La vigne en Algérie
Assemblage d'éléments disparates formé par les représentants
en tant que vignerons et cépages de presque toutes les régions
viticoles de l'Europe, et principalement de celles du bassin méditerranéen,
la viticulture algérienne à ses débuts (1870-1880)
a progressé sans autre but que la production Pure et simple. S'appuyant
sur la pénurie de vins en France à cette époque (
En 1875, le phylloxéra détruisit les vignobles du Midi de
la France.), escomptant la multiplicité des goûts
et des besoins du commerce et de la consommation, elle ne s'inquiéta
pas de rechercher des types constants, uniformes, caractéristiques
et s'adonna au contraire à la poursuite de toutes les variétés
de vins français, espagnols, italiens ou autres. Suivant son origine,
chaque vigneron improvisé, se souvenant des vignes natales, s'empressa
de les faire revivre autour de lui, comme s'il retrouvait mieux ainsi,
sous le Ciel d'Algérie, sa patrie absente et toujours chère.
Avec les cépages familiers, il apporta les usages relatifs à
leur culture et à leur vinification et de cet amalgame hétérogène
sortit ce vignoble des premières années donnant des vins
si indéterminés et, pour ce motif, si mal accueillis.
Et c'est ainsi que l'Algérie a été pendant de très
longues années considérée comme un pays producteurs
de vins ordinaires, voire même de qualité inférieure,
aussi bien par les consommateurs de la Métropole que par ceux de
l'étranger ; et cette réputation, justifiée il y
a 50 ans, s'est maintenue à tort jusqu'à ces dernières
années, malgré la régénération du vignoble
depuis 1910.
Consciente de l'effort fourni et des qualités très estimables
des vins produits, la viticulture algérienne demande maintenant
que ses vins ne servent plus uniquement à remonter dans les régions
de crus de la Métropole, des vins de mauvaise constitution et que
les jeunes crus produits au Sud de la Méditerranée viennent
s'ajouter à la liste magnifique des crus français.
LA CRÉATION
DU VIGNOBLE ALGÉRIEN.
Dès l'antiquité, l'Afrique
du Nord produisait des vins qu'elle exportait dans les autres pays bordant
la Méditerranée. Les témoignages concordent sur ce
point ; par contre, les textes qui nous sont parvenus sont muets sur l'étendue
qu'occupaient les plantations de vigne dans les colonies romaines d'Afrique.
Pendant la conquête vandale, la plupart des plantations de vigne
furent détruites ; cependant, sous l'occupation arabe et la domination
turque, la vigne continua à, être cultivée de façon
limitée par les indigènes de l'Afrique du Nord, mais à
peu près exclusivement en vue de la production des raisins de table
et dans les endroits où ils avaient des demeures fixes, telles
que Médéa, Miliana, Cherchell, Mostaganem et surtout la
Kabylie.
Lorsqu'en 1830 nos soldats débarquèrent à Sidi-Ferruch,
il n'existait que de petites parcelles de vigne, quelques treilles et
des souches éparses à travers le territoire de l'ancienne
Régence.
La
période française.
Pendant les années qui suivirent, les colons, disposant de moyens
limités, ne cultivèrent que des céréales et
quelques plantes annuelles. Le vin nécessaire à la consommation
était importé de la Métropole et de l'Espagne.
La loi du 11 janvier 1851 accordant l'entrée en franchise sur le
territoire métropolitain, des produits de l'Algérie, a permis
à la culture de la vigne de s'implanter dans ce pays pendant la
période comprise entre 1851 et 1860, et 2.036 hectares de vignes
furent recensés en 1854.
Après quelques années de flottement où l'on observe
un ralentissement notable de l'immigration, le véritable essor
de la viticulture algérienne commence. De nombreux Alsaciens-Lorrains
ayant tenu à demeurer Français après 1870, et des
viticulteurs du Midi de la France ruinés par la crise phylloxérique
de 1875 vinrent en Algérie, grâce aux encouragements et aux
facilités qui leur furent donnés par le Gouvernement français
dans le but de permettre à la France de rester le premier pays
du monde pour la production des vins. La surf ace plantée en vigne
est de 23.714 hectares en 1878. Les prix élevés auxquels
se vendirent les vins, pendant la période comprise entre 1880 et
1890 furent un stimulant encore plus énergique que l'action gouvernementale.
Ce fut le grand essor du vignoble algérien, la phase la plus active
de son développement. De 30.482 hectares en 1881, sa superficie
passe à 110.042 hectares en 1890, soit une augmentation de 79.560
hectares en dix ans.
Des modifications heureuses, dues aux résultats de la première
vigne expérimentale installée au Jardin d'Essai, à
Alger, sont apportées dans l'encépagement des vignes ; on
délaisse l'Aramon et les Terrets pour planter du Carignan, du Cinsault
et de l'Espar (Mourvèdre) qui donnent dès ce moment des
vins rouges d'excellente qualité.
La progression du vignoble dans la décade suivante, tout en restant
appréciable, subit cependant un ralentissement marqué, justifié
par la mévente au moment où le vignoble métropolitain
a été reconstitué et par les dommages que commence
à causer le phylloxéra apparu en Algérie en 1885
aux environs de Sidi-Bel-Abbès et de Tlemcen, en 1886 à
Oran et Philippeville, et qui, en 1898, se propagea dans une partie de
la plaine d'Oran, Mascara et des environs de Bône avec une rapidité
telle que les viticulteurs de ces régions réclamèrent
l'abandon de la lutte par les traitements d'extinction et l'autorisation
de cultiver les vignes américaines.
Cette autorisation fut accordée par la loi du 23 mars 1899, et
l'année 1900 ouvrit l'ère de la reconstitution du vignoble
algérien, alimenté par l'installation de pépinières
spécialisées dans les régions de Philippeville (1902),
d'Arzew-Mondovi, puis d'Alger.
A partir de. 1910, les statistiques ne donnent plus que la superficie
des vignes en rapport, laquelle augmente de façon continue et à
peu près régulière jusqu'en 1935, malgré les
mesures restrictives prévues depuis 1919 et édictées
par la suite par les lois des 4 juillet 1931, 6 juillet 1933, 24 décembre
1934 et décrets-lois du 3 juillet 1935 et du 28 mars 1936.
Dès 1936, surfaces plantées en vignes et productions accusent
une régression très nette, les années de guerre et
la sécheresse persistante de ces dernières années
n'ont fait que diminuer une production fortement compromise par le manque
de main-d'uvre et les difficultés d'entretien.
La situation du vignoble algérien est donc grave,car, par suite
de l'état d'incertitude consécutif à la guerre et
au développement des maladies cryptogamiques, par suite également
de l'impossibilité de procéder à une reconstitution
périodique normale, on assiste à un vieillissement prématuré
du vignoble et à des arrachages de plus en plus nombreux.
La reconstitution de ce vignoble pose un problème économique
et financier des plus importants à résoudre ; ses conséquences
sociales sont considérables. On estime qu'il faudra disposer de
près de 20 milliards pour financer cette opération et que
le potentiel de la production algérienne qui avait atteint 18 à
20 millions d'hectos ne se retrouvera pas avant un certain nombre d'années.
Établissements
viticoles.
Les premières pépinières de vignes américaines
furent créées en 1902 à Arzevv-Mondovi et Philippeville
par des spécialistes venus d'établissements métropolitains.
Dès cette date le nombre de pépinières augmente rapidement
et l'Algérie en 1905 est capable de fournir à la Roumanie,
dont 140.000 hectares de vignes viennent d'être détruits
par le phylloxéra, la majeure partie de ses plants de reconstitution
Au 1er juin 1943, 397 hectares de pieds mères existaient en Algérie.
L'ordonnance du 22 mars et l'arrêté du 22 avril 1943 ont
autorisé la création de 1.200 hectares de nouveaux champs
de pieds mères de vignes américaines nécessaires
à la reconstitution du vignoble. Actuellement 49 pépinières
existent dans les 3 départements. L'orientation générale
donnée par les services agricoles algériens en contact avec
les viticulteurs vise à la propagation des variétés
ayant donné leurs preuves et capable de doter, dans un délai
relativement bref, l'Algérie, d'un vignoble de choix.
o
VINS DE PAYS.
Depuis la publication des décrets du 15 juillet 1933, la France
et l'Algérie ont été arbitrairement subdivisées
en 10 régions viticoles (8 pour la France, 2 pour l'Algérie).
Les vins provenant de ces 10 régions ne peuvent être vendus
librement et considérés comme propres à la consommation
qu'à la condition de posséder certaines caractéristiques
chimiques variant pour chacune de ces régions.
Les degrés alcooliques minima imposés au vin de la. 1ere
région viticole d'Algérie (dép. de Constantine et
d'Alger) varient suivant les arrondissements de 11° à 10°pour
le département d'Alger et de 10°5 à 10° pour celui
de Constantine.
Dans la 2e région viticole constituée par le département
d'Oran, les degrés minima sont de 11°dans la région
de Tlemçen, 11°5 et 12° pour le reste du département
et suivant les arrondissements.
VINS DE COUPAGE.
Le décret du 16 août 1935, confirmant celui du 1er décembre
1934, spécifie que les vins de coupage préparés en
Algérie par les commerçants doivent posséder un degré
alcoolique total atteignant au moins 10°5 pour la 1e région
viticole et 11°pour 2è région.
Les caractéristiques chimiques imposées aux vins des 2 régions
viticoles de l'Algérie sont infiniment plus sévères
que celles ayant été imposées aux vins des 8 régions
françaises, les degrés minima français variant de
9°à 6°.
On ne s'étonnera plus dès lors de voir par exemple les viticulteurs
de la commune de Mascara (dép. d'Oran) se plaindre amèrement
du fait que l'on qualifie " d'impropre à la consommation
de bouche " pour insuffisance de richesse alcoolique, des vins
par ailleurs excellents, parfois même remarquables, titrant 11°
9 d'alcool mais provenant de leur région pour laquelle le degré
minimum a été arbitrairement fixé à 12°
RÉPARTITION DES VINS DE CRUS ET DES VINS
DE COUPAGE.
Vins de coupage et vins de consommation courante sont en général
des vins de plaines. Les régions viticoles algériennes susceptibles
de donner des vins de choix pouvant prétendre à l'appellation
d'origine et à la délimitation sont surtout les vignobles
à altitude élevée ou très proche de la mer.
Ceci tient à ce que dans ces situations, la végétation
de la vigne ne risque pas d'être arrêtée en été,
et que la vinification se fait dans des conditions de températures
normales.
Vins
de coteau.
Dans le département d'Alger, c'est le Sahel algérois, groupant
les centres de Staouéli,
Koléa,
Draria, Chéragas,
Kouba... qui produit les meilleurs vins
de coteau, titrant 11 à 12°, d'une grande finesse st d'une
très belle couleur. Cépages dominants ; Carignan, Cinsault,
Cot de Chéraga, avec dans certains ténement des plants fins
tel que Cabernet, Pinot, Gamay servant à relever le bouquet.
En allant vers l'Ouest, nous trouvons dans la région comprise entre
Ténès et Cherchell,
des vignobles constitués surtout par des Carignans ou Cinsaults,
produisant des vins riches en couleur, très alcooliques, recherchés
surtout par le commerce pour le coupage des petits vins de plaine ; au
Sud de Cherchell sur les coteaux de Meurad et de Bou Yersen et à
Desaix, se font des vins de tout premier choix titrant au moins 12°,
très fins et très recherchés pour l'exportation,
tant en rouges qu'en blancs.
Dans la région de Courbet,
Ménerville,
Rébeval, on produit également des vins blancs de tout premier
choix, d'une grande finesse et très prisés par le commerce
; les vins rouges produits surtout par Carignan et le Cinsault sont d'excellente
tenue.
Si nous passons au département d'Oran, nous constatons d'une façon
générale que les vins de cocu oraniens sont plus alcoolique
et plus riches en couleur que ceux du département d'Alger, aussi
plus recherchés par le commerce comme vins de coupage, parce que
plus précoces.
Le vignoble d'Oran, s'étendant d'Arcole à Rio-Salado, produit
surtout des vins rouges avec des Carignan, Cinsault, Grenache et Alicante
Bouschet. Les vins blancs très alcooliques (12°à 13°),
sont produits avec les Clairette et Merseguerra. En allant vers l'Est,
nous trouvons le vignoble de Saint-Cloud, allant d'Arcole à Port-aux-Poules
et produisant les vins les plus précoces de l'Algérie ;
aux Carignans, Cinsaults, Grenaches et Morastels qui constituaient l'encépagement
ancien, s'ajoutent, depuis quelques années des Grands Noirs et
des Cots de Chéragas. Ce sont des vins de coupage très prisés
par le commerce, parce que primeurs.
En suivant la côte, nous arrivons dans la région de Mostaganem
à des vins beaucoup plus fruités et plus fins que ceux de
Saint-Cloud, en raison de la nature du sol (pliocène marin et miocène).
C'est là que se trouvent les vins si justement réputés
de. Mostaganem, d'Aïn-Tédélès, de Cassaigne,
Mazagran, Noisy-les-Bains, Pélissier, Bouguirat, Rivoli. La région
d'Aïn-Témouchent produit des vins d'un titre alcoolique élevé
qui les rapproche des vins de montagne, d'une grande souplesse et très
recherchés par le commerce métropolitain pour remonter les
vins faibles. La région de Rio-Salado s'est surtout spécialisée
dans la production des mistelles, et présente les mêmes cépages
que la précédente : Carignan, Cinsault, Grenache, Alicante,
Bouschet ; on pourrait y obtenir des vins de tout premier choix, si les
viticulteurs faisaient entrer quelques plants fins tels que Cabernet,
Pinot, Gamay dans leurs plantations.
Le département de Constantine, enfin, produit aussi des vins de
coteau, mais en petite quantité, comparativement à ceux
d'Oran et d'Alger ; ce sont des vins généralement corsés,
très alcooliques, très 4 riches en couleur et extrait sec,
servant aux coupages.
Avant la crise phylloxérique, il existait un cru fameux, produit
par des vignobles de Béni-Melek, près de Philippeville et
dont la finesse, le fruité étaient très appréciés
des gourmets ; ce vignoble n'existe pour ainsi dire plus ; peut-être
sera-t-il reconstitué un jour et redonnera-t-il ces vins si renommés.
Vins
de montagne. -
Ils constituent véritablement les vins de crus d'Algérie
; ils tiennent ces qualités d'abord de l'encépagement spécial,
de la nature du sol, mais surtout du climat qui permet d'obtenir des raisins
mûrissant normalement et de vinifier à une époque
(fin septembre à fin octobre) où la fermentation se fait
sans à-coup.
C'est ce qui explique pourquoi les vins de ces régions sont si
bien constitués, très colorés, très alcooliques
(12° à 15°) et bien fruités ; certes le haut titre
alcoolique de certains d'entre eux ne permet pas de les utiliser comme
vins de table, mais, après un vieillissement de quelques années
les plus faibles en titre constituent des vins, d'une finesse et d'un
bouquet spécial
Dans le département d'Alger, la région de Médéa
a un vignoble situé entre 800 et 1.200 mètres et s'étendant,
sous toutes les expositions, sur les centres de Médéa, Damiette,
Lodi, Ben-Chicao, Berrouaghia, Loverdo et Champlain. Etabli sur des grès
rouges et sur des terres siliceuses ou argilo-calcaires; il est constitué
en vignes rouges de Carignan, Mourvèdre, Morastel et Alicante,
un peu de Cabernet, parfois en vignes blanches de Faranah, Clairette de
Provence, Ugni blanc, Sémillon et Blanc sélection.
Le vignoble Médéa produit des vins blancs généreux,
se rapprochant beaucoup des vins de la Métropole ; les rouges sont,
les uns très alcooliques (13°) et recherchés par le
commerce pour le coupage ; les autres, depuis la reconstitution surtout,
sont plus faibles en alcool, plus fruités, plus agréables
au palais et très bouquetés en vieillissant.
Cette intéressante région qui produit les meilleurs vins
blancs d'Algérie n'a pas terminé la reconstitution de son
vignoble dont l'encépagement amélioré par l'introduction
de plants fins métropolitains permettra, grâce au climat
et à l'exposition générale,' d'obtenir beaucoup plus
de vins de table qu'avant l'invasion phylloxérique.
La région du Zaccar, comprenant les centres de Levacher, Miliana,
Marguerite, Hammam-Righa
et une partie de Chargarnier, développe son vignoble sur le versant
Sud des Zaccar, Chergui et Gharbi, à une altitude moyenne de 600
à 800 mètres, et dans des terrains constitués en
majeure partie, au Nord de la route nationale d'Alger à Oran, par
deséboulis de pente, avec des émergences de crétacé
ou de marnes schisteuses ; au Sud de cette route, presque tous les vignobles
sont plantés dans des argiles plus ou moins schisteuses et dans
les sables calcaires provenant de la décomposition de travertins.
L'encépagement est à base de Carignan et
de Cinsault avec un mélange de Morastel et de Grenache ; c'est
peut-être la région viticole algérienne où
les plants fins métropolitains ont été les plus cultivés
et depuis longtemps, pour donner aux vins provenant des cépages
indigènes, le bouquet et la finesse qui leur manquent parfois ;
aussi y voyons-nous des plantations assez importantes de Pinot noir et
de Gamay, de Syrah et de Cabernet.
Les vins rouges sont très riches en couleur et ont un titre alcoolique
variant de 12 à 15° ; ils ont souvent besoin d'être remontés
en acidité quoique de plus en plus se généralise
l'emploi de l'acide tantrique au moment de la vinification. Ces vins sont
néanmoins fruités et plus moelleux que les rouges de Médéa
; ils se rapprochent surtout du type Bourgogne et c'est pourquoi ils étaient,
avant la loi sur les appellations d'origine, recherchés par les
négociants de Beaume ; le terroir permet de les différencier
d'un centre à l'autre. Les vins blancs sont produits en faible
quantité avec le Faranah, l'Ugni blanc et quelques Clairettes ;
la présence du fer dans le sol (hématie) les rend difficiles
à clarifier.
L'Oranie a acquis depuis longtemps une renommée justifiée
pour ses vins de Mascara et de Tlemcen.
Le vignoble de Mascara est situé sur les coteaux bordant la vaste
plaine de l'Egris et comprend du Carignan, du Morastel et du Grenache
pour les vins rouges ; du Faranah, du Blanc de Mascara, de la Clairette,
du Picpoul et de l'Aïn-el-Kelb pour les vins blancs.
Les vins rouges, fortement constitués et fruités, présentent
une belle couleur rouge à reflet velouté ; d'une teneur
alcoolique très élevée (14 à 15°), ils
sont très recherchés par le commerce, pour les pays septentrionaux
tels que la Belgique, la Suisse, l'Allemagne.
Les vins blancs secs constituent certainement les premiers crus d'Algérie
et sont aussi très appréciés à l'étranger.
Le vignoble de Tlemcen, créé sur l'Helvétien, produit
des vins qui ont beaucoup contribué à faire apprécier
les vins d'Algérie ; les centres de Mansourah et de Bréah
sont arrivés à des résultats remarquables, comme
qualité de leurs vins rouges et de leurs vins blancs.
Les vins rouges, produits par le Carignan, le Morastel, le Grenache et
le Cinsault, sont d'une fraîcheur très appréciée,
d'une belle couleur, d'une grande finesse et constituent des vins hors
pair en vieillissant.
Les vins blancs sont produits avec de la Clairette de Provence, de l'Ugni
blanc et divers cépages indigènes, dont le Corchi.
Mansourah a été le premier centre ayant créé,
en 1926, un Syndicat d'appellation d'origine pour défendre les
fraudes d'appellation si nombreuses en France et en Algérie.
Les vins de montagne du département de Constantine constituent
surtout des vins de coupage en raison de leur haute teneur et alcool et
de leur couleur ; ils n'ont pas la finesse des vins similaires d'Oran
et d'Alger, sauf cependant dans les régions de Jemmapes et de Souk-Ahras,
où les nouveaux vignobles donnent des vins bien fruités
et de plus en plus appréciés par le commerce.
BUT ET ORGANISATION DES CAVES COOPÉRATIVES.
Il existe en Algérie 172 caves coopératives, créées
grâce au concours financier de l'Etat.
Ces caves permettent de mettre à la disposition des petits propriétaires
des installations vinicoles remarquablement bien aménagées,
pourvues d'un appareillage qui ne pourrait pas être acquis par la
plupart des sociétaires isolés et servant à protéger
les petits producteurs contre la spéculation et les intermédiaires
inutiles.
Fabriquant d'ordinaire des vins excellents, d'un type uniforme dont la
vinification peut être dirigée économiquement par
des techniciens pratiquant les méthodes à la fois les plus
scientifiques et les plus rationnelles, elles écoulent également
les sous-produits de la vinification : marcs, alcools de marcs, lies et
tartres, à des prix plus avantageux que ceux que pourraient obtenir
isolément les petits producteurs.
Créées avec un capital social souvent très modeste
(à peine quelques milliers de francs), les caves coopératives
d'Algérie ont pu disposer, au moins au début de leur création,
d'une part de subventions, et, d'autre part, de prêts d'Essaià
long terme.
Grâce à une sage administration et à des circonstances
qui étaient assez favorables avant 1939, la plupart de ces groupements
corporatifs ont déjà pu se libérer de leurs obligations,
acquérir en toute propriété des établissements
et un matériel considérable, enfin enrichir des régions
entières.
A cause de la variabilité des cours des vins et des alcools, les
modalités adoptées par les sociétés coopératives,
pour la suite de leurs récoltes, ont toujours constitué
un problème difficultueux que l'on a cherché à solutionner
par des systèmes différents : ventes par les présidents,
ventes individuelles par les sociétaires, ventes sur offres.
C'est ce dernier qui tend à se généraliser et donne
des résultats satisfaisants.
Dans la plupart des caves d'Algérie, le conseil d'administration
fixe annuellement les sommes exactes devant être prélevées
sur le prix de vente de chaque hectolitre et dont l'ensemble doit servir
à assurer les dépenses de vinification et d'exploitation
et constituer le fonds de réserve de la cave.
*.*
Au moment où les vins algériens vont apporter
leur contribution au ravitaillement de la France, (8 millions d'hectolitres
ont été exportés cette année), où la
Suisse, la Belgique, le Luxembourg en ont reçu également
des contingents importants, il est opportun de bien montrer l'importance
que peut prendre en Algérie la production des vins fins ayant des
caractères spécifiques propres à chaque région
et ne concurrençant nullement les grands crus inimitables de la
Métropole. Certes parmi ces vins d'Algérie il en est qui
peuvent être classés parmi les premiers crus, mais la majeure
partie d'entre eux font d'excellents grands vins ordinaires et vins bourgeois.
Les crus d'Algérie sont jeunes ; ils ont besoin d'être mieux
étudiés, mieux définis ; travail de longue haleine
qui s'impose aux viticulteurs, car il est nécessaire ici de dépasser
le cadre algérien et métropolitain, et c'est surtout à
l'étranger que l'Algérie doit faire connaître ses
vins de crus comme d'ailleurs ses vins ordinaires.
En augmentant le patrimoine national par la qualité de ses vins,
l'Algérie montrera une fois de plus qu'elle est partie intégrante
du plus grand pays viticole : la France
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