Alger, Algérie : documents algériens
Série sociale

La Santé et l'Assistance publique en Algérie *
mise sur site le 4-5-2011
* Document n° 2 de la série : Sociale - Paru le 8 février 1946 - Rubrique SANTÉ PUBLIQUE

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La Santé et l'Assistance publique en Algérie


Il suffit de rappeler l'état sanitaire dans lequel la France a trouvé l'Algérie, il y a un peu plus d'un siècle, pour juger l'immensité de l'œuvre accomplie dans le domaine de la santé publique,

Peu de contrées au monde étaient alors aussi malsaines. Les affections transmissibles de toutes sortes et les famines faisaient régulièrement, parmi les populations, des hécatombes massives. Les maladies pestilentielles sévissaient à l'état endémique. La mortalité infantile était effrayante.

Il n'existait, à cette époque, aucune organisation sanitaire sur le sol algérien. Tout était à créer dans ce pays, car on ne peut vraiment qualifier d'hôpitaux les rares asiles annexés, à certaines mosquées, les " moristans" où les malades les infirmes et les fous mouraient sans soins, dans un état de malpropreté repoussante.

La régence barbaresque, livrée à la plus grande anarchie, ne rappelait plus l'Afrique mineure, féconde et cultivée, dont Rome avait su tirer la plus grande partie de ses ressources alimentaires, il ne restait que ruines des magnifiques cités romaines et des travaux gigantesques dont nous retrouvons les traces : routes, barrages aqueducs, réservoirs, etc... Les marécages et les broussailles envahissaient les meilleures terres qui restaient incultes et abandonnées et les populations divisées, en lutte perpétuelle, décimées par les maladies et les privations, menaient l'existence la plus précaire. D'après les auteurs les plus autorisés, l'Algérie ne devait pas compter plus d'un million et demi d'habitants en 1830. En un peu plus d'un siècle de civilisation française, cette population a plus que quintuplé. N'est-ce pas une des meilleures preuves de l'effort accompli ?

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ÉTAT ACTUEL DE L'ORGANISATION SANITAIRE.

L'assistance médicale et hospitalière.


Dès les premiers jours de l'occupation. c'est au Service de Santé de l'armée qu'est revenue la lourde charge de l'assistance médicale des populations, Au fur et à mesure que les troupes s'installèrent, des infirmeries et des ambulances fixes furent organisées et les médecins militaires y soignèrent sans distinction soldats, colons et indigènes.

La charge était lourde, aussi devint-il assez vite impossible aux médecins militaires qui accompagnaient partout les colonnes mobiles, de satisfaire aux besoins médicaux des centres de colonisation et d'étendre leur action bienfaisante aux populations autochtones.

L'Administration s'efforça d'attirer des médecins civils, mais ils ne venaient qu'en petit nombre et ne s'installaient que dans les C'est pourquoi, le 12 avril 1845, fut organisé un service médical dit de " colonisation ", dont le but était de visiter les malades, de leur délivrer les médicaments et de les conduire à l'hôpital le plus voisin. Treize circonscriptions médicales étaient créées.

Un arrêté du 21 janvier 1853 en porta le nombre à soixante. Par la suite, d'autres textes sont intervenus pour modifier le nombre et la contexture des circonscriptions, mais l'organisation de la médecine de colonisation n'a plus sensiblement varié.

En 1881, les médecins de colonisation étaient portés à 90 ; en 1891, à 112. Longtemps ils sont restés absolument seuls, sans aucune aide. Ce n'est qu'en 1904 qu'on leur a donné des " auxiliaires médicaux indigènes " pour les assister, leur servir d'interprète et veiller à l'exécution de leurs prescriptions. Ces auxiliaires médicaux portent maintenant le nom " d'adjoints techniques de la Santé ".

Plus tard, en 1926, des infirmières visiteuses coloniales ont été placées à côté des médecins de colonisation pour les aider, tant à l'hôpital auxiliaire qu'au cours des tournées spéciales d'assistance aux mères et aux nourrissons.

Le corps des médecins de colonisation a dû être complété pour assurer l'assistance médicale dans les villes et les centres non compris dans leurs circonscriptions, par d'autres médec:ns appelés : " médecins communaux ". Désignés par les municipalités, ils s'engagent à donner gratuitement leurs soins aux indigents de la commune.

En même temps, l'assistance hospitalière s'est organisée. Un décret du 3 juillet 1819, modifié et complété par le décret du 23 décembre 1874, fixe les statuts des hôpitaux civils. Il en fait des établissements publics dotés de l'autonomio financière et ouverts de la façon la plus libérale à tous les malades sans distinction de race ni de religion.

L'Algérie comprend actuellement 24 grands hôpitaux civils, 4 hospices, 1 hôpital psychiatrique à Blida, et 91 hôpitaux auxiliaires. Il convient d'ajouter à ces hôpitaux et hôpitaux-hospices, des établissements de bienfaisance spécialisés : 1 établissement de sourds-muets créé en 1920, 1 établissement médico-pédagogique privé destiné aux enfants anormaux (1940), l'Institut pour l'enseignement des jeunes aveugles, etc...

Le nombre des lits d'hôpitaux approche de 18.000. Le chiffre des hospitalisés, qui était en 1910, de 37.388, a atteint en 1944, 125.936. Quant au nombre de journées d'hospitalisation, il est passé de 1 million 583.837 en 1930 à 3.736.809 en 1944. C'est dire tout l'effort accompli dans le domaine de l'assistance hospitalière qui vient d'ailleurs d'être réorganisée par une ordonnance et un décret récents (27 décembre 1943).

L'armement hospitalier de l'Algérie est évidemment inégal ; il en est de même dans tous les pays. A côté d'établissements anciens dont la transformation et la reconstruction sont d'ailleurs prévues, existent des hôpitaux ou des services très modernes qui font le plus grand honneur à ce pays.

Lutte contre les épidémies.

La lutte contre les épidémies, après être restée pendant longtemps limitée aux moyens purement locaux, est devenue, à la suite de situations alarmantes, l'une des préoccupations essentielles de la Santé, publique.

La lutte contre les épidémies est assurée par quatre équipes sanitaires mobiles. Comprenant un médecin et le personnel médical nécessaire, elles se rendent aux points menacés pour effectuer les opérations de vaccination, désinfection. et désinsectisation qui s'imposent.

L'action entreprise contre les épidémies ne peut être mieux mise en valeur qu'en rappelant la lutte contre l'extraordinaire poussée de typhus qui a frappé l'Algérie en 1942, 1943 et 1944. Au cours de ces trois années, grâce aux médecins de colonisation et communaux et aux équipes mobiles, plus de 4 millions de vaccinations au virus-vaccin vivant de Blanc et Balthazar et plus de 500 000 vaccinations au vaccin mort de Durand et Gnoud ont pu être effectuées.

Lutte contre les fléaux sociaux.

La lutte contre ce qu'on est convenu d'appeler les fléaux sociaux, a été envisagée, dès 1920, à peu près à la même époque que dans la Métropole.

L'Algérie possède des dispensaires antituberculeuxdans les grandes villes de ces trois départements, mais ce nombre est encore trop réduit. Les services hospitaliers spécialisés pour le traitement de la tuberculose pulmonaire ne totalisent encore que 800 lits, auxquels s'ajoutent las 200 lits du sanatorium de Rivet qui sera incessamment ouvert aux malades civils.

Pour le traitement des tuberculoses chirurgicales un établissement spécialiséà Douera à 40 kilomètres d'Alger, peut recevoir 300 malades environ.

Cet armement antituberculeux - encore très insuffisant - fait cependant honneur à ceux qui l'ont réalise. Il ne peut être question de traiter ici le problème de la lutte antituberculeuse en Algérie. Qu'il suffise de dire qu'en mettant en œuvre un dépistage plus poussé, en développant les moyens de cure et surtout en orientant résolument les efforts vers une prévention efficace et vers le progrès social qui, seuls, paient vraiment, on pourra combattre efficacement la tuberculose dans ce pays.

Des préventoriums marins et de moyenne altitude devront être construits. L'oeuvre Grancher, à type de placement collectif, qui a déjà fait ses preuves à Alger, devra subir une impulsion nouvelle. Le
placement des tout-petits, à isoler de leur contact tuberculeux, devra être réalisé dans des pouponnières modernes et climatisées.
Enfin, la vaccination par le B.C.G., déjà entreprise depuis plusieurs années par l'Institut Pasteur d'Algérie, devra être généralisée. Inoculé en scarifications cutanées, le B.C.G. fait généralement virer, chez les individus non allergiques, la cuti-réaction dans les semaines qui suivent. Il faudra donc en répandre largement l'application dans les masses non prémunies.

Les maladies vénériennes sont en très importante régression en Algérie, depuis l'emploi généralisé des médicaments spirillicides et des sulfamides. La lutte contre ces affections présente ces deux aspects classiques : le contrôle de la salubrité et le dépistage et le traitement des maladies vénériennes dans les dispensaires spécialisés (grandes villes) et les consultations collectives d'indigents.

Il est bon de signaler, à ce sujet, l'organisation tout à fait remarquable réalisée a Alger par le Docteur RAYNAUD, professeur de dermato-syphiligraphie qui, avec ses collaborateurs, a créé et fait fonctionner un centre de salubrité et un dispensaire doté d'un fichier central (dispensaire Brault), qui représente, sans aucun doute, un des modèles du genre.

La lutte contre les ophtalmies contagieuses et surtout le trachôme, si nombreux dans ce pays, a été entreprise sur des bases nouvelles depuis 1934. Des médecins spécialistes départementaux et de secteurs en visitent les centres (Bit-el-Aïnin) et donnent les soins. Des progrès très intéressant ont été obtenus, que la guerre actuelle a malheureusement ralentis.

La lutte contre le paludisme a été engagée dès 1902, en accord avec l'Institut Pasteur d'Algérie, qui a apporté en la matière une contribution technique décisive et, d'ailleurs, universellement reconnue.

Depuis 1942 et l'arrivée des troupes alliées, une nouvelle impulsion a été donnée à cette lutte, qu'il faudra encore accentuer dans l'avenir, en accord avec le Service de la Colonisation et de l'Hydraulique. Le paludisme est, en effet, en Afrique du Nord, une véritable maladie sociale dont les conséquenceséconomiques sont considérables. En 1830 et les années suivantes, cette maladie avait causé, dans nos troupes, de véritables ravages. Il avait mème été question, à plusieurs reprises, d'abandonner un pays si insalubre. La situation a bien changé depuis, la population européenne a pu faire souche en Algérie ; la population autochtone - naguère minée de fièvre - a pu y prospérer ; d'énormes armées alliées ont pu y séjourner au cours de la guerre actuelle, sans incidents sanitaires notables.

La lutte contre l'aliénation mentale
et les psychopathies a été très poussée en Algérie. Dans chaque département existe un service hospitalier de première ligne dirigé par un médecin spécialiste, le deuxième échelon étant constitué par l'hôpital psychiatrique de Blida, établissement très moderne, ouvert en 1933, où sont acheminés les malades atteints de formes prolongées bénéficiant de traitements spéciaux et les agités. Un troisième échelon est représenté par les quartiers d'asiles d'Aumale et d'Orléansville (déments tranquilles, séniles, enfants anormaux).

Enfin, si l'Algérie ne bénéficie pas encore d'un centre moderne d'hospitalisation et de traitement des malades atteints de tumeurs, du moins possède-t-elle déjà, avec son Institut du cancer, un ensemble de laboratoires de recherches tout à fait remarquables qui permettent de bien augurer de l'avenir.

Protection maternelle et infantile.


La protection maternelle et infantile a fait l'objet de très intéressantes réalisations en Algérie. En 1926 a été créée l'assistance aux mères et aux nourrissons. Les médecins de colonisation (assistés d'infirmières visiteuses) visitent, au cours de tournées, les mères et les enfants, diffusent les consultations, prodiguent leurs conseils et distribuent des secours en nature toujours très appréciés.

Dans les villes, des consultations de nourrissons, des gouttes de lait, des crèches et quelques pouponnières constituent l'essentiel de l'action entreprise qu'il faut développer.

Il convient de signaler, à ce sujet les " cliniques indigènes ", véritables centres de santé réservés aux femmes et aux enfants musulmans, et qui, au nombre de douze, ont été installées dans les principales villes.

Les lois des 23 décembre 1874 et 27 juin 1904 ont été introduites en Algérie par les décrets des 8 février 1876 et 6 mars 1907, c'est dire que ce pays bénéficie des mêmes dispositions que la Métropole en ce qui concerne les enfants assistés et la protection des enfants du premier âge. Des centres dépositaires et des orphelinats, publics et privés, existent dans les trois départements. A ce sujet, l'orphelinat musulman de Sidi-Mabrouk, à Constantine, représente une réalisation des plus heureuses qu'il faudrait multiplier avec des centres d'instruction agricole et artisanale.

LE PROGRAMME DES REFORMES.

Idée générale.

L'oeuvre accomplie en matière de, santé et d'assistance publique en Algérie, si l'on envisage le point de départ, est énorme. Tout était à créer et il ne pouvait être question d'amener brusquement l'Algérie musulmane à un niveau social que les vieilles nations d'Europe n'ont pu acquérir qu'après des siècles d'efforts patients et laborieux.

Mais il est certain que l'organisation actuelle s'avère insuffisante, si l'on tient compte de l'accroissement de la population qui, grâce au bienfait de l'influence de la France, suit, depuis 1831, une progression continue, et du caractère social particulier des populations musulmanes qui comptent une proportion d'indigents considérable.

Afin de mettre au point la meilleure prophylaxie contre les endémo-épidémies, de .lutter contre les fléaux sociaux (tuberculose, syphilis, trachôme, paludisme, etc...) de dispenser aux indigents la médecine collective, préventive et curative la plus efficace, d'instituer une assistance hospitalièreà haut rendement, de placer enfin les malades chroniques et les incurables dans des établissementséconomiques, un ensemble de réformes a été envisagé et est en cours d'exécution.

Le programme élaboré porte à la fois sur l'organisation sanitaire elle-même et sur le, réalisations matérielles. Mais l'importance des crédits demandés (1.100 millions en janvier 1944, chiffre à doubler en 1946), les délais de construction et la nécessité de former du personnel ont contraia+ d'étaler la réalisation de ce programme sur deux périodes successives de 5 ans.

La réforme entreprise consiste à mettre en mesure la Direction de la Santé publique de remplir ses nouvelles et lourdes tâches, en créant les services techniques spécialisés nécessaires, hygiène publique, hygiène sociale, épidémiologie et prophylaxie des maladies contagieuses, lutte contre le paludisme) et en mettant au point les services extérieurs d'exécution.

Un corps de médecins de la Santé publique allant des Directeurs départementaux de la Santé (qui remplaceront les Inspecteurs départementaux d'Hygiène) aux médecins de circonscription médicale (qui remplaceront les médecins de colonisation) est en voie d'organisation.

Des médecins conventionnés seront choisis, partout où cela sera nécessaire, pour assurer plus particulièrement l'assistance médicale.

Des auxiliaires compétents en nombre suffisant, des adjoints techniques de la Santé infirmières, assistantes sociales, seront adjoints a ax médecins de circonscription médicale.

L'assistance médicale.


L'ordonnance du 27 décembre 1947 suivie des instructions du 30 juin 1944*(note du site: il y a une erreur quelque part.) a pour la première fois réglementé en Algérie l'assistance médicale gratuite ou assistance au premier degré. Elle met à la charge de la commune les dépenses occasionnées par cette assistance, mais avec une participation au Budget de l'l'Algérie dans une proportion variant de 50 à 65 % suivant les communes.

Elle prévoit le partage du territoire algérien en circonscriptions d'assistance médicale possédant chacune un centre de santé, bâtiment spécialisé qui devra comprendre : salles d'attente pour hommes et femmes, salles d'examen médical et de pansement, etc... et doté du matériel médico-chirurgical nécessaire et, en particulier, d'un appareil de radioscopie.

Dans les circonscriptions sanitaire; rurales étendues ou très peuplées, des salles de consultations plus sommaires devront être édifiées partout où cela paraîtra nécessaire soit dans les agglomérations importantes, soit au lieu de rassemblement périodique des populations (marchés, par exemple).
Il est prévu la construction de 196 centres de santé et de plus de 400 salles de consultations.

La médecine se rapprochera ainsi des populations. En multipliant des consultations collectives, en les tenant régulièrement à jour fixe, on aura enfin résolu le problème de l'assistance médicale puisqu'il sera ainsi permis aux masses musulmanes d'avoir davantage recours aux bienfaits de notre médecine dont elles apprécient depuis longtemps toute la valeur.

Dans les villes sera instaurée la même organisation Le centre de santé y représentera également l'élément essentiel de l'assistance médicale gratuite. Mais si la ville est trop étendue, elle sera divisée en secteurs pourvus chacun d'un centre de santé.

Des plans types des centres de santé ont été mis au point. Trois types ont été prévus selon leur importance (centres polyvalents ou non). Mais les constructions ne pourront entrer dans la voie des réalisations effectuées que lorsqu'aura disparu la pénurie de matériaux qui entrave actuellement l'ouverture des chantiers, En attendant, des communes ont été invitées à disposer de locaux provisoires.

L'assistance hospitalière.

Après avoir été un établissement de charité, puis un établissement d'assistance, l'hôpital doit devenir maintenant un établissement spécialement et techniquement conçu pour traiter les malades dans les meilleurs conditions et dans le minimum de temps.

Les incurables et les chroniques devront être placés dans d'autres établissements plus économiques à véritable caractère d'assistance.
Un plan d'organisation hospitalière comprenant un classement des formations avec secteurs de rattachement sera réalisé, mais il ne pourra entrer en application qu'avec l'amélioration des conditions économiques et surtout la mise au t'oint d'un programme de transport des malades (par ambulances ou camionnettes aménagées) qui n'existe encore à peu près nulle part.

Enfin, des réalisations nombreuses sont prévues : construction ou reconstruction d'hôpitaux d'arrondissement ou auxiliaires, création de nouveaux services hospitaliers : services de médecine et de chirurgie infantile, maternités, services de spécialités, construction de préventoriums, sanatoriums, de pouponnières, de maisons maternelles et l'acquisition d'un matériel médico-chirurgical très important, Ce programme se chiffrant, à près de 3 milliards sera réalisé progressivement.
Actuellement et malgré les difficultés matérielles de tous ordres des travaux importants sont en cours dans les hôpitaux de Mustapha, Parnet, Birtraria, Djidjelli, etc...
La gestion des hôpitaux a fait l'objet d'une réglementation nouvelle par l'ordonnance du 27 décembre 1943. Désormais, les frais d'hospitalisation des indigents sont répartis entre la commune du domicile de secours et l'Algérie, suivant un barème qui varie entre 50 et 65 %.

L'hygiène publique et l'hygiène sociale.


L'hygiène publique dont le champ d'action est si vaste puisqu'il comprend l'étude et l'application des mesures sanitaires collectives, devra subir une impulsion décisive. Le contrôle des denrées alimentaires (et en particulier des eaux d'alimentation), l'évacuation et la destruction des déchets, le traitement des eaux résiduelles, la suppression des quartiers insalubres, l'amélioration de l' habitat, etc... constituent autant de problèmes auxquels il faudra apporter une solution.

Une des premières réalisations sera la création dans chaque département d'un laboratoire d'hygiène, de bactériologie et de sérologie parfaitement outillé.
La lutte contre les fléaux sociaux : tuberculose, maladies vénériennes, ophtalmies contagieuses, paludisme, cancer, psychopathies, etc.. sera considérablement étendue et renforcée.

Mais l'" armement social prévu ne pourra être judicieusement utilisé que si l'on peut disposer d'un nombre suffisant d'assistantes médico-sociales dont le rôle s'avère particulièrement important. Elles s'efforceront non seulement de dépister les affections diverses, mais aussi de faire pénétrer dans les foyers, en même temps que les notion,; d'hygiène élémentaire, le; éléments d'économie domestique qui ne doivent pas manquer d'élever le niveau de vie et de hâter l'évolution de la femme musulmane,

Les méthodes de travail de ces assistantes ont été précisées. Il est prévu notamment l'organisation de fichiers de secteur, véritables répertoires médico-sociaux des individus et des familles prises en charge,

Pour hâter la mise en route de cette grande oeuvre d'assistance, une école a été organisée à Alger il y a deux ans, pour la formation d'assistantes diplômées d'État. La construction de nouveaux bâtiments permettra de l'agrandir et d'en faire une pépinière d'assistantes dont l'Algérie a le plus grand besoin (effectif prévu de 300 assistantes sociales).

En raison des difficultés de recrutement et de la réalisation des réformes, le Gouverneur Général de l'Algérie a décidé de faire appel au concours d'éléments auxiliaires, qui, bien que ne possédant pas le diplôme d'Etat, pourront néanmoins apporter le plus utile concours et permettront d'associer les musulmans à cette grande oeuvre. Dans ce but, il vient de créer une nouvelle école qui ouvrira ses portes très prochainement à l'hôpital Parnet et qui formera des infirmières pour l'assistance publique algérienne et des aides médico-sociales. Les études seront sanctionnées par la délivrance d'un certificat algérien qui, bien que n'ayant pas la valeur du diplôme d'Etat, permettra de doter les services prévus d'un personnel compétent. Il est souhaitable - vœu repris par de nombreuses personnalités musulmanes - que les jeunes filles musulmanes se joignent nombreuses aux candidates européennes pour suivre les cours.

Le Gouverneur Général envisage enfin de désigner des correspondantes sociales dans tous les centres et les villages musulmans où n'existeront pas d'assistantes.
Ces correspondantes seront choisies parmi les bonnes volontés féminines, en particulier, les institutrices et femmes d'instituteurs ou de fonctionnaires particulièrement attirées par l'action sociale et désireuses d'apporter leur contribution à la grande œuvre d'évolution sociale qui doit être entreprise dans ce pays.

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Un grand pas a été fait dans la voie de la réorganisation de la Santé publique en Algérie. Un programme a été arrêté, il convient maintenant de le réaliser.
La réforme administrative est très avancée. Les difficultés de recrutement du personnel nécessaire nombreux et varié (médecins, assistantes, adjoints techniques de la Santé, infirmières) semblent pouvoir être surmontées assez rapidement. Mais l'exécution des réalisations matérielles se heurte, à l'heure actuelle, à des obstacles exceptionnels provenant de la pénurie de matériaux de construction. L'action de M. Chataigneau, Gouverneur Général de l'Algérie, tendra à l'exécution du programme arrêté au fur et à mesure de l'amélioration des conditions économiques, car il faut aboutir au plus vite à l'exécution intégrale de ce plan considéré d'intérêt national comme a tenu à l'affirmer M, Tixier, Ministre de l'Intérieur.