ESSOR DE L'ALGÉRIE - 1947

25. - Chemins de fer et ports

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ici, mars 2016

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S'étendant sur une superficie de 2.196.000 km2, soit environ quatre fois celle de de la France, l'Algérie a nécessité pour satisfaire à ses besoins vitaux un ensemble de travaux publics particulièrement important.

Si l'on tient compte de ce qu'en 1830 tout était à créer, que les sujétions militaires de l'époque ont entravé dans une large mesure la mise en train et le développement des travaux nécessaires, reportant ainsi leur extension au début du siècle, on comprendra quelles répercussions ont pu avoir les conditions exceptionnelles de pénurie engendrées par la dernière guerre.

Voies ferrées

La modernisation du réseau qui devait être réalisée progressivement à partir dut 1er janvier 1939 a été arrêtée par la guerre, ce qui a augmenté les difficultés techniques au cours des sept années qui viennent de s'écouler.

Lorsque les Alliés débarquèrent le 8 novembre, le réseau C.F.A a ssurait de plus en plus difficilement le trafic nécessaire pour permettre la vie ralentie de l'Algérie. Or, dès ce moment, bien que privé des fournitures déjà réduites de la Métropole, les circonstances lui imposèrent un effort encore plus intense et duquel dépendit pour une large part le succès de la campagne de Tunisie, puis à un moindre degré celui de la campagne d'Italie. Cependant, grâce au dévouement du personnel et aux apports alliés, le réseau réussit non seulement à faire face aux exigences impérieuses de la guerre, mais en 1946 sa situation s'améliorait et l'espoir de reprendre sa marche vers la modernisation pouvait enfin renaître.

Carte chemins de fer algériens,



Au 8 novembre, le stock de combustible était de z8.000 tonnes soit 45 jours de consommation au ralenti, et tomba même à 17.000 tonnes au 1 er avril 1943 (12 jours de consommation) au moment du trafic le plus lourd. Il était de 45.000 tonnes (48 jours de consommation) au 15 août 1946.

Le débarquement du 8 novembre eu pour résultat immédiat de priver les C.F.A. des modiques apports métropolitains. Les Alliés leur vinrent en aide en important en 1943 des locomotives et des wagons, mais en nombre insuffisant et pour une période relativement courte. L'ingéniosité du personnel C.F.A. remédia heureusement à l'énorme difficulté d'entretien en tirant le parti maximum des matières rebutées et d'un outillage considérablement usé. Le matériel put ainsi tenir.

Et cependant malgré les difficultés croissantes, c'est en plein effort de guerre que fut entreprise la mise à voie normale, achevée fin 1945, de la voie métrique reliant Oued Kéberit aux mines de phosphates du Kouif (94 km), réalisation dont l'Algérie retirera un avantage économique certain, surtout avec la perspective de la mise en exploitation du gisement du Djebel-Onk.

Pendant la même période, des travaux aussi importants que la création de la gare de triage du Caroubier (Hussein-Dey) et des faisceaux de manoeuvre de Ménerville, du Kroubs, et de Duvivier, par exemple, étaient menés rapidement à bonne fin.

Le 4 février 1946, M. le Gouverneur général Yves Chataigneau, après une étude minutieuse du problème décidait de faire construire une voie ferrée de o m. 6o (15o km) reliant l'oasis d'El Oued à celle de Still (Territoire de Touggourt) afin d'assurer dans des conditions avantageuses un trafic jusque-là soumis à des sujétions défavorables. En août 1946, après une réalisation particulièrement rapide des travaux, les premiers trains circulaient entre Still et El Oued et la ligne sera incessamment mise en exploitation.

Bilan suggestif qui montre que l'Algérie a su surmonter les difficultés et même créer en des périodes particulièrement difficiles. Bilan qui laisse bien augurer de la reconstitution du réseau.

L'effort portera sur le doublement des voies uniques, l'électrification de certains tronçons et l'extension vers le sud de certaines voies ferrées algériennes.

Un programme de 37 locomotives Diesel électriques est en cours d'exécution et quinze de ces engins doivent être livrés avant la fin de l'année, les autres courant 1947. De nouvelles acquisitions pour trains de voyageurs, légers et accélérés, sont à l'étude et leur réalisation portera sur 1947-1948.

Orientée vers les besoins nouveaux de l'après-guerre et les réalisations destinées à la mise en valeur des richesses de l'Algérie, l'Administration des chemins de fer algériens s'attachera à donner la solution la mieux adaptée à tous les problèmes que pose l'équipement du pays en moyens propres à l'exploitation de ses ressources.

LES PORTS. -

La côte algérienne, sur un développement de 1.000 kilomètres environ, ne présente que très peu de rades sûres trois seulement en effet paraissent dignes de ce qualificatif, celles de Mers-el-Kebir, Arzew et Bougie. C'est dire que tous les ouvrages portuaires ont exigé des travaux de protection importants et c'est dire aussi que tout ce qui existe à l'heure actuelle est l'oeuvre du génie français.

Mers-el-Kébir, un aspect des travaux.
Mers-el-Kébir, un aspect des travaux.


Philippeville, Bougie assurent un trafic appréciable tandis que Nemours, Beni-Saf, Arzew, Ténès, Cherchell, Tipaza, Dellys, Tigzirt,
Port-Gueydon, Djidjelli, Collo, Herbillon et La Calle, apportent aux populations l'appoint de leurs pêches.

En 1939, les installations portuaires importantes assurent dans des conditions normales le trafic courant de l'Algérie. Après cette date les travaux d'extension sont presque complètement stoppés, à l'exception de ceux de Mers-el-Kebir destiné à devenir un grand port militaire méditerranéen, et le manque de matériel se fait rapidement sentir.

Avec les événements du 8 novembre, les ports algériens entrent véritablement dans la guerre et vont y jouer pendant deux ans un rôle prépondérant. Soumis dès ce moment à des bombardements incessants, Bône a ses installations d'embarquement de minerai entièrement détruites et Philippeville voit son trafic considérablement réduit. Les ports de l'ouest par contre, placés sous le commandement britannique, entrent à nouveau dans l'effort de guerre allié avec un concours français qui s'affirme et s'accroît progressivement. D'importants débarquements de troupes et de matériel ont lieu sans arrêt dans les ports d'Alger, d'Oran, de
Mers-el-Kebir et d'Arzew, avec des pointes lors des opérations
de Tunisie (janv.-févr. 1943), lors du débarquement de Sicile, (juin, juillet 1943) et enfin lors du débarquement en France (août-septembre 1944).

Les périodes les plus actives furent celles de février 1943 où l'on enregistra à Alger une arrivée de 42 cargos le même jour et celle de juin-juillet 1943 au cours de laquelle on vit jusqu'à 210 bâtiments à la fois dans ce même port.

S'exerçant avec une main-d'oeuvre souvent sous-alimentée dont les cadres étaient réduits par une mobilisation sévère et avec un matériel usé difficilement réparable, l'effort français, dans tous les ports d'Afrique du Nord a été particulièrement méritoire au cours de ces deux années pendant lesquelles l'appareillage mécanique se révéla nettement insuffisant pour des périodes d'exploitation intensive.

Actuellement, les ports algériens dont le trafic avait décru vers la fin de l'année 1944> ont repris avec leur physionomie du temps de paix, une activité appréciable. Un certain nombre de bateaux sabordés, en réparation ou incorporés dans le pool allié ont repris successivement leur place dans la flotte algérienne. Les installations d'embarquerment de minerai de fer et de phosphates de Bône entièrement détruites par les bombardements ont été reconstituées provisoirement et les travaux de protection du port de Mers-el-Kebir se poursuivent. Malgré le manque de main-d'œuvre qualifiée, de futailles et de sacherie, la cadence moyenne journalière de déchargement atteint 2.000 tonnes et pourra être
dépassée, même dans, les ports secondaires dépourvus d'outillage mécanique.

Ainsi, lentement, après l'effort fourni, la vie des ports s'améliore. Les travaux de développement ou de renforcernent d'ouvrages de protection reprennent et le vaste programme établi concernant l'appareillage mécanique des ports algériens sera réalisé progressivement, dans la limite des contingents de matières et de devises mises à la disposition de l'Algérie.

Mise à voie normale
Mise à voie normale