par Omar-Bey. Celui-ci, continuant à se signaler par ses prodigalités
et compromettant ainsi l'héritage de ses enfants, fut mis en interdit.
Cette mesure de rigueur ne prit fin qu'en 1843, époque à
laquelle elle fut remplacée par l'imposition "du conseil
d'un syndic".
Le prince Omar qui, de bonne heure, était revenu à Alger,
demeura tout d'abord au n° 2 de la rue du Croissant, puis plus tard,
en 1842, au n° 229 de la rue Porte- Neuve. On le désignait
par l'appellation suivante : Hadj Omar El-Hanefi Pacha.
Les trois maisons constituant actuellement le palais, devinrent : la première,
Résidence d'hiver du Gouverneur; les deux autres, hôtel de
l'Etat-Major et Hôtel des Aides de Camp. D'autres maisons de la
rue du Soudan furent des dépendances du palais; l'une d'elles,
qui portait le n°14, avait été donnée par Hassan
Pacha à une esclave blanche (euldja aba), nommée Gaussem.
Le n° 15 appartenait au Khodjet El-Kheil (4Ministre
des Haras.) ainsi que le n° 17 (5Une
intéressante fontaine de marbre et de beaux auvents sculptés
subsistent encore dans la rue du Soudan.).
En 1839, une façade nouvelle fut donnée par le Génie
au monument qui, du côté de la place du Soudan, fut pourvu
de fenêtres ogivales et d'un portail à colonnes de marbre
jaspé. La porte d'entrée fut de noyer massif sculpté;
les ferrures, en bronze doré.
Par un escalier de marbre qui existe toujours, le Gouverneur avait accès
dans la Cathédrale où lui était réservée
une tribune.
Furent les hôtes de ce palais : l'Empereur et l'Impératrice
en 1860, l'Empereur à nouveau en 1865, le Président Loubet
en 1903.
Le magnifique salon à dentelles de plâtre, donnant sur la
place, fait partie de uvre nouvelle. Il fut procédé
à de nombreux embellissements dans la grande cour à colonnes
ciselées, et en diverses salles que parent d'admirables plafonds
de bois sculptéet colorié.
Le 23 octobre 1845, le Palais d'Hiver fut remis aux Domaines qui eut à
sa charge la rente perpétuelle de 3.800 francs, représentant
le loyer de cet immeuble. Ce palais est demeuré la propriété
de l'État.
En 1847, le 1er janvier, Alexandre Dumas, sur l'invitation du Maréchal
Gouverneur, assista à Dar-Hassan-Pacha, à l'investiture
du chef kabyle Mokrani.
En 1864, en ce palais, le corps du Maréchal Pélissier, décédé
à
Mustapha supérieur, demeura exposé, du 24 mai
au 4 juin.
En 1937, au mois d'avril, y eut lieu une exposition de remarquables souvenirs
du Maréchal Bugeaud, légués à la Colonie par
la famille du grand soldat.
Résidence de
l'Amiral (Coptan-Raïs)
La résidence du Coptan-Raïs date
de 1826. La voûte qui supporte l'édifice fut construite avec
des pierres romaines de Rusguniae (mentionné à : Le
Port). Les magasins attenantsà cette voûte furent
construits en 1814, sous Hadj Ali, ainsi que le relate une inscription
placée au-dessus de la porte d'entrée de la chapelle de
ce quartier, sous le règne d'Hussein. On en connaît les décorations
intérieures décrites précédemment. ; nous
ajouterons que sa cour à colonnes comprenait jadis quatre fontaines
à ablutions.
L'agent diplomatique, Trapani, qui était en fonctions à
Alger en 1830, dit que le kiosque où l'on accordait audience aux
consuls, était entouré de caisses placées là,
en guise de sièges.
Auprès de ce bâtiment, au-dessus de la fontaine Baba-Ali,
était la maison de Oukil-el-Hardj (ministre de la Marine).
"Ce fonctionnaire, dit Trapani, se tient toujours ( sauf
le vendredi) devant sa porte, assis les jambes croisées."
L'entrée ressemble à la fois à un magasin et à
une cuisine de café. Là, se tiennent les jeunes captifs
mignons. La pièce supérieure a l'apparence d'un grenier
arrangé avec des tapis et des coussins. Il s'y trouve quelques
pipes.
"Le ministre dirige les travaux qui concernent son département.
Il se préoccupe de donner des ordres pour la distribution des articles
nécessaires aux constructions et aux armements et pour le maintien
de l'ordre parmi les malheureux esclaves que parfois un inspecteur turc
vient frapper de verges au point de les laisser évanouis."
Les résidences du Coptan-Raïs et de l'Oukil-el-Hardj sont
aujourd'hui occupées par le Contre-Amiral chef de la Marine en
Algérie. Un nouveau décor fut donné à l'édifice
extérieurement et intérieurement, il y a quelque trente
ans. S'y remarquent : colonnes de marbre, plafonds de bois sculpté
et enluminé, plâtres ciselés, faïences anciennes.
Retient surtout les regards, la coupole brodée du grand salon,
où figurent, en arabe, les noms des amiraux : Duquesne, Tourville,
d'Estrées et Duperré.
Autrefois, une mosquée sans minaret était attenante à
cette résidence. Une chapelle chrétienne fut là,
longtemps, s'ouvrant sous la voûte, qu'inaugura Mgr Pavy, le 8 août
1850.
Au-dessous de l'ancien kiosque et à l'entrée de la précitée
voûte, une inscription fut placée sous Hussein, qu'a traduite
ainsi le professeur Colin :
"Le Gouverneur Sultan d'Alger a fait cette construction. Hussein-Pacha,
mine de miséricorde, a donné ses soins à cet édifice.
Dieu désire sans cesse la Guerre Sainte, de ses intentions pures
comme la perle. Que la vérité rende son Étendard
toujours victorieux.
"Il a donné à ce bâtiment des bases quadrangulaires
avec des arceaux reliés les uns aux autres.
"Désirant qu'elle reste comme un monument, cet homme généreux
a établi cette construction dont les fenêtres sont opposées
à la mer, dont le dôme s'élève au faîte
du ciel. C'est la demeure des amiraux champions de la Guerre Sainte et
conquérants. Un modèle nouveau ayant été créé,
on édifia ce pavillon que la langue ne saurait décrire et
dont le plan est une uvre d'art au-dessus de toutes les louanges.
"Énonce sa date : "Quelle belle chose Dieu a voulue!
La vérité a rendu parfait son achèvement." -
Année 1242 (1826-1827).
Après l'amiral Duperré, le service de la Marine eut à
sa tête, à Alger, d'abord 3 capitaines de vaisseau, puis
jusqu'à ce jour, 58 contre ou vice-amiraux.
Capitaines de vaisseau : Cosmao-Dumanoir (1831); Gallois (1832); Le Blanc
(1834);
Contre-amiraux : Botherel de la Bretonnière (1834; Manouvrier-Dufrêne
(1835); baron de Bougainville (1838); Lainé (1841); Rigodit (1841);
Faure (1842); Rigodit (1843); Dubourdieu (1848); Delassau (1849); Graeb
(1850); Lemarié (1851); Laroque de Chanfray (1853); comte de Gourdon
(1854); vicomte de Chabannes (1855); Fourichon (1857); du Bouzet (1859);
Baudin (1860); d'Abville (1862); Lacapelle (1864); Fabre la Maurelle (1867);
Le Normant de Kergrist (1872); Le Couriault du Quilio (1875); Dupin de
Saint-André (1877); Vicari (1879); Franquet (1881); Ribell (1882);
Carof (1885); Baux (1886); Marcq de Blond de Saint-Hilaire (1888); Augey
Dufresse (1890); Vivielle (1891); Pougin de la Maisonneuve (1893); Fournier
(1895); Roustan (1896); Mac-Guckin de Slane (1896); Servan (1898); Courrejolles
(1901), nommé sur place vice-amiral; Gaillard (1902); de Percin(1903);
Rouvier (1906); Arago (1908); Mallet (1910); Cros (1911); Habert (1913);
Pradier (1914); Serre (1916); Eng (1919); Laugier (1920); vice-amiral
Varney (1922) (avec le contre-amiral d'Adhémar de Cransac); vice-amiral
Exelmans (1924) (avec le contretmiral Olmi); contre- amiral Grandclément
(1924) (sous l'autorité de Bizerte); contre- amiral Vindry (1925)
(promu sur place vice-amiral); contre-amiral Olmi (1927); contre-amiral
Bouis (1928); contre-amiral Darlan (1930); contre-amiral Peytes de Montcabrier
(1931); Mottet (1935).
L'Hôtel de la Marine s'illustra de nombreuses visites de marque.
A ce propos s'indiquent le roi Édouard VII et la reine Alexandra,
qui, le 16 avril 1905, reçurent à l'Amirauté les
hommages de la colonie anglaise d'Alger. Pour 1903 est à mentionner
le Président Loubet.
Hôtel de
l'Intendance (Dar-Souf)(devenu hôtel de la division)
Ainsi qu'il a été dit précédemment,
Mustapha Pacha possédait dans la rue de l'Etat-Major ( A
l'entrée de la rue de l'Intendance se trouvait une porte de quartier.
La fontaine située au-dessus du palais était appelée
la fontaine Rouge (Kin-el-Hamra), comme celle de la rue Philippe.),
le palais devenu après la conquête, Hôtel de l'Intendance
qu'habita en 1831, l'Intendant en Chef, baron Bondurand.
Le Dey, en 1798, avait fait élever ce palais sur l'emplacement
de maisons anciennes dont il ordonna la démolition dès qu'il
les eut acquises. Parmi ces maisons il y avait, lui tournant de la rue
de l'état-major, le marabout dénommé : Dar Sidi ben
\bdallah. L'entrée de la maison du souverain - qui se trouve dans
la rue de 'Intendance - est remarquable par ses grandes proportions. L'intérieur
de l'édifice est l'une fort belle architecture.
En 1805, cette maison fut confisquée ainsi que les autres biens
de Mustapha- Pacha par le Dey Ahmed qui la fit déclarer : Bien
des Janissaires, "attendu qu'elle ,vait été
construite avec les deniers de l'armée". Elle fut utilisée
avant 1830, comme entrepôt des laines ( Laines
fournies obligatoirement au Beylick par les tribus), d'où
le nom de Dar-Souf par lequel on la désigna alors.
Ce palais se signale au dehors, par un bel auvent de cèdre sculpté
décorant l'entrée. Dans l'intérieur, se remarquent
des panneaux de Delft, d'Italie, offrant d'harmonieux bouquets, de gracieuses
rosaces - des colonnes enguirlandées et environnées d'amours
- des salons à coupoles, à plafonds polychromes, à
parois brodées et émaillées - de belles portes ouvragées,
sous les deux galeries en superposition, dont s'entoure le patio.
Dar-Souf fut occupé, eu 1859, par le général de Martimprey.
Ce devint, en 1871, le siège de la Cour d'Assises et du Parquet
Général (jusqu'en 1885).
Les généraux de cavalerie l'habitèrent de 1885 à
1909. C'est, depuis, l'hôtel du général commandant
la Division.
En face du palais, sous la voûte de la rue de l'état-major,
se trouva en 1871, l'ancien tribunal civil où était enclavé
le tombeau du saint Sahab Et-Trik. (Un autre saint, du même nom,
est inhumé rue de la Grue).
En cet endroit demeura le Sid Ahmed, deuxième fils de Mustapha-Pacha.
Ce prince épousa, en 1823, la fille d'un marchand de cierges. Il
mourut en 1849. Dar-Souf fut classé, en avril 1887.
A l'Hôtel de l'Intendance, on l'a vu plus haut, furent données
les premières soirées par le baron Bondurand et la baronne
née Félicie de Saivre. Près de Dar-Souf, et séparée
de ce palais par la rue de l'état-major, se trouve (en face de
la placette de ce nom), la maison qui servit avant la Conquête,
de résidence aux Pères Lazaristes. Là, furent, comme
nous l'avons indiqué à ce propos, le P. Levacher et le Chevalier
d'Arvieux.
Après les intendants en chefs : baron Denniée et baron Volland,
l'administration de la colonie compta, comme intendant civil et militaire,
le dit baron Bondurand; comme intendants civils : le baron Pichon (janvier
1832); MM. Genty de Bussy (mai 1834); Lepasquier (1835); Bresson (1836).
Furent ensuite comme Directeurs des Affaires Civiles: MM. Blondel et Faucher,
puis au titre de Directeurs de l'Intérieur : MM. le comte Guyot
(1839); Waïsse (1847).
Comme Secrétaires généraux du Gouvernement, s'énoncent
: MM. de Caze (1830); Vallet-Chevigny (1835); Waïsse (1838); Soi
(1842) (1Ces quatre premiers toutefois,
plus spécialement désignés- Secrétaires du
Gouvernement.); Mercier-Lacombe (1848); Zoepfell (1853); Lapaine
(1854); Toustain-Dumanoir (1857); Olivier Serph (1863); Brosselard (1864);
le Maître des Requêtes H. Faré (1866); Testu (1869);
Lebutteux (1871); Martin (1880); Durieu (1882); Du Champ (1892); Muller
(1894); Berseville (1896); Delaney (1899); Varnier (1901); Perrier (1912),
nommé sous- gouverneur); Goublé (1919, non installé);
Bordes (1919); Dublef (1920), nommé Gouverneur honoraire); Causeret
(1926); Peyrouton (1930); Souchier (1933); Giaccobi (1936); Grégoire
(1937).
A signaler que, dans l'intervalle 1871-1880, furent en qualité
de Directeurs généraux : MM. Tassin (1871-73); Toustain-Dumanoir
(1873-77); le Conseiller d'État, le Myre de Vilers (1877-79); Regnault
(1879-80).
La mention faite ci-dessus de la Cour d'Assises, peut suggérer
la curiosité de savoir ce que fut et où fut la justice à
Alger autrefois. Quelques détails donc à ce sujet, que nous
avons d'ailleurs donnés déjà en novembre 1926, lors
de la visite du Comité du Vieil Alger en la résidence du
Premier Président, Roche :
La justice en 1830 débuta modestement. Avec le Consul Alexandre
Deval, elle exerça au Civil et au Commercial. Avec M. Roland de
Bussy, elle détint la Police Correctionnelle. Quant aux affaires
criminelles, elle se bornait à les instruire, les renvoyant ensuite
à Aix ou à Marseille. A cette justice échappaient
nombre de questions relevant des Consuls, des Clergés musulman
et israélite et de l'Autorité Militaire de laquelle dépendaient
certaines catégories indigènes. En septembre 1834, il fut
procédé, à la Mairie, rue Socgemah, à l'installation
solennelle de tribunaux de première instance, de commerce et d'un
tribunal supérieur. Le député Laurence était
alors commissaire spécial de la justice en Algérie.
En 1834, Alger eut sa Cour de justice, en l'actuel n° 2 de la rue
Bélisaire, puis, comme le confirme l'Almanach de 1839, 15, rue
Bruce, en la future résidence du secrétaire général.
Le Tribunal Correctionnel furent rue Jean Ban, n° 15, où l'on
installa également une Justice de Paix. En 1855, le Tribunal Civil
fut, rue d'Orléans. En 1841, la Cour d'Appel qui remplaça
la Cour de Justice, voisina, rue Bruce, avec la Mairie nouvelle. Son Greffe
occupa,
rue Socgemah, une maison contiguë à celle du Procureur
Général. En 1871, comme il a été dit, le Parquet
vint à Dar-Souf, en même temps que la Cour d'Assises, créée
en 1854. Le Tribunal Correctionnel fut après, rue de l'Etat Major,
sous la voûte, en une maison devenue rendez-vous des touristes.
En 1885, fut inauguré le Palais
de Justice, rue
de Constantine, uvre de l'architecte Gion, de Paris.
Antérieurement, en 1865, l'architecte Chassériau avait conçu
pour la Place de la Lyre, un Palais de Justice dont l'Empereur, alors
à Alger, approuva les plans. Le projet devait demeurer sans suite.
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