Alger, Algérie : documents algériens
Série économique

La vigne en Algérie
mise sur site le 20-12-2010
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Document n° 21 de la série : Économique - Paru le 24 novembre 1946 - Rubrique AGRICULTURE

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La vigne en Algérie


Assemblage d'éléments disparates formé par les représentants en tant que vignerons et cépages de presque toutes les régions viticoles de l'Europe, et principalement de celles du bassin méditerranéen, la viticulture algérienne à ses débuts (1870-1880) a progressé sans autre but que la production Pure et simple. S'appuyant sur la pénurie de vins en France à cette époque ( En 1875, le phylloxéra détruisit les vignobles du Midi de la France.), escomptant la multiplicité des goûts et des besoins du commerce et de la consommation, elle ne s'inquiéta pas de rechercher des types constants, uniformes, caractéristiques et s'adonna au contraire à la poursuite de toutes les variétés de vins français, espagnols, italiens ou autres. Suivant son origine, chaque vigneron improvisé, se souvenant des vignes natales, s'empressa de les faire revivre autour de lui, comme s'il retrouvait mieux ainsi, sous le Ciel d'Algérie, sa patrie absente et toujours chère. Avec les cépages familiers, il apporta les usages relatifs à leur culture et à leur vinification et de cet amalgame hétérogène sortit ce vignoble des premières années donnant des vins si indéterminés et, pour ce motif, si mal accueillis.

Et c'est ainsi que l'Algérie a été pendant de très longues années considérée comme un pays producteurs de vins ordinaires, voire même de qualité inférieure, aussi bien par les consommateurs de la Métropole que par ceux de l'étranger ; et cette réputation, justifiée il y a 50 ans, s'est maintenue à tort jusqu'à ces dernières années, malgré la régénération du vignoble depuis 1910.

Consciente de l'effort fourni et des qualités très estimables des vins produits, la viticulture algérienne demande maintenant que ses vins ne servent plus uniquement à remonter dans les régions de crus de la Métropole, des vins de mauvaise constitution et que les jeunes crus produits au Sud de la Méditerranée viennent s'ajouter à la liste magnifique des crus français.

LA CRÉATION DU VIGNOBLE ALGÉRIEN.

Dès l'antiquité, l'Afrique du Nord produisait des vins qu'elle exportait dans les autres pays bordant la Méditerranée. Les témoignages concordent sur ce point ; par contre, les textes qui nous sont parvenus sont muets sur l'étendue qu'occupaient les plantations de vigne dans les colonies romaines d'Afrique.

Pendant la conquête vandale, la plupart des plantations de vigne furent détruites ; cependant, sous l'occupation arabe et la domination turque, la vigne continua à, être cultivée de façon limitée par les indigènes de l'Afrique du Nord, mais à peu près exclusivement en vue de la production des raisins de table et dans les endroits où ils avaient des demeures fixes, telles que Médéa, Miliana, Cherchell, Mostaganem et surtout la Kabylie.

Lorsqu'en 1830 nos soldats débarquèrent à Sidi-Ferruch, il n'existait que de petites parcelles de vigne, quelques treilles et des souches éparses à travers le territoire de l'ancienne Régence.

         La période française.
Pendant les années qui suivirent, les colons, disposant de moyens limités, ne cultivèrent que des céréales et quelques plantes annuelles. Le vin nécessaire à la consommation était importé de la Métropole et de l'Espagne.

La loi du 11 janvier 1851 accordant l'entrée en franchise sur le territoire métropolitain, des produits de l'Algérie, a permis à la culture de la vigne de s'implanter dans ce pays pendant la période comprise entre 1851 et 1860, et 2.036 hectares de vignes furent recensés en 1854.

Après quelques années de flottement où l'on observe un ralentissement notable de l'immigration, le véritable essor de la viticulture algérienne commence. De nombreux Alsaciens-Lorrains ayant tenu à demeurer Français après 1870, et des viticulteurs du Midi de la France ruinés par la crise phylloxérique de 1875 vinrent en Algérie, grâce aux encouragements et aux facilités qui leur furent donnés par le Gouvernement français dans le but de permettre à la France de rester le premier pays du monde pour la production des vins. La surf ace plantée en vigne est de 23.714 hectares en 1878. Les prix élevés auxquels se vendirent les vins, pendant la période comprise entre 1880 et 1890 furent un stimulant encore plus énergique que l'action gouvernementale. Ce fut le grand essor du vignoble algérien, la phase la plus active de son développement. De 30.482 hectares en 1881, sa superficie passe à 110.042 hectares en 1890, soit une augmentation de 79.560 hectares en dix ans.

Des modifications heureuses, dues aux résultats de la première vigne expérimentale installée au Jardin d'Essai, à Alger, sont apportées dans l'encépagement des vignes ; on délaisse l'Aramon et les Terrets pour planter du Carignan, du Cinsault et de l'Espar (Mourvèdre) qui donnent dès ce moment des vins rouges d'excellente qualité.

La progression du vignoble dans la décade suivante, tout en restant appréciable, subit cependant un ralentissement marqué, justifié par la mévente au moment où le vignoble métropolitain a été reconstitué et par les dommages que commence à causer le phylloxéra apparu en Algérie en 1885 aux environs de Sidi-Bel-Abbès et de Tlemcen, en 1886 à Oran et Philippeville, et qui, en 1898, se propagea dans une partie de la plaine d'Oran, Mascara et des environs de Bône avec une rapidité telle que les viticulteurs de ces régions réclamèrent l'abandon de la lutte par les traitements d'extinction et l'autorisation de cultiver les vignes américaines.

Cette autorisation fut accordée par la loi du 23 mars 1899, et l'année 1900 ouvrit l'ère de la reconstitution du vignoble algérien, alimenté par l'installation de pépinières spécialisées dans les régions de Philippeville (1902), d'Arzew-Mondovi, puis d'Alger.

A partir de. 1910, les statistiques ne donnent plus que la superficie des vignes en rapport, laquelle augmente de façon continue et à peu près régulière jusqu'en 1935, malgré les mesures restrictives prévues depuis 1919 et édictées par la suite par les lois des 4 juillet 1931, 6 juillet 1933, 24 décembre 1934 et décrets-lois du 3 juillet 1935 et du 28 mars 1936.

Dès 1936, surfaces plantées en vignes et productions accusent une régression très nette, les années de guerre et la sécheresse persistante de ces dernières années n'ont fait que diminuer une production fortement compromise par le manque de main-d'œuvre et les difficultés d'entretien.

La situation du vignoble algérien est donc grave,car, par suite de l'état d'incertitude consécutif à la guerre et au développement des maladies cryptogamiques, par suite également de l'impossibilité de procéder à une reconstitution périodique normale, on assiste à un vieillissement prématuré du vignoble et à des arrachages de plus en plus nombreux.

La reconstitution de ce vignoble pose un problème économique et financier des plus importants à résoudre ; ses conséquences sociales sont considérables. On estime qu'il faudra disposer de près de 20 milliards pour financer cette opération et que le potentiel de la production algérienne qui avait atteint 18 à 20 millions d'hectos ne se retrouvera pas avant un certain nombre d'années.

         Établissements viticoles.
Les premières pépinières de vignes américaines furent créées en 1902 à Arzevv-Mondovi et Philippeville par des spécialistes venus d'établissements métropolitains.

Dès cette date le nombre de pépinières augmente rapidement et l'Algérie en 1905 est capable de fournir à la Roumanie, dont 140.000 hectares de vignes viennent d'être détruits par le phylloxéra, la majeure partie de ses plants de reconstitution

Au 1er juin 1943, 397 hectares de pieds mères existaient en Algérie. L'ordonnance du 22 mars et l'arrêté du 22 avril 1943 ont autorisé la création de 1.200 hectares de nouveaux champs de pieds mères de vignes américaines nécessaires à la reconstitution du vignoble. Actuellement 49 pépinières existent dans les 3 départements. L'orientation générale donnée par les services agricoles algériens en contact avec les viticulteurs vise à la propagation des variétés ayant donné leurs preuves et capable de doter, dans un délai relativement bref, l'Algérie, d'un vignoble de choix.

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VINS DE PAYS.

Depuis la publication des décrets du 15 juillet 1933, la France et l'Algérie ont été arbitrairement subdivisées en 10 régions viticoles (8 pour la France, 2 pour l'Algérie).

Les vins provenant de ces 10 régions ne peuvent être vendus librement et considérés comme propres à la consommation qu'à la condition de posséder certaines caractéristiques chimiques variant pour chacune de ces régions.

Les degrés alcooliques minima imposés au vin de la. 1ere région viticole d'Algérie (dép. de Constantine et d'Alger) varient suivant les arrondissements de 11° à 10°pour le département d'Alger et de 10°5 à 10° pour celui de Constantine.

Dans la 2e région viticole constituée par le département d'Oran, les degrés minima sont de 11°dans la région de Tlemçen, 11°5 et 12° pour le reste du département et suivant les arrondissements.

VINS DE COUPAGE.

Le décret du 16 août 1935, confirmant celui du 1er décembre 1934, spécifie que les vins de coupage préparés en Algérie par les commerçants doivent posséder un degré alcoolique total atteignant au moins 10°5 pour la 1e région viticole et 11°pour 2è région.

Les caractéristiques chimiques imposées aux vins des 2 régions viticoles de l'Algérie sont infiniment plus sévères que celles ayant été imposées aux vins des 8 régions françaises, les degrés minima français variant de 9°à 6°.

On ne s'étonnera plus dès lors de voir par exemple les viticulteurs de la commune de Mascara (dép. d'Oran) se plaindre amèrement du fait que l'on qualifie " d'impropre à la consommation de bouche " pour insuffisance de richesse alcoolique, des vins par ailleurs excellents, parfois même remarquables, titrant 11° 9 d'alcool mais provenant de leur région pour laquelle le degré minimum a été arbitrairement fixé à 12°

RÉPARTITION DES VINS DE CRUS ET DES VINS DE COUPAGE.

Vins de coupage et vins de consommation courante sont en général des vins de plaines. Les régions viticoles algériennes susceptibles de donner des vins de choix pouvant prétendre à l'appellation d'origine et à la délimitation sont surtout les vignobles à altitude élevée ou très proche de la mer. Ceci tient à ce que dans ces situations, la végétation de la vigne ne risque pas d'être arrêtée en été, et que la vinification se fait dans des conditions de températures normales.

         Vins de coteau.
Dans le département d'Alger, c'est le Sahel algérois, groupant les centres de Staouéli, Koléa, Draria, Chéragas, Kouba... qui produit les meilleurs vins de coteau, titrant 11 à 12°, d'une grande finesse st d'une très belle couleur. Cépages dominants ; Carignan, Cinsault, Cot de Chéraga, avec dans certains ténement des plants fins tel que Cabernet, Pinot, Gamay servant à relever le bouquet.

En allant vers l'Ouest, nous trouvons dans la région comprise entre Ténès et Cherchell, des vignobles constitués surtout par des Carignans ou Cinsaults, produisant des vins riches en couleur, très alcooliques, recherchés surtout par le commerce pour le coupage des petits vins de plaine ; au Sud de Cherchell sur les coteaux de Meurad et de Bou Yersen et à Desaix, se font des vins de tout premier choix titrant au moins 12°, très fins et très recherchés pour l'exportation, tant en rouges qu'en blancs.

Dans la région de Courbet, Ménerville, Rébeval, on produit également des vins blancs de tout premier choix, d'une grande finesse et très prisés par le commerce ; les vins rouges produits surtout par Carignan et le Cinsault sont d'excellente tenue.

Si nous passons au département d'Oran, nous constatons d'une façon générale que les vins de cocu oraniens sont plus alcoolique et plus riches en couleur que ceux du département d'Alger, aussi plus recherchés par le commerce comme vins de coupage, parce que plus précoces.


Le vignoble d'Oran, s'étendant d'Arcole à Rio-Salado, produit surtout des vins rouges avec des Carignan, Cinsault, Grenache et Alicante Bouschet. Les vins blancs très alcooliques (12°à 13°), sont produits avec les Clairette et Merseguerra. En allant vers l'Est, nous trouvons le vignoble de Saint-Cloud, allant d'Arcole à Port-aux-Poules et produisant les vins les plus précoces de l'Algérie ; aux Carignans, Cinsaults, Grenaches et Morastels qui constituaient l'encépagement ancien, s'ajoutent, depuis quelques années des Grands Noirs et des Cots de Chéragas. Ce sont des vins de coupage très prisés par le commerce, parce que primeurs.

En suivant la côte, nous arrivons dans la région de Mostaganem à des vins beaucoup plus fruités et plus fins que ceux de Saint-Cloud, en raison de la nature du sol (pliocène marin et miocène). C'est là que se trouvent les vins si justement réputés de. Mostaganem, d'Aïn-Tédélès, de Cassaigne, Mazagran, Noisy-les-Bains, Pélissier, Bouguirat, Rivoli. La région d'Aïn-Témouchent produit des vins d'un titre alcoolique élevé qui les rapproche des vins de montagne, d'une grande souplesse et très recherchés par le commerce métropolitain pour remonter les vins faibles. La région de Rio-Salado s'est surtout spécialisée dans la production des mistelles, et présente les mêmes cépages que la précédente : Carignan, Cinsault, Grenache, Alicante, Bouschet ; on pourrait y obtenir des vins de tout premier choix, si les viticulteurs faisaient entrer quelques plants fins tels que Cabernet, Pinot, Gamay dans leurs plantations.

Le département de Constantine, enfin, produit aussi des vins de coteau, mais en petite quantité, comparativement à ceux d'Oran et d'Alger ; ce sont des vins généralement corsés, très alcooliques, très 4 riches en couleur et extrait sec, servant aux coupages.

Avant la crise phylloxérique, il existait un cru fameux, produit par des vignobles de Béni-Melek, près de Philippeville et dont la finesse, le fruité étaient très appréciés des gourmets ; ce vignoble n'existe pour ainsi dire plus ; peut-être sera-t-il reconstitué un jour et redonnera-t-il ces vins si renommés.

         Vins de montagne. -

Ils constituent véritablement les vins de crus d'Algérie ; ils tiennent ces qualités d'abord de l'encépagement spécial, de la nature du sol, mais surtout du climat qui permet d'obtenir des raisins mûrissant normalement et de vinifier à une époque (fin septembre à fin octobre) où la fermentation se fait sans à-coup.

C'est ce qui explique pourquoi les vins de ces régions sont si bien constitués, très colorés, très alcooliques (12° à 15°) et bien fruités ; certes le haut titre alcoolique de certains d'entre eux ne permet pas de les utiliser comme vins de table, mais, après un vieillissement de quelques années les plus faibles en titre constituent des vins, d'une finesse et d'un bouquet spécial

Dans le département d'Alger, la région de Médéa a un vignoble situé entre 800 et 1.200 mètres et s'étendant, sous toutes les expositions, sur les centres de Médéa, Damiette, Lodi, Ben-Chicao, Berrouaghia, Loverdo et Champlain. Etabli sur des grès rouges et sur des terres siliceuses ou argilo-calcaires; il est constitué en vignes rouges de Carignan, Mourvèdre, Morastel et Alicante, un peu de Cabernet, parfois en vignes blanches de Faranah, Clairette de Provence, Ugni blanc, Sémillon et Blanc sélection.

Le vignoble Médéa produit des vins blancs généreux, se rapprochant beaucoup des vins de la Métropole ; les rouges sont, les uns très alcooliques (13°) et recherchés par le commerce pour le coupage ; les autres, depuis la reconstitution surtout, sont plus faibles en alcool, plus fruités, plus agréables au palais et très bouquetés en vieillissant.

Cette intéressante région qui produit les meilleurs vins blancs d'Algérie n'a pas terminé la reconstitution de son vignoble dont l'encépagement amélioré par l'introduction de plants fins métropolitains permettra, grâce au climat et à l'exposition générale,' d'obtenir beaucoup plus de vins de table qu'avant l'invasion phylloxérique.

La région du Zaccar, comprenant les centres de Levacher, Miliana, Marguerite, Hammam-Righa et une partie de Chargarnier, développe son vignoble sur le versant Sud des Zaccar, Chergui et Gharbi, à une altitude moyenne de 600 à 800 mètres, et dans des terrains constitués en majeure partie, au Nord de la route nationale d'Alger à Oran, par deséboulis de pente, avec des émergences de crétacé ou de marnes schisteuses ; au Sud de cette route, presque tous les vignobles sont plantés dans des argiles plus ou moins schisteuses et dans les sables calcaires provenant de la décomposition de travertins.

L'encépagement est à base de Carignan et de Cinsault avec un mélange de Morastel et de Grenache ; c'est peut-être la région viticole algérienne où les plants fins métropolitains ont été les plus cultivés et depuis longtemps, pour donner aux vins provenant des cépages indigènes, le bouquet et la finesse qui leur manquent parfois ; aussi y voyons-nous des plantations assez importantes de Pinot noir et de Gamay, de Syrah et de Cabernet.

Les vins rouges sont très riches en couleur et ont un titre alcoolique variant de 12 à 15° ; ils ont souvent besoin d'être remontés en acidité quoique de plus en plus se généralise l'emploi de l'acide tantrique au moment de la vinification. Ces vins sont néanmoins fruités et plus moelleux que les rouges de Médéa ; ils se rapprochent surtout du type Bourgogne et c'est pourquoi ils étaient, avant la loi sur les appellations d'origine, recherchés par les négociants de Beaume ; le terroir permet de les différencier d'un centre à l'autre. Les vins blancs sont produits en faible quantité avec le Faranah, l'Ugni blanc et quelques Clairettes ; la présence du fer dans le sol (hématie) les rend difficiles à clarifier.

L'Oranie a acquis depuis longtemps une renommée justifiée pour ses vins de Mascara et de Tlemcen.

Le vignoble de Mascara est situé sur les coteaux bordant la vaste plaine de l'Egris et comprend du Carignan, du Morastel et du Grenache pour les vins rouges ; du Faranah, du Blanc de Mascara, de la Clairette, du Picpoul et de l'Aïn-el-Kelb pour les vins blancs.

Les vins rouges, fortement constitués et fruités, présentent une belle couleur rouge à reflet velouté ; d'une teneur alcoolique très élevée (14 à 15°), ils sont très recherchés par le commerce, pour les pays septentrionaux tels que la Belgique, la Suisse, l'Allemagne.

Les vins blancs secs constituent certainement les premiers crus d'Algérie et sont aussi très appréciés à l'étranger.

Le vignoble de Tlemcen, créé sur l'Helvétien, produit des vins qui ont beaucoup contribué à faire apprécier les vins d'Algérie ; les centres de Mansourah et de Bréah sont arrivés à des résultats remarquables, comme qualité de leurs vins rouges et de leurs vins blancs.

Les vins rouges, produits par le Carignan, le Morastel, le Grenache et le Cinsault, sont d'une fraîcheur très appréciée, d'une belle couleur, d'une grande finesse et constituent des vins hors pair en vieillissant.

Les vins blancs sont produits avec de la Clairette de Provence, de l'Ugni blanc et divers cépages indigènes, dont le Corchi.

Mansourah a été le premier centre ayant créé, en 1926, un Syndicat d'appellation d'origine pour défendre les fraudes d'appellation si nombreuses en France et en Algérie.

Les vins de montagne du département de Constantine constituent surtout des vins de coupage en raison de leur haute teneur et alcool et de leur couleur ; ils n'ont pas la finesse des vins similaires d'Oran et d'Alger, sauf cependant dans les régions de Jemmapes et de Souk-Ahras, où les nouveaux vignobles donnent des vins bien fruités et de plus en plus appréciés par le commerce.

BUT ET ORGANISATION DES CAVES COOPÉRATIVES.


Il existe en Algérie 172 caves coopératives, créées grâce au concours financier de l'Etat.

Ces caves permettent de mettre à la disposition des petits propriétaires des installations vinicoles remarquablement bien aménagées, pourvues d'un appareillage qui ne pourrait pas être acquis par la plupart des sociétaires isolés et servant à protéger les petits producteurs contre la spéculation et les intermédiaires inutiles.

Fabriquant d'ordinaire des vins excellents, d'un type uniforme dont la vinification peut être dirigée économiquement par des techniciens pratiquant les méthodes à la fois les plus scientifiques et les plus rationnelles, elles écoulent également les sous-produits de la vinification : marcs, alcools de marcs, lies et tartres, à des prix plus avantageux que ceux que pourraient obtenir isolément les petits producteurs.

Créées avec un capital social souvent très modeste (à peine quelques milliers de francs), les caves coopératives d'Algérie ont pu disposer, au moins au début de leur création, d'une part de subventions, et, d'autre part, de prêts d'Essaià long terme.

Grâce à une sage administration et à des circonstances qui étaient assez favorables avant 1939, la plupart de ces groupements corporatifs ont déjà pu se libérer de leurs obligations, acquérir en toute propriété des établissements et un matériel considérable, enfin enrichir des régions entières.

A cause de la variabilité des cours des vins et des alcools, les modalités adoptées par les sociétés coopératives, pour la suite de leurs récoltes, ont toujours constitué un problème difficultueux que l'on a cherché à solutionner par des systèmes différents : ventes par les présidents, ventes individuelles par les sociétaires, ventes sur offres.

C'est ce dernier qui tend à se généraliser et donne des résultats satisfaisants.

Dans la plupart des caves d'Algérie, le conseil d'administration fixe annuellement les sommes exactes devant être prélevées sur le prix de vente de chaque hectolitre et dont l'ensemble doit servir à assurer les dépenses de vinification et d'exploitation et constituer le fonds de réserve de la cave.

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Au moment où les vins algériens vont apporter leur contribution au ravitaillement de la France, (8 millions d'hectolitres ont été exportés cette année), où la Suisse, la Belgique, le Luxembourg en ont reçu également des contingents importants, il est opportun de bien montrer l'importance que peut prendre en Algérie la production des vins fins ayant des caractères spécifiques propres à chaque région et ne concurrençant nullement les grands crus inimitables de la Métropole. Certes parmi ces vins d'Algérie il en est qui peuvent être classés parmi les premiers crus, mais la majeure partie d'entre eux font d'excellents grands vins ordinaires et vins bourgeois.

Les crus d'Algérie sont jeunes ; ils ont besoin d'être mieux étudiés, mieux définis ; travail de longue haleine qui s'impose aux viticulteurs, car il est nécessaire ici de dépasser le cadre algérien et métropolitain, et c'est surtout à l'étranger que l'Algérie doit faire connaître ses vins de crus comme d'ailleurs ses vins ordinaires.

En augmentant le patrimoine national par la qualité de ses vins, l'Algérie montrera une fois de plus qu'elle est partie intégrante du plus grand pays viticole : la France