Pierre Jarrige, chef pilote à
l'Ecole nationale supérieure de l'aéronautique et de l'espace
de Toulouse, est né en 1940 à Burdeau (ancien département
de Tiaret). Il a été pilote de tourisme, puis pilote militaire
dans l'A.L.A.T. (Aviation légère de l'armée de
terre). Avant juillet 1962, il avait déjà effectué
six cents heures de
vol au-dessus du territoire algérien.
A côté de la stèle
à Léonce Ehrmann, de gauche à droite :
MM. Laforgue, Alexandre Teddé, Marcel Cosse, Jean Galano, Philippe
Pace, Ignace Olivetti, Joseph Xicluna.
Les anciens de "l'aviation militaire"
lancent le club
En 1929, quelques aviateurs bônois
qui, pour la plupart, avaient fait la guerre dans la " Cinquième
arme ", ont l'idée de se grouper avec un programme initial
modeste. Animés par M. Herbert, ils désirent, par des
conférences, par des articles et au besoin par des banquets,
" répandre l'idée aéronautique dans le public".
En 1930, alors que les fêtes du centenaire commencent à
battre leur plein dans toute l'Algérie, le noyau des précurseurs
ne veut pas rester en retard et crée, le 9 février, les
" Ailes bônoises". M. Herbert décède prématurément
des suites de ses blessures de guerre et le premier bureau du club est
constitué par Marcel Dayre, président; Robert Volmerange,
vice- président ; Choupaut, trésorier; Roger Ritoux-Lachaud,
secrétaire général et Brayard, secrétaire
adjoint. Tous les membres du bureau sont pilotes ou observateurs de
réserve.
Bône, qui possède une hydrobase depuis la guerre, n'a pas
d'aérodrome. Les dirigeants du club jettent un regard lourd de
convoitise sur l'hippodrome de l'Allelick qui a servi avant la guerre
à des meetings et qui est maintenant utilisé par la compagnie
Air Union, dont les pilotes Robert Bajac et Paul Perrichon ont déjà
effectué quelques vols de reconnaissance sur la ligne Bône-Tunis,
inaugurée le 10 avril 1930 en Farman 190. Le ministère
de la Guerre a concédé un bail à Air Union et,
avec l'accord de celle-ci, un grand meeting est organisé le 22
juin 1930. Ce meeting, sous la présidence du général
Vuillemin, est un succès. Les grands noms de l'aviation y participent
: Max Knipping, Maryse Hilsz, Rouland, René Lefèvre...
Avec raison, les dirigeants du club pensent que la population bônoise
s'intéresse à l'aviation et les premiers projets d'installation
sont discutés. Après des mois de palabres, de démarches
et de correspondance, les Ailes bônoises obtiennent la rétrocession
du bail de l'Allelick, qui devient hippo-aérodrome
Si le problème de l'aérodrome est réglé,
reste celui de l'argent. Des appels sont lancés, et la municipalité
et la chambre de commerce répondent efficacement. Grâce
à leur concours, sont construits un grand hangar de 550 m2 pouvant
abriter 10 avions et un club-house avec bar (indispensable à
tout essor aéronautique).
Le terrain est en partie nivelé et drainé et, les crédits
épuisés, c'est grâce à la générosité
des Ets Bertagna que peuvent être nivelés 25 hectares supplémentaires
et que les derniers drains sont établis vers la Seybousse. L'aérodrome
mesure maintenant 600 m sur 575 m.
Tout est prêt pour recevoir les trois premiers avions : le "
de Havilland " DH 60 " Moth " (moteur Gipsy) du club,
le Caudron C 270 " Luciole " (moteur Salmson) F-ALVP de Marcel
Bouilloux (garagiste) et le Caudron C 286 " Phalène "
(moteur Gipsy) F-AM10 de Durafour qui arrivent au printemps 1933.
Au mois de juin 1933, Marcel Bouilloux achète le " Phalène
" de Louis Durafour et revend son " Luciole " à
Marcel Dayre qui le baptise " Kissou ". Marcel Bouilloux qui
s'entraîne avec l'ancien pilote militaire Rolland, passe le brevet
de pilote à Alger au mois de juillet.
Les Ets Ballot offrent le rond d'atterrissage signalant le terrain,
les Ets Bertagna entretiennent les fleurs et les arbustes et l'activité
aérienne peut vraiment commencer au mois de juillet 1933. Les
anciens pilotes militaires s'inscrivent pour se réentraîner,
les élèves pilotes affluent et Robert Volmerange et Marcel
Dayre se chargent de l'instruction. Une voiture assure la liaison avec
la ville distante de 1,5 km et le logement du mécanicien Alzonna
est terminé.
Le 17 juin 1933, Maryse Bastié, voyageant pour le compte de la
maison Potez rend visite au club.
Au mois de juillet, à l'occasion du décès du docteur
Petrolacci, Marcel Dayre et André Fadda se rendent à Tunis
pour saluer la dépouille mortelle du maire de Bône.
Le 7 août 1933, arrive le Potez 43 " Ville de Bône
", acheté par souscription de la municipalité et
convoyé depuis Alger par Robert Volmerange et Pierre Truchot.
Marcel Dayre entraîne ou réentraîne Roger Ritoux-Lachaud,
Candas et Gonon, tandis que Robert Volmerange s'occupe de Marceau Della
Giustina, André Dhorlac (directeur des Lièges de l'Edough),
Gaffiero et Jean Bazinet.
Les premiers résultats des Ailes bônoises ne se font pas
attendre : le 4 octobre 1933, le capitaine Domerc et le sergent Villain
du 3e groupe d'aviation d'Afrique de Sétif, font passer les épreuves
du brevet de pilote à Roger Ritoux-Lachaux, Marceau Della Giustina
et André Dhorlac.
Les anciens pilotes de guerre Albert Tucci (deux victoires aériennes
homologuées), Boussod et l'architecte Pierre Truchot volent régulièrement
et Rolland donne de nombreux baptêmes de l'air.
A la fin de l'année. Marcel Bouilloux achète le Potez
36 de M. Kraft (d'Alger).
Le 26 janvier 1934, Etienne Chartoire, qui participe sur l'avion de
construction amateur "Dupuy" à la coupe du président
de la République sur l'itinéraire Paris - Saïgon,
fait escale à l'Allelick.
Le 15 mars, ce sont André Malraux et Corniglion-Molignier en
Farman 291 qui s'arrêtent en revenant d'Arabie où ils ont,
disent-ils, découvert le palais de la reine de Saba.
Le 22 février 1934, le capitaine Pierre Domerc fait passer le
brevet du 1 er degré à Candas et Jean Bazinet.
Le 25 février, se tient l'assemblée générale
du club. Quelques changements ont lieu dans la composition du bureau
: président, Marcel Dayre ; vice-président, Robert Volmerange
; trésorier, Choupaut ; trésorier adjoint, Bravard ; secrétaire,
Roger Ritoux-Lachaud ; secrétaire adjoint, Marceau Della Giustina.
Le comité d'honneur est composé de MM. Laurens et Saint-Martory.
Le 24 mars 1934, un Bônois est à l'honneur : Gaston Laffannechère
reçoit la Légion d'honneur. Gaston Laffannechère
est né à Bône le 15 septembre 1904. Après
avoir servi dans l'armée comme pilote, il entre aux Lignes Farman
puis à la Compagnie Air France où il fera une brillante
carrière de pilote de ligne.
Au printemps 1934, de nouveaux élèves s'inscrivent : Maurice,
Paul et Didier Germain, Stephan et Francis Nuncie, Henri Scotto, Albert
Appap, Piquet, André Gallo, Alain Jossaud et Mercier ; alors
que Marceau Della Giustina achète un avion.
L'aérodrome de l'Allelick, réputé par la qualité
de son accueil, reçoit de plus en plus de visiteurs d'Europe
et d'Afrique du Nord ; le 26 avril c'est le pilote de raid Christian
Moench qui fait escale avec son de Havilland " Leopard Moth ".
Un avion fréquente l'aérodrome, le Potez 58 FANYG de la
Compagnie des phosphates du Kouif dont l'exploitation se trouve aux
environs de Tébessa et le terminal d'embarquement au port de
Bône. Le pilote de la compagnie, Gilbert Hirsch, deviendra célèbre
sous le nom de Gilbert Granval, après avoir commencé la
guerre comme adjudant pilote, et milité dans la Résistance.
Jean Tapie donne son
nom à l'aérodrome
Le 1 er juin 1934, l'aérodrome prend
le nom d'un enfant de Bône : Jean Tapie. Jean Tapie a eu une brève
mais brillante carrière de pilote et ingénieur d'essai.
Issu de l'Ecole polytechnique et de Sup'Aéro (promotion 1927),
il entre à la section d'Essais en vol du Service technique de
l'aéronautique. Il collabore activement à la mise au point
de méthodes d'essais de stabilité et participe à
plusieurs vols expérimentaux dans des conditions critiques, sinon
dangereuses.
C'est en courant la Coupe Cecil à l'occasion du meeting de Vincennes
le 20 mai 1928 qu'il a un accident grave en Breguet 19. A l'arrivée,
en légère survitesse et à basse altitude, le plan
supérieur du Breguet est arraché et heurte le front de
Jean Tapie qui, éjecté, est sauvé par le déclenchement
automatique de son parachute. Son co-équipier, le capitaine Brager,
meurt en s'écrasant avec l'avion.
Jean Tapie ne se remettra pas de cet accident ; il est retrouvé
dans le coma avec l'os frontal défoncé et diverses fractures;
une anesthésie effectuée dans de mauvaises conditions
aggrave son état de santé par des complications pulmonaires.
Il reprendra cependant sa place aux essais en vol et deviendra le chef
du cen tre mais il mourra des suites de son accident.
Lors de l'inauguration des locaux du bouievard Victor de l'Ecole nationale
supérieure de l'aéronautique, le 17 décembre 1932,
le foyer des élèves est baptisé " Salle Tapie
". (Georges Tapie, frère de Jean Tapie, obtiendra la médaille
de bronze en canoë, deux-barré, aux Jeux Olympiques de Berlin
de 1936.)
Des journées aéronautiques, organisées régulièrement
dans les villages de la région, permettent à toute la
population environnante de profiter des baptêmes de l'air et des
promenades aériennes.
Le 27 juin 1934, un événement tragique a lieu sur l'aérodrome
: Paul Germain, avec le Potez 43, accroche un poteau électrique
en approche finale et se tue le jour même du lâcher de son
frère Didier. A la suite de ce drame, Didier et son père,
Maurice Germain, cessent de voler.
Le 6 août 1934, la Compagnie générale transsaharienne
inaugure, en Caudron " Phalène " avec le pilote Monteil,
la liaison quotidienne Bône - Tunis. Cette ligne sera aussi éphémère
que celle d'Air Union.
Le 26 juillet, arrive le Potez 58 F-ANDK " Ville de Bône
", convoyé par Jacques Duchêne-Marullaz.
En septembre 1934, Albert Tucci (viticulteur), accompagné de
son épouse et de Jacques Duchêne-Marullaz, va prendre livraison
de son Potez 58 (F-ANFI) à Meaulte et rentre par l'Espagne et
le Maroc. Toujours en septembre, débutent Dalaise et Robert Beghain
(viticulteur) alors que le sympathique Albert Appap est lâché.
Marcel Bouilloux vole activement ; il réalise plus de deux cents
heures de vol en un an et demi. En janvier 1935, il vend son "
Phalène " à Alain Jossaud et achète un Caudron
" Luciole ".
En février 1935, le général Lacolley et le capitaine
Arsac, en tournée d'inspection, visitent l'aérodrome en
Potez 25. Les équipages militaires d'Algérie et de Tunisie
fréquentent assidûment l'aérodrome Jean-Tapie avec
des Leo 20, des Morane 230, des Nieuport 62 ou des Potez 25. Tout comme
leurs camarades pilotes civils, ils apprécient l'ambiance chaleureuse
qui règne sur le terrain.
Le 14 février 1935, Michel Trouilleur, officier pilote de réserve,
ingénieur de l'usine électrique, qui vient de Philipeville
où il a contribué à la création de l'aéro-
club, fait, devant une nombreuse assistance, une conférence sur
l'aviation dans la salle du conseil municipal.
En avril 1935, cinq pilotes sont brevetés : Stephan et Francis
Nuncie, André Gallo, Albert Appap et Robert Beghain.
Le 15 avril, les Lignes aériennes nord- africaines d'Henry Germain,
inaugurent, avec le Fokker VII F-AJUD, la nouvelle liaison Alger - Bône.
En mai, toujours par l'Espagne et le Maroc, Marcel Bouilloux ramène
le nouveau Potez 58 (F-ANIR) du club en faisant Rabat-Oujda-Bône
dans la journée (dix heures de vol).
Le hangar abrite maintenant 7 appareils : les 2 Potez 58 du club, le
Potez 58 d'Albert Tucci, le " Phalène " de Marcel Dayre,
le " Phalène " d'Alain Jossaud, le " Luciole "
de Marcel Bouilloux et le Farman 202 d'Albert Appap.
Au printemps 1935, au début de la troisième année
de leur activité, les Ailes bônoises peuvent être
satisfaites des résultats obtenus : 5 pilotes du 2e degré,
7 pilotes du 1 er degré.
En mai, à l'issue de l'assemblée générale
du club, le bureau change peu : président, Marcel Dayre ; vice-président,
Robert Volmerange ; secrétaire général, Roger Ritoux-Lachaud
; secrétaire adjoint, Michel Trouilleur ; trésorier, André
Dhorlac.
De 1935 à la
Seconde Guerre mondiale
Les membres des Ailes bônoises, sur
les avions du club ou sur les avions particuliers, font de nombreux
voyages d'affaires ou d'agrément à travers toute l'Afrique
du Nord mais ce sont Roger RitouxLachaud et Marcel Dayre qui retiennent
le plus l'attention.
Le 14 août 1935, ils s'envolent tous deux, à 21 h 50, de
l'aérodrome Jean- Tapie avec le " Phalène "
(moteur Gipsy 105 ch, 260 I d'essence) de Marcel Dayre. Les deux hommes
ont l'intention de réaliser le plus rapidement la liaison Bône-
Casablanca et retour. La météo n'est pas fameuse ; ils
survolent Philippeville à 22 h 35 et Blida à 2 heures
du matin. Vers Orléansville, l'équipage rencontre de la
pluie et du brouillard et une magnéto donne des signes de défaillance.
Néanmoins, ils atteignent La Sénia à 4 h 30 du
matin, après un vol de nuit sans escale de 775 kilomètres.
Après le plein d'essence effectué en six minutes, les
ennuis de magnéto les contraignent à ne repartir qu'à
9 h 35 pour atterrir à Casablanca à 15 heures.
Ils prennent le chemin du retour à 15 h 40, mais la magnéto
défaillante les oblige à se poser à Fez à
17 h 35 (247 kilomètres). Le 16, décollage à 10
h 30 pour Blida qui est atteint à 17 h 10 (792 kilomètres)
et de 17 h 50 à 21 h 15, dernière étape vers Bône
(450 kilomètres) où ils atterrissent sur le terrain éclairé
tant bien que mal par quelques phares de voitures. La belle randonnée
représente 3 000 kilomètres franchis en vingt-quatre heures
et vingt-trois minutes dont neuf heures de vol de nuit.
Quelques jours plus tard, Roger RitouxLachaud et Pierre Dhorlac, procureur
de la République à Beyrouth, effectuent un tour de la
Tunisie en trois étapes, 1 200 kilomètres et huit heures
de vol.
La fin 1935 voit se développer le mouvement " Pou du Ciel
" auquel Bône ne reste pas étranger : Max Millot,
architecte, construit le Pou no 99 en collaboration avec Philippe Pace
(marchand de motos), les frères Bernardi et Charles Xuereb ("
Charlot "), mécanicien de l'aéra-club. D'abord piloté
par Max Millot, le Pou effectue quelques lignes droites, puis, enlevé
par Marcel Dayre en 50 mètres, il effectue un premier vol entre
50 et 80 mètres. Peu de temps après, Marcel Dayre réceptionne
en vol le Pou n° 121 des frères Kuonen (restaurateurs suisses),
équipé comme le Pou de Max Millot d'un moteur Poinsard
35 ch et d'une hélice Chauvière.
Un vin d'honneur suit ce premier vol et Marcel Dayre félicite
chaleureusement Max Millot et les frères Kuonen pour leurs réussites.
Le Pou des frères Kuonen ne volera pas longtemps ; en effet,
un des frères qui n'était jamais monté en avion,
ni comme élève, ni comme passager, s'avise, le 24 janvier
1936, de sortir l'appareil, de mettre le moteur en marche, de s'asseoir
aux commandes et de décoller. Il arrive à prendre l'air
en moins de 40 mètres, fait un premier tour de terrain à
60 m, puis un second tour et perd alors la tête, s'affole et écrase
l'appareil dans un champ de vigne à proximité immédiate
de l'aérodrome. Le pauvre Pou est brisé, à l'exception
du gouvernail et de l'aile arrière et le pilote est blessé
au menton, sa tête étant venu frapper le tableau de bord.
Le club continue son activité, de nombreuses personnalités
sont transportées vers diverses villes d'Algérie et de
Tunisie : MM. Munck, Deyron et Prunetti, délégués
financiers, le député Joseph Serda et le docteur Pantaloni,
maire de Bône. M. amar, directeur du célèbre cirque,
vient de Tunis en pilotant lui-même son Caudron < Luciole
".
Un nouveau membre arrive en décembre 1935 : Alex Perrichon, né
à Bône en 1894, pilote depuis 1918, muté d'Oran
à Bône comme conservateur des hypothèques (il est
le frère du pilote de ligne Paul Perrichon). Il participera dorénavant
très activement à la vie des Ailes bônoises.
En janvier 1936, un avion sanitaire Caudron " Pélican "
destiné au club est ramené de métropole par Roger
RitouxLachaud.
Le capitaine Arsac vient étudier sur place la possibilité
de créer un centre d'entraînement pour les pilotes et observateurs
de réserve de la région qui doivent se rendre régulièrement
à Sétif pour effectuer leurs périodes. Les Ailes
bônoises entretiennent d'ailleurs d'excellentes relations avec
les équipages militaires qui viennent nombreux sur l'aérodrome
: capitaines Bondson et Wasmer, lieutenant Domergue, adjudant-chef Ledda,
sergent- chef Martin, sergent Grapoli...
Marcel Bouilloux achète un nouveau Caudron qui vient grossir
la flotte basée sur l'aérodrome Jean-Tapie, alors que
Marcel Dayre achète un Caudron "Aiglon " (baptisé
" Kissou 2 ").
Le 8 mars 1936, l'assemblée générale de l'aéro-club
entérine le départ de Robert Volmerange qui a pris, à
Alger, la direction des Lignes aériennes nord-africaines et un
nouveau bureau est formé : président d'honneur, Robert
Volmerange ; président, Marcel Dayre ; vice-président,
Roger Ritoux-Lachaud ; trésorier, Marcel Bouilloux ; secrétaire
général, Alex Perrichon; adjoint technique, André
Gallo.
Un nouveau terrain
est en vue
A la fin de leur troisième année
d'existence, les Ailes bônoises peuvent s'enorgueillir de résultats
flatteurs : 22 pilotes brevetés, 2 000 heures de vol, 3 000 baptêmes
de l'air, des voyages à Casablanca, Oran, Touggourt, Biskra,
Tunis, Gabès, Alger et Paris, dont certains effectués
de nuit, de nombreuses évacuations sanitaires avec le "
Pélican " sanitaire (souvent piloté par Marcel Dayre,
accompagné du docteur Marcel Taïeb).
Le grand projet est maintenant le futur aérodrome ; des études
avaient été entreprises à l'époque d'Air
Union par J. Breguet et le général Vuillemin mais rien
ne fut décidé et le temps passa. Les Ailes bônoises
relancent l'initiative et la 5e région reprend le projet qui
reçoit l'agrément du ministère de l'Air.
La mise en service du nouvel aérodrome devient urgente car le
club effectue maintenant une moyenne d'une centaine d'heures de vol
par mois, de nouveaux élèves débutent : Devicq,
Monpère, Haren, Galla, Borgeaud, Pierre Mariage, le docteur Amor
et le futur président du club, Paul Albagnac, qui est breveté
le 1 er octobre 1937.
Le centre aérien démarre son activité au profit
des pilotes et observateurs de réserve : Marcel Dayre, André
Dhorlac, Pierre Truchot, Roger Ritoux-Lachaud, Eparvier, Michel Trouilleur,
Candas, Chalumeau, Rolland, Mathieu.
Le capitaine de réserve Truchot, président de l'Amicale
des officiers de réserve de l'Armée de l'air du Constantinois,
organise des rassemblements et des manifestations avec les centres voisins
de Constantine et de Sétif.
En 1937, sous l'impulsion de Philippe Pace, est créé le
"Modèle Air-Club de Bône" avec comme président
M. Charpentier, directeur de l'Air-Liquide, aidé par Gaches,
Robert et Lampe. Le Modèle Air- Club ne s'intéressera
qu'aux modèles réduits et commence son existence en faisant
une exposition réussie dans les vitrines des Galeries de France.
Du 10 au 18 janvier 1939, le club héberge Maryse Hilsz obligée
de se poser à Bône avec son Caudron " Simoun "
à la suite d'une panne de moteur entre Alger et Tunis.
En janvier 1938, avaient commencé les travaux du nouvel aérodrome
de Bône- Les Salines, à 9 kilomètres de la ville,
sur la route de La Calle. Il se verra doté de vastes hangars
civils et militaires, d'un atelier de réparations, d'une station
météo, d'un club-house et d'une piste de 1 200 m.
L'aéro-club des Ailes bônoises aurait pu avoir enfin des
installations à la mesure de ses moyens et de son enthousiasme.
Mais à la déclaration de guerre il est encore à
l'Allélick où son hangar abrite deux avions-école,
un avion sanitaire et huit avions privés. Ce matériel
sera entièrement détruit à la suite de la mise
en route malencontreuse d'un avion militaire qui viendra percuter le
hangar et y mettra le feu.
Pierre JARRIGE.
N.D.L.R. - L'auteur et L'Algérianiste remercient MM. Marcel Fenouillet,
Pierre Gassiot, Didier Germain et Philippe Pace, pour la documentation
qu'ils ont aimablement communiquée.
Après une introduction ayant pour titre " Les débuts
de l'aviation civile en Algérie" (L'Algérianiste,
no 30, juin 1985, p. 30), Pierre Jarrige a entamé une rétrospective
des aéro-clubs d'Algérie, depuis les origines (1909) jusqu'à
1962. On trouvera dans L'Algérianiste les articles suivants :
- " Aéro-club de Bougie-Soummam " (no 32, déc.
1985, p. 15).
- " Aéro-club de Blida-Mitidja " (no 33, mars 1986,
p. 11).
- " Club
aéronautique de Tiaret " (no 34, Juin 1986, p.
18).
- " Aéro-club
de Djidjelli " (n° 35, sept. 1986, p. 17).
- " Club aéronautique de Saïda " (no 36, déc.
1986, p. 8).