Alger,
LES COCHERS DE FIACRES MANIFESTENT

Les juges ont l'impérieux devoir d'apporter quelques adoucissements aux rigueurs souvent, excessives du Code pénal, disions-nous dans un de nos précédents numéros à propos d'une manifestation des automobilistes algérois.

Les cochers de fiacres d'Alger viennent d'avoir eux aussi l'occasion de témoigner leur mécontentement. Trois, d'entre eux, François l.abanca, Jules Imbert et Noffre Galiéro avaient été-condamnés à deux jours de prison pour avoir, pendant quelques minutes, laissé leur voiture sans gardien, à la porte d'un café où la chaleur de ces jours derniers venait de les inciter à s'arrêter ou en façade de quelque petit édifice public, vers lequel des besoins urgents les appelaient. Pour une si minime contravention aux règlements de police municipale, on leur avait infligé un séjour de quarante-huit heures à Barberousse, antre obscur, où dans un contact, dégradant, ils devaient être les voisins de ces hommes que la société jette au rebut pour leurs tares, leur inconduite, leur criminalité invétérée. Les cochers de fiacres ne voulurent point laisser passer une telle mesure sans appeler sur eux l'attention de la population algéroise, et sans affirmer nettement qu'eux aussi ont droit à plus de pitié de la part de nos magistrats. Aussi plus d'une centaine d'entre eux s'étaient-ils rendus, conduisant leur calèche, sur le terre-plein qui s'étend aux abords de la farouche prison pour acclamer à leur sortie leurs collègues victimes d'une réglementation terroriste.
(suite à droite de l'image.)

Afrique du nord illustrée du 2-8-1913 - Transmis par Francis Rambert
mise sur site : janvier 2021
** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. On est en 1913. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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LES COCHERS DE FIACRES MANIFESTENT

Les juges ont l'impérieux devoir d'apporter quelques adoucissements aux rigueurs souvent, excessives du Code pénal, disions-nous dans un de nos précédents numéros à propos d'une manifestation des automobilistes algérois.

Les cochers de fiacres d'Alger viennent d'avoir eux aussi l'occasion de témoigner leur mécontentement. Trois, d'entre eux, François l.abanca, Jules Imbert et Noffre Galiéro avaient été-condamnés à deux jours de prison pour avoir, pendant quelques minutes, laissé leur voiture sans gardien, à la porte d'un café où la chaleur de ces jours derniers venait de les inciter à s'arrêter ou en façade de quelque petit édifice public, vers lequel des besoins urgents les appelaient. Pour une si minime contravention aux règlements de police municipale, on leur avait infligé un séjour de quarante-huit heures à Barberousse, antre obscur, où dans un contact, dégradant, ils devaient être les voisins de ces hommes que la société jette au rebut pour leurs tares, leur inconduite, leur criminalité invétérée. Les cochers de fiacres ne voulurent point laisser passer une telle mesure sans appeler sur eux l'attention de la population algéroise, et sans affirmer nettement qu'eux aussi ont droit à plus de pitié de la part de nos magistrats. Aussi plus d'une centaine d'entre eux s'étaient-ils rendus, conduisant leur calèche, sur le terre-plein qui s'étend aux abords de la farouche prison pour acclamer à leur sortie leurs collègues victimes d'une réglementation terroriste.
De nombreuses pancartes avaient été accrochées à la carrosserie des véhicules faisant, appel à la justice, à la bienveillance des gouvernants.

Lorsque la porte de Barberousse s'ouvrit, une longue ovation retentit, saluant le retour des trois prisonniers. Rapidement, les calèches se mirent en file, une derrière l'autre, en un cortège qui prit d'abord la direction des tournants Rovigo et gagna au pas l'hôtel de ville pr les rues Henri-Martin et Dumont-d'Urville, la place de la République, la rue Bab-Azoun et la place du Gouvernement. Une foule nombreuse applaudissait au passage la manifestation pacifique, mais concluante des cochers de fiacres d'Alger.

Devant la Mairie, le cortège s'arrêta, attendant la réponse que devaient rapporter quatre cochers envoyés en délégation auprès de M. de Galland. Ceux-ci se heurtèrent à une fin de non-recevoir polie mais édifiante : le maire d'Alger venait, paraît-il, de quitter l'hôtel de ville depuis quelques instants.

Le défilé se remit en marche par le boulevard de la République, les rues Garibaldi, de Constantine et Waïsse. En cet endroit on entendit quelques cris de réprobation à l'intention du journal Le Cri d'Alger qui, il y a quelques jours, avait, énergiquement soutenu le principe de la tenue uniforme pour les cochers algérois.

Par le boulevard Carnot, les manifestants se dirigèrent vers les bureaux de l'Écho d'Alger, devant lesquels ils s'arrêtèrent pour permettre à leurs délégués d'aller remercier M. Baïlac, directeur du journal, d'avoir souvent défendu leurs revendications.

La manifestation touchait à sa fin. Elle parcourut encore le boulevard Laferrière, les rues d'Isly, Dumont-d'Urville, de Constantine, de Strasbourg et de la Liberté, avant de se disloquer devant le. café-bar Colonial où un grand apéritif d'honneur était offert aux malheureux prisonniers.