La Santé
et l'Assistance publique en Algérie
Il suffit de rappeler l'état sanitaire dans lequel la France a
trouvé l'Algérie, il y a un peu plus d'un siècle,
pour juger l'immensité de l'uvre accomplie dans le domaine
de la santé publique,
Peu de contrées au monde étaient alors aussi malsaines.
Les affections transmissibles de toutes sortes et les famines faisaient
régulièrement, parmi les populations, des hécatombes
massives. Les maladies pestilentielles sévissaient à l'état
endémique. La mortalité infantile était effrayante.
Il n'existait, à cette époque, aucune organisation sanitaire
sur le sol algérien. Tout était à créer dans
ce pays, car on ne peut vraiment qualifier d'hôpitaux les rares
asiles annexés, à certaines mosquées, les "
moristans" où les malades
les infirmes et les fous mouraient sans soins, dans un état de
malpropreté repoussante.
La régence barbaresque, livrée à la plus grande anarchie,
ne rappelait plus l'Afrique mineure, féconde et cultivée,
dont Rome avait su tirer la plus grande partie de ses ressources alimentaires,
il ne restait que ruines des magnifiques cités romaines et des
travaux gigantesques dont nous retrouvons les traces : routes, barrages
aqueducs, réservoirs, etc... Les marécages et les broussailles
envahissaient les meilleures terres qui restaient incultes et abandonnées
et les populations divisées, en lutte perpétuelle, décimées
par les maladies et les privations, menaient l'existence la plus précaire.
D'après les auteurs les plus autorisés, l'Algérie
ne devait pas compter plus d'un million et demi d'habitants en 1830. En
un peu plus d'un siècle de civilisation française, cette
population a plus que quintuplé. N'est-ce pas une des meilleures
preuves de l'effort accompli ?
***
ÉTAT ACTUEL
DE L'ORGANISATION SANITAIRE.
L'assistance médicale et hospitalière.
Dès les premiers jours de l'occupation. c'est au Service de Santé
de l'armée qu'est revenue la lourde charge de l'assistance médicale
des populations, Au fur et à mesure que les troupes s'installèrent,
des infirmeries et des ambulances fixes furent organisées et les
médecins militaires y soignèrent sans distinction soldats,
colons et indigènes.
La charge était lourde, aussi devint-il assez vite impossible aux
médecins militaires qui accompagnaient partout les colonnes mobiles,
de satisfaire aux besoins médicaux des centres de colonisation
et d'étendre leur action bienfaisante aux populations autochtones.
L'Administration s'efforça d'attirer des médecins civils,
mais ils ne venaient qu'en petit nombre et ne s'installaient que dans
les C'est pourquoi, le 12 avril 1845, fut organisé un service médical
dit de " colonisation ", dont le but était de visiter
les malades, de leur délivrer les médicaments et de les
conduire à l'hôpital le plus voisin. Treize circonscriptions
médicales étaient créées.
Un arrêté du 21 janvier 1853 en porta le nombre à
soixante. Par la suite, d'autres textes sont intervenus pour modifier
le nombre et la contexture des circonscriptions, mais l'organisation de
la médecine de colonisation n'a plus sensiblement varié.
En 1881, les médecins de colonisation étaient portés
à 90 ; en 1891, à 112. Longtemps ils sont restés
absolument seuls, sans aucune aide. Ce n'est qu'en 1904 qu'on leur a donné
des " auxiliaires médicaux indigènes
" pour les assister, leur servir d'interprète et veiller à
l'exécution de leurs prescriptions. Ces auxiliaires médicaux
portent maintenant le nom " d'adjoints techniques
de la Santé ".
Plus tard, en 1926, des infirmières visiteuses coloniales ont été
placées à côté des médecins de colonisation
pour les aider, tant à l'hôpital auxiliaire qu'au cours des
tournées spéciales d'assistance aux mères et aux
nourrissons.
Le corps des médecins de colonisation a dû être complété
pour assurer l'assistance médicale dans les villes et les centres
non compris dans leurs circonscriptions, par d'autres médec:ns
appelés : " médecins communaux
". Désignés par les municipalités, ils s'engagent
à donner gratuitement leurs soins aux indigents de la commune.
En même temps, l'assistance hospitalière s'est organisée.
Un décret du 3 juillet 1819, modifié et complété
par le décret du 23 décembre 1874, fixe les statuts des
hôpitaux civils. Il en fait des établissements publics dotés
de l'autonomio financière et ouverts de la façon la plus
libérale à tous les malades sans distinction de race ni
de religion.
L'Algérie comprend actuellement 24 grands hôpitaux civils,
4 hospices, 1 hôpital psychiatrique à Blida, et 91
hôpitaux auxiliaires. Il convient d'ajouter à ces hôpitaux
et hôpitaux-hospices, des établissements de bienfaisance
spécialisés : 1 établissement de sourds-muets créé
en 1920, 1 établissement médico-pédagogique privé
destiné aux enfants anormaux (1940), l'Institut pour l'enseignement
des jeunes aveugles, etc...
Le nombre des lits d'hôpitaux approche de 18.000. Le chiffre des
hospitalisés, qui était en 1910, de 37.388, a atteint en
1944, 125.936. Quant au nombre de journées d'hospitalisation, il
est passé de 1 million 583.837 en 1930 à 3.736.809 en 1944.
C'est dire tout l'effort accompli dans le domaine de l'assistance hospitalière
qui vient d'ailleurs d'être réorganisée par une ordonnance
et un décret récents (27 décembre 1943).
L'armement hospitalier de l'Algérie est évidemment inégal
; il en est de même dans tous les pays. A côté d'établissements
anciens dont la transformation et la reconstruction sont d'ailleurs prévues,
existent des hôpitaux ou des services très modernes qui font
le plus grand honneur à ce pays.
Lutte contre les épidémies.
La lutte contre les épidémies, après être restée
pendant longtemps limitée aux moyens purement locaux, est devenue,
à la suite de situations alarmantes, l'une des préoccupations
essentielles de la Santé, publique.
La lutte contre les épidémies est assurée par quatre
équipes sanitaires mobiles. Comprenant un médecin et le
personnel médical nécessaire, elles se rendent aux points
menacés pour effectuer les opérations de vaccination, désinfection.
et désinsectisation qui s'imposent.
L'action entreprise contre les épidémies ne peut être
mieux mise en valeur qu'en rappelant la lutte contre l'extraordinaire
poussée de typhus qui a frappé l'Algérie en 1942,
1943 et 1944. Au cours de ces trois années, grâce aux médecins
de colonisation et communaux et aux équipes mobiles, plus de 4
millions de vaccinations au virus-vaccin vivant de Blanc et Balthazar
et plus de 500 000 vaccinations au vaccin mort de Durand et Gnoud ont
pu être effectuées.
Lutte contre les fléaux sociaux.
La lutte contre ce qu'on est convenu d'appeler les fléaux sociaux,
a été envisagée, dès 1920, à peu près
à la même époque que dans la Métropole.
L'Algérie possède des dispensaires
antituberculeuxdans les grandes villes de ces trois départements,
mais ce nombre est encore trop réduit. Les services hospitaliers
spécialisés pour le traitement de la tuberculose pulmonaire
ne totalisent encore que 800 lits, auxquels s'ajoutent las 200 lits du
sanatorium de Rivet qui sera incessamment ouvert aux malades civils.
Pour le traitement des tuberculoses chirurgicales un établissement
spécialiséà Douera
à 40 kilomètres d'Alger, peut recevoir 300 malades environ.
Cet armement antituberculeux - encore très insuffisant - fait cependant
honneur à ceux qui l'ont réalise. Il ne peut être
question de traiter ici le problème de la lutte antituberculeuse
en Algérie. Qu'il suffise de dire qu'en mettant en uvre un
dépistage plus poussé, en développant les moyens
de cure et surtout en orientant résolument les efforts vers une
prévention efficace et vers le progrès social qui, seuls,
paient vraiment, on pourra combattre efficacement la tuberculose dans
ce pays.
Des préventoriums marins et de moyenne altitude devront être
construits. L'oeuvre Grancher, à type de placement collectif, qui
a déjà fait ses preuves à Alger, devra subir une
impulsion nouvelle. Le placement des tout-petits,
à isoler de leur contact tuberculeux, devra être réalisé
dans des pouponnières modernes et climatisées.
Enfin, la vaccination par le B.C.G., déjà entreprise depuis
plusieurs années par l'Institut Pasteur d'Algérie, devra
être généralisée. Inoculé en scarifications
cutanées, le B.C.G. fait généralement virer, chez
les individus non allergiques, la cuti-réaction dans les semaines
qui suivent. Il faudra donc en répandre largement l'application
dans les masses non prémunies.
Les maladies vénériennes
sont en très importante régression en Algérie, depuis
l'emploi généralisé des médicaments spirillicides
et des sulfamides. La lutte contre ces affections présente ces
deux aspects classiques : le contrôle de la salubrité et
le dépistage et le traitement des maladies vénériennes
dans les dispensaires spécialisés (grandes villes) et les
consultations collectives d'indigents.
Il est bon de signaler, à ce sujet, l'organisation tout à
fait remarquable réalisée a Alger par le Docteur RAYNAUD,
professeur de dermato-syphiligraphie qui, avec ses collaborateurs, a créé
et fait fonctionner un centre de salubrité et un dispensaire doté
d'un fichier central (dispensaire Brault), qui représente, sans
aucun doute, un des modèles du genre.
La lutte contre les ophtalmies contagieuses
et surtout le trachôme, si nombreux dans ce pays, a été
entreprise sur des bases nouvelles depuis 1934. Des médecins spécialistes
départementaux et de secteurs en visitent les centres (Bit-el-Aïnin)
et donnent les soins. Des progrès très intéressant
ont été obtenus, que la guerre actuelle a malheureusement
ralentis.
La lutte contre le paludisme a été
engagée dès 1902, en accord avec l'Institut Pasteur d'Algérie,
qui a apporté en la matière une contribution technique décisive
et, d'ailleurs, universellement reconnue.
Depuis 1942 et l'arrivée des troupes alliées, une nouvelle
impulsion a été donnée à cette lutte, qu'il
faudra encore accentuer dans l'avenir, en accord avec le Service de la
Colonisation et de l'Hydraulique. Le paludisme est, en effet, en Afrique
du Nord, une véritable maladie sociale dont les conséquenceséconomiques
sont considérables. En 1830 et les années suivantes, cette
maladie avait causé, dans nos troupes, de véritables ravages.
Il avait mème été question, à plusieurs reprises,
d'abandonner un pays si insalubre. La situation a bien changé depuis,
la population européenne a pu faire souche en Algérie ;
la population autochtone - naguère minée de fièvre
- a pu y prospérer ; d'énormes armées alliées
ont pu y séjourner au cours de la guerre actuelle, sans incidents
sanitaires notables.
La lutte contre l'aliénation mentale et les psychopathies
a été très poussée en Algérie. Dans
chaque département existe un service hospitalier de première
ligne dirigé par un médecin spécialiste, le deuxième
échelon étant constitué par l'hôpital psychiatrique
de Blida,
établissement très moderne, ouvert en 1933, où sont
acheminés les malades atteints de formes prolongées bénéficiant
de traitements spéciaux et les agités. Un troisième
échelon est représenté par les quartiers d'asiles
d'Aumale
et d'Orléansville (déments tranquilles, séniles,
enfants anormaux).
Enfin, si l'Algérie ne bénéficie pas encore d'un
centre moderne d'hospitalisation et de traitement des malades atteints
de tumeurs, du moins possède-t-elle déjà, avec son
Institut du cancer, un ensemble de
laboratoires de recherches tout à fait remarquables qui permettent
de bien augurer de l'avenir.
Protection maternelle et infantile.
La protection maternelle et infantile a fait l'objet de très intéressantes
réalisations en Algérie. En 1926 a été créée
l'assistance aux mères et aux nourrissons. Les médecins
de colonisation (assistés d'infirmières visiteuses) visitent,
au cours de tournées, les mères et les enfants, diffusent
les consultations, prodiguent leurs conseils et distribuent des secours
en nature toujours très appréciés.
Dans les villes, des consultations de nourrissons, des gouttes de lait,
des crèches et quelques pouponnières constituent l'essentiel
de l'action entreprise qu'il faut développer.
Il convient de signaler, à ce sujet les " cliniques indigènes
", véritables centres de santé réservés
aux femmes et aux enfants musulmans, et qui, au nombre de douze, ont été
installées dans les principales villes.
Les lois des 23 décembre 1874 et 27 juin 1904 ont été
introduites en Algérie par les décrets des 8 février
1876 et 6 mars 1907, c'est dire que ce pays bénéficie des
mêmes dispositions que la Métropole en ce qui concerne les
enfants assistés et la protection des enfants du premier âge.
Des centres dépositaires et des orphelinats, publics et privés,
existent dans les trois départements. A ce sujet, l'orphelinat
musulman de Sidi-Mabrouk, à Constantine, représente une
réalisation des plus heureuses qu'il faudrait multiplier avec des
centres d'instruction agricole et artisanale.
LE PROGRAMME DES REFORMES.
Idée générale.
L'oeuvre accomplie en matière de, santé et d'assistance
publique en Algérie, si l'on envisage le point de départ,
est énorme. Tout était à créer et il ne pouvait
être question d'amener brusquement l'Algérie musulmane à
un niveau social que les vieilles nations d'Europe n'ont pu acquérir
qu'après des siècles d'efforts patients et laborieux.
Mais il est certain que l'organisation actuelle s'avère insuffisante,
si l'on tient compte de l'accroissement de la population qui, grâce
au bienfait de l'influence de la France, suit, depuis 1831, une progression
continue, et du caractère social particulier des populations musulmanes
qui comptent une proportion d'indigents considérable.
Afin de mettre au point la meilleure prophylaxie contre les endémo-épidémies,
de .lutter contre les fléaux sociaux (tuberculose, syphilis, trachôme,
paludisme, etc...) de dispenser aux indigents la médecine collective,
préventive et curative la plus efficace, d'instituer une assistance
hospitalièreà haut rendement, de placer enfin les malades
chroniques et les incurables dans des établissementséconomiques,
un ensemble de réformes a été envisagé et
est en cours d'exécution.
Le programme élaboré porte à la fois sur l'organisation
sanitaire elle-même et sur le, réalisations matérielles.
Mais l'importance des crédits demandés (1.100 millions en
janvier 1944, chiffre à doubler en 1946), les délais de
construction et la nécessité de former du personnel ont
contraia+ d'étaler la réalisation de ce programme sur deux
périodes successives de 5 ans.
La réforme entreprise consiste à mettre en mesure la Direction
de la Santé publique de remplir ses nouvelles et lourdes tâches,
en créant les services techniques spécialisés nécessaires,
hygiène publique, hygiène sociale, épidémiologie
et prophylaxie des maladies contagieuses, lutte contre le paludisme) et
en mettant au point les services extérieurs d'exécution.
Un corps de médecins de la Santé publique allant des Directeurs
départementaux de la Santé (qui remplaceront les Inspecteurs
départementaux d'Hygiène) aux médecins de circonscription
médicale (qui remplaceront les médecins de colonisation)
est en voie d'organisation.
Des médecins conventionnés seront choisis, partout où
cela sera nécessaire, pour assurer plus particulièrement
l'assistance médicale.
Des auxiliaires compétents en nombre suffisant, des adjoints techniques
de la Santé infirmières, assistantes sociales, seront adjoints
a ax médecins de circonscription médicale.
L'assistance médicale.
L'ordonnance du 27 décembre 1947 suivie des instructions du
30 juin 1944*(note du site: il y
a une erreur quelque part.) a pour la première
fois réglementé en Algérie l'assistance médicale
gratuite ou assistance au premier degré. Elle met à la charge
de la commune les dépenses occasionnées par cette assistance,
mais avec une participation au Budget de l'l'Algérie dans une proportion
variant de 50 à 65 % suivant les communes.
Elle prévoit le partage du territoire algérien en circonscriptions
d'assistance médicale possédant chacune un centre de santé,
bâtiment spécialisé qui devra comprendre : salles
d'attente pour hommes et femmes, salles d'examen médical et de
pansement, etc... et doté du matériel médico-chirurgical
nécessaire et, en particulier, d'un appareil de radioscopie.
Dans les circonscriptions sanitaire; rurales étendues ou très
peuplées, des salles de consultations plus sommaires devront être
édifiées partout où cela paraîtra nécessaire
soit dans les agglomérations importantes, soit au lieu de rassemblement
périodique des populations (marchés, par exemple).
Il est prévu la construction de 196 centres de santé et
de plus de 400 salles de consultations.
La médecine se rapprochera ainsi des populations. En multipliant
des consultations collectives, en les tenant régulièrement
à jour fixe, on aura enfin résolu le problème de
l'assistance médicale puisqu'il sera ainsi permis aux masses musulmanes
d'avoir davantage recours aux bienfaits de notre médecine dont
elles apprécient depuis longtemps toute la valeur.
Dans les villes sera instaurée la même organisation Le centre
de santé y représentera également l'élément
essentiel de l'assistance médicale gratuite. Mais si la ville est
trop étendue, elle sera divisée en secteurs pourvus chacun
d'un centre de santé.
Des plans types des centres de santé ont été mis
au point. Trois types ont été prévus selon leur importance
(centres polyvalents ou non). Mais les constructions ne pourront entrer
dans la voie des réalisations effectuées que lorsqu'aura
disparu la pénurie de matériaux qui entrave actuellement
l'ouverture des chantiers, En attendant, des communes ont été
invitées à disposer de locaux provisoires.
L'assistance hospitalière.
Après avoir été un établissement de charité,
puis un établissement d'assistance, l'hôpital doit devenir
maintenant un établissement spécialement et techniquement
conçu pour traiter les malades dans les meilleurs conditions et
dans le minimum de temps.
Les incurables et les chroniques devront être placés dans
d'autres établissements plus économiques à véritable
caractère d'assistance.
Un plan d'organisation hospitalière comprenant un classement des
formations avec secteurs de rattachement sera réalisé, mais
il ne pourra entrer en application qu'avec l'amélioration des conditions
économiques et surtout la mise au t'oint d'un programme de transport
des malades (par ambulances ou camionnettes aménagées) qui
n'existe encore à peu près nulle part.
Enfin, des réalisations nombreuses sont prévues : construction
ou reconstruction d'hôpitaux d'arrondissement ou auxiliaires, création
de nouveaux services hospitaliers : services de médecine et de
chirurgie infantile, maternités, services de spécialités,
construction de préventoriums, sanatoriums, de pouponnières,
de maisons maternelles et l'acquisition d'un matériel médico-chirurgical
très important, Ce programme se chiffrant, à près
de 3 milliards sera réalisé progressivement.
Actuellement et malgré les difficultés matérielles
de tous ordres des travaux importants sont en cours dans les hôpitaux
de Mustapha,
Parnet, Birtraria,
Djidjelli,
etc...
La gestion des hôpitaux a fait l'objet d'une réglementation
nouvelle par l'ordonnance du 27 décembre 1943. Désormais,
les frais d'hospitalisation des indigents sont répartis entre la
commune du domicile de secours et l'Algérie, suivant un barème
qui varie entre 50 et 65 %.
L'hygiène publique et l'hygiène sociale.
L'hygiène publique dont le champ d'action est si vaste puisqu'il
comprend l'étude et l'application des mesures sanitaires collectives,
devra subir une impulsion décisive. Le contrôle des denrées
alimentaires (et en particulier des eaux d'alimentation), l'évacuation
et la destruction des déchets, le traitement des eaux résiduelles,
la suppression des quartiers insalubres, l'amélioration de l' habitat,
etc... constituent autant de problèmes auxquels il faudra apporter
une solution.
Une des premières réalisations sera la création dans
chaque département d'un laboratoire d'hygiène, de bactériologie
et de sérologie parfaitement outillé.
La lutte contre les fléaux sociaux : tuberculose, maladies vénériennes,
ophtalmies contagieuses, paludisme, cancer, psychopathies, etc.. sera
considérablement étendue et renforcée.
Mais l'" armement social prévu ne pourra être judicieusement
utilisé que si l'on peut disposer d'un nombre suffisant d'assistantes
médico-sociales dont le rôle s'avère particulièrement
important. Elles s'efforceront non seulement de dépister les affections
diverses, mais aussi de faire pénétrer dans les foyers,
en même temps que les notion,; d'hygiène élémentaire,
le; éléments d'économie domestique qui ne doivent
pas manquer d'élever le niveau de vie et de hâter l'évolution
de la femme musulmane,
Les méthodes de travail de ces assistantes ont
été précisées. Il est prévu notamment
l'organisation de fichiers de secteur, véritables répertoires
médico-sociaux des individus et des familles prises en charge,
Pour hâter la mise en route de cette grande oeuvre d'assistance,
une école a été organisée à Alger il
y a deux ans, pour la formation d'assistantes diplômées d'État.
La construction de nouveaux bâtiments permettra de l'agrandir et
d'en faire une pépinière d'assistantes dont l'Algérie
a le plus grand besoin (effectif prévu de 300 assistantes sociales).
En raison des difficultés de recrutement et de la réalisation
des réformes, le Gouverneur Général de l'Algérie
a décidé de faire appel au concours d'éléments
auxiliaires, qui, bien que ne possédant pas le diplôme d'Etat,
pourront néanmoins apporter le plus utile concours et permettront
d'associer les musulmans à cette grande oeuvre. Dans ce but, il
vient de créer une nouvelle école qui ouvrira ses portes
très prochainement à l'hôpital Parnet et qui formera
des infirmières pour l'assistance publique algérienne et
des aides médico-sociales. Les études seront sanctionnées
par la délivrance d'un certificat algérien qui, bien que
n'ayant pas la valeur du diplôme d'Etat, permettra de doter les
services prévus d'un personnel compétent. Il est souhaitable
- vu repris par de nombreuses personnalités musulmanes -
que les jeunes filles musulmanes se joignent nombreuses aux candidates
européennes pour suivre les cours.
Le Gouverneur Général envisage enfin de désigner
des correspondantes sociales dans tous les centres et les villages musulmans
où n'existeront pas d'assistantes.
Ces correspondantes seront choisies parmi les bonnes volontés féminines,
en particulier, les institutrices et femmes d'instituteurs ou de fonctionnaires
particulièrement attirées par l'action sociale et désireuses
d'apporter leur contribution à la grande uvre d'évolution
sociale qui doit être entreprise dans ce pays.
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Un grand pas a été fait dans la voie de
la réorganisation de la Santé publique en Algérie.
Un programme a été arrêté, il convient maintenant
de le réaliser.
La réforme administrative est très avancée. Les difficultés
de recrutement du personnel nécessaire nombreux et varié
(médecins, assistantes, adjoints techniques de la Santé,
infirmières) semblent pouvoir être surmontées assez
rapidement. Mais l'exécution des réalisations matérielles
se heurte, à l'heure actuelle, à des obstacles exceptionnels
provenant de la pénurie de matériaux de construction. L'action
de M. Chataigneau, Gouverneur Général de l'Algérie,
tendra à l'exécution du programme arrêté au
fur et à mesure de l'amélioration des conditions économiques,
car il faut aboutir au plus vite à l'exécution intégrale
de ce plan considéré d'intérêt national comme
a tenu à l'affirmer M, Tixier, Ministre de l'Intérieur.
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