ESSOR DE L'ALGÉRIE - 1947
L'hydraulique
23.-L'hydraulique

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ici, mars 2016

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les barrages, hydraulique ( documents algériens)

Une pluviométrie capricieuse, une évaporation intense, des oueds aux débits inégaux créent un régime hydraulique soumis à de très fortes irrégularités : irrégularités inter annuelles dont un exemple désastreux fut la sécheresse persistante des dernières années de guerre, irrégularités annuelles dues aux régimes particuliers des oueds dont les eaux bondissantes en saison de pluies, se réduisent pendant la saison sèche à un mince filet boueux et à quelques flaques croupissantes ou disparaissent complètement laissant à nu, ourlé de lauriers-roses, un lit tourmenté encombré de blocs et de galets.

Barrage de Beni Bahdel
Barrage de Beni Bahdel
Collection B.Venis



La construction de barrages a précisément pour objet de dompter les eaux sauvages de ces oueds en régularisant tout au moins leur cours annuel au profit de l'agriculture et de l'industrialisation algérienne : la première leur est redevable de l'irrigation de ses terres, la seconde, de la production des forces hydro-électriques. L'effort pour améliorer le régime des eaux envisagé d'abord au point de vue agricole a porté en Algérie du Nord sur les plaines alluvionnaires qui tout en couvrant une superficie de 400.000 hectares ne représentent en fait qu'un pour cent des terres productrices sur l'ensemble des trois départements algériens.

Onze barrages ( voir sur ce site : barrages) réservoirs sont actuellement en service, dont trois dans le département d'Alger : celui du Hamiz, du Ghrib et de l'Oued Fodda; cinq dans le département d'Oran : celui de Bakhade de Bou-Hanifia, des Béni-Bandel, des Cheurfas et de l'Oued Fergoug; enfin, trois dans le département de Constantine : barrages des Zardezas, de Foum-el-Gueiss et de l'Oued Ksob.

Tous ces ouvrages, à l'exception de ceux du Hamiz (1883) des Cheurfas (188x) et l'Oued Fergoug (1871), ont été construit après 1921 et d'ailleurs modifié par la suite;
c'est assez dire l'effort accompli par l'Algérie depuis une vingtaine d'années dans le domaine de l'équipement agricole.

Les trois barrages anciens n'avaient pour but que d'accumuler l'eau l'hiver pour la restituer l'été. Les nouveaux barrages, de conception moderne, ont été construits, par contre, de manière à pouvoir assurer, aussi souvent que possible, une régularisation interannuelle. Telles sont les dimensions des réservoirs qu'elles permettent d'accumuler l'eau excédentaire au cours des années de grande humidité, afin qu'on en puisse disposer ensuite avec sûreté, au cours des années de sécheresse.

A l'heure actuelle, la réserve totale accumulée dans les grands barrages atteint environ 460 millions de mètres cubes (qui, moyennant quelques travaux de surélévation, pourront être portés à 720 millions de m3) quantité suffisante à l'irrigation de 170.000 hectares.

C'est donc environ la moitié des plaines alluvionnaires algériennes qui sont désormais susceptibles de bénéficier d'une irrigation rationnelle.
De plus, le plan décennal d'équipement de l'Algérie, qui a été établi sous l'impulsion de M. le Gouverneur Général Chataigneau, comporte au titre des travaux hydrauliques, à côté de l'aménagement et de l'extension des périmètres irrigables, la construction de 8 nouveaux barrages, situés respectivement sur l'oued El Faht, près d'Uzès-le-Duc (dép. d'Oran) sur l'oued Sarne près des Trembles (dép. d'Oran), sur l'oued Meffrouch, près de Tlemcen, sur l'oued El-Abd, près de Uzès-le-Duc, à Foumel-Cherza, dans l'Aurès (dép. de Constantine), à la Fontaine-des-Gazelles, près d'El-Kantara (dép. de Constantine), sur la Bou-Namoussa, dans la plaine de Bône, sur l'oued Isser, près de Palestro (dép. d'Alger). On envisage d'autre part, la surélévation des barrages de l'oued El-Ksob et de Bakhadda.

Barrage du Hamiz
Barrage du Hamiz



Grâce à ces travaux, le nombre des irriguants sera vraisemblablement doublé. Il est facile d'imaginer les transformations que. peut apporter à l'Algérie du Nord un tel accroissement de ses ressources en eau.

L'important programme qui a pour objet &utiliser au mieux les eaux d'irrigation dans les Territoires du Sud comporte un triple aspect :
Irrigation par épandage (barrage de dérivation et grandes séguias);

Régularisation des oueds par barrages-réservoirs : l'oued Seggeur, l'oued Namous;

Utilisation des nappes souterraines. La nature et la dispersion des travaux dont dépendra l'exploitation de ces eaux, exigeront l'électrification complète des Zibans et de l'oued R'hir. Le problème est d'ores et déjà à l'étude en collaboration avec le Service de l'électricité.

Outre ces travaux, destinés à assurer la sécurité aux oasis et à régénérer des palmeraies dépérissantes, il y a, au nord de la région de Tolga, d'heureuses perspectives pour le développement de cultures diverses, à la faveur d'une nappe phréatique susceptible d'être captée. Il n'est pas douteux qu'on pourrait faire prospérer cette région par la plantation d'arbres fruitiers de toute sorte, ainsi que par la culture de légumes en primeurs, de coton etc...

Les résultats de ces travaux seront considérables. Tout semble indiquer, en effet, que l'Atlas Saharien ou le pré-Sahara pourraient nourrir dans de bonnes conditions environ 100.000 familles, si la culture des céréales y était rationnellement combinée avec l'élevage. Quand on sait comment, dans des conditions, est vrai plus que précaires, une population nombreuse réussit à subsister dans ces contrées en vivant d'un élevage et de cultures encore rudimentaires, on peut estimer que ce sont 70.000 familles de plus qu'y pourront faire vivre, dans des conditions améliorées, les installations et aménagements prévus. Les travaux projetés comportent donc dans ces régions une incidence humaine qui est loin d'être négligeable.

La politique hydraulique telle qu'elle se dégage du plan décennal d'équipement s'intègre dans la politique économique et générale de l'Algérie. Il ne s'agit plus de dresser des catalogues successifs et, plus ou moins complets et critiquables des travaux à accomplir. L'effort en matière d'hydraulique est méthodiquement concerté avec d'autres efforts en d'autres domaines. C'est ainsi que sont associés les concours du forestier qui reboise, de l'ingénieur qui construit, de l'agronome qui guide dans le choix des cultures et détermine les dates et l'abondance de l'irrigation, du financier et de l'industriel qui contribue à l'essor économique du pays.

Cette politique de l'eau résulte donc de la coordination méthodique de tous les moyens d'action dont dispose l'Algérie. Elle se réalise par la collaboration des techniciens de l'Administration, des Assemblées élues, des cultivateurs, des industriels.

La question de l'eau, comme toutes celles qui se posent en Algérie, ne pouvait être résolue que par cette souple et persévérante politique d'association.