Ben-Aknoun
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COMPLEMENTS AU PLAN DU LYCEE DE BEN-AKNOUN I° COMMENT CE PLAN A ETE
REALISE B/
Pour situer l'emplacement des cloisons, j'ai dû me
fier à ma mémoire d'abord. De toute façon, malgré 6 ans de présence en tant que pensionnaire, je crois n'avoir fréquenté assidûment au rez-de-chaussée, que 6 classes de niveau, trois classes de langue, la classe de dessin, le gymnase, deux salles annexes et, bien sûr, les deux réfectoires d'élèves. C/
L'affectation des salles, lorsqu'elle est précisée,
est sûre. Il m'est resté cependant trois
La salle d'allemand a d'abord été placée près du gymnase ; puis à la rentrée 1948 ce fut la petite salle SC 10 qui fut affectée au nouveau professeur, Monsieur Pons. Il succédait à une dame que j'imagine allemande à cause de son accent. Elle s'appelait Hartmann, ce qui bien sûr ne prouve rien. Elle nous avait imposé l'usage du seul alphabet gothique, ignorant la décision qu'Hitler avait prise en 1942 d'imposer l'usage en Allemagne et dans les territoires occupés, du seul alphabet latin, pour rendre plus facile l'apprentissage de l'allemand aux peuples soumis du " Grand Reich ". Avec Madame Hartmann il y avait 22 germanistes : il fallait donc une salle assez vaste pour les contenir. L'année suivante, avec Monsieur Pons il n'en restait plus que 11 ; la toute petite salle SC 10 à une seule fenêtre suffisait désormais pour héberger tous les germanistes. Pourquoi cette hécatombe ? Je l'ignore. J'imagine un siphonnage de germanistes en perdition par une nouvelle seconde langue italienne apparue à la rentrée de 1948 et jugée moins traumatisante par les réfractaires aux déclinaisons. Ce n'est qu'une hypothèse fragile. La salle d'anglais située en SC 6 ne fut consacrée à cette langue que pour un seul professeur, Monsieur Collé. Cet enseignant devait ce privilège à un très lourd handicap : il marchait très difficilement malgré ses deux béquilles. Il n'aurait pas pu se déplacer d'une salle à l'autre. Monsieur Collé était très " collant ": rares étaient les heures de cours qui se terminaient sans avoir connu une généreuse distribution d'heures de colle pour le samedi après-midi, voire le dimanche matin. Il était exceptionnellement sévère et efficace. Je possède encore sa grammaire anglaise qu'il nous a dictée en cours et qu'il fallait savoir par cur. Elle m'a servi jusqu'en propédeutique pour l'épreuve de thème anglais. J'ai aussi gardé des bulletins de note qui témoignent d'une notation qu'on jugerait aujourd'hui peu motivante. En troisième je fus 26° sur 35 avec 1/20. Quelles notes pouvaient avoir les derniers ? En réalité Monsieur Collé mettait des notes négatives sur les copies, mais pas sur les bulletins. Tous les autres professeurs d'anglais changeaient de salle en même temps que d'élèves. Je suis à peu près certain que le lycée manquait de salles de classe, et qu'il devait obligatoirement utiliser parfois 4 salles extérieures que nous appelions Ghorfas. Elles étaient basses, avec un toit arrondi et toutes blanches. Elles étaient alignées sur deux rangs parallèles, face au lycée, mais un peu décalées vers la gauche du portail, en sortant. Entre les deux alignements l'espace était assez large pour servir de cour de récréation. Je n'y suis allé, assez rarement, pour des cours ou des études, qu'en 5° et 4°. Daniel Gassier se souvient d'y avoir pris un cours de musique avec un professeur qui avait apporté un cor d'harmonie dont il joua fort bien. Son nom lui échappe ; mais le souvenir de la prouesse instrumentale demeure. Comme il est précisé sur le plan, toutes mes considérations, sauf exception motivée, ne concernent que la période d'octobre 1945 à juin 1951. II° QUELQUES LIEUX DE (MA)
MEMOIRE
C'est le moment de rendre un hommage appuyé à ce professeur et à cet artiste qui montait à Ben-Aknoun, de mon temps, pour deux élèves seulement. Aujourd'hui je m'en étonne. Il tenait à l'opéra les parties solistes d'alto et de viole d'amour. Après le lycée il m'a mis à l'alto sans abandonner le violon. L'autre élève, Eychenne, est je crois devenu professionnel ; moi pas. Mais je joue encore de l'alto en musique de chambre et en orchestre symphonique amateur. Je dois à cette formation musicale de longue durée les émotions les plus intenses et les plus durables. Merci à lui et à mes parents qui ont payé les cours et acheté les instruments Collin-Mezin de bonne qualité. C'est aussi là que je garais mon vélo
le lundi et le vendredi matin à partir de la 3° lorsque mes
parents m'eurent autorisé ce mode de transport qui me permettait
de rentrer chez moi le jeudi à midi. Tout au bout du hall d'entrée, juste avant de tourner à gauche pour atteindre la première cour, il y avait, à droite, la porte de l'intendance. C'est là que nous devions, en 1945/1946 seulement, déposer nos tickets de rationnement pour le pain. Et par la suite apporter les chèques de paiement de la pension lorsqu'ils n'étaient pas acheminés par la poste.
Comme vous le voyez il y avait trois tarifs. Il fallait ajouter à la pension proprement dite au moins trois suppléments :
Les paiements étaient trimestriels et exigibles
par avance. " Il est rappelé aux familles que les règlements
exigent que les frais scolaires soient payés d'avance au commencement
de chaque trimestre et sans avis de l'administration. En conséquence
aucun élève ne pourra être reçu à
la rentrée d'octobre quelque soit l'heure d'arrivée, s'il
n'a pas acquitté le trimestre. Présenter la quittance
du lycée ou le talon des chèques postaux. Pour les boursiers
la somme payée en trop par la famille sera aussitôt remboursée
". 2.
Dans la première cours dite alors
des sixièmes. Avant d'arriver aux salles de cours il fallait
passer devant les bureaux de la Direction et du Secrétariat.
Je ne suis jamais entré dans les bureaux du secrétariat
moins encore dans celui de Monsieur le Directeur. Il valait mieux n'être
jamais convoqué dans le bureau de Monsieur Batistelli
ou dans celui de son successeur Monsieur Thibault-Chambault.
Que le titre de Directeur ne vous surprenne pas : Ben-Aknoun n'étant
qu'une annexe de
Bugeaud, son Proviseur était celui du lycée
Bugeaud (Fresneau à ces dates-là). Au printemps 1950 les
deux classes de première furent conviées à se joindre
au convoi funèbre de Monsieur Batistelli qui fut inhumé
au cimetière d'El-Biar. Nous avons souvent le samedi après le déjeuner,
fait la chaîne devant la porte du secrétariat pour obtenir
le bulletin de sortie, après vérification rapide de nos
droits (autorisation des parents et pas d'inscription au registre des
colles de la semaine). 3.
Dans la cour numéro 2. Cette cour, ainsi que la première,
servait de cour de récréation grâce sans doute à
la présence de larges préaux pourvus de WC à la
turque, d'urinoirs et d'un point d'eau. Peut-être aussi parce
que c'est dans ces deux cours que s'ouvraient toutes les portes des
services de surveillance. La cour numéro 2 hébergeait
la surveillance générale. Il y avait deux surveillants
généraux. J'ai oublié l'aspect de Monsieur Brune
: mais je me souviens bien de la chevelure toute blanche et de la carrure
de Sari-Bey qui avait un comportement placide et rassurant. Il n'élevait
jamais la voix. Etait-il d'ascendance ottomane avec un nom pareil ?
Je l'ignore. Possible. Pour entrer et pour sortir de cette cour il fallait emprunter, dans le prolongement de la galerie couverte qui longeait le bâtiment principal, un couloir sombre aménagé au bas des cages d'escalier conduisant aux dortoirs. Entre les cours 2 et 3 une modeste " cantine " avait été prévue sous l'escalier. Fermé par une porte en temps normal, ce minuscule espace était ouvert durant les récréations de 10 heures pour 10 ou 15 minutes. Une fois la porte déverrouillée une tablette apparaissait ; relevée elle laissait entrer la cantinière, abaissée elle servait de comptoir. La cantine était tenue par la femme du concierge avec l'accord du Directeur et à condition que cela n'entraîne pas de retard en cours. On pouvait y acheter de menues fournitures scolaires (gommes, buvards, encre etc.) et quelques friandises. 4.
Dans les petites cours 3 et 4. Ce sont des cours presque jumelles
: petites, triangulaires, en impasse et fermées par un haut mur
; mais reliées l'une à l'autre par un couloir obscur.
En 1945/1951 ces cours hébergeaient les six " grandes "
classes de troisième, seconde et première, classiques
et modernes. 5.
Dans les cours 5 et 6. Ce sont les cours les moins connues :
on n'y allait que rarement et on n'y traînait jamais. C'était
des cours de transit essentiellement, encadrées sur deux côtés
par des bâtiments sans porte et sans galerie couverte : que des
fenêtres. Elles étaient interdites durant les récréations
sauf pour les filles dont la cour de récréation, à
l'abri des garçons, était la N° 6, la mieux isolée.
Les filles y avaient aussi leurs WC réservés ; et pas
à la turque j'imagine, sans avoir jamais vérifié
! Mais il n'y avait pas de préau ; par temps de pluie les demoiselles
étaient contraintes de se rendre en étude. On devait traverser
la 5 pour aller en classe de Sciences
naturelles (Monsieur Costa) ou de Physique-Chimie (Monsieur Guedj).
Elle desservait également une salle dont j'ignore l'affectation
et une très grande salle polyvalente appelée souvent salle
de cinéma. Je lui ai connu cependant d'autres usages. La salle de dessin
était vraiment grande avec, au fond, Monsieur Fredouille
qui s'ennuyait sur son estrade en regardant les dos de ses
élèves disposés en demi-cercle autour d'une sellette
sur laquelle était posé le plâtre à immortaliser.
Il lui arrivait d'en descendre, de l'estrade, mais rarement et pas pour
longtemps. Il dispensait de judicieux (je suppose) conseils aux élèves
capables d'en profiter. Je n'étais pas des leurs. Pour moi ce
professeur a droit a la médaille d'or de l'inutilité.
Je fus son pire élève et lui mon pire professeur. On ne
se gênait pas. On ne se parlait pas. En fait nous nous ignorions
superbement. Il notait peu. J'eus tout de même droit pour finir,
en troisième, à un 1 et à " extrêmement
faible". C'était bien vu. Le gymnase était classique avec les agrès de base : cordes à grimper et barres parallèles, plus deux paniers de basket et de quoi tendre un filet de volley. On pouvait aussi se suspendre aux barreaux d'une sorte d'échelle horizontale placée à 2m au-dessus du sol, et apprendre ainsi à avancer en se balançant, un peu comme un singe, en ne tenant chaque barreau que d'une seule main. Il y avait également une poutre d'équilibre et, je crois, un cheval d'arçon. En fait, le plus souvent les cours d'EPS se déroulaient sur le stade. On s'y rendait en sortant par le passage habituellement fermé situé au bout de la cour. Juste derrière le gymnase un bassin alimenté en eau courante a pu, très rarement, servir de piscine pour des séances de natation auxquels ne participaient que les volontaires.
1. Sur les logements de fonction des étages je ne sais rien et ne peux que dire qu'il y en avait sûrement au-dessus du hall d'entrée. Mais ça ne devait pas suffire pour tous les personnels assignés à résidence. On peut en imaginer d'autres dans le bâtiment séparant les cours 1 et 6. A noter que le logement du concierge était au rez-de-chaussée du bâtiment d'entrée et que, peut-être, il bénéficiait d'une petite cour privée attenante. Faute de certitude je ne l'ai pas cartographiée. 2. Les dortoirs étaient disposés sur deux étages entre les cours 2 et 3, 2 et 5, 5 et 4, 5 et 6. Ils étaient grands et sans aucune séparation interne. De sa chambre aménagée dans une sorte de boîte en verre située au bout de la salle des lits, le pion pouvait voir tous les lits, alignés face à face. Combien ? Quelque chose comme deux fois 25 : soit 50 par dortoir environ. Chaque pensionnaire avait accès à une moitié de meuble de rangement et avait une table de nuit. Il pouvait voir son surveillant en ombre chinoise derrière les rideaux translucides de sa " chambre ". Les lavabos étaient de l'autre côté du mur contre lequel était adossée la chambre du pion. Cette salle était, du moins dans les dortoirs donnant sur les cours 3 et 4, plus large que la salle des lits. Il ne s'agissait pas de vrais lavabos séparés, mais d'une sorte de long abreuvoir, au-dessus duquel courait un tuyau muni de robinets disposés à intervalles réguliers. Je ne sais plus si l'eau était chaude. J'en doute beaucoup. Par contre les dortoirs étaient chauffés très correctement. 3. L'infirmerie se trouvait dans le bâtiment séparant les cours 3 et 4, trop court pour qu'on y loge un dortoir comme les autres. Lorsqu'un élève devait suivre un traitement, c'est l'infirmière qui conservait pilules, cachets et flacons de gouttes : il fallait monter à l'étage (mais lequel ?) pour aller prendre ses médicaments aux heures convenues. L'infirmerie disposait de quelques lits bien sûr, pour des élèves souffrant de légères indispositions ou en cas d'accident. Daniel y est resté 3 nuits après qu'un coup de pied malencontreux lui eut abîmé une arcade sourcilière au cours d'une match de foot improvisé dans la cour N° 2. Les séjours étaient brefs ; en cas de problème sérieux le malade était rendu dès que possible à sa famille. 4.
Le sous-sol était de dimension plus limitée que
celle des étages. Il était situé sous le bâtiment
des cuisines. Nous y étions conduits, par le surveillant de service
au dortoir, au mieux une fois par semaine, pour aller prendre une douche.
Là, l'eau était chaude. Le chemin d'accès passait
sous le réfectoire du personnel. Je ne sais plus où se
trouvait la porte desservant l'escalier. Le plus probable est qu'elle
s'ouvrait dans le passage entre les cours 1 et 2. L'escalier empiétait
donc sur la salle que j'ai nommée SC 4 sur mon plan. A moins
que cette salle n'existât pas ?
C'est sur la piste qui entourait le terrain de football
que commençaient la plupart des séances d'Education physique.
Nous marchions tous en file indienne à l'écoute des commandements
du professeur : sautez, courez, marchez à quatre pattes, agenouillez-vous,
marchez etc. entrecoupés de fréquents " Respirez
", ce que nous aurions fait de toute façon sans qu'on nous
le commandât, c'est sûr. Le professeur parlait de "
méthode naturelle " ou d' " Hébertisme ".
Cet Hébertisme englobait aussi le grimper à la corde lisse.
et la poutre d'équilibre (au gymnase) et au stade les sauts et
les courses de vitesse (100 m) et de demi-fond (1500 m). Toutes nos
performances étaient notées sur un calepin et servaient
à calculer la note qui figurerait sur le bulletin trimestriel.
Au véritable Hébertisme il ne manquait, à Ben-Aknoun,
que les deux natations sur l'eau et sous l'eau avec plongée. 2/
A l'extérieur du domaine du lycée. D'un côté,
à l'est il y avait la route d'Alger à la Mitidja par El-Biar
et Dély-Ibrahim. De l'autre côté s'étendaient,
en 1945, des vignobles jusqu'à l'oued Lekral, 700 mètres
à l'ouest du lycée. Cette route avait été la toute première tracée dès 1830 vers la Mitidja. Elle était alors la RN 1. Elle fut dès 1835 détrônée dans ce rôle par une voie plus directe passant par Birkhadem. Elle devint la RN 1a, puis la RN 36 qui avait son aboutissement aux 4 chemins de la Mitidja, en bas de Douéra. En 1945 un seul service de transport en commun : celui des trolleybus de la ligne 7 des C.F.R.A, , qui avaient leur terminus juste en face de l'allée conduisant au lycée. La rareté des voitures particulières après la guerre faisait de cette ligne la voie d'accès indispensable, et pour les maîtres et pour les élèves. Le 7 descendait à Alger jusqu'à la place du gouvernement par l'avenue De Bourmont et la rue Rovigo. Un autre chemin dit " chemin romain " offrait aux bons marcheurs un raccourci vers El-Biar, boulevard Gallieni où se trouvait le terminus d'un autre trolleybus, celui de la ligne E des T.A. qui descendait vers la grande poste par la rue Michelet. Ce chemin montait jusqu'au chemin de la Madeleine par lequel on pouvait se rendre à la Colonne Voirol, et au-delà à Birmandreis ou à Hydra. Du chemin de la Madeleine partait une route directe vers Birkhadem. Après le chemin de la Madeleine le chemin romain redescendait. Du lycée jusqu'au terminus de la ligne E, il fallait marcher environ une demi-heure pour un peu plus de 2km. Plus tard deux autres lignes des services de transport en commun de la ville d'Alger desservirent le lycée : la ligne de trolleybus 7 barré vers la grande poste, mais par un autre itinéraire que celui de la ligne E ; et la ligne de l'autobus N° 15 qui partait de Châteauneuf et rejoignait Chéragas par Dély-Ibrahim et El-Achour. Cette dernière ligne ne permettait donc pas de rejoindre le centre d'Alger, mais elle a dû servir à quelques demi-pensionnaires provenant des villages traversés, filles comprises, car ce lycée de garçons avait été ouvert aux filles à partir de 1944 pour des raisons officielles de difficulté de transport jusqu'aux lycées du centre d'Alger. Quand les transports furent redevenus normaux, l'habitude de recevoir des filles s'était imposée, ne dérangeait personne, et fut donc maintenue ; alors que partout ailleurs, sauf pour les classes préparatoires de Bugeaud, la mixité resta interdite.
A/ Une journée habituelle dont voici l'emploi du temps des jours de classe
A cet emploi du temps je n'ajouterai que quelques bribes de souvenirs sur quatre professeurs et sur le cérémonial en usage au dortoir. En sixième un ballet de professeurs remplace le maître unique du primaire. C'est dire qu'en 6 ans j'ai vu passer tant de professeurs que j'ai oublié leur visage, même si leur nom figure sur les bulletins de notes que j'ai conservés. De Monsieur Verdier (Français 6°) je n'ai gardé comme souvenir qu'une seule phrase sans rapport avec le programme officiel : " j'aurais mieux fait d'être garçon de café car j'aurais gagné beaucoup plus ". Possible ; mais il aurait eu des horaires plus extensibles et des congés rétrécis. C'est à propos de Monsieur Sautin (Mathématiques) qu'avec Daniel nous avons le plus à dire. Bon cours, mais notation peu motivante. Monsieur Sautin n'était pas, comme Monsieur Collé (anglais) déjà cité une terreur : il ne distribuait pas d'heures de colle, seulement des zéros, des 0,25, 0,5 et 0,75. Pas de notes négatives non plus, zéro étant une sorte de limite mathématique. Daniel se souvient parfaitement de son entrée en fonction en 1° en forme de pseudo questionnaire :
L'avenir lui a donné raison : personne n'a obtenu
ni 20, ni 19, ni 18, ni même 17, 16 15 ou 14. Treize pour les
génies peut-être, 12 pour les surdoués et autour
de 5 pour le plus grand nombre. J'ai conservé un bulletin de
sixième dont je photocopie la ligne remplie par Monsieur Sautin.
Vous pouvez voir qu'avec ½ je n'étais pas le dernier :
il y avait encore 6 mathématiciens en perdition derrière
moi. Par chance j'étais en voie d'amélioration ! J'ai gardé de l'estime pour Messieurs Ousaada
(Français) et Noël (Histoire-Géographie). Monsieur
Ousaada se distinguait de ses pairs
par ses pantalons " golf " étranges pour un homme de
sa taille et de son âge. Il marchait légèrement
voûté et lentement ; et avait un teint très blanc.
Il avait une élocution lente et ne parlait pas fort. Ses cours,
comme ceux de Monsieur Noël étaient intéressants
et sans stress. Pour le relevé des noms des absents par la surveillance générale, deux procédures existaient. Soit l'agent chargé de ce travail entrait dans la classe pour tendre au professeur une feuille à remplir, soit il recopiait sans entrer les noms que le professeur avait pris la précaution d'écrire lisiblement dans le coin du tableau noir, en haut à droite. Nous préférions que l'agent entre, surtout s'il était porteur d'une circulaire ou d'informations à faire lire par le professeur : cela offrait à nos neurones une pause favorablement appréciée. Les tables des élèves étaient à l'ancienne avec une planche où écrire inclinée et munie de deux encriers. Mais les encriers restaient vides. Nous avions des stylos " à pompe " que nous réapprovisionnions en pompant dans un flacon waterman (publicité gratuite). En première la fille qui était assise devant moi me fit découvrir une nouveauté dont elle était fière : un stylo à bille. Je ne fus pas séduit car je le trouvai un peu baveux : c'était un Reynolds. Publicité encore gratuite. La montée au dortoir se faisait en rangs approximativement par deux. A l'entrée du dortoir l'architecte avait prévu un sas avec, à gauche un local où les pensionnaires concernés pouvaient déposer leur valise, et, à droite, des WC normaux. Une fois dans la longue salle aux 40 ou 50 lits chacun devait se tenir debout au pied de son lit. C'était le moyen le plus simple et le plus rapide de compter et d'identifier les absents. Après quoi nous faisions notre lit avec les draps et couvertures que nous avions pliés le matin et déposés, en carré, au pied du lit. Nous avions un polochon à la tête du lit. Le mouvement vers l'abreuvoir-lavabos était collectif. Le garde-à-vous au pied du lit était également de mise en cas de chahut -ce fut exceptionnel- le temps que la somnolence assagisse les agités. B/
Une semaine habituelle. Le samedi la plupart des pensionnaires partaient chez eux ou chez leur correspondant à Alger. Il ne restait pas grand-monde au lycée : et tout cas pas de quoi remplir un dortoir entier, à moins qu'il n'y ait eu pléthore de collés. Et même dans ce cas l'administration pouvait, par commodité, prononcer un sursis à exécution de la colle. Ceux qui dormaient au lycée le samedi, le quittaient le dimanche à partir de 8h et jusqu'à 19h. J'ignore si des élèves, collés ou pas, restaient au lycée tout un dimanche, et quel pouvait être alors leur emploi du temps. Il me semble qu'il existait des colles du dimanche matin, mais pas du dimanche après-midi. C/
Un trimestre habituel.
Les notes prises en compte pour cette répartition étaient essentiellement celles des compositions ; une composition dans chaque discipline évaluée. On appelait composition un devoir surveillé par le professeur et en temps limité portant sur tout le programme d'études du trimestre concerné. C'était assez stressant : un mini examen de spécialité en quelques sorte. Les notes obtenues aux devoirs faits " à la maison " ou en étude, ainsi que les leçons (l'élève était alors envoyé au tableau au début de cours) ne servaient qu'à nuancer les appréciations du bulletin envoyé aux parents. Les compositions ont toujours été notées
sur 20 alors que leçons et devoirs " à la maison
" ont longtemps été notés sur 10. C'était
précisé sur le relevé intermédiaire envoyé
aux familles. Les parents recevaient donc des relevés de notes
en nombre variable, et trois bulletins trimestriels. Sur le bulletin
du troisième trimestre pouvaient figurer d'autres mentions :
N'oublions pas qu'en fin de première il fallait passer la première partie du baccalauréat : véritable examen avec écrit et oral , dans toutes les disciplines (sauf l'EPS), créé en 1874 et supprimé en 1963. Il fallait être reçu à l'écrit (on disait admissible) pour avoir le droit de passer les épreuves orales Il fallait être reçu à l'oral (on disait admis) pour entrer en terminale où se préparait, à Bugeaud, la deuxième partie du baccalauréat qui donnait, lui, le doit de présenter, l'année suivante, un examen propédeutique qui donnait, enfin, le droit d'entrer à l'université. Il existait une session de rattrapage en septembre. Si vous ajoutez le BEPC que tous présentaient en fin de troisième bien qu'il ne donnât pas le droit d'entrer en seconde, vous aurez fait le tour de toutes les épreuves subies par les élèves d'avant 1960. |