Les OEuvres Sociales
de l'Armée en Algérie
L'esprit de camaraderie et de solidarité,
le sens de l'entr'aide sous toutes ses formes, ont été de
tous temps la tradition de l'Armée d'Afrique.
En raison de l'éloignement de la Métropole, de la nature
du pays, des rigueurs du climat, de la dispersion des unités, de
la diversité des effectifs, des difficultés de communications
et d'approvisionnement, les militaires servant en Algérie ont toujours
éprouvé, plus qu'en France, le besoin de se soutenir mutuellement,
de s'entr'aider matériellement et moralement, et cela d'autant
plus qu'individus ou groupes se sentaient plus isolés et plus exposés.
Aussi de très bonne heure, sont nées sur la terre d'Afrique
les oeuvres d'assistance. Caisse de secours mutuels, ouvroirs, salles
de réunion ou foyers, cafés maures, furent créés
par l'initiative des Chefs de Corps, pour venir en aide à ceux
que surprenait un événement malheureux ou heureux, ou simplement
pour aider cadres et troupes à combler les heures creuses que rendaient
plus longues, partant plus dangereuses, l'éloignement de la famille
et l'absence de distractions saines.
L'OEUVRE DES AMITIES AFRICAINES.
Les Dar-el-Askri.
Après la grande guerre déjà, mais surtout après
la campagne du Riff, un problème nouveau se pose aux chefs qui
s'intéressaient aux OEuvres Sociales vis-à-vis de nos soldats
musulmans. Accourus très nombreux dans nos régiments de
Tirailleurs et de Spahis, avec lesquels ils avaient pris part à
nos combats glorieux de France et du Maroc, ils étaient, après
quinze ans de service, rendus à la vie civile. Ils allaient éprouver
des difficultés, il ne fallait pas les abandonner, mais, au contraire,
les aider à se réadapter et conserver un lien avec eux.
Après des essais plus ou moins heureux, le 6 mars 1936, le Maréchal
Franchet-d'Espérey créait le Comité des Amitiés
Africaines dans le dessein d'apporter une assistance matérielle
et morale aux anciens militaires musulmans, de soutenir leurs intérêts
personnels, de défendre les droits des veuves et des orphelins
illettrés, abandonnés, jusque-là à leur propre
sort.
L'action de ce Comité devait se manifester par la création
des Dar-El-Askri, la maison de l'ancien militaire musulman rendu à
la vie civile, la porte où il ira frapper quand il aura du souci
matériel ou moral. C'est là qu'il exposera ses doléances,
qu'il déposera sa requête, qu'il fera établir, lui
ou sa veuve, un dossier de pension, d'allocation, de succession. Au Dar-El-Askri,
il recevra des conseils ou des soins médicaux, il pourra obtenir
des secours, il retrouvera des camarades de régiment, il aura des
nouvelles et ainsi se maintiendront les sentiments de confiance, d'attachement,
de dévouement, qui liaient au combat chefs et soldats.
En dehors des Dar-El-Askri ouverts dans la Métropole, cinquante
l'ont été en Algérie, dans presque toutes les garnisons
du Nord et du Sud.
LA MAISON DU BLESSE DE GUERRE MUSULMAN.
Sur l'initiative du Général Commandant la Division, la Maison
du Blessé de Guerre Musulman a été créée
à Alger.
Elle est installée à la villa de la Robertsau, chemin du
Télemly, et reçoit :
- les militaires en activité, blessés de guerre en instance
d'appareillage ou de réforme ;
- les mutilés de guerre non rééduqués professionnellement
;
- les convalescents sans famille.
La durée du séjour varie selon les catégories de
quelques jours à six mois au maximum.
Le Service médical est assuré par un médecin militaire
et les soins sont donnés par un infirmier diplômé
de l'établissement.
Un dispensaire, installé rue de Constantine est une annexe de la
Maison du Blessé de Guerre Musulman, oeuvre placée sous
le haut patronage de M. l'Ambassadeur Yves Chataigneau, Gouverneur général
de l'Algérie, et de M. le Général Breuillac, Président
du Comité. Il est destiné spécialement aux familles
des militaires et anciens militaires de la Division d'Alger.
Ces deux oeuvres sont très florissantes. Le nombre de places de
la Maison du Blessé de Guerre Musulman est de 90, toujours à
peu près occupées.
Celui des consultations au Dispensaire est en moyenne de 600 par mois.
LE SERVICE SOCIAL DE L'ARMEE.
Ce fut l'oeuvre du décret du 19 avril 1941, qui institua le Service
Social de l'Armée de Terre, fixa son organisation et prescrivit
les conditions générales du recrutement de son personnel
et des principales branches de son activité.
Sa mission.
Sa mission est de " susciter une action qui aborde tous les problèmes
humains posés dans le cadre de la profession militaire, formation
intégrale et mieux-être des individus, soins de familles,
assistance et entr'aide sous toutes les formes, afin d'obtenir un rapprochement
des membres de la grande famille militaire, constituant un véritable
renouvellement de l'Armée ".
Le Service social est chargé d'organiser et de diriger les institutions
d'assistance, créées ou entretenues par le Ministre, de
coordonner et de contrôler l'activité des oeuvres privées
ayant pour objet de venir en aide, sous quelque forme que ce soit, aux
membres de l'Armée, de rechercher et de mettre en oeuvre tous les
moyens pratiques, susceptibles d'améliorer les conditions d'existence
de ces personnes : vie de famille, logement, alimentation, tout en réduisant
les difficultés qui peuvent les affecter (naissances, décès,
accidents), d'organiser : les détentes (cercles et mess, foyers,
cafés maures, colonies de vacances), l'assistance médicale
confiée au Service de Santé, l'assistance scolaire et même
l'assistance juridique.
Au point de vue culturel, le Service Social est chargé des bibliothèques,
de l'organisation de séances cinématographiques et de représentations
théâtrales, etc .. Il s'occupe enfin de l'orientation professionnelle,
qui permettra un recasement des anciens militaires rendus à la
vie civile et se charge lui-même de faciliter ou de provoquer le
placement de tous ceux qui sont dégagés des cadres.
Il est bien entendu qu'en Afrique du Nord, toute l'action du Service Social
s'exerce aussi bien au profit des militaires européens qu'indigènes
et de leurs familles.
La mise en place.
Le programme était tracé, il était vaste et s'étendait
vraiment à toutes les branches de l'activité sociale. Il
fallait passer à la réalisation. Les événements
dont l'Algérie fut le théâtre en 1942, génèrent
l'exécution intégrale du plan primitif et demandèrent
quelques modifications, afin d'adapter rapidement, au mieux des exigences
du moment, l'ceuvre du Service Social, à un pays qui reprenait
les armes.
Cette organisation toute nouvelle, disposant pour démarrer de moyens
réduits, se serait accommodée plus facilement d'une stabilité
et du calme indispensables à la mise en place de ses éléments.
C'est ainsi que, malgré bien des difficultés et après
quelques hésitations, le Service Social de de l'Armée s'implantait
en Algérie, jusque dans les Territoires du Sud.
Son organisation.
" Le Service Social doit être, par excellence, l'oeuvre personnelle
du chef qui en est le grand animateur ". Dans le domaine qui lui
est assigné,le Service Social de l'Armée restera donc toujours
subordonné au Commandement, dont il est le conseiller technique.
Les principes qui doivent le guider sont l'esprit
constant de l'entr'aide mutuelle, l'enquête, l'objectivité,
la rapidité. Il y a là une hiérarchie technique du
Service Social : la tête est à Paris, au Cabinet du Ministre,
et à chaque échelon nous trouvons, auprès du chef,
un officier spécialisé et des assistantes sociales.
Voici son articulation :
Organes de direction.
- a) Auprès du Général
Commandant la Xe Région, à Alger, un Colonel et plusieurs
officiers adjoints, avec une assistante régionale dont le rôle
est de participer à l'établissement des liaisons avec les
services publics régionaux, les organisations privées d'assistance
et d'entr'aide, de coopérer, en suivant les directives du chef
de service, au recrutement et à la formation des assistantes sociales
de la région, de dresser et tenir à jour le tableau complet
des oeuvres publiques et privées existant sur le territoire de
l'Algérie, etc...
-b) Auprès des généraux
commandant les Divisions Territoriales, un officier supérieur,
avec des adjoints et une assistante divisionnaire dirigeant l'ensemble
du service dans la Division sous l'autorité directe du Général
commandant la D.T. et d'après les mêmes principes qu'à
l'échelon Région. Il a été demandé
au Ministre d'étendre ce système à certaines subdivisions,
comme en France, et tout d'abord à Bône, Tizi-Ouzou, Tlemcen.
Organe d'exécution.
- Services Sociaux de Garnison, placés
sous l'autorité des Commandants d'Armes et implantés dans
les garnisons importantes.
- Services Sociaux des Corps de Troupe,
en principe dans chaque établissement, corps de troupe ou détachement
important sous l'autorité des chefs responsables, qui chargent
un officier spécialement choisi, des questions du Service Social,
en liaison étroite avec l'Assistante et le Médecin.
L'âme du service est l'Assistante, qui écoute ou provoque
les confidenc-es, visite les familles, procède aux enquêtes"
qui vont se traduire de la part du Chef, ainsi renseigné, en encouragements,
réconforts ou secours pécuniaires. Précieux moyen
de conservation du moral de la Grande Famille Militaire.
Son oeuvre en Algérie.
En 1942, le Service Social eut, en Algérie, des débuts assez
lents. Mais, à partir de 1943, il prit une extension considérable
du fait des événements.
Le départ de nombreux chefs de famille pour les opérations
en Corse, puis en Italie, et enfin en France, d'une part, de l'autre,
les difficultés sans cesse accrues des conditions d'existence causaient
pour les familles de graves soucis matériels et moraux. Par leur
labeur et leur dévouement inlassable, les Assistantes Sociales
furent à la hauteur de leur tâche en visitant fréquemment
les foyers des combattants, des prisonniers et des disparus, en écoutant
leurs doléances, en faisant aboutir les demandes justifiées.
C'est ainsi qu'à la date du 1e octobre 1944, le nombre de familles
prises en charge était de :
- 4.202 pour la Division d'Alger.
- 4.271 pour la Division d'Oran.
- 2.790 pour la Division de Constantine.
Quant aux oeuvres créées progressivement, puis entretenues
par le Service Social de 1943 à juin. 1945, en voici l'énumération
:
ORGANISATION DE DETENTE.
Mess de garnison pour les officiers.
A Alger, le Mess Central et ses deux annexes, ont servi une moyenne de
1.450 repas par jour.
A Oran, le Cercle des Officiers, transformé en Mess depuis 1941,
reçoit les officiers de passage, tandis qu'une annexe est créée
à l'Hôtel du Touring-Club.
A Constantine, ainsi que dans toutes les autres garnisons de l'Algérie,
les mess prennent de plus en plus d'extension et reçoivent les
officiers d'active ou de réserve mobilisés et très
souvent leurs familles lorsqu'elles sont dans l'impossibilité d'assurer
elles-mêmes leur ravitaillement ou de préparer leurs repas.
Cercle-mess des sous-officiers.
Des cercles-mess de sous-officiers sont organisés dans les mêmes
conditions, dans toutes les villes de garnison. Celui d'Alger, installé
au Bastion XV, sert une moyenne de 900 repas.
A Oran, le mess des sous-officiers est transféré à
l'Hôtel Lutétia, et transformé en " Maison du
Sous-Officier ". L'ensemble, hôtel, restaurant, cercle, réalise
un tout homogène parfaitement adapté à sa destination.
Foyer du soldat.
Sur tout le territoire de l'Algérie les foyers se multiplient,
les anciens sont rénovés, étendus, modernisés.
A Alger, le Foyer de
la rue de Constantine connaît une affluence considérable,
malgré l'existence d'organismes similaires nombreux.
Un foyer est ouvert pour le Personnel Féminin de l'Armée
de Terre et de l'Air.
De nombreux foyers sont créés à Maison-Carrée,
Guyotville, Zéralda.
Les cafés maures d'Alger, Maison-Carrée, Blida, Koléa,
Miliana reçoivent de nombreux visiteurs. Le Service
Social avance certaines sommes à la Croix-Rouge qui ouvre des foyers
dans certains hôpitaux, etc...
A Oran, l'ancien foyer est remis entièrement à neuf et doté
d'une salle de restaurant, d'un bar, d'une salle de fêtes, de lecture
avec bibliothèque, téléphone, etc... Le Service Social
prend sous son contrôle le " Foyer Féminin Français
" créé par la Générale Catroux. Un foyer
de garnison, avec un café maure est ouvert à Tlemcen ; à
celui de Mostaganem, on adjoint un bain maure.
A Constantine, se créent de nouveaux foyers, pour les conductrices
et le Personnel Féminin des Transmissions.
A Bône, Bougie, M'Chira, ete..., des foyers pour la troupe, avec
des cafés maures dans les mêmes localités, ainsi qu'à
La Calle, Tébessa, Tocqueville, Bordj-Bou-Arréridj, etc...
Cantine de gare.
Partout les anciennes cantines de 1939, sortent de leur demi-sommeil,
elles sont agrandies en fonction de l'importance des passages -de troupe
d'une part, mais aussi du nombre croissant de blessés, de permissionnaires,
d'isolés. Elles sont gérées la plupart du temps,
par entente entre le Service Social et la Croix-Rouge.
Celles de l'Agha, Alger, Perrègaux, Ste-Barbe-du-Tlélat,
Sidi-Bel-Abbès, Bordj-Bou-Arréridj, BeniMansour, Souk-Ahras
prennent une grande importance due au trafic de ces gares.
Du 1er octobre 1943 au 1er octobre 1944, le Centre de Maison-Carrée
reçoit 37.800 passagers et sert 88.488 repas chauds et 21.450 repas
froids.
A Oran, la baraque-dortoir de la gare pouvait coucher toutes les nuits,
120 militaires.
Centres d'hébergement.
Nombreux étaient les militaires de tous grades qui ne pouvaient
rejoindre leur famille au cours de congés de détente parce
qu'ils étaient coupés de la Métropole et qu'ils n'avaient
aucune attache en Algérie. Dans chaque Division le problème
fut résolu selon les besoins et les disponibilités en ressources
locales.
A Alger, ont été créés : un centre d'hébergement
de permissionnaires et de convalescents à Saint- Eugène,
une maison de repos pour le personnel féminin à St-Cloud,
huit centres d'hébergement avec 225 places, gérés
par la Croix-Rouge.
A Oran, la villa Lyautey dispose de 40 places. L'Hôtel Benon, à
Mostaganem, accueille les blessés de la Métropole. Le Centre
de Zemmora a fonctionné jusqu'au 1er juin 1944, celui d'Arzew est
entièrement réservé aux Légionnaires.
A Constantine, le centre installé rue Rohault-de Fleury, a reçu
en un an :
- 5 réformés.
- 31 convalescents,
- 194 permissionnaires,
Pour compléter l'oeuvre matérielle et surtout morale de
ces centres, le Service Social organise des foyers d'accueil dans les
familles, où sont dirigés surtout les convalescents. L'importance
des services ainsi rendus à nos blessés et à ces
malades n'échappe à personne. Il convient de mentionner
en outre, les visites régulières faites par les Adjointes
Sociales aux blessés et malades dans les hôpitaux, au cours
desquelles elles préparent précisément la sortie
de ces militaires et orientent convalescents ou réformés
vers un centre d'hébergement ou une famille d'accueil.
Toutes ces oeuvres que nous venons d'énumérer rapidement
s'adressaient aux combattants, aux mobilisés. Mais parallèlement
le Service Social s'occupait des familles, non seulement par les visites
à domicile des assistantes et l'octroi de secours, mais par la
création d'oeuvres familiales.
Au fur et à mesure que le théâtre d'opérations
s'éloignait, surtout lorsque fut commencée la libération
de la France, ces familles eurent des besoins nouveaux. En particulier,
elles se déplaçaient et se regroupaient en plus grand nombre.
LES CENTRES D'ACCUEIL.
Des centres d'accueil furent organisés à leur profit dans
les villes de transit. " Accueil " n'était pas un vain
mot. Débarquant du bateau ou descendant du train avec des enfants,
des bagages, fatiguées par un voyage effectué souvent dans
de mauvaises conditions, des familles trouvaient une aide immédiate
apportée par les militaires du centre qui s'occupaient des bagages,
donnaient les renseignements, tandis que s'accomplissaient très
facilement les formalités. Conduites ou transportées au
centre, les familles trouvaient tout de suite un lieu de repos et étaient
ensuite hébergées sans avoir le souci de la recherche d'une
chambre ou d'un logement, trop souvent problématique.
Des centres spéciaux ont été créés
pour le Personnel Féminin de l'Armée.
L'organisation et le bon fonctionnement des Centres d'Acceuil ont trouvé
leur plein rendement au moment où les communications étant
rétablies, les familles se sont présentées plus nombreuses
encore cette fois, pour rentrer en France ou, au contraire, lorsqu'elles
en arrivaient.
Le Service Social tout entier s'est dévoué pour faciliter
à tous, la possibilité de ce voyage si ardemment désiré
et a obtenu d'excellents résultats.
Du 1er octobre 1943 ou 1er octobre 1944, 2.539 personnes du sexe féminin
et 1 181 enfants sont passés par le centre de Constantine ; il
faut compter le double pour Oran et pour Alger.
UVRES DESTINEES AUX ENFANTS.
Dès l'année 1943, dans chaque division des efforts furent
faits pour organiser des jardins d'enfants, des pouponnières, des
garderies, chacune avec son originalité, mais toutes généralement
appréciées par des mamans souvent désemparées.
De même furent créés un peu partout, des Centres d'Hébergement
pour Orphelins et des Colonies de Vacances.
Colonies de vacances.
La Division d'Alger organisait une Colonie à Chréa, où
sont passés 400 enfants en 1944, celle d'Oran, une Colonie à
Tlemcen qui recevait dans le même temps 480 enfants, celle de Constantine,
une Colonie à Collo et une à Bessombourg où passèrent
en deux mois 189 garçons et 81 filles.
Colonies familiales.
Deux Colonies fonctionnent dans la D.T. d'Alger, l'une à Chréa,
qui peut recevoir 80 familles du 1er juin au 1er octobre, l'autre à
Yakouren,
avec 50 familles. La D.T. d'Oran, envoie les familles d'officiers à
Beni-Saf (60 familles), et celles des sous-officiers à Mostaganem
(90 familles). A Constantine, la Colonie de Bugeaud comprend la "
Maison de Repos " et deux villas, où séjournent 82
personnes et 161 enfants.
Centres d'estivage pour les familles résidant dans le Sud.
Les Territoires du Sud n'ont pas été oubliés par
le Service Social. Si le Service de Santé Militaire est l'armature
de l'assistance médicale dans ces territoires, un certain nombre
d'oeuvres du Service Social ont étendu leur action jusque-là.
Dans chaque territoire, à Biskra, à Laghouat et à
Colomb-Béchar, réside une Assistante Sociale.
Pour les familles qui ne pouvaient se rendre en France ont été
créés, à la mer ou à la montagne, les Centres
d'Estivage de : Hammam-Righa, Douaouda, Fouka, Téniet-el-Haâd,
pour 54 familles des Territoires du Sud rattachées à la
D.T. d'Oran, Laverdure (Hôtel Beauséjour, et Villa Charoze),
Aïn-Seymour (Mon Auberge), Batna (Hôtel du No rd), Philippeville
(Grand Hôtel de France, Hôtel des Colonies), La Calle (Hôtel
Continental) reçurent en 1944-1945, 167 personnes et enfants venant
de Biskra, El-Oued, Ouargla et Touggourt.
ORGANISATION DE L'ASSISTANCE MEDICALE.
Le but de ces organisations était non seulement de mettre à
la disposition des intéressés les moyens d'être soignés
en cas de besoin, mais par une surveillance organisée et des conseils
d'hygiène générale et de prophylaxie, de contribuer
au maintien de la santé et de la prévention des maladies.
Cette réalisation était d'une urgente nécessité,
surtout pour les enfants trop souvent sous-alimentés et les nourrissons
qui venaient au monde dans des circonstances particulièrement difficiles.
Le but proposé fut atteint par la coopération entière
du Service Social et du Service de Santé.
Soins médicaux - Centres médicaux-sociaux.
Les consultations furent organisées dans chaque garnison de manière
à faciliter dans toute la mesure du possible, l'accès des
salles de consultations aux malades désirant recevoir des conseils
et des soins. Pour ceux qui ne pouvaient se déplacer, les visites
à domicile furent prévues.
Des centres médico-sociaux furent ouverts dans les mêmes
conditions à Blida,
Cherchell, Koléa,
Miliana, Tizi-Ouzou,
Dellys, Orléansville, Médéa,
Mostaganem, Bel-Abbès, Batna, Biskra, Guelma, Souk-Ahras,
Tébessa.
Partout ailleurs, les consultations étaient données soit
à l'Hôpital Militaire, soit à l'Infirmerie de garnison.
MATERNITES - AIDE AUX MERES.
Comme il se devait, le Service Social porta une attention particulière
aux OEuvres de Maternité. Suivies de près par les Assistantes
Sociales, les futures mamans reçurent des secours par l'intermédiaire
d'oeuvres, comme celle de " Aide aux Mères " et e Le
Berceau Militaire ". Des maternités furent créées
ou des lits réservés dans les hôpitaux, comme la salle
de l'Hôpital Laveran, à Constantine, par exemple.
L'ceuvre du Berceau Militaire d'Alger a secouru pendant l'année
1943-1944, 800 familles de militaires à l'occasion de naissances
et distribué 1.140 objets divers de layettes ; celle d'Oran, gênée
par les difficultés de ravitaillement, distribuait cependant 320
layettes, dans le courant de l'année.
ORGANISATION DE CONSULTATIONS JURIDIQUES.
Au siège de chacune des Divisions, ainsi que dans quelques grandes
villes enfin, étaient organisées des consultations juridiques,
grâce au concours bénévole d'avocats, d'avoués
ou de notaires.
Telle est l'oeuvre accomplie par le Service Social de l'Armée depuis
sa création jusqu'à l'année 1945. Le court exposé
de son activité, de ses réalisations, des résultats
obtenus justifie la nécessité d'un Service Social qui, s'il
n'a pas la prétention de revendiquer pour lui seul le mérite
des actions accomplies, a néanmoins été l'animateur,
l'ordonnateur, le directeur des efforts conjugués de toutes les
uvres Sociales et des meilleures volontés, qui ont permis
d'atteindre le but fixé au cours d'une période particulièrement
critique et difficile.
LE SERVICE SOCIAL D'AUJOURD'HUI.
Après la démobilisation, et la réduction des effectifs,
il ne saurait plus être question de maintenir en Algérie
toutes ces oeuvres créées pour la guerre et selon des besoins
aussi nombreux que variés.
La mission du Service Social n'a pas changé, son organisation reste
la même, mais le nombre des foyers diminue, les cantines de gare
disparaissent. Seuls subsistent les Centres d'Acceuil d'Alger et d'Oran.
Les services qu'ils rendent journellement aux militaires et à leurs
familles, affectés en Algérie, qui
se heurtent dès leur arrivée aux grandes difficultés
de transport, de ravitaillement et de logement, sont tels que de nouveaux
centres sont prévus pour d'autres garnisons importantes.
L'implantation des OEuvres Sociales dans le cadre du temps de paix, n'est
pas encore définitive.
La tâche du Service Social doit se poursuivre afin d'aider les chefs
militaires à remplir leur rôle social d'officiers dont parlait
déjà, voici cinquante ans, Lyautey.
Après la période de transition actuelle, une deuxième
phase va commencer. Elle réclame plus que jamais de ceux qui ont
la tâche d'adapter les OEuvres du Service Social à des besoins
nouveaux tous leurs efforts et leur plus grand dévouement.
|